Petit topo de mes dernières lectures, il y a de l’excellent là dedans :
Des auteurs hispaniques :
Jaume Cabré / Confiteor
Une très longue lettre écrite par le narrateur à l’amour de sa vie. Il sait qu’il est atteint par la maladie d’Alzheimer. Il veut coucher par écrit toutes les confidences de sa vie avant de complètement perdre la mémoire. La « petite » histoire rencontre la grande Histoire à travers un Storioni (violon) qui sert de fil rouge. L’écriture est très belle et exprime bien le début de confusion du narrateur. Les périodes, les personnages et les lieux se mélangent et se télescopent régulièrement dans un même paragraphe voire une même phrase. C’est un peu perturbant au début mais très stimulant. Un gros coup de cœur !
Albert Sánchez Piñol / La peau froide
Un roman d’aventure qui pourrait s’apparenter à un mix de
Jules Verne,
R.L. Stevenson et
H.P. Lovecraft.
Le narrateur est envoyé sur une île perdue dans l’Atlantique Sud pendant une année pour faire des relevés météorologiques. Cette île est également habitée par un gardien de phare.
Mais dès la première nuit, c’est la panique. Sa maison est attaquée par d’innombrables créatures aquatiques venant de l’océan. L’histoire est très simple dans son principe mais le plus intéressant dans ce roman est la relation qui s’installe entre le narrateur et le gardien de phare ainsi que ses questionnements par rapport aux « créatures ».
Juan Rulfo / Pedro Páramo
Un classique de la lecture hispanique (Mexique dans le cas présent). J’avais lu ce livre il y a une bonne dizaine d’années et je l’avais adoré (mais je n’avais pas tout compris). J’ai eu envie de la relire et finalement je l’ai relu 2 fois d’affilé. Une fois pour me laisser bercer par l’ambiance et une seconde fois pour reconstituer l’ensemble des pièces du puzzle (et effectivement vu la construction du roman, ça éclaircit tout). L’histoire est difficilement résumable mais le protagoniste principal, Juan Préciado, promet à sa mère mourante qu’il ira rencontrer son père, qui les a abandonnés, dans son village natal perdu dans la montagne.
Un livre court mais exigeant que j’ai adoré lire et relire !
Un petit auteur russe méconnu
![Mr. Green :mrgreen:](./images/smilies/icon_mrgreen.gif)
:
Alexandre Pouchkine / Eugène Onéguine
Difficile de parler de ce célébrissime et court roman en vers et à la structure si particulière.
Cette traduction d’
André Markowicz est fabuleuse, tout a été respecté. La structure, le rythme des phrases ainsi que le registre de langage très changeant même dans une même strophe.
Les premiers chapitres sont déroutants mais dès qu’on a attrapé le rythme de Pouchkine c’est un vrai enchantement et les moments de grâce s’enchaînent : la lettre de Tatiana, le duel Onéguine/Lenski, Tatiana dans la maison vide d’Onéguine, le bal ….
J’ai déjà envie de le relire avec tous les paragraphes non inclus dans la version finale voulue par Pouchkine.
Puis un américain :
Mark Z. Danielewski / La
maison des feuilles
La première fois que mon libraire m’a conseillé ce livre, je ne l’ai pas pris. Bizarrement, ça me semblait être une vaste fumisterie. Il suffit de l’ouvrir pour remarquer la mise en page si particulière et ça m'a refroidit. Je suis retombé sur ce livre chez un autre libraire quelques mois plus tard et après l’avoir feuilleté à nouveau, finalement je l’ai pris
Le livre est constitué de 3 couches qui se superposent : Le « Navidson project » qui est un documentaire fictif sur une
maison plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur, la thèse d’un certain Zampano sur ce « Navidson project » et le narrateur qui a trouvé cette thèse et qui raconte sa vie par l’intermédiaire d’annotations.
Après une mise en route laborieuse due à une typographie microscopique, le livre se fluidifie au bout d’une centaine de pages puis devient un vrai régal. Le début m’a pas mal rappelé « L’infinie Comédie » de
David Foster Wallace (surtout pour le côté "notes de bas de bas de page interminables"), d’ailleurs il y fait même référence à plusieurs reprises mais après ça change complètement et ça devient vraiment paranoïaque.
J’ai adoré cette ambiance. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Il ne faut pas avoir peur de se sentir mené par le bout du nez et à tourner le livre dans tous les sens (voire le lire avec un miroir).
A noter encore une fois l'énorme travail de traduction de
Claro.
Sinon quelques déceptions avec "6 mois dans la vie de Ciril" de
Drago Jancar (que j'ai eu en avant-première grâce à Babelio) et le Maître du Haut Château de
Philip K. Dick que je préfère dans un registre plus halluciné.