Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2009, par Sprolls

L'auteur : Sprolls

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail

Date : 28/8/2009

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 4189 vues

Distance : 75km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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Il est grand le Grand Raid (Trail) des Pyrénées

Pour sa 2ème édition, me voici inscrit au Grand Trail des Pyrénées, demi-portion du Grand Raid des Pyrénées avec 74km et 4400m de D+. Déjà un sacré morceau cependant réputé sauvage, technique, magnifique. Ce sera ma dernière course de préparation pour la Diagonale des Fous dans 2 mois. Je rejoins Vielle Aure la veille de la course pour y retrouver quelques camarades orienteurs au GO78, Adriaan, Sandrine et Renaud, qui se lancent pour la 1ère fois sur une course de cette longueur. Ils sont dans l’inconnu à l’approche de la course alors que je suis hyper confiant du haut de mon immense expérience en la matière : c’est déjà mon 2ème trail du genre ;-) L’objectif est de finir les courses de préparation pour le Grand Raid de la Réunion en beauté. Je positive en imaginant 2 scénarios : soit ça se passe bien comme les précédentes courses de l’année et je pars confiant vers l’Ile intense en octobre, soit je galère et ça m’évitera d’être trop confiant avant l’ultime défi de l’année… Le 2ème scénario est peut-être plus souhaitable que le 1er me dis-je d’ailleurs. Dans tous les cas, je me dois en revanche de terminer, sauf blessure ou danger évidemment !! Bref je viens finalement relativement détendu dans les Pyrénées, tout en m’étant sérieusement préparé quand même. J’ai aussi décidé de faire le geekoureur®, prévoyant de fournir news, photos et vidéos en direct de la course grâce aux outils modernes de télécommunication qui mangent des pommes (suivi live sur Kikourou).

 

Pas de chance, je me suis récupéré un petit handicap de course : une fracture une semaine avant en batifolant dans les forêts bourguignonnes pendant la semaine fédérale de course d’orientation !! Bon OK c’est une fracture du petit doigt, ça fait même pas mal quand le petit doigt est immobile, bref c’est pas méchant mais c’est con et c’est chiant... Une attelle plus tard, je suis quand même d’être au départ avec l’objectif de finir au mieux et surtout de ne pas tomber ! Le plus gênant finalement, c'est que ça ne va être hyper pratique pour les films et les photos... En revanche le bon côté: plein de gens croisés se souvenaient de moi après la course ;-)

 

Vendredi après-midi, donc, dans l’ordre, c’est montage de tente, récupération des dossards, mangeage des pâtes, briefing de course et dodo, le tout sous un ciel gris et une légère bruine fraiche. Pas de quoi profiter des paysages de la vallée d’Aure pour le moment. Le réveil est très matinal, sous la même météo (une pensée pour les coureurs de l’ultra qui ont passé la nuit dehors…). Nous voilà au départ à 5h, pas frais mais dispos, heureux de nous lancer enfin dans l’aventure, depuis le temps qu’on en parle et qu’on s’imagine la course !

 

groupe_au_depart2.jpg

 

Arf, je perds Adriaan, Sandrine et Renaud au bout de 100m ! Après m’être laissé un peu rétrogradé sur le kilomètre de bitume vers Vignec qui précède la 1ère ascension vers le col de Portet, je renonce et accélère un peu pour remonter progressivement le « peloton ». La grimpette me réchauffe un peu dans la nuit humide et très fraiche. Nous sortons bientôt de la forêt pour rejoindre la route qui mène à Espiaube. Plus beaucoup de coureurs, les écarts sont plus importants devant. On arrive au pied des pistes. Les télésièges sont fermés, je suis contraint de monter à pied… C’est très vite raide de chez raide, là je n’ai plus froid du tout ! Je rattrape les 2 premières féminines dont la célèbre kikoureuse Martine Volay (le MMS est-il arrivé ??) dont le temps de course estimé a fait l’objet de longs débats ! Le jour pointe en haut du col après 2h de course mais toujours pas le soleil. Je suis 25ème au ravito.

