Récit de la course : Marathon de Paris 2021, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Marathon de Paris

Date : 17/10/2021

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1114 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Courir ne peut attendre

 
Courir ne peut attendre ! Une semaine à peine après le marathon de Metz, je profite de la générosité et de la blessure au dos de mon cousin pour récupérer son dossard pour le marathon de Paris. Courir deux marathons en 8 jours n'est pas forcément conseillé, mais je me dis qu'on ne vit que deux fois, et après ces mois difficiles tout dossard est bon à prendre. Surtout celui-la. Ce sera ma 5ème participation à cette course, pour mon 30ème marathon, ce sera surtout une belle fête à laquelle je me réjouis de participer. Dès le retrait des dossards, où je retrouve mon frère, je reprends la mesure, ou plutôt la demesure, de ce rassemblement extraordinaire. Running expo impressionnante, où  les bénévoles nous remettent avec efficacité nos permis de runner, tandis que les marchands du temple nous font envie avec leurs tee-shirt à 60 euros. Tout ce beau monde a l'air content de retrouver cette ambiance de kermesse, et moi aussi. On va bien s'amuser.
 
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Je vous passe les péripéties du dimanche matin pour nous placer sur la ligne de départ. Et même un kilomètre après celle-ci. C'est fou tout ce qui peut passer par la tête d'un coureur lors du premier kilomètre d'un marathon. Je me suis tout d'abord glissé dans le sas "3h15", voulant profiter de l'allure travaillée à Metz le week-end dernier. Mais les sas étant eux-méme organisés en vagues, je me retrouve dans la dernière d'entre elles, sans meneur d'allure. Pas grave, me dis-je, je voulais y aller cool, de toute façon. D'autant que dès les premières foulées, je sens encore que j'ai les jambes lourdes. Ma montre vibre pour m'indiquer le premier kilomètre, je regarde : 4'05 ! C'est quoi ce départ ? Pas étonnant que les jambes protestent ! Puisque j'avance finalement si bien, pourquoi ne pas essayer de rattraper la flamme du meneur d'allure parti avec la vague précédente, quelques centaines de mètres devant moi ? Trois kilomètres après, c'est chose faite, je me cale à son allure en espérant rester avec lui le plus longtemps possible. Tactique risquée mais que votre serviteur assume. Dangeureusement votre.

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Il faut dire qu'entre les meneurs d'allure et moi, c'est une vraie histoire d'amour, surtout depuis la semaine dernière ! J'apprécie courir à leur allure de métronome, sans réfléchir sur la façon de reguler ma vitesse. Je m'amuse à reconnaître différentes catégories de coureurs dans les petits pelotons qui se forment autour d'eux : les fayots, qui se collent à eux, les vantards, qui racontent leurs exploits passés, les calculateurs, qui à chaque kilomètre trouvent que l'on va 2 ou 3 secondes trop vite, les trop-ambitieux, qui ont choisi une allure visiblement trop rapide et commencent à reculer dans le groupe avant de lâcher définitivement dès le 10ème kilomètre. Je ne juge pas, ma philosophie étant plutôt de Vivre et laisser Courir.  Et pour ma part, je me classerais dans la première catégorie, celle des fayots, voulant être certain de prendre la bonne roue et aimant profiter des conseils de ces champions.
 
Une fois ma place prise, je profite pleinement du parcours, tout simplement incroyable. Entre les monuments impressionnants, les larges avenues qui nous appartiennent, le soleil magnifique et l'ambiance digne du Tour de France, je me régale. Tout ça pour nous. Rien que pour nos yeux. A certains passages, j'en ai litéralement des frissons.
 
Alors que nous entrons dans le bois de Vincennes, notre meneur nous lâche :"je dois faire pipi, continuez comme ça, je vous rattraperai". Je continue tant et si bien que je rattrape un autre meneur d'allure "3h15", parti avec la vague précédente, une quarantaine de secondes plus tôt. Cette fois, c'est promis, l'opération tonnerre est terminée, je reste sage avec ce nouveau meneur d'allure.
 
