Récit de la course : Saintélyon 2009, par LudoH

L'auteur : LudoH

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2009

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3609 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Saintélyon 2009 - Voyage au bout du mental

J'ai besoin d'écrire ce CR, ça ne sera pas facile, mais il le faut: faire le point, espérer mieux et ausi noter ces émotions ce ressenti, bref: il est temps de faire le bilan. Ce sera un long CR, mais croyez moi, ma course a été longue!

Tout d'abord, la soirée avait bien commencé avec le repas des kikourou et une sympatique discussion a table, ca parle montagn'hard et tour des geants MIAM! mais bref une petite attente et nous voila au départ.
apres une longue attente c'est le depart ...


km4: St Etienne:  CHUTE! un trou dans le trottoir me vaut une blessure a la hanche et un muscle de cuisse un peu douloureux, ca m'inquiete pour la suite mais ca ne va pas m'arreter!
ON VA TROP VITE! je le dis a Virgile mais on attaque toujours ...

km 8: Sorbiers, nous croisons Celine et sa soeur venues gentiment nous faire un petit coucou, ca fait du bien au moral dans cette montee, et on repart ... rapidement, du coup je me mets en t-shirt... je sais un 6 decembre de nuit dans les monts du lyonnais, mais je suis bien, je blague, avec virgile on a un bon rythme, lui un peu plus rapide mais de peu, je bondis dans les flaques de boue et tout va bien, ma cuisse tire encore un peu mais ce n'est pas inquietant.

km 16
: St christo en Jaret, il est 1h40, on est arrive trop vite ici, mais on va calmer le jeu et je me sens bien, je ne veux pas m'arreter d'un coup, du coup j'arrive au ravito en marchant, me bats pour attrapper quelqeus gateaux et remplir ma gourde, je veux repartir de suite en marchant et mangeant puis on attaquera apres. Mais pourquoi faut il se battre? parce qu'on est trop nombreux sur cette saintelyon, malgre la bonne volonte de tout le monde la course a depasse sa taille limite, les ravitaillements ne tiennent pas le choc des milliers de coureurs qui deferlent, les chemins sont lamines, et il est difficile de courir exactement a son rythme ... c'est la cohue!
Mais revenons en a la course: j'attaque donc, optimiste, mon premier gateau attrappe au ravito, en marchant et la CATASTROPHE! gorge nouee, je me sens pas bien, un sacre frein vagal m'assiege, je ne me sens pas tomber dans les pommes cette fois, mais je suis terriblement mal et il est tres difficile de manger, pourtant il faudrait. Apres St christo ca monte, et je ne gere rien: je galere, je n'ai plus de rythme, je me traine, je voudrais ne pas etre ici ou pas comme ca; Virgile est loin devant, mais j'essaye de m'accrocher, longtemps j'hesite a retourner au ravito que je viens de quitter ... je suis découragé; je ne pensais pas que ces problemes reviendraient si fort ou si tot ... je ne sais pas vraiment pourquoi mais je continue, peut etre parce que Virgile est devant ... mais je ne le rattrapperai qu'au prochain ravito, d'ici la ce ne sera que galere mal-etre et difficultes, mais je m'accroche: tout au mental. J'ai froid je remets ma polaire.

km 22 Moreau ravito, je rejoins Virgile et lui explique rapidement mon etat: il m'envoie m'allonger dans un coin, me nourrit (un tus et un carre de chocolat), me remplit ma gourde, et on fait le bilan. Je suis toujours mal mais il me propose de repartir en marchant, et donc je me dis qu'on va essayer d'avancer un peu ... en reliant ste catherine ca va mieux, dans les descentes je double meme du monde, dans les montees c'est la galere, et sur le plat je vivotte, je me sens toujours mal et avance toujours au mental, mais la galere devient un peu plus facile a vivre et je peux faire semblant d'aller mieux ... puis arrive la descente sur ste catherine Virgile attaque a fond, mais je ne suis pas loin derriere.

de temps en temps je me dis que je devrais profiter et que j'ai de la chance d'etre ici. C'est vrai mais mon etat ne me permet pas de le reconnaitre et je replonge!

km 28 ste catherine: au ravito, j'essaye d'etirer mon dos car mon dos et mes problemes vagaux sont lies, j'en ai la preuve maintenant ... Virgile m'assiste encore pendant le ravito (merci Virgile), se fout de moi car je fais mes etirements couche parterre dans une salle bondee, et m'avoue que ca tire un peu pour lui aussi les jambes .. moi en fait je commence a avoir des crampes (dues a quoi? je sais pas: un depart trop vite, ma chute, une mauvaise alimentation due a mon etat, ou juste parce que dans mon etat je ne m'occupe pas de mes jambes ...) bref nous repartons de ste catherine, en marchant puis en courant. Ca monte encore, c'est dur mais je suis de moins en moins ridicule compare a mes voisins, quelques passages roulants puis cassants, mais j aime bien les descentes, puis des montees dures pour moi mais aussi pour mes voisins maintenant: ca gere difficilement mais ca gere.

