CR Hivernale du Raid Normand 2007
La genèse
Dimanche 3 décembre 2006, 3 : 45, 15 minutes avant la limite horaire de l’X’trem Run des Cols Verts.
Bilan de la nuit :
- une trentaine de balises poinçonnées sur 46 ;
- une cinquantaine de bornes à travers champs et bosquets sur les rives de la Somme ;
- une fringale du tonnerre ;
- une déshydratation avancée ;
- mon corps n’est plus qu’une gigantesque courbature ;
- j’ai « mal » au moral.
« Qu’est-ce qui m’a pris de proposer ce raid à mes 3 collègues (GG, Christophe et Fab) ? »
Le physique est touché….. mais pas autant que l’amour-propre……. L’équipe a dû me traîner sur les dix derniers kilomètres, subir ma mauvaise humeur, mes jérémiades. Plus de jus, plus de volonté, plus d’envie (à part celle de rentrer me coucher vite fait !).
On ne m’y reprendra plus. Ou plutôt : je ne m’y reprendrai plus. J’ai été trop prétentieux….. Peut-être… Sans doute.
Lundi 4 décembre 2006, 19 : 00. L’envie est trop forte, la tentation trop grande, les sensations exaltantes. Au fil de la journée et après une bonne nuit de sommeil réparateur, mes pensées reviennent sans cesse sur ce raid qui m’a tant fait souffrir dans ma chair et dans ma tête !
« ce raid, c’était pas si mal…. », « …c’était même une sacrée aventure…. », « je le referai bien l’année prochaine… », « L’année prochaine ????? »
Trop loin, trop de temps pour ruminer cet échec personnel, ce « bobo » à mon cœur. Il faut absolument que je me remette en selle. Je dois rebondir. Il est impératif que je trouve une « DOSE » de raid, vite, rapidement ! En équipe. En CO. De nuit. 50 bornes minimum !!!
Après des recherches rapides sur le net (le choix est restreint), mon « rachat » aura lieu dans la nuit du 27 au 28 janvier 2007 à l’occasion de la 7e Hivernale du Raid Normand.
Fabrice, la locomotive (puissant, rapide, « tout droit »), GG la mobylette (increvable, l’aîné, le sage, la sérénité communicative) et Christophe le 4X4 (pas le plus véloce mais costaud, fiable et tout-terrain ! Une volonté à toute épreuve) et moi-même forment l’équipe RUDHANSPROO (ne cherchez pas la signification ! Elle est pourrie et ne présente aucun intérêt comique).
Il n’y a plus qu’à se préparer…. Sauf que…
Jour J-15 : lors d’un footing tout ce qu’il y a de plus peinard, mon genou droit me titille et se rappelle à mon bon souvenir : « tu te souviens comme je t’ai pourri la vie l’année dernière ? Et bien, me revoilà ! » me dit-il sournoisement. Tendinite ? Et sciatique ? P…. de B…… de M……. !!!!!
15 jours de repos complet, deux boîtes d’anti-inflammatoires, deux tubes de Niflugel, un bocal de doute, une brouette de stress, un fût d’idées noires. La panique quoi !
Jour J-3 : GG est forfait ! Inflammation du tendon rotulien. La tuile ! Il nous faut trouver un remplaçant rapidement.
Trouvé ! Un collègue est partant. Tout s’arrange. OUF ! Quoique…..
Jour J-1 : mille milliards de mille sabords ! Le collègue remplaçant se blesse à son tour. Entorse de la cheville en glissant sur une plaque de verglas. Quand ça veut pas. Ca veut pas ! La schkoumoune, la déveine, le mauvais œil est sur nous.
En désespoir de cause et ne sachant plus à quel saint me vouer, je prospecte sur la « bourse aux équipiers ». Sans trop y croire, j’appelle une personne, puis deux, et trois…..indisponibles toutes les trois. Déjà sollicitées par d’autres équipes. Dépité, l’œil humide et le moral dans les chaussettes, je contacte par email la quatrième et dernière personne de la bourse, Hans, qui n’a laissé que son adresse email. Le plus petit espoir s’amenuise. C’est foutu ! On l’a dans l’…………..l’os ! (ça rime pas, c’est voulu) Il ne répondra pas…. Ou par la négative, ses références sont les meilleures de la bourse ! Je ne participerai donc pas à ce raid. Près de deux mois que je m’impatiente, que je trépigne, que je fignole mon équipement à défaut du physique. C’est FINI.