C'est en sa compagnie que je retrouve l'ambiance folle de la porte de Vincennes, celle du passage du semi, le nouveau moment de folie de la place de la Bastille. Quelle course, mes amis !  Il y a du monde partout, mais le monde ne suffit pas : les orchestres sont nombreux et enthousiastes, la foule est bruyante, les spectateurs rivalisent d'imagination pour les pancartes : "la bière est dans 18 km", "si c'était facile, on le ferait", "ne lis pas cette pancarte, cours !", "Allez Opi Omi", ma préférée.
 
Nous abordons ensuite une portion que j'adore moins : les quais de Seine. La première partie est toujours sympa, même si je commence à avoir chaud, mais les km qui suivent, sous le tunnel et sous quelques ponts, sont pour moi les plus difficiles. Le moment où l'on se dit : "jamais, plus jamais ça". Après le passage si chaleureux au pied de la Tour Eiffel, le compte à rebours des 12 derniers km commence. Je rattrape une coureuse qui pousse une poussette, bravo à elle. Plus que 10 km, ça devient difficile. Mais j'avance toujours, y compris dans cette montée où j'avais marché il y a 3 ans. C'est positif, mais de plus en plus difficile.
 
Km 35. Le meneur d'allure m'encourage :"allez, il n'y a plus que toi". Je le regarde, surpris. Notre groupe a explosé. Je lui dis que je ne suis pas sûr de tenir jusqu'au bout, ayant couru un marathon en 3h12 une semaine avant, mais au fond de moi, le défi est lancé : je veux finir avec lui.
 
Km37. Alors qu'à Metz, Idir nous disait que le marathon commence à ce moment, le meneur du jour considère que c'est fini. Lui qui parlait si peu en début de course, ne cesse de m'encourager ainsi que les coureurs que nous rattrapons : "allez, c'est fini ".

Au km 40 il me dit même :" vas y, tu as l'air bien, accélère progressivement ". Cela me semble prétentieux voire imprudent, mais je l'écoute sans même m'en rendre compte. Un panneau annonce" 500 m", puis un autre "350m". Je ne réalise pas vraiment, et suis comme chaque fois surpris de découvrir la ligne d'arrivée. J'arrangue les spectateurs, qui répondent bien, et fini en 3h12:52, soit à peine 007 secondes de mon temps de la semaine précédente. Comme dans un film.
 
Chose rare, une fanfare joue dans l'aire d'arrivée. Trois marathoniens, cheveux blancs, le tee-shirt finisher sur le dos et la médaille autour du cou, dansent comme des gosses sur cet air de fête. Je les rejoins. Pourvu qu'aujourd'hui ne meure jamais.


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Et toi, combien d'allusions aux films de James Bond as-tu trouvées ?

7 commentaires

Commentaire de BouBou27 posté le 21-10-2021 à 16:22:28

Bravo ! 2 marathons a cette allure en 8 jours c'est fort

Commentaire de marathon-Yann posté le 22-10-2021 à 09:58:50

Merci ! J'avoue en être surpris moi-même !

Commentaire de L'Dingo posté le 21-10-2021 à 18:00:47

j'ai pas compté, mais j'ai bien compris que pour les 10 derniers kms, en bon gaulois, tu ne craignais qu'une chose: que ce soit Skyfall :-))

Commentaire de marathon-Yann posté le 22-10-2021 à 09:57:54

bravo, je n'y avais pas pensé, à celle-là !

Commentaire de tidgi posté le 22-10-2021 à 09:15:48

Bravo James pour ces 2 marathons rapprochés, et à une jolie allure, costaud !
Excellent ces références presque cachées

Commentaire de marathon-Yann posté le 22-10-2021 à 09:59:43

Tout est parti du titre, après je me suis amusé à tirer le fil...

Commentaire de augustin posté le 25-10-2021 à 17:25:25

Génial! James est parmi nous et cette plume est bien appréciée, bravo d'avoir joué le jeu on se régale. Et performance appréciée au vu de ta série de courses & chronos enchainés!!!

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