Récit de la course : 100 km du Ponthieu-Marquenterre 2005, par boulard raymond
100 km de Nouvion 2005
100 KM DE NOUVION (80) SOMME
05 JUIN 2005
CHAMPIONNAT– DE FRANCE
Réveil à 3 h 30 du matin , petit déjeuner préparé la veille par Céline, « plat de pâtes évidemment » afin de parfaire le plein de glucides.
Vers 4 h20 on décolle direction Nouvion, pendant le trajet on échange quelques impressions sur notre courte nuit , notre course à venir, notre stratégie, notre alimentation. Je sens encore Greg stressé de la veille, Bébert tranquille dans son coin termine sa nuit, en ce qui me concerne je suis surpris je suis très calme.
5h10 : nous sommes sur le parking limitrophe au circuit et au départ, on décide de modifier le ravitaillement, au lieu d’être devant le VTT on le met sous le 4 x 4.
Bébert prépare le vélo, nous on se badigeonne les parties sensibles de vaseline, de la graisse de chameau pour les pieds.
Les pieds, parlons-en, les pauvres n'auront pas le rôle facile selon la météo, les changements de terrain et ces milliers de tonnes qu'il va falloir digérer, ils méritent bien un peu d'attention !!!
5h45 : notre accompagnateur vététiste part, on le rejoindra au 10ème kilomètre. La température est un peu fraîche, idéale pour courir, les prévisions météorologiques « temps couvert avec éclaircies ».
5h50 : on rejoint l’aire de départ, il y règne une atmosphère inconnue depuis des années que je cours, ici pas de stress, très paisible, très serein, les coureurs ne gaspillent aucune énergie, ils attendent le départ.
6h00 précise, c’est parti :on va pouvoir se défouler depuis le temps qu’on en parlait de ces 100 km ! ! !! Tranquillement on se cale à l’arrière du peloton, la voiture balai ferme la course, on traverse Nouvion complètement désert, pas un spectateur, l’accueil de la veille me laisse des doutes sur la convivialité de l’organisation (remise des médailles avant la course , un sentiment de frustration surtout sur une telle distance).
Le chrono des premiers kilomètres indique une base de 9 km/heure, c’est parfait, mais cela n’empêche pas de se poser la question, quelle course bizarre : on se croirait parti pour un long footing de santé.
On suit depuis un moment une brigade de vétérans, des vieux briscards du bitume, ils ont l’air d’avoir une pèche d’enfer. Cela fait plaisir de les voir ensemble "bon pied, bon œil", le président Chirac veut remettre les anciens au boulot, une solution sans doute pour arriver avant eux.
10 km nous sommes à la hauteur d’une figure emblématique des 100 bornes, Claude Jean BUISSON, 73 ans. Aujourd’hui il court son 147ème 100 km, 30 années de course à pied, nous sommes admiratifs.
Sagesse, humilité et abnégation, c’est ma philosophie de cenbornard nous dit-il ; il nous raconte ses différentes courses en France, à l’étranger, le raid de 160 km dans le Vermont américain.
15 km : on arrive dans le sous bois de la forêt de Nouvion, ce passage est superbe, ombragé , luxuriant de verdure.
25km : nous terminons notre première boucle avec Claude en 2h45, soit 9 km/heure, le chrono est bien respecté.
Durant ce périple notre maître de la grande distance nous a prodigué des conseils alimentaires, des stratégies pour éviter d’hypothéquer la suite de notre 100 km.
Au 27ème kilomètre, il nous signale que nous courons sur une base de 11 heures, une invitation sans doute à tenter notre chance, un jugement sur notre capacité physique. Au 30ème km on laisse Claude, certes avec un peu de mal, le personnage est attachant, il terminera son 100 km en 13h19 et se classera premier dans sa catégorie.
Nous courons entre champs de lin et champs de blé, notre Bébert fait des figures avec son VTT, si bien qu’il se paie une gamelle mémorable, plus de peur que de mal, seul le vernis du visage a dérouillé.
Que dire du circuit, une première partie « campagne » un chemin pierreux, des grandes lignes droites, des jolis villages, une montée raide, casse pattes. La deuxième partie ombragée, roulante, se termine face à un vent violent et une grimpette pour finir.
Sur le fameux chemin l’homme de tête de la course nous double, on l’applaudit, à mon avis il va terminer en 7 h00, c’est un athlète de haut niveau.
Nous arrivons au km 40, on marche dans la côte pour s’économiser, au ravitaillement je prends glucose et rondelles de banane, Greg prend de tout, cela m’affole.