Vous vous doutez bien que l’histoire ne s’arrête pas là : je ne me suis pas cassé les… la tête à écrire tout çà pour vous révéler qu’en fait « j’aurais bien participé, mais j’ai pas pu. Ca devait être bien. FIN »
Je reprends donc le fil de l’histoire, n’en perdez pas une miette. Y a du rebondissement, du suspense, du sexe, non pas de sexe…. Vraiment, j’insiste. Désolé pour les pervers !
Donc, voilà…….
L’espoir
Jour J, H-10 : (musique triste genre trompette) J’allume le PC, je traîne les pieds, me connecte, collecte mes messages………. (roulement de tambour) Une réponse à l’email de la veille apparaît : « …..tatatatata suis disponible. Tatatatatata n’hésitez pas à m’appeler. »
(gros plan sur mon faciès, musique grandiose genre orchestre philharmonique, le tout au ralenti).
Explosion de joie, je cours annoncer la bonne nouvelle à mon épouse qui semble autant contente que moi…. Faut dire que ça fait deux mois que je la bassine avec çà, que mon ennui au genou m’a transformé en monomaniaque. Si je ne participe pas à ce raid, elle va encore supporter mes cris et mes pleurs pendant deux semaines ! Imaginez son soulagement.
Imaginez j’vous dis !
Quel soulagement, quelle délivrance ! Un coup de fil à Hans, un RDV pris, quelques informations échangées sur nos expériences respectives et il m’annonce qu’il est assez bon orienteur. Coup de bol pour l’équipe. Notre expérience en Raid’O et CO est légère et notre technique très empirique (doux euphémisme). Ce sera donc l’occasion d’observer et d’apprendre ! Le RDV est fixé dans la salle de Canteleu entre 19 et 20 heures.
H-7 : Fabrice et moi nous sommes donnés RDV chez Christophe à 15h45. Mon matos prêt, j’embrasse femme et enfants.
Après un café, les dernières nouvelles échangées, nous quittons Dunkerque direction Rouen. Nous recevons chacun un SMS de notre « vieux » GG qui nous encourage et pensera à nous. Il est clair que son forfait nous déstabilise, mais tant pis, pas question de tergiverser. Life is life. (lala la lala, pour ceux qui connaissent…)
Sur le trajet, nous parlons de tout et de rien, observons le paysage (c’est joli le Boulonnais !), élaborons une tactique (je plaisante), observons la carte en espérant trouver un raccourci que personne n’aura vu ; mais, sans cesse, revient cette histoire de « genou à moi qui fait bobo ». Il me titille surtout quand je suis assis, la sciatique sans doute… J’en viens donc à proposer à mes collègues de « basculer » sur le 45 bornes étant donné que mon genou, je ne le sens pas du tout, mais alors vraiment pas ! Nous optons pour le 45 kms malgré une légère réticence de Fab’.
Je viens à parler de notre recrue de dernière minute : Hans. Bon orienteur, coureur respectable, sympathique au téléphone, je pense qu’il sera un atout, une valeur ajoutée à notre équipe. Faut dire que c’est pas vraiment difficile d’être une valeur ajoutée dans notre équipe, du fait de notre expérience réduite ! En ce qui concerne Hans, j’étais encore loin de la réalité… La suite nous révélera l’étendue de son expérience et de ses capacités. Les quelques mots échangés au téléphone ne m’avaient permis de découvrir que la partie immergée de l’iceberg. (non ! Il n’est pas gros ! C’est une métaphore de son talent)
H-3 : Arrivée à la salle des sports de Canteleu. Retrait des dossards (28). Nous nous installons dans les gradins et nous restaurons en attendant Hans qui ne saurait tarder.