Depuis longtemps le plaisir n'est plus la, je l'ai abandonne a st christo ... mais la galere est moins forte qu'avant, et par moment, j'ai meme des coups de mieux, parfois je me sens bien, les descentes se passent assez bien ...

par contre il y a toujours trop de monde, et les relayeurs qui nous doublent depuis un moment sont difficiles a gérer: ils vont vite ils ont besoin de doubler, et moi j'aimerais choisir ma trajectoire, pouvoir même doubler de temps en temps aussi. La plupart sont sympas te disent "a gauche, désolé" "Merci", mais certains doivent en avoir marre de ces boulets de solo, et te lancent un "relais" que j'interprete dans mon etat de fatigue en "laissez passer" comme si le fait d'etre un relais donnait une priorite sur les autres, pauvres solos ... ça m'enerve un peu, mais dans cet état il est facile de m'énerver: c'est surtout mon mal-etre qui m'enerve, beaucoup plus que ces relais: j'aimerais pouvoir profiter de ma course M$%#%#%

km 34 st genoux: DUR DUR J'arrive, je m ecroule parterre, pourtant ce troncon ne s'est pas trop mal passé, mais il en reste beaucoup et le mental est mis a rude épreuve. Puis  je me releve, je me risque a manger un peu plus, je bois de l'eau gazeuse et ressors après avoir trouvé Virgile; je m'étire un peu les jambes: j'arrive enfin a penser a autre chose que mon mal-être ... Virgile se veut rassurant ... mais on n'en est qu'a la moitie, vivement beaunant et les 12 derniers km .. je commence a bien sentir les crampes venir et ca n'arrange rien!

Puis ca roule un peu et je m'accroche ... difficilement mais je suis un coureur sur un km, puis en attrappe un autre, etc... et toujours au mental et en tirant de l'énergie je ne sais pas trop d'ou, je reprends un rythme potable. Mon GPS me rassure, parfois je suis a 9 ou 10km/h sur les faux plats descendants, vu qu'on s'arrete moins de 15 minutes par ravito, la moyenne est pas aussi haute qu'espérée mais potable

km 45 Soucieu: apres des descentes et des replats, je compare de plus en plus mon rythme a mes voisins, ca fait du bien au moral, et vu les efforts qu'il a du faire jusqu'ici c'est bien. L'arrêt a soucieu sera un peu long: il faut que je me pose que je tire sur le dos, puis il faut se battre pour attrapper a manger (et quand on est épuisé, c'est vraiment dur, même si les gens sont sympas), et repartir finalement; apres les ravitos, je vais nettement moins vite que les autres, mais je remarque qu ne me rapprochant du ravito suivant l'ecart de rythme diminue!

Maintenant beaucoup de monde commence a vraiment galérer autour de moi; moi. la galère est devenu mon élément: ca fait 30km que j'avance au mental, du coup je me sens fort dans les montées meme si j'avance come un escargot, je ne suis plus le seul. Il y a encore des coups durs mais ca va mieux ... mais malheureusement beaunant n'arrive pas: j'ai mal estimé la distance me séparant du ravito et là je commence a craquer, je marche dans les descentes, je me sens boulet, meme si je me dis que toute cette distance sera plus a faire, le ravito se fait vraiment attendre, j'en peux plus.

km 57 Beaunant: J'arrive et je m'allonge parterre "non je vais pas prendre froid, la course ca réchauffe, même les escargots", je ne cherche pas Virgile de suite, j'en ai pas la force, j'essaye juste de me reposer et de m'etirer. Le mental j'en ai, mais la il commence a plus vouloir rien entendre ... Mais non, je ne vais pas m'arrêter la: je me relève, remplis mon camel bag, mange et retrouve Virgile. Nous voici repartis: je sais que ca va monter raide jusqu a ste foy, mais j'ai confiance, on touche au but.

Erreur! je n'ai plus rien: plus de physique plus de mental, plus d'energie, je suis vidé, je suis un zombie dans cette montée; et meme si les pentes raides sont mon fort, la je me ferais doubler par un escargot rhumatisant. Je le dis a Virgile, mais bien sur ca se voit! Arrive le replat au sommet, j'aimerais accelerer, peut etre meme courir, le mental commence a essayer d'envoyer l'ordre au reste du corps, mais l'ordre n'est pas suivi, ce ne sont meme pas mes jambes qui m'arrêtent, le corps entier me dit "estime toi dejà heureux que je marche encore, si tu veux aller plus vite c'est ton problème, moi j'entends plus rien!" non plus rien il n'y a plus rien a tirer ... vais-je meme arriver a courir dans la redescente?

