Récit de la course : SaintéLyon 2022, par van

L'auteur : van

La course : SaintéLyon

Date : 3/12/2022

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 1601 vues

Distance : 78km

Objectif : Se défoncer

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dingue debout. v5

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Il est 6h du matin, on est dimanche 4 décembre proche du km 60. J’enlève la boue qui recouvre ma frontale après avoir visité le sol une fois de plus, dans cette purée. J’aurais dû abandonner à Sainte Catherine. Je le savais.
Pourtant, tout avait si bien commencé….

Retour à J-3 pour cette 5ème SAINTELYON Page Officielle. Sur le papier c’était facile, je devais boucler la course en 7h/7h20, monter en TGV, courir un peu à la fraîche, rentrer en TGV.
Sauf que la SNCF, qui s’excuse bien sûr, pour le désagrément qu’elle provoque elle-même et dont c’était précisément le but, vient d’annuler presque tous les trains du weekend. Comme l’hôtel n’est plus annulable depuis la veille, avec un dossard pris depuis avril/mai, il va falloir se résigner à monter en voiture, avec la pluie qui va bien en arrivant dans le Rhône, histoire de se mettre dans l’ambiance.

Par chance, je suis tombé malade dans la nuit du jeudi au vendredi j’aurais donc l’occasion de frissonner toute la journée du vendredi après une bonne nuit de 0h de sommeil. Au moins je peux rouler avec le siège chauffant au max alors qu’en temps normal, c’est juste brûlant.
J’espère que ça ira mieux le lendemain et qu’avoir froid alors qu’il fait 25, ne me posera pas trop de problème pour aller courir par 0 ° avec une tenue toujours aussi light et qui a fait ses preuves sur la plupart des Saintélyon… J’ai vraiment la flemme de changer.
Dossard récupéré le samedi matin après le tour du salon, sieste l’après midi puis direction Saint Etienne à 19h30 pour un départ à 23h30.
Avec le système de départ en vague, on n’est plus obligé d’attendre 2h30 sous la pluie dans le froid. C’est donc bien au chaud dans le parc expo qu’on va attendre, en faisant du rien et en me demandant, si 2 pâtes de fruits, ça n’est pas trop lourd.
23h00 on se rassemble dans le 1er sas pour un départ prévu 30min plus tard. Finalement avec les aléas du direct, ceux qui laissent leur voiture n’importe où et les vagues en 2 temps, le départ est donné à 23h55.

il bruine un peu et ça sera comme ça presque toute la nuit.
Je pars en 1er de la 2ème vague (devant quoi) juste après avoir doublé 2 mecs qui finalement sont en relais. Ce n’était peut-être pas indispensable de partir si vite mais je suis tout de même moins rapide qu’en 2021 sur les 10 premiers km (de 20 secondes ça va).
Comme ils nous ont séparé en 2 vagues, on se retrouve à remonter les 300 coureurs qui sont partis samedi de Lyon, et font le retour avec nous, forcément, beaucoup moins vite (pour la plupart).
C’est sympa pour le moral, mais pour se placer c’est compliqué.
Je résume, autour de moi il y a :
Les coureurs de la Lyonsaintélyon, (156km) ceux de la STL comme moi, les relais à 2 et 3 (31km) + à 4 (17km). Difficile de savoir qui fait quoi malgré des dossards distinctifs, on n’y voit pas grand-chose.
Donc quand on se fait doubler par un mec qui sort de nulle part comme s’il lui restait 5 km à faire, et bien c’est le cas. Souvent on les reconnaît, ils sont tout propres alors qu’on court depuis 5h. On ne me l'a fait pas à moi.

𝗔𝗽𝗿è𝘀 𝟭𝟳𝗸𝗺 𝗲𝗻 𝟭𝗵𝟮𝟬 𝗲𝘁 𝟲𝟮è𝗺𝗲 ,𝘂𝗻 𝗰𝗵𝗼𝘂𝗶𝗹𝗹𝗮 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝘃𝗶𝘁𝗲 𝗾𝘂’𝗲𝗻 𝟮𝟬𝟮𝟭(𝗺ê𝗺𝗲 𝘀𝗶 𝗰𝗲 𝗻’𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗲𝘅𝗮𝗰𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲 𝗺ê𝗺𝗲 𝘁𝗿𝗮𝗰é – 𝟮𝟬𝟮𝟭 𝟭𝟴.𝟭 𝗸𝗺 𝗲𝗻 𝟭𝗵𝟮𝟯’𝟰𝟬- 𝟰𝟳è𝗺𝗲), je passe au ravitaillement de Saint Christo en coup de vent en mangeant 2 morceaux de fromage, toujours malade, mais heureusement, assez peu gêné par le froid.
Après, ça se passe en extérieur alors je n’allais pas camper non plus.
Je retourne dans la purée de pois des hauteurs lyonnaises où on voit à environ 2 mètres maximum.