La tension monte au fil des minutes. J’oscille entre « qu’est-ce que j’fous là ? » et « vivement qu’ça démarre ! ». Fab’ et Christophe, sûrs de leur physique, cherchent à se relaxer tandis que mes pensées sont accaparées par mon satané genou (je vous fais peut-être ch… avec mon genou mais c’est un peu le « fil rouge » de l’histoire. Va-t’il tenir ? Taaa Daaa ?). J’ai autant confiance en mon genou (encooooore….) qu’un alpiniste suspendu à une épingle à nourrice.
H-2, 20h30 : Arrivée de Hans. Les présentations sont vite faites. Au cours de la conversation qui s’ensuit, nous apprenons que Hans, non content d’avoir participé 3 fois au Raid 28, a terminé 5e deux semaines auparavant ! Qu’il a couru la Diagonale des Fous, l’UTMB, etc…… Un gamin, quoi !!! En deux mots comme en cent, nous avons devant nous une « bête de course ». Le stress monte d’un cran, voilà une raison de plus de ne pas être ridicule. Déjà que nous sommes des « bleus », il ne faudrait pas que l’on passe pour des « charlots » !!
A noter également que notre demande pour courir sur le 45 km a été refusée. Nous voilà donc embarqués pour 65 kms ! Vite ! Vite ! un genou de rechange !
H-1 : Après un speech de l’organisateur peu chaleureux à mon goût (la fatigue de l’organisation sans doute) et un rappel des grandes « lignes » du Raid, nous nous rapprochons de l’endroit où une carte et des définitions nous seront remises.
La course. Enfin !
Heure H : le départ du 65 kms est donné. Je mets mon chronomètre en route. Le raid se déroulera de la manière suivante :
- 30 kms de CO dont une partie se fera sur carte 1/10000e ;
- RDV au bivouac où des boissons chaudes nous attendront ainsi que la deuxième série de définitions de balises ;
- 35 kms de CO.
Nous pointons les balises sur deux cartes (l’original IGN et une photocopie couleur). Je reporte sur l’une, Hans sur l’autre. Cela permet de confronter les résultats et d’éviter les erreurs. Assez efficace, je pense. Stratégie à réitérer.
Nous sortons de la salle. La nuit est fraîche mais le ciel dégagé, point de vent. La météo est avec nous. Saint Gillot-Pétré, alléluïa ! Nous voilà partis pour 65 kms de folie (je m’emballe).
Hans nous oriente mais durant une bonne heure, nous n’avons qu’à suivre le troupeau. Trop de monde ! N’y aurait-il pas moyen d’étaler les départs ?
Fab’ sera le poinçonneur (c’est le plus rapide d’entre nous) et Hans mène le groupe car il est habitué à ce genre de Raid’O. La première balise repérée, il ne s’arrête pas ; à charge de Fab’ de poinçonner et de nous rattraper…. Sauf que notre manque de communication nous joue des tours : il y a foule sur le sentier et Fab’ ayant dû patienter pour la première balise (il n’allait quand même pas foutre des torgnoles et des coups de boule !) a été englué dans la masse des raideurs (Tiens ? « La masse des raideurs », ça me fait penser à un titre de film à caractère cochonnesque). Nous trois devant, continuant à courir, lui derrière hurlant mon prénom. En effet, depuis le début nous nous appelons par notre prénom, et étant en 3e position, quelqu’un me répond régulièrement au nom de Fab’. Sauf que ce n’est pas le bon ! Le temps que je m’en aperçoive, Fab’ a eu le temps de s’inquiéter, de s’énerver et de paniquer. J’vous raconte pas comment il était furax !! C’est à partir de cette mésaventure qu’il est décidé de trouver un signal de ralliement plus efficace, ne prêtant pas à confusion et moins ridicule que notre nom d’équipe : RUDHANSPROO, à vos souhaits !. Ce sera « les Flamands » et cela convient à tous. Nous voilà repartis ! C’est pas gagné….
NB : Flamands, parce qu’on vient des Flandres et non pas « flamants ». Non, nous ne portons pas de sous-vêtements roses sous nos cuissards !!!! J’vous l’jure.