Oui! dans la descente la machine repart, au ralenti, mais je cours! j'attrappe le rythme de quelques filles autour de moi: c'est bien elles ont une foulée lente mais régulière et efficace: elles avancent bien mieux que je saurais faire, donc je m'accroche! craque un peu parfois, mais relance et on avance.

Encore une montée! c'est dur, mais je trouve meme le courage d'encourager mes voisins et voisines: allez courage, mois ca fait 40km que je suis dans le dur, je peux vous dire que ça se fait et que vous aller bientot atteindre le bout! Ca redescend sur Lyon la liberation!

km 64
dernier ravito: 5km je m'arrete pas, ca ne me servirait a rien je prefere marcher 5 minutes que me poser 2 minutes. Je le dis a Virgile et continue donc en marchant puis en courant assez vite, comme libéré ... en fait je suis en train de craquer complètement: drôle de sensation que de courir a 11km/h apres 40km de galère, je pleure toutes les larmes de mon corps, maintenant même les nerfs on laché. Je sais pas comment je tiens mais je tiens, je vais finir!

Certains marchent, je les double, d autres cournet je les suis, ca va bien! Arrivent les derniers escaliers qui font mal, mais après ce que j'ai enduré, ignorer la douleur des jambes sur 30 marches ne pose aucun problème.

Restent 3km de quais: ca va etre looong, meme si j'arrive a courir. Du coup je sors mon baladeur MP3 et je vais vite, enfin j'essaye! je tiendrai 1.5km sans plaisir mais en boostant puis je commence a craquer, marche, puis recours, la fin n'arrive pas. Je cherche un indice me prouvant qu'on y est presque mais la fin se rallonge, j'ai arrêté de pleurer, je pense que je n'ai meme plus l'énergie pour ça. Le mental il est meme pas dans les chaussettes, parce qu'il est parti en vacances! Mais a y reflechir, je suis  presque mieux qu'au km 20 je sens que ma douleur est normale et que voila la fin... qu'elle est longue, qu'elle est dure ... Je n'arrive plus a savoir si je veux accelerer pour terminer ou ralentir pour etre bien .. j'oscille entre les 2 et finis a sprint a 10 ou 11 km/h en pleine douleur. 8h31 de course, dont moins de 2h de bonheur, on a vu mieux!

Je passe la ligne d'arrivee et m'écroule, je suis mal et je le resterai pendant 24h. Je croyais que le mental n'avait pas de limite, et pourtant je crois que je m'en suis approché.

Il me faut attendre 3 jour pour enfin être content de l'avoir fait, et me dire que je la referai pas: il y a trop de monde pour moi aà la Saintélyon

 

Ludo

 

10 commentaires

Commentaire de vial posté le 09-12-2009 à 23:38:00

dur dur pour toi
et tout au courage
après cela tu peux être serein
ça passera d'autres fois, même en pleine galère
michel

Commentaire de Mustang posté le 09-12-2009 à 23:40:00

dur dur!!! mais tu es allé jusqu'au bout!

Commentaire de mysterjoe posté le 09-12-2009 à 23:52:00

bravo pour tant de courage, as tu bien conscience que tu n'est pas arrivé à une limite mais que tu vient de prendre un départ(éh oui ;-) merci pour ton récit et récupere bien de tout cela

Commentaire de LudoH posté le 09-12-2009 à 23:55:00

Merci pour les commentaires!

pour info tout de meme ce n'etait pas mon premier ultra, mais j'en ai 100 fois plus bave que pendant le grand raid du mercantour, la STL 2006, ou les 85 premiers kilometres de la montagn hard

Commentaire de Belet posté le 10-12-2009 à 02:04:00

A te lire, on se dit que tout ça n'est pas très raisonnable. Mais tu l'as fait. Bravo à toi.

Arnaud.

Commentaire de Mamanpat posté le 10-12-2009 à 09:33:00

Tu n'en seras que plus fort sur les prochains ultra !

Bravo et quel courage !

Commentaire de FURYAN posté le 10-12-2009 à 22:36:00

BRAVO.
Du courage et de l'abnégation.
Une autre fois, une autre course...
A l'année prochaine.
On ne sera peut-être pas trop loin tous les deux.

Commentaire de l'ourson posté le 13-12-2009 à 14:15:00

Ton CR est très émouvant et tu y a bien décrit le côté obscure des jours de moins bien emprunts de mal-être... J'espère que tu n'auras plus à revivre cela !

L'Ourson_ému

Commentaire de LudoH posté le 13-12-2009 à 21:39:00

Merci pour tous les commentaires, apres tant de galere, ca fait du bien :)

Commentaire de jean-chris05 posté le 23-12-2009 à 14:11:00

Même course, même chrono au final mais sensations différentes. Je pense qu'il t'a fallu plus de courage que moi pour terminer.

Bravo,

Jean-Christophe.

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