Au temps de passage des 42,195 km, distance du marathon, le chronométreur nous annonce 4 h 39 ; impeccable nous sommes dans le bon tempo, à trois kilomètres de l’arrivée le vent brutal nous ralentit. 50 km en 5h45 de course, le même temps que le premier tour, allure digne d’un métronome.
On attaque le troisième tour avec optimisme, les jambes roulent bien, l’esprit est positif. Dans cette course d'endurance, hormis quelques exceptions, les encouragements et le soutien moral existent entre coureurs. Et ça, c'est formidable.
Au 60ème kilomètre Greg a une crampe, on ralentit, je lui propose de s’étirer ou bien la méthode des moines orthodoxes russes… Il continue à courir, cela à l’air de marcher il ne s’arrête pas.
On est un peu moins loquace, on devient introvertis, c’est un moment de plénitude, les jambes courent toutes seules et notre esprit vagabonde. Je pense :
A Eric cyclotourisme, fan de Elvis Presley
A Brigitte marathonienne, femme de caractère , on a couru ensemble des centaines de kilomètres, des images indélébiles des arrivées du marathon de Rouen, du Paris-Mantes me reviennent, moment particuliers des endorphines qui transforment les douleurs des épreuves en bonheur jouissif .
Tous deux éprouvés par la maladie, une pensée vers leur guérison à travers cette grande course.
65 kilomètres, Alain mon beau-frère nous rejoint avec son vélo, il est mon suiveur officiel à temps partiel. Pour la circonstance il a acheté une tenue flambant neuve de la tète aux pieds.
Km 72 : une féminine nous double, le top modèle des 100 km, belle , grande, mince, magnifique dans sa foulée, Bébert est scotché sur son VTT , on craint le pire, va t-il de nouveau se ramasser, il revient à ma hauteur et me dit « tu as vu Raymond ? »
Km 74 : j’aperçois ma petite femme, elle est venue avec sa sœur Josette nous encourager.
Fin du troisième tour 8 h16, à la minute près l’allure est identique, on est surpris. Greg me propose de partir et de faire ma course, je refuse catégoriquement.
Quatrième tour : la simple idée de se dire que c’est le dernier tour renforce le moral, une impression bizarre m’envahit, le circuit m’apparaît plus accidenté, le repérage des bornes kilomètres plus loin, la fatigue sans doute, pas grave la monotonie ne s’installera pas.
Des appels sur mon portable, Frédéric, Franck, Robert, José, Martine et Olivier, à tour de rôle nous appellent pour nous encourager, c’est très chaleureux et bon pour le mental à ce moment de la course.
Km 82 : Greg a mal aux jambes, il se met à marcher à une vitesse rapide 7,5 km/h trop vite pour moi, je cours devant et l’attends, ce jeune homme est très tonique, excellent marcheur, malheureusement son potentiel physique ne fonctionne que sur le mi-temps.
Des concurrents nous doublent, aucune importance la course n’est pas terminée, on les reprendra plus tard. Après deux kilomètres c’est reparti, le dossard 429 a récupéré, il démontre également à cette occasion une intelligence de course .
Km 85 : le temps de passage 9 h 26, pas mal du tout pour des néophytes, plus que 15 km, il faut prendre son temps sur les prochains ravitos, boire coca, eau, avaler pastilles de sel , grignoter petitement.
Km 95 : on photographie la borne, Greg alterne entre marche et course , à ce stade de la course plus aucun doute.
98 km : une crampe me titille, je ralentis et elle se dissipe assez rapidement.
99 kilo !!! chiffre magique, incongru pour la course à pied, on oublie tout et on lance fièrement nos carcasses un peu moins souples ces derniers moments.
L’arrivée est au bout de la grimpette, une petite foule de supporters nous applaudit, ça y est nous sommes centbornards, comme on dit dans le jargon de l’athlétisme, le chrono indique 11h18, c’est SUPER, on se classe respectivement 141 et 142 èmes sur 270 participants.
Terminer pour la première fois un 100 km est une expérience unique, un plaisir rare (malgré la difficulté ou à cause d’elle ou grâce à elle).
Heureusement c’est un plaisir qui est à la portée de presque tous les amoureux de la course à pied, il suffit de s’entraîner correctement et surtout oser.
Je me devais de terminer cette épreuve pour ma petite fille Marie , née le 12 mai 2005 à 7h13, afin de lui offrir ma première médaille sur cette distance.
Remerciements à :
Martine mon épouse qui pendant l’entraînement et l’épreuve m’a toujours soutenu.
A mes enfants Séverine, Olivier et le petit Pierre, de leur soutien inconditionnel lors des mes projets sportifs atypiques.
A Greg mon jeune compagnon d’aventure qui une fois de plus à relevé un défi un peu fou.
