par Le polatouche » 08 Sep 2010, 12:23
Mon lien a disparu en même temps que mon blog.
Voici le texte intégral avec un peu de retard évidemment... ):)
Si il y a un sujet qui fait flipper le mâle moderne, c'est bien la musculation ; la « muscu » pour les aficionados, ceux qui font partie de la « tribu » (notons au passage l'importance de l'appartenance à une tribu).
Ca fait longtemps que je pense à rédiger un petit quelque chose sur ce sujet ô combien délicat, parce que drainant tout un cocktail d'aspects qui ne se mélangent pas forcément bien.
Et si mon point de vue a le moindre intérêt sur la question, ce sera sans doute parce que j'ai toujours détesté, exécré, méprisé, la musculation. La muscu pour moi ça a toujours été soit des gros poilus en sueur qui poussent de la fonte « à l'ancienne », façon Brigades du Tigre, dans leur sous-sol en écoutant du heavy-metal, soit des m'as-tu-vus déguisés en stabilo qui font bouger des machines rembourrées, dont l'ergonomie évoque Terminator, dans une grande pièce pleine de miroirs en écoutant une radio FM qui leur meugle les avantages du jus de carotte en comprimés.
Bref, la muscu, beurk, pas glop, [mettez ici votre expression négative favorite]. Et pourtant… y'a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis... et voici pourquoi.
Haltère Ego
Alors, étant moi-même un mâle, on ne me la fait pas. Je parle en connaissance de cause : vous pouvez surfer sur la quasi-totalité des sites Web de musculation de la terre. On parle de quoi en premier ? D'esthétique bien sûr ! Au-delà du désormais incontournable rôle fonctionnel de la musculation dans le sport, qu'espère le badaud ? Une transformation magique « à la Arnold », généralement suivie, telle une petite Caravane du Tour, de son cortège de questions/réponses, parfois inversement proportionnelles au bon sens.
C'est un fait : Les actuels canons de la beauté et de la jeunesse éternelles ont fait de la psyché un truc vachement tendance. Quand on commence par se dire « Pourquoi pas moi ? », en général, c'est mal barré.
Hormis pour les espèces de phénomènes de foire hypertrophiés qui font la couverture de Muscle et Fitness, l'esthétique ne doit pas être l'objectif, mais la conséquence de l'entraînement. Et encore ; plutôt une conséquence annexe. Il ne faut pas croire que soulever des barres suffit à transformer Marcel Petitbidon en Jay Cutler. La testostérone doit fonctionner à plein, parallèlement à un entraînement de forçat quotidien, voire pluriquotidien, et à un régime alimentaire tellement strict qu'il donnerait le tournis à toutes mes copines du Weight Watchers.
Et pour couronner le tout, mauvaise nouvelle : nous ne sommes pas égaux devant la muscu. Certains morphotypes prennent moins facilement que d'autres. Si les pratiquants tendance mésomorphe ont du bol, certains autres (tendances ectomorphe et endomorphe) ont plus de mal. On mettra, au passage, hors concours ceux qui se supplémentent, et pas au lait de vache des montagnes, pour devenir dignes des pires « chaudières » du Tour de France.
Bref, se tailler un corps digne d'un magazine (qui, contrairement à vous, utilise probablement la retouche d'image) pour poser au bord de la piscine ou sur la plage, c'est dur. Très dur. Et pour les dames qui ont peur de se transformer en Grace Jones, il faut savoir le chemin est tellement plus long (moins de testostérone) que c'est vraiment une angoisse négligeable.
Soyons honnête, je suis arrivé à la muscu pour d'autres raisons (voir plus bas), mais c'est vrai qu'en l'intégrant à mon entraînement de rameur, je dois dire que, question psyché, je ne ressemble plus à ce dont j'avais l'air au début. Et je me suis mis à aimer les tablettes de chocolat. Cela dit, je n'ai renoncé ni à la brioche, ni au Nutella (c'est l'avantage du mésomorphe). Car l'important, c'est surtout d'être bien dans ses baskets, d'avoir une vie épanouie et pas pleine de privations débiles. Si vous vous lancez dans la muscu, il faut avoir une motivation intime, profonde, génératrice de plaisir, sinon, vous porterez la muscu comme d'autres portent une croix… Et croyez-moi, une croix en fonte, c'est super lourd.
Régime abdo-fessiers
Bon, alors, comment dire… Commençons par déboulonner quelques mauvaises idées : Je ne parle pas de maigrir, ni de perdre du poids, mais de rééquilibrer sa silhouette. À poids égal, on peut avoir un corps de rêve ou un corps… de cauchemar.
