Hello à tous,
Je réveille ce sujet car je vais rejoindre pour quelque temps la cohorte des kikous "blessés".
En fait, ce qu'il m'arrive n'est pas exactement une blessure : c'est un problème en apparence plus grave et, en pratique, du moins pour la pratique des sports d'endurance, moins handicapant qu'une blessure. Vous pouvez sauter à la fin de ce message si vous voulez en éviter les détails...
. Rien d'exceptionnel, hein, vous allez voir que c'est assez banal....
On y va pour le récit qu'on pourrait intituler "Vers le Bubulle Bionique"...
Cette année, comme beaucoup, je devais reprendre les ultras. J'avais fait un programme un peu ouf pour l'été, avec la MH100 début juillet, puis l'UTB 2 semaines plus tard, puis la PICaPICA (remplacée assez vite par l'EB85) vers la mi-août, puis le Grand Trail de Serre-Ponçon vers la fin septembre.
La MH s'est bien passée et a été une de mes belles pages de course avec une course terminée avec Free Wheelin' Nat et de bien beaux moment.
L'UTB, un peu moins bien, avec un abandon aux 2/3 de la course, sans autre cause qu'un manque globale d'énergie, ce qui est finalement peu surprenant 2 semaines seulement après un ultra équivalent.
Cela s'est ensuite "un peu" dégradé. Déjà, après l'UTB, pendant une semaine, j'ai eu un gonflement inexplicable d'un pied (un seul!) qui s'est mis allègrement à ressembler à une collection de knackis (orteils et avant du pied). Cela s'est assez lentement résorbé et, au bout de 10 jours, j'ai repris tranquillement mes activités sportives quotidiennes (trajets du taf en courant, en vélo, etc.). La fatigue ressentie à l'UTB se résorbait progressivement, bref je "revenais en forme" doucement après cet enchaînement (trop) ambitieux.
Nouvel accroc vers fin juillet : lors d'un entrainement avec Boubou27 sur nos falaises normandes, je rate une marche en courant en côte (ce qui se passait plutôt bien avec une vitesse pas trop nulle) et je me fais une énorme béquille à la cuisse!
A nouveau une semaine de coupure sans pouvoir courir. Contrariant car cela m'empêche de me situer pour l'EB qui se rapproche, mais pas trop d'inquiétude, il y a le temps.
Début des vacances vers le 6 août, je me remets doucement à marcher puis courir et.....le pied gauche se remet à gonfler! Bref, encore difficile de vraiment pratiquer la course à pied pendant 1 semaine, ça devient agaçant.
Avec l'aide de ma Super Suiveuse, on soigne ça tant bien que mal à coup de massages, de repos, de "je fais une sortie mais je fais que de marcher de manière soutenue, de toute façon, à l'EB je vais pas trop courir", le tout semble revenir.
Migration vers nos quartiers dans la Yaute, le week-end avant l'EB, je marche à nouveau normalement, le pied est revenu à un état normal, je me sens plutôt bien, allez ça va le faire, c'est pas le Pérou, mais je partirai en queue de vague et le tout c'est de finir à l'EB.
Le jour de l'arrivée dans la Yaute (Saint-Gervais), je fais évidemment ma traditionnelle sortie "Tour de Montivon" afin de publier la photo de l'abreuvoir sur fond de Mont-Joly qui est en général le signe pour les copains de "ça y est, il va nous faire chier une semaine avec des photos de montagne".
Sauf que.....bin je souffle comme un boeuf pour monter les 550D+ et ce n'est guère plus brillant pour les redescendre où je m'essouffle....en trottinnant...en descente! Bref, 9,5km/600D+ en 1h45 au lieu de 1h20 usuellement.
Quand on n'a pas envie d'écouter les signes, vous savez ce que c'est, on n'écoute pas. Bref, l'analyse de haute voltige alors réalisée, c'est "ah bah, j'ai encore de la fatigue qui traîne, j'ai quand même vraiment fait le con à enchaîner MH et UTB, bon bin on va se reposer et espérer que l'EB ça va aller, sur un malentendu".
Pour ceux qui ont suivi cela, vous savez que, bin non, ça n'est pas allé et que, de malentendu, il n'y eût point. J'ai fait 3km sur l'EB85 et en plein milieu de la première côte initiale, qui doit être royalement à 10% sur un chemin facile, je n'avançais déjà plus qu'en mode "poisson hors de l'eau", à 200m de l'avant-dernier de ma vague de départ.