A José notre métronome toujours présent sur les longues sorties.
Aux accompagnateurs vélo Bébert et Alain.
Aux supporters et amis de leur soutien avant, pendant et après course,.
Aux bénévoles de Nouvion , de leur patience, leur dévouement durant ce 100 km.
A Marie, Céline et Olivier de nous avoir reçu pendant ce week-end sportif.
A notre gentille inconnue Danièle, passionnée de littérature, pour sa patience dans la correction de cette brochure
A Françoise Bertran , autodidacte récemment diplômée ( champagne jolie jeune femme) sollicitée une nouvelle fois pour la mise en page
Lors de mon premier 100 km marche Audax, du marathon de Bezon, je me suis dit « plus jamais ça » c’est trop dur. Après ce 100 bornes l’idée de recommencer me tente fortement, peut-être avec Olivier mon fils, une perspective en tout cas exaltante.
10 juin 2005
Raymond Boulard
100 KM DE NOUVION (80) SOMME
05 JUIN 2005
CHAMPIONNAT– DE FRANCE
Réveil à 3 h 30 du matin , petit déjeuner préparé la veille par Céline, « plat de pâtes évidemment » afin de parfaire le plein de glucides.
Vers 4 h20 on décolle direction Nouvion, pendant le trajet on échange quelques impressions sur notre courte nuit , notre course à venir, notre stratégie, notre alimentation. Je sens encore Greg stressé de la veille, Bébert tranquille dans son coin termine sa nuit, en ce qui me concerne je suis surpris je suis très calme.
5h10 : nous sommes sur le parking limitrophe au circuit et au départ, on décide de modifier le ravitaillement, au lieu d’être devant le VTT on le met sous le 4 x 4.
Bébert prépare le vélo, nous on se badigeonne les parties sensibles de vaseline, de la graisse de chameau pour les pieds.
Les pieds, parlons-en, les pauvres n'auront pas le rôle facile selon la météo, les changements de terrain et ces milliers de tonnes qu'il va falloir digérer, ils méritent bien un peu d'attention !!!
5h45 : notre accompagnateur vététiste part, on le rejoindra au 10ème kilomètre. La température est un peu fraîche, idéale pour courir, les prévisions météorologiques « temps couvert avec éclaircies ».
5h50 : on rejoint l’aire de départ, il y règne une atmosphère inconnue depuis des années que je cours, ici pas de stress, très paisible, très serein, les coureurs ne gaspillent aucune énergie, ils attendent le départ.
6h00 précise, c’est parti :on va pouvoir se défouler depuis le temps qu’on en parlait de ces 100 km ! ! !! Tranquillement on se cale à l’arrière du peloton, la voiture balai ferme la course, on traverse Nouvion complètement désert, pas un spectateur, l’accueil de la veille me laisse des doutes sur la convivialité de l’organisation (remise des médailles avant la course , un sentiment de frustration surtout sur une telle distance).
Le chrono des premiers kilomètres indique une base de 9 km/heure, c’est parfait, mais cela n’empêche pas de se poser la question, quelle course bizarre : on se croirait parti pour un long footing de santé.
On suit depuis un moment une brigade de vétérans, des vieux briscards du bitume, ils ont l’air d’avoir une pèche d’enfer. Cela fait plaisir de les voir ensemble "bon pied, bon œil", le président Chirac veut remettre les anciens au boulot, une solution sans doute pour arriver avant eux.
10 km nous sommes à la hauteur d’une figure emblématique des 100 bornes, Claude Jean BUISSON, 73 ans. Aujourd’hui il court son 147ème 100 km, 30 années de course à pied, nous sommes admiratifs.
Sagesse, humilité et abnégation, c’est ma philosophie de cenbornard nous dit-il ; il nous raconte ses différentes courses en France, à l’étranger, le raid de 160 km dans le Vermont américain.
15 km : on arrive dans le sous bois de la forêt de Nouvion, ce passage est superbe, ombragé , luxuriant de verdure.
25km : nous terminons notre première boucle avec Claude en 2h45, soit 9 km/heure, le chrono est bien respecté.
Durant ce périple notre maître de la grande distance nous a prodigué des conseils alimentaires, des stratégies pour éviter d’hypothéquer la suite de notre 100 km.
Au 27ème kilomètre, il nous signale que nous courons sur une base de 11 heures, une invitation sans doute à tenter notre chance, un jugement sur notre capacité physique. Au 30ème km on laisse Claude, certes avec un peu de mal, le personnage est attachant, il terminera son 100 km en 13h19 et se classera premier dans sa catégorie.