 

On poursuit sur un sentier en balcon réputé magnifique car dominant les lacs du Néouvielle. Ben on voit pas grand-chose ! Dommage mais ce n’est que partie remise car à partir des lacs de Bastan, le ciel se découvre ainsi que les paysages enchanteurs…

 lac_brumeux2.jpg

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Sans avoir l’impression de m’employer, je rattrape pas mal de coureurs dans cette portion peu pentue mais technique avec rochers en vrac. J’atteins le col de Bastanet vers 8h environ. Le temps de resserrer les lacets et d’envoyer des news, c’est reparti pour une descente très technique car les nombreux rochers présents sur le sentier sont rendus glissants pour l’humidité. C’est avant tout magnifique avec encore de nombreux lacs et des paysages superbes…

 descente_bastanet2.jpg

 lac_et_nuage2.jpg

Je rattrape encore quelques coureurs puis nous rentrons à nouveau dans le nuage qui nous fait perdre au moins 5°. Peu avant Artigues et la fin de la descente, je rate le balisage à un carrefour et poursuit trop à gauche. Je réalise l’absence de balisage un peu tard ! Plus bas je tombe sur la route. Grace à l’étude du parcours sur les cartes avant la course, je comprends mon erreur. Mais pas question de remonter, je pars le long d’un ruisseau puis remonte un peu dans le flanc du versant opposé en suivant une trace et retrouve avec soulagement le balisage. Ça sert un peu la course d’orientation dans ces cas-là, même s’il est encore plus utile de regarder les balisage quand on est seul… Bref au moins 5 minutes de perdues sur ce coup mais ça aurait pu être pire !

 

Ravito à Artigues à 9h15, on m’annonce 11ème, puis démarrage du col de Sencours à la fraiche. Je fais la montée totalement seul ou presque car les vaches, moutons, chèvres et même chevaux sont nombreux tout au long de la montée. On est passé du monde minéral du Néouvielle aux alpages et c’est très agréable aussi.

 col_sencours_2.jpg

Sur la fin, une fois passé au-dessus des nuages, j’aperçois quelques coureurs plus haut dans le col qui n’en finit pas… Premier coup de fatigue. Autant je me sentais en super forme jusqu’à Artigues, autant je me sens faiblir maintenant. Hélas on est à peine à la mi-course, il va falloir bien gérer la suite pour une place dans les 10 ! Le col est enfin franchi peu avant 11h.

descente_sencours_2.jpg

 

On attaque la descente vers Tournaboup. Tiens des lamas !? Après un court passage pierreux et raide, la descente devient plus herbeuse et douce. Ultra single-track par moments, à peine la place de mettre le pied dans la trace du sentier tellement elle est étroite. J’essaie de gérer un peu plus la descente pour en garder sous le pied avant le gros morceau du col de Barèges. Après une nouvelle hésitation sur le balisage (pourtant très bon sur l’ensemble du parcours), nous nous retrouvons à 3 pour la fin de la descente, une dernière fois dans le brouillard. Les sensations n’étant pas très bonnes à ce moment, je ne regarde plus mes temps de passage (l’objectif optimiste est de 11h), on y va désormais uniquement au feeling.

 

Nous ne sommes plus que 2 au départ du ravito après un arrêt un peu prolongé pour manger une soupe, une petite assiette de pâtes, une compote et autres cochonneries (saucisson, abricots secs, etc…) ;-) tandis que les adorables bénévoles me remplissent mon Kmel back. Globalement, sauf en fin de course, je perds toujours des places aux ravitos. c’est un peu agaçant mais j’ai besoin de bien manger et bien boire à l’envie, et l’envie étant grande, ça prend du temps ! Bref, on repart, et nous rejoignons les ultras sur la fin de parcours commune. Les 1ers que nous dépassons sont assez mal en point, les muscles des jambes tétanisées, sans doute quelques tendinites. Brr, ça me fait penser à ce qui m’attend à la Réunion avec inquiétude. Un peu géné de les dépasser, j’essaie de leur dire un petit mot d’encouragement à chaque fois. Certains s’étonnent de voir des gens passer aussi vite : « on a fait 75km de moins que vous, c’est pour ça », l’un d’entre eux me répond « proportionnellement, on est plus près de l’arrivée que vous dans ce cas ! ». Pas faux, un bon moyen de positiver pour eux, même si la distance restante est la même. En réalité les suivants que nous rattrapons, s’ils marchent plus lentement, ne semblent pas en si mauvais « état » que les tout premiers croisés, ce qui me rassure un peu.

bas_bareges_2.jpg

Finalement, mon compagnon de course décroche un peu, mètre par mètre. En arrivant à la cabane précédent le raidillon final, je vois mes 2 prédécesseurs pas loin devant. C’est bon signe mais la fin est vraiment très raide et difficile sous le soleil qui se fait maintenant bien chaud.