J’ai choisi une frontale plus légère et je me demande si je n’ai pas un problème avec, vu qu’on n’y voit absolument rien. Je m’arrête pour jouer avec, jusqu’à ce qu’un mec me double en se plaignant qu’il n’y voit rien non plus, ce qui me rassure. Je vais donc continuer de courir à l’aveuglette et changer de direction dès qu’on commence à racler les barbelés sur les bords des chemins.

Pour couronner le tout, il s’est mis à pleuvoir comme il faut, pour rendre le terrain qui était déjà bien entamé, encore moins accueillant.

Des montagnes de boue. Je ne sais pas où ils vont chercher tout ça. Ils doivent en acheter sur leboncoin ce n’est pas possible. C’est glissant comme ce n’est pas permis et évidemment je fini par tomber les deux mains dedans. Il est 2h26 du matin.

En fait, à cause du brouillard, j’ai eu l’idée de prendre la frontale à la main pour éclairer assez bas et avoir un meilleur rendu. Comme des antibrouillards ... C’était une mauvaise idée. En plus, il a fallu que je cherche ma casquette de pluie que je pensais avoir perdu dans ma chute mais finalement je l’ai retrouvé quelques dizaines de mètres en amont, tombée quand j’ai retiré ma frontale. Bref.

Heureusement j’avais mes sur gants imperméables mais maintenant ils sont tout sales alors je termine tout penaud. Je vais passer de longues minutes à les nettoyer au ravitaillement de Sainte Catherine quelques km plus loin. Ce qui est stupide parce que je vais encore tomber de la même façon. En mieux.
Je ne mange toujours presque rien, j’ai bien quelques barres avec moi, mais pareil, pas d’appétit.

On longe les bus en quittant le ravitaillement et je me dis que ça serait quand même sympa d’arrêter ici sans avoir à aller jusqu’à la montée du rampeau…. Il à l’air de faire chaud ici, mais je me dis qu’il va falloir attendre peut-être longtemps avant qu’ils nous ramènent à Lyon…

𝗞𝗺 𝟯𝟬.𝟴 𝗱é𝗽𝗮𝗿𝘁 𝗱𝗲 𝗦𝗮𝗶𝗻𝘁𝗲 𝗖𝗮𝘁𝗵𝗲𝗿𝗶𝗻𝗲 𝟭𝟭𝟯è𝗺𝗲 𝗲𝗻 𝟮𝗵𝟰𝟲 (𝟮𝟬𝟮𝟭 𝟯𝟮𝗸𝗺 𝟮𝗵𝟰𝟵 -𝟱𝟮è𝗺𝗲 +𝟯𝗺𝗶𝗻)

A partir de là, le terrain ne ressemble plus à rien. 3000 coureurs sont passés avant moi.

On la refait.

A minuit il y a eu le départ de la Saintexpress (44km) depuis Sainte Catherine jusqu’à Lyon. Ils étaient 3 000.
Ça veut dire qu’à chaque pas que je fais dans ce paisible chemin de randonnée boueux, 3000 personnes ont fait de même, histoire de bien préparer le terrain pour un rendu plus réaliste. Et ils sont encore 6000 derrière moi, je ne vous raconte pas la gueule du parcours.

C’est comme aller chez le coiffeur et demander un effet coiffé/décoiffé un peu énervé. Là c’est la même, mais ils se sont emballés et c’est comme s’ils avaient passé le sol au mixeur. C’est juste infâme.

Alors quand on est là à se farcir la montée du rampeau, qui fait 700 m à plus de 25% dans la glaise, ça ressemble plutôt à une épreuve d’interville sur fond de musique de Benny Hill avec des rires enregistrés. 14 min la montée…

𝗞𝗺 𝟰𝟰 𝗟𝗲 𝗖𝗮𝗺𝗽-𝗦𝗮𝗶𝗻𝘁 𝗚𝗲𝗻𝗼𝘂 𝟰𝗵𝟮𝟬 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘀𝗲 𝗲𝘁 𝟭𝟮𝟳è𝗺𝗲 (𝟮𝟬𝟮𝟭 𝟰𝟱𝗸𝗺 𝟰𝗵𝟬𝟴 – 𝟯𝟵è𝗺𝗲 +𝟭𝟮𝗺𝗶𝗻)

Petite chute avant d'arriver à Saint Genou… Je n’ose plus prendre des trucs dans mes poches pour ne pas me salir avec mes gants dégueux… On est précieux ou on ne l’est pas … Une pâte de fruit plus tard, je quitte la zone en me rappelant que je voulais changer les piles de la frontale, qui commencent à éclairer sur plus que 0.5 mètre.