Le début de la course est un peu monotone. Il faut compter les layons, les sentiers. Pas très exaltant tout çà ! Hans assure les quatre premières balises puis nous merdons sur la cinquième (et je pèse mes mots !). Apparemment, nous ne sommes pas les seuls. Après coup, nous nous apercevrons que le report de la balise était incorrect de 50 mètres. Assez pour nous planter et prendre 1 heure de pénalité ! Tant pis, après 15 minutes de « tournage en rond », il est décidé de ne pas s’attarder.
Sur les balises suivantes (6, 7, 8, 9,10), le dénivelé est assez important avec trois ou quatre montées et descentes qui chauffent les cuisses et les mollets. Il faut dire que, originaires des Flandres, nous ne connaissons pas vraiment les joies de la grimpette. Les seuls dénivelés de la région sont les trous de taupe et les dos d’âne, sans compter les escaliers de chez moi ! J’exagère à peine….
Notre rythme est relativement rapide, nous alternons course et marche rapide (dans les montées le plus souvent). J’essaie de boire régulièrement et de m’alimenter par la même occasion. J’ai embarqué 2 litres d’un mélange eau/ jus de pêche (pas écoeurant du tout, ni trop acide, ni trop sucré), des barres de céréales APTONIA (miel-noix, super bon !) et des comprimés de dextrose. Je fais très attention à garder un bon rythme car la déshydratation et la fringale me guettent !! Je suis plutôt du genre « Grosse Cadillac américaine 22 litres au 100 » plus que « 106 diesel » Je veux absolument éviter la galère subie lors de l’X’trem run !!
Durant les trois ou quatre premières heures, j’ai du mal à apprécier pleinement la course ; à cela plusieurs raisons :
- Je suis obnubilé par mon genou (encore celui-là, « fil rouge », tralala, suspense, etc…). Mon attention est monopolisée par la moindre sensation provenant de cette partie de mon corps.
- J’aimerais participer à l’orientation mais Hans est performant et je me vois mal prendre le relais. J’observe en tout cas….
- Le parcours de nuit en forêt est très monotone : un arbre, un autre arbre, un layon, un petit arbre, un gros, oh ! un gros caillou, tiens ! un tas de gravier ! Heureusement que le relief nous fait changer de rythme pour rompre la monotonie !
Nous pointons la 12e balise pour enfin passer sur la mini-carte de CO 1/10000e. Des balises pas évidentes, intéressantes certes mais il y a trop de monde et de bruit ! En effet, nous croisons sur le parcours des équipes du 45 kms. Quel bazar ! Les sangliers, chevreuils et autres écureuils doivent se demander ce qu’il se passe ! Le parcours est plus vallonné et plus rythmé, je commence à apprécier ! Malheureusement, Christophe, notre 4x4, se tord deux fois la même cheville en peu de temps (un comble pour un 4x4 !). Rien de bien grave sur le moment (c’est un dur au mal) mais très pénalisant par la suite….
Nous enchaînons les balises régulièrement, Hans est très efficace. Sauf pour la balise 19. Dans cette parcelle, les arbres sont jeunes et il est difficile de s’écarter des sentiers tellement la végétation est dense. Nous voilà donc embarqués dans un chassé-croisé incessant avec moult équipes à la recherche de cette satanée balise 19 ! Un bordel monstre ! Là, on a merdé un peu. Je me demande encore comment l’on a fait pour tomber dessus. Cet épisode fut d’autant plus désagréable que nos mains et notre visage furent durement sollicités dans ces inextricables bosquets de ronces, de bois morts et de jeunes arbres aux branches cinglantes. Ahhh !! Quel doux plaisir de se « manger » de vertes et fines brindillounettes en pleine tronche !! Ahhh ! Que ça réveille les paupières et le bout du nez ! Un épisode digne de figurer dans la rubrique coquine de la revue SM « string latex et slip clouté » !