Le poids, c'est ce qui s'affiche sur la balance. Un nombre. Rien d'autre. Tu bois deux litres d'eau et hop ! Tu as pris du poids !
En revanche le tour de taille, de cuisse, de biceps, ou encore celui du bide qui t'empêche de voir tes pieds, c'est ce qui se voit. Et cette différence est très importante.
On dit que pour rééquilibrer sa silhouette, il faut manger correctement et… faire du sport. Je simplifie un peu pour les besoins de la cause et parce que je n'ai pas la prétention de pouvoir aller au-delà du bon sens. Voici…
Côté alimentation, je vous laisse juge parce que je ne suis pas un exemple. J'ai pris à peine 6 kg en 25 ans et pourtant ma gloutonnerie m'a valu l'exclusion dans tous les restaurants à volonté.
Côté exercice, je connais un peu mieux et, toujours pour faire simple, je distingue deux filières, deux paris…
• D'un côté, le régime aérobie avec la marche à pied, le footing, le vélo ; bref, le très tendance « cardiotraining ». C'est-à-dire, une forme d'exercice qui s'articule essentiellement autour de régimes cardiaques contrôlés. À régime modéré, les lipides sont le premier carburant. C'est le sport d'endurance dans toute sa splendeur. Le marathonien en est le plus symbolique représentant.
• D'un autre, on trouve le pari de la musculation. Pour faire simple, elle offre un « petit » plus par rapport à l'approche cardio : sa pratique développe les fibres musculaires. C'est ce que certains appellent la « prise de masse ». Et cette masse maigre (tissu musculaire) ainsi chèrement obtenue, contrairement à la masse grasse (qui s'obtient beaucoup plus facilement), mobilise pas mal d'énergie métabolique pour s'entretenir. Donc, non seulement vous consommez l'énergie de l'activité physique pratiquée, mais en plus, au repos, vous en consommez davantage pour entretenir la masse maigre développée. La masse maigre augmente (ce n'est pas toujours le cas avec le cardiotraining ; oui, je sais je simplifie, fibres différentes, etc.), la masse grasse diminue….
… Et le poids… peut rester le même. En revanche, dans la glace, la persévérance amène une certaine « évolution » (c'est l'incontournable minute « psyché » ; très vendeuse d'ailleurs).
La meilleure stratégie consiste, évidemment, pour l'amateur, à tirer le meilleur des deux mondes en panachant les deux approches.
Un petit crochet par le frigo : Notons que si vous ne vous alimentez pas correctement par ailleurs, il ne se passera pas grand-chose. Nous sommes ce que nous mangeons. Le corps surcompense après et non pendant l'entraînement, en fonction du sommeil et des aliments qui lui sont fournis. Pendant l'entraînement, vous détruisez les fibres musculaires. Après l'entraînement, elles se reconstituent, se réparent et se préparent aux prochains assauts (en se renforçant et éventuellement, en accroissant leur volume). Elles surcompensent. Et elles le font mieux avec du blanc de poulet qu'avec du beurre de cacahuète. Je sais c'est moche, mais c'est comme ça.
Coût du déplacement et prix à payer
Évidemment, quand on pense muscu, on pense « gros balourd ». Le mythe de l'usine à oxygène n'est pas totalement faux, mais une musculation adaptée, couplée à un régime d'endurance (vélo, course) ou d'endurance force (aviron), rend les muscles plus performants en termes de coût de déplacement, à savoir d'efficacité énergétique face au mouvement.
Exemple : Avant de faire de la musculation, j'avais l'aérobie d'un coureur de fond. Même si je tenais la distance, mon coup d'aviron était faible et la moindre élévation du niveau de force entraînait immédiatement un emballement de la fréquence cardiaque. Depuis que je fais de la musculation, mon rendement est meilleur sur chaque coup, car les fibres musculaires gèrent plus efficacement (oxygène, contraction) l'énergie consommée par l'appui. Je tiens toujours la distance, mais je peux appuyer plus fort. Et je ne suis pas pénalisé en course car mon poids est toujours le même (plus de masse maigre, moins de masse grasse).
En termes d'amateurisme (à haut niveau ou à niveau moyen, tous les sportifs font de la muscu), si le rameur ne peut plus s'en passer, le cycliste voire le coureur pourra réfléchir à quelques séances qui lui apporteront force et puissance, sans pour autant prendre la masse superflue tant redoutée. En effet, le rapport entre l'efficacité et la taille d'un muscle n'est pas linéaire.