Alors... Ça ne va pas changer la course, on n’y voit toujours presque rien.

Après avoir fait tomber mes gants, puis les piles, puis la batterie, puis re mes gants 3 ou 4 fois dans la boue, je me dis que j’aurais peut-être mieux fait de retourner 20 mètres en arrière à la lumière du ravitaillement plutôt qu’ici à tout faire tomber dans le noir. J’avais un peu la flemme, j’avoue. Pendant ce temps-là Jean-Michel récupère 2 mecs qui abandonnent sans broncher juste à côté.
La suite est roulante, ça va devenir facile.

La descente est longue, très très longue. Tout le monde sait que la course commence à Soucieu au km 55. Et on y est … presque.
Le rythme s'est accéléré. Enfin… On se comprend. Et j’ai confondu le ravitaillement précédent avec celui de Soucieu donc on redescend d’un étage ou deux.

𝐊𝐦 𝟓𝟓.𝟐 𝐒𝐨𝐮𝐜𝐢𝐞𝐮-𝐞𝐧 𝐉𝐚𝐫𝐫𝐞𝐬𝐭 𝟓𝐡𝟑𝟑 𝟏𝟑𝟓è𝐦𝐞 (𝟐𝟎𝟐𝟏 𝟓𝟓.𝟗𝐤𝐦 – 𝟓𝐡𝟏𝟎 𝟑𝟏è𝐦𝐞 +𝟐𝟑𝐦𝐢𝐧)

Arrivé jusqu’ici je me pose 5 min. Pour la suite, il y a beaucoup de routes. Et de boue évidemment.
Un mec abandonne et rend son dossard à l’orga parce qu’il a fait une hypo je sais plus quoi tout à l’heure. Glycémie ou thermie, je ne sais plus. Mais il avait l’air bien et frais, mais rien à f*** il se casse. OK…

D’autres se changent complètement et les relayeurs s'échauffent.
C’est repartie. Direction Chaponost ([chapno] histoire de ne pas passer pour des touristes. Parce qu’une fois j’ai dit Chaponost tout fort, alors voilà.)

En plus de la brume qui gène toute visibilité, certains coureurs ont des projos de chantier à la place d’une frontale donc le peu de passage visible génère une ombre projetée tout aussi désagréable et on n’y voit pas plus si on est juste devant. Tout ça en jonglant dans les descentes pour éviter la double fracture tibia péroné des 2 jambes. Heureusement je gè PLAAAAF.

Je viens de m’envoler et glisser sur près de 10m. Une glissade intégrale dans la purée de crème de marron. En plus je me suis fait mal au 2 genoux en tapant dans je ne sais pas quoi alors qu’il doit y avoir 1m50 d’épaisseur de boue. La forêt enchantée que ça s’appelle… Déjà que j’ai hésité à laisser tomber à Soucieu… On venait de passer le panneau « arrivée dans 20km » qui faisait quand même plaisir.

Attention les gars, ça glisse….

Ma montre affiche toujours un temps final de 8h, il faut se rendre à l’évidence, je ne rattraperais rien du tout. Sur la route je récupère des coureurs et on accélère gentiment en binôme pour rallier le ravitaillement. L’ultime. Il reste 13 km.

𝗞𝗺 𝟲𝟲 𝗖𝗵𝗮𝗽𝗼𝗻𝗼𝘀𝘁 𝟲𝗵𝟰𝟯 𝟭𝟮𝟴è𝗺𝗲 (𝟮𝟬𝟮𝟭 𝟲𝟱.𝟰 𝟲𝗵𝟬𝟭 𝟮𝟴è𝗺𝗲 +𝟰𝟮 𝗺𝗶𝗻)
On me voit arriver dans un état….

Je croise un mec qui court en blanc en repartant.
Short blanc t-shirt blanc.
Je me demande quelle était l’idée derrière… Déjà que quand je m’habille en blanc, je n’arrive même pas à sortir de la pièce sans me salir, alors courir des dizaines de km, dans la boue, la nuit, sous la pluie, je... je ne vois pas.