Peu de temps après, Christophe commence à traîner la patte. Son genou (à lui !) le gêne. Il semble qu’il se le soit tordu légèrement précédemment et courir lui cause de plus en plus de problèmes. Je décide de rester la plupart du temps avec lui. Au prix d’un effort remarquable, Christophe tente de courir le plus souvent possible. Ni la pommade antalgique de Hans, ni le comprimé anti-douleur n’améliore son état. Il faut se rendre à l’évidence, Christophe s’arrêtera définitivement au bivouac. (Quand je dis « définitivement », c’est pas vraiment « définitif » quand même ! Il est pas mort !)
30e kilomètres, le bivouac est le bienvenu. Nous rendons la carte de pointage et, en échange, nous sont remises les définitions suivantes. Sans tarder, Hans se trouve une place et s’attelle à reporter les balises. Pendant ce temps-là, j’engloutis mon « sacro-saint » sandwich jambon-beurre-comté. Quel plaisir ! Quelle jouissance ! Nom d’une pipe en bois, ça fait du bien du gras et du salé ! C’est vraiment pas le moment de venir m’enquiquiner….
Après 20 minutes de pause, il est temps de lever le camp car nous nous refroidissons à vitesse grand V. Je décide d’enfiler un polaire sous mon coupe-vent. Nous nous répartissons les deux litres de flotte distribués. Fab’ vide un tiers de la bouteille, moi également puis tend le reste à Hans qui se débarrasse de celle-ci… Je ne réagis pas tout de suite, j’aurais bien rempli un peu plus ma « poche » ! Tant pis ! Christophe me fille 5 ou 6 barres énergétiques et sa lampe frontale étant donné que la mienne a rendu l’âme un peu plus tôt. Heureusement que j’ai prévu une petite lampe torche Décathlon (15€ et super en complément d’une frontale !!) pour continuer à voir où je pose les pieds. Je remercie au passage mes Trabucco de protéger mes pieds de l’humidité, une bonne acquisition !
Nous donnons RDV à Christophe à la salle de Canteleu. La déception est grande pour lui mais également pour nous, pas évident de laisser un ami sur le bord du chemin. Ce n’est que partie remise….
Dorénavant nous courrons pour la « gloriole » vu que le règlement exige que nous franchissions l’arrivée à 4. Nous serons hors classement. Peu importe, nous nous classerons officieusement ! De plus, boucler ces 65 bornes sera, pour moi, déjà une grande satisfaction. Il faut dire qu’il y a un an, je n’avais jamais couru plus de 21,095 km !
Bizarrement, c’est vraiment à partir de ce moment-là que j’ai vraiment apprécié la course ! Mon genou ne me titillait plus et le fait d’avoir déjà fait une trentaine de bornes m’a détendu. J’étais soulagé, cool, zen, LEXOMIL (ça ne vous rappelle pas quelqu’un?).
Cette deuxième partie est plus agréable car nous descendons vers la Seine, vers les balises qui ont été pointées en premier par les concurrents du 45. Moins de monde, moins de bruit, j’apprécie pleinement le silence, la course et les discussions avec mes collègues. Quelques kilomètres plus loin nous sortons de la forêt et traversons pâturages et champs, ce qui nous permet d’observer la Seine en contrebas. P…, c’est beau un fleuve la nuit ! Hans continue à orienter parfaitement et nous courons sans discontinuer (ou presque). Pendant un quart d’heure, nous faisons chemin en compagnie d’une autre équipe et échangeons quelques amabilités. Notre rythme étant légèrement plus élevé, nous les décrochons.
Hans me demande si tout va bien, je lui réponds par l’affirmative. Je pourrais même accélérer mais ce n’est pas vraiment le moment de faire « l’américain », il nous reste une bonne quinzaine de bornes ! C’est dingue ce que la sécrétion d’endorphines peut vous faire voir la vie en rose…. Pendant deux bonnes heures, je gambade joyeusement et me permet assez souvent de donner le rythme de la course. Un vrai footing du dimanche matin ! Elle est pas belle, la vie ?!