Bref, je bats de le record de rapidité d'abandon de l'Echappée Belle et je reviens au départ la queue basse, 1h après en être parti.
La suite des vacances sera en gros ponctué par cet état qui devient quand même préoccupant d'essoufflement immédiat au moindre effort. Cela passe au second plan, malgré tout, car la semaine UTMB démarre, avec le suivi de la TDS de mon gendre Alex, et de la smala kikous (Yves, Raya, etc.). Je programme quand même un rendez-vous avec mon médecin traitant pour le 10 septembre (pas de créneau avant) : bon, c'est pas super tôt, mais vu que tant que je ne fais pas d'effort physique marqué, je suis normal, pourquoi se préoccuper trop ?
On finit quand même par terminer les vacances bien lessivés, Super Suiveuse et moi et, le week-end dernier, on finit par raccourcir un peu le programme prévu et rentrer samedi dernier en nos pénates. Le tout non sans avoir quand même décidé de ne pas courir ma dernière course prévue parce qu'il semble quand même évident qu'il y a un "quelque chose" de pas normal et que ce "quelque chose" ne disparaîtra pas tout seul. Il ne l'a pas fait pour l'EB, pas de raison qu'il le fasse en 3 semaines magiquement.
On va donc attendre tranquillement de voir le médecin. OK, 10 jours, c'est long, mais maintenant, j'ai le temps, non?
C'est notre fille qui va nous (me) réveiller. A notre retour, nous nous sommes vus et elle a été impressionnée par l'état de déliquescence du papa.
Elle finit par nous alerter avec insistance et, alors que je m'apprête à reprendre le taf ce lundi (ava,t-hier), finit par me convaincre que, non, c'est pas trop malin d'attendre tranquillement de voir un médecin, puis probablement avoir d'autres examens, tout ça. Qu'il y a peut-être un truc plus sérieux dont il faudrait s'occuper tout de suite.
A partir de là, l'histoire s'accélère un peu, rassurez-vous on est presque au bout...
Et donc, moi qui suis le contraire absolu d'un hypocondriaque, me voilà avec ma chérie aux urgences...
Là, ça n'a pas traîné et après les premiers examens de contrôle, le diagnostic tombait "Monsieur Perrier, vous avez ce qu'on appelle une BAV". Alors, ça veut pas dire que j'ai la bave aux lèvres, mais ça veut dire "bloc auriculo-ventriculaire". En résumé, dans le coeur, l'oreillette et le ventricule ne savent plus battre ensemble. Quand Madame Oreillette veut envoyer le beau sang que mes beaux poumons ont amoureusement oxygéné et accélérer un peu le rythme parce que je fais l'âne sur un chemin de montagne, bin l'autre feignasse de Monsieur Ventricule continue à se la couleur douce à 30 pulsations par minute. Et donc le Bubulle est tout essouflé et avance comme une tortue.
(bon je simplifie)
Bref, mesure du pouls au repos : 30-35. C'est pas beaucoup.
Le cardiologue est vite passé à l'étape suivante : que faire pour régler ça ? C'est vite vu, y'a qu'une solution. On met un pacemaker.
Et donc, lundi après-midi, après 1h d'opération sous anesthésie locale, j'étais doté d'une carte d'extension amoureusement logée dans mon épaule gauche et qui envoie gentiment des impulsions électriques pour dire à Monsieur Ventricule d'arrêter de faire la feignasse et faire ce que lui demande Madame Oreillette. C'est ça, un pacemaker (bon, je simplifie, mais je vous recommande la page Wikipedia).
Il me reste donc, maintenant, à retrouver progressivement le chemin vers mon activité préférée et je ne doute pas que des expériences analogues existent dans Kikouroù, qui me seront fort utiles.
Je m'excuse par avance pour le luxe de détails d'explications (comme pour les récits, quoi), mais c'est aussi ça, partager une expérience et, surtout, rappeler s'il le fallait que ce n'est pas forcément parce que l'on se sent en "pleine forme" qu'on l'est toujours vraiment. Et que des surveillances régulières (surtout dans les zones M4-M5), c'est plus qu'important... Par exemple, celles qu'on devrait faire pour les fameux "certifs" (je pense que jpoggio ne pourra que confirmer).