Mon expérience personnelle me porte à constater que la musculation m'a énormément apporté au niveau du soutien lombaire, du gainage abdominal et, bien évidemment, des cuisses (merci le squat !) ; ces qualités trouvent toute leur justification…
• Sur l'eau : Comparé à une foulée (ou une cadence de pédalage), le coup d'aviron est lent et mobilise les deux jambes simultanément. Les fibres qu'il recrute doivent être endurantes mais doivent également pouvoir appliquer de la force (quadriceps ; motricité) et la transmettre (lombaires ; gainage). Bon là, la muscu : y'a pas photo, même à mon modeste niveau, mes performances se sont démultipliées depuis que je pousse de la fonte : cardio en baisse et coup plus puissant.
• En course : C'est en côte, et à cet égard sur les courses nature de type trail, que la différence entre muscu (adaptée) et absence de muscu se fait. Je note que j'ai beaucoup plus d'aisance à subir les côtes sur la distance, sans nuire précisément à la tenue de la distance. L'expérience s'est vérifiée sur un trail de 30 km et 800 m de dénivelé positif. Je pense que la chose doit pouvoir se vérifier (moins clairement probablement) sur marathon et semi-marathon, même si la chose paraît totalement opposée à la fonte.
• En prévention : Enfin, il y a dans la musculation un aspect bénéfique en termes de prévention des blessures car, à mon humble avis, seule une routine full body, peut faire travailler tous les muscles du corps, et donc agonistes et antagonistes. Cette harmonisation de la masse musculaire élimine ainsi nombre de déséquilibres liés à des gestes spécifiques aux différents sports.
Le plaisir ou la croix
Une dernière note concernant un point évoqué plus haut : certains vont trouver ça dingue, je le sais, mais il y a le plaisir. Le plaisir de bien ressentir la contraction d'un muscle précis sous la charge, qui amène elle-même une meilleure perception sensitive des gainages et de l'effort. Mon souvenir le plus fort, c'est la première fois que j'ai vraiment chargé la barre au squat. Au-delà de la brûlure au niveau des cuisses, j'ai senti également le rôle des lombaires et même… de la ceinture abdominale, littéralement écrasée sous le poids. Pourquoi s'enquiquiner à faire des abdos alors que les mouvements fondamentaux qui sollicitent les chaînes les plus complexes et les muscles les plus massifs se chargent de tout (squat, soulevé de terre, dips, rowing buste penché, fentes, etc.).
Ensuite, il y a le plaisir de l'après muscu. Le retour au calme, les étirements, la congestion et la satiété musculaires, une bonne douche. Pour moi, c’est ça aussi le culte du corps. Pas un miroir, mais un ensemble de ressentis.
Pourtant, il ne faut pas se voiler la face, il y a l'avant muscu : La séance de musculation, c'est un truc vers lequel je vais toujours à reculons. Les barres et les disques sont là et me regardent d'un air moqueur. J'ai beau savoir que je vais bien m'éclater, j'ai toujours du mal à rentrer dans la séance. Je me pousse. Mais je sais aussi qu'elle va me le rendre au centuple.
Ne faites pas de musculation si vous n'éprouvez ni plaisir, ni intime conviction. Je sais, je me répète, mais ceux qui s’y essaient sous cet angle, finissent tôt ou tard par vendre leur matériel d’occasion sur les brocantes.
Un premier changement
Depuis quelques mois déjà, j'ai renoncé aux charges lourdes et à la musculation classique. Je la pratique désormais en circuit training et j'enchaîne les ateliers, en mixant charges légères et poids de corps. En général, j'effectue deux circuits de 15 à 20 exercices. Entre les deux, je place quelques minutes de récupération aérobie (rameur). Le vrai travail se trouve, en fait, dans le second circuit. Dans le premier, j'ai encore la pêche car mon corps n'est pas encore victime d'une trop forte lactatémie. Dans le second, les exercices prennent une allure de « mot compte double » ; les mêmes séries deviennent deux fois plus difficiles. L’avantage du circuit training c’est qu’il m’oblige à gérer une forte activité anaérobie, tout en pratiquant une routine de musculation full body. Qui plus est, les charges légères sont plus adaptées à ma pratique des sports d’endurance : on prend moins de masse et on inverse la proportion masse grasse/masse maigre et on privilégie les séries longues. Et puis, c’est plus amusant.
Voilà, c'est tout qu'est-ce que j'avais à dire… Pfiou !