Avant de pénétrer à nouveau dans la forêt, nous traversons un pré qui a récemment vu la visite de sangliers. C’est qu’ça fait du dégât, ces p’tites bêbêtes ! Retourné, ravagé qu’il était le pré ! Va pas être content le fermier ! Heureusement pour nous que ce pâturage est inoccupée par la gente bovine, la clôture n’est pas électrifiée. Fab’ pousse un soupir de soulagement car lors de l’Xtrem Run, ce dernier nous a fait une imitation de Gilbert Bécaud « Monsieur 100.000 volts ». Qu’est-ce qu’on a rigolé !
Les dernières balises sont assez faciles et durant le chemin du retour, nous dépassons quelques équipes. C’est con mais ça me motive ! Le jour se lève et la forêt semble se réveiller : j’apprécie cette douce odeur d’humidité, de bois mort, de feuilles. Quelques habitants de la forêt se font entendre : un pic prend son petit déjeuner dans un tactactac qui fait écho dans les frondaisons, un hibou pousse son dernier hululement, deux oiseaux non identifiés se répondent à travers les bois. LE PIED ! Ca donne envie de se foutre à poil, de se tresser une couronne de pâquerettes et de gambader sur la pointe des doigts de pied tout en jouant de la lyre…non ? (belle image ?)
Nous dépassons de plus en plus d’équipes, toutes en route vers l’arrivée. Plus que quatre ou cinq balises et c’en sera fini. Sur une balise, Hans nous épate un peu plus : il nous fait couper à travers les sous-bois et nous dépose pile-poil au pied du précieux prisme orange et blanc. Fab’ et moi échangeons un regard qui exprime notre admiration face à la précision de l’orientation. Il faudra qu’on potasse vraiment la question sur les prochains raids ! Bon, pour casser un peu Hans, faut dire aussi qu’il s’est planté sur la suivante ! Là, on l’a chambré un peu : il ne nous a pas donné trop l’occasion de le faire donc on ne s’est pas gêné….
Il ne nous reste que deux balises à pointer quand, à mon grand désarroi, je constate que je n’ai plus d’eau. Bon, cela ne devrait pas poser de problèmes vu que l’arrivée est à moins d’un quart d’heure de course…. Grosse erreur !! Les deux derniers kilomètres seront pénibles, horribles. J’ai mal partout, aux avant-bras, aux abdominaux, aux cuisses. Hans et Fab’ tentent de me motiver mais cela ne « marche » que quelques minutes. Je suis cuit, cramé, détruit. Je trottine quand même, il ne sera pas dit que j’ai fini en marchant !!!
« Allez, mon garçon, c’est pas 500 petits mètres qui vont te faire peur ! » Oui. Oui, quand j’ai besoin de me surpasser, je m’appelle « mon garçon ». Il n’y a aucune honte à çà ! Et puis, je ne peux pas m’appeler « ma fille »……. ça m’excite, provoque en moi un émoi érectile et j’arrive plus à courir.
Il me tarde tellement de m’avachir que les derniers 200 mètres me voient prendre la tête du trio. Nous franchissons la ligne d’arrivée et rendons notre carte de pointage. Dommage que nous ne finissions pas au complet, nous nous serions vraiment bien classés !!
L’émotion est forte, la fierté également ! Dire que je n’aurais pas parié un Kopek sur moi….
La prochaine fois, GG sera avec nous et Christophe finira sur ses deux genoux ! Vivement l’année prochaine !
Un grand merci à Hans avec qui l’on a pu voir ce que « orientation » signifiait. Il y a du boulot mais nos prochains raids ne se passeront plus sous le signe de la « pifométrie ».
Bon, voilà, c’est fini. Cela fait une semaine que j’ai franchi la ligne d’arrivée et je ne passe pas une heure à tenter de me remémorer les différents moments de cette aventure qui a débuté deux mois auparavant alors que je ne voulais plus entendre parler de raid !!
Deux déceptions : GG absent et Christophe blessé.
FIERTE
Poil au nez
Ragondin Senior
1 commentaire
Commentaire de Mustang posté le 21-12-2009 à 09:44:00
HUMM! vraiment fort!!! ça donne vraiment envie d'aller voir ce Raid Normand!!!!
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