Nous courons entre champs de lin et champs de blé, notre Bébert fait des figures avec son VTT, si bien qu’il se paie une gamelle mémorable, plus de peur que de mal, seul le vernis du visage a dérouillé.
Que dire du circuit, une première partie « campagne » un chemin pierreux, des grandes lignes droites, des jolis villages, une montée raide, casse pattes. La deuxième partie ombragée, roulante, se termine face à un vent violent et une grimpette pour finir.
Sur le fameux chemin l’homme de tête de la course nous double, on l’applaudit, à mon avis il va terminer en 7 h00, c’est un athlète de haut niveau.
Nous arrivons au km 40, on marche dans la côte pour s’économiser, au ravitaillement je prends glucose et rondelles de banane, Greg prend de tout, cela m’affole.
Au temps de passage des 42,195 km, distance du marathon, le chronométreur nous annonce 4 h 39 ; impeccable nous sommes dans le bon tempo, à trois kilomètres de l’arrivée le vent brutal nous ralentit. 50 km en 5h45 de course, le même temps que le premier tour, allure digne d’un métronome.
On attaque le troisième tour avec optimisme, les jambes roulent bien, l’esprit est positif. Dans cette course d'endurance, hormis quelques exceptions, les encouragements et le soutien moral existent entre coureurs. Et ça, c'est formidable.
Au 60ème kilomètre Greg a une crampe, on ralentit, je lui propose de s’étirer ou bien la méthode des moines orthodoxes russes… Il continue à courir, cela à l’air de marcher il ne s’arrête pas.
On est un peu moins loquace, on devient introvertis, c’est un moment de plénitude, les jambes courent toutes seules et notre esprit vagabonde. Je pense :
A Eric cyclotourisme, fan de Elvis Presley
A Brigitte marathonienne, femme de caractère , on a couru ensemble des centaines de kilomètres, des images indélébiles des arrivées du marathon de Rouen, du Paris-Mantes me reviennent, moment particuliers des endorphines qui transforment les douleurs des épreuves en bonheur jouissif .
Tous deux éprouvés par la maladie, une pensée vers leur guérison à travers cette grande course.
65 kilomètres, Alain mon beau-frère nous rejoint avec son vélo, il est mon suiveur officiel à temps partiel. Pour la circonstance il a acheté une tenue flambant neuve de la tète aux pieds.
Km 72 : une féminine nous double, le top modèle des 100 km, belle , grande, mince, magnifique dans sa foulée, Bébert est scotché sur son VTT , on craint le pire, va t-il de nouveau se ramasser, il revient à ma hauteur et me dit « tu as vu Raymond ? »
Km 74 : j’aperçois ma petite femme, elle est venue avec sa sœur Josette nous encourager.
Fin du troisième tour 8 h16, à la minute près l’allure est identique, on est surpris. Greg me propose de partir et de faire ma course, je refuse catégoriquement.
Quatrième tour : la simple idée de se dire que c’est le dernier tour renforce le moral, une impression bizarre m’envahit, le circuit m’apparaît plus accidenté, le repérage des bornes kilomètres plus loin, la fatigue sans doute, pas grave la monotonie ne s’installera pas.
Des appels sur mon portable, Frédéric, Franck, Robert, José, Martine et Olivier, à tour de rôle nous appellent pour nous encourager, c’est très chaleureux et bon pour le mental à ce moment de la course.
Km 82 : Greg a mal aux jambes, il se met à marcher à une vitesse rapide 7,5 km/h trop vite pour moi, je cours devant et l’attends, ce jeune homme est très tonique, excellent marcheur, malheureusement son potentiel physique ne fonctionne que sur le mi-temps.
Des concurrents nous doublent, aucune importance la course n’est pas terminée, on les reprendra plus tard. Après deux kilomètres c’est reparti, le dossard 429 a récupéré, il démontre également à cette occasion une intelligence de course .
Km 85 : le temps de passage 9 h 26, pas mal du tout pour des néophytes, plus que 15 km, il faut prendre son temps sur les prochains ravitos, boire coca, eau, avaler pastilles de sel , grignoter petitement.
Km 95 : on photographie la borne, Greg alterne entre marche et course , à ce stade de la course plus aucun doute.
98 km : une crampe me titille, je ralentis et elle se dissipe assez rapidement.
99 kilo !!! chiffre magique, incongru pour la course à pied, on oublie tout et on lance fièrement nos carcasses un peu moins souples ces derniers moments.
L’arrivée est au bout de la grimpette, une petite foule de supporters nous applaudit, ça y est nous sommes centbornards, comme on dit dans le jargon de l’athlétisme, le chrono indique 11h18, c’est SUPER, on se classe respectivement 141 et 142 èmes sur 270 participants.
Terminer pour la