 haut_bareges2.jpg

Enfin le col de Barèges est atteint mais dans la douleur. La fatigue fait que j’ai du mal à profiter de la descente, pourtant technique comme j’aime au début et dans des paysages superbes. Mais il y a des passages de plat où il faut relancer puis une descente pas assez raide à mo, goût dans le vallon qui n’en finit pas. Bref je suis dans le dur, et m’accroche à l’un des coureurs qui me précédait. Enfin nous arrivons au lac de l’Oule. J’ai encore de l’eau donc je bois juste quelques verres et m’arrose un peu pour repartir. Ce coup-ci je gagne une place sur le ravito ! La portion suivante est en bordure de lac, à plat. Je me force à courir pour essayer d’assurer le top 10 dans lequel je dois être rentré. Pff, là c’est au moral. Dans mon souvenir, je n’avais as eu des sensation de course aussi difficiles au Mercantour car depuis le Col de Sencours, j’en bave pas mal… Puis en attaquant la dernière « petite » montée vers le Col de Portet, comme par miracle ça va mieux. La perspective d’en finir, le fait que celui auquel je m’accrochais dans la descente ne revient pas, voire même perd du temps, les pâtes de Tournaboup qui sont assimilées ? Bref petit à petit je me retrouve un semblant de forme (même si les muscles sont toujours aussi douloureux…). J’ai même en point de mire un nouveau coureur.

 montee_portet2.jpg

 

Enfin le col de Portet ! Arrêt express pour tenter d’accrocher le coureur passé une minute avant moi. Et dans les dernières descentes avant l’arrivée, je sais que je suis dur à suivre. Je le rejoins et le distance sur les chemins en balcons et les crêtes qui dominent Espiaube. Des randonneurs qui me demandent sur quelle course je suis me disent que les écarts sur le Grand sont très importants, enterrant mes espoirs de rattraper quelqu’un d’autre. Cela dit je poursuis quand même à rythme soutenu la descente avec ce qui me reste de cuisses, histoire d’avoir tout donné ! C’est long cette descente… On rejoint le chemin pris à la montée, ça se précise ! Peu avant Vignec je double un coureur qui descend mieux que les concurrents de l’ultra que je double depuis le début de la descente. Un peu plus loin en entrant dans le village, j’entends les pas de quelqu’un qui va vite. Je me retourne et vois le concurrent en question qui s’accroche une trentaine de mètres derrière. J’ai un doute et lui demande s’il est sur le grand, ce qu’il confirme. Surprise ! Plutôt que nous tirer la bourre sur le dernier kilomètre de route entre Vignec et Vielle Aure (pas très envie et pas trop dans l’esprit je trouve après une telle course), je lui propose de terminer ensemble. Et nous voilà franchissant la ligne en 6ème place ex aequo ! Belle remontée finale ! En plus mon co-finisher vient de la Réunion, un signe qui annonce la prochaine course ;-)

 

Cerise sur le gâteau dont j’ai déjà bien profité, nous arrivons en 10h55, moins de 11h grâce à cette belle dernière descente, ce qui me paraissait inaccessible depuis Tournaboup, au point que je ne regardais absolument plus le chrono. J’assiste ensuite aux arrivées d’Adriaan en moins de 15h, 119ème, puis de Renaud en 17h30, deux minutes seulement avant Sandrine qui a failli le rattraper sur le fil, 213 et 214ème ! Belle réussite sur leur 1er trail de montagne pour tous les 3. Et ils en redemandaient dès l’arrivée franchie en plus !! Je me rappelle mon premier trail à la Plagne, il m’avait fallu un peu de temps pour me dire que je remettrai le couvert… Bravo à eux 3 ! Concernant la course, le parcours est magnifique, et intelligemment tracé. Une très grosse organisation, impeccable à tous points de vue dès la 2ème édition, ça mérite un gros coup de chapeau !

5 commentaires

Commentaire de laulau posté le 04-09-2009 à 21:11:00

Très belle course bien gérée, bravo pour ce superbe classement.
récit du niveau de ta course !
Laurent

Commentaire de caroux posté le 04-09-2009 à 22:11:00

Voici donc la course du mystérieux Sprolls ... ;-))
Bravo pour le CR.
2xbravo pour la course.
à une prochaine peut-être (sur la 6666 ???)

Bernard

Commentaire de mic31 posté le 04-09-2009 à 22:23:00

Salut,
Je vois que même en traçant vite tu as eu le temps de faire quelques photos toi aussi.
Bravo pour cette très belle place et bonne chance pour la Réunion.

Commentaire de grumlie posté le 05-09-2009 à 19:17:00

C'était donc toi le kikou volant!
Bravo pour cette superbe course et bonne Réunion.

Commentaire de martinev posté le 06-09-2009 à 19:14:00

Bravo pour ta belle performance. Je ne sais pas s'il y avait des cailloux avant ton passage, enfin tu as su parfaitement les apprivoiser, encore félicitations.

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