Évidemment c’est comme pour tout le monde, il ne ressemble plus à rien et il a de la boue de partout.

Je n’ai pas pu lui demander pourquoi il avait fait un tel choix, il devait être en relais, il m’a doublé je ne l’ai jamais revu. Je voulais le ratrapper et le doubler l'air de rien pour lui poser la question mais on était plutôt sur de l'agonie en crachant un poumon, alors ça le faisait beaucoup moins. J'ai donc laissé tomber. "atteennd raaaahhohou attend sttpp !!" Non ça ne le faisait pas.
« Oh mais il pleut des cordes ! vite sortons ma plus belle tenue en blanc immaculée, je vais aller courir dans le foret toute la nuit et me rouler parterre »
Non je ne vois pas. On ne saura donc jamais.

Beaucoup de route pour retourner sur Lyon même s’ils arrivent à nous faire passer dans des chemins qu’on n’emprunterait même pas en journée. Un coureur me demande s’il reste beaucoup de montées. Je lui réponds qu’il en reste une près de l’aqueduc et que ça va être costaud #montray#thewall#séancedecote.
Il est un peu dégouté et continue sa route. 1km plus loin, on tombe sur une montée. Allez… Un faux plat montant et il me demande si c’est ça. (Après investigation 300 mètres à 10%. Je rappelle le Rampeau c’est 700m à +25%)

« ah non ce n’est pas celle-là, mais t’inquiète pas quand on y sera, t’auras pas besoin de me poser la question »

On continue d’arpenter les rues et les parcs pendant qu’il s’éloigne devant. Une grosse descente et on arrive sur la fameuse. Après 71.5km de course elle n’a pas bougé. Attendant paisiblement dans l’aube matinale de fracasser les espoirs de tous les coureurs pensant arriver bientôt.

Bon en vrai ce n'est pas l’Everest non plus, mais j’imagine toujours que j’habite en haut et que je dois me frapper ça tous les jours en vélo. Que ça doit être chiant.

1km de montée avec des passages à 15%. Pas loin de 8 min 15. Je ne suis jamais allez aussi vite. (8min 36 en 2021 et 8min 50 en 2019 et encore plus avant)

Je termine la 2ème partie et arrivée en haut, plus rien. Plus de force, plus de jus, plus rien. Il reste 3.8 km à faire et j’ai épuisé mes dernières réserves dans ce mur de …
C’est vrai que j’ai assez peu mangé, alors je termine tout ce que j’ai sur moi histoire de récupérer un peu et terminer ce calvaire.
Je perds presque 10min en regardant les gens, passer. Ça finit par revenir et je traverse les derniers km et le pont Raymond barre avant d’atteindre la Hall.
Dans la dernière ligne droite , un mec me double. Il n'est pas question que je sprint maintenant, même si on se fait beau pour la photo. 13...14km/h ah!! Mais en fait je sprint là !! Il continue de s’éloigner.. Bon laisse tomber, je ralentis ...

Pour avoir une idée de la sanction ... 5.2km en 42 min 15. (ndlr mon record sur 10km c'est 33 min 53) et j'ai mis 33min 30 sur cette partie l'an passé.
Course terminée
𝟳𝟴.𝟵𝗸𝗺 𝗟𝘆𝗼𝗻 𝟴𝗵𝟬𝟴 𝟭𝟰𝟮è𝗺𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝟱𝟯𝟬𝟱 – 𝟳𝟯𝟮 𝗮𝗯𝗮𝗻𝗱𝗼𝗻𝘀 +𝟰𝟵 𝗺𝗶𝗻
(𝟮𝟬𝟮𝟭 𝟳𝟴.𝟯 𝗸𝗺 𝟳𝗵𝟭𝟵 𝟯𝟮è𝗺𝗲 𝘀𝘂𝗿 𝟰𝟬𝟳𝟭 – 𝟱𝟴𝟳 𝗮𝗯𝗮𝗻𝗱𝗼𝗻𝘀)
Ce qui est bien, c’est que je ne relierai jamais tout ça. Et quand il faudra s’inscrire en avril/ mai…

https://strava.app.link/PgM97nGeBvb

2 commentaires

Commentaire de elnumaa[X] posté le 10-12-2022 à 12:36:05

tjs aussi sympas et rafraichissant , tes récits ! merxi ;-)
et concernant le white-man c'est joueur et témoigne d'une belle philosophie !!
quel bö sport !!!

Commentaire de Cheville de Miel posté le 12-12-2022 à 09:44:12

J'aime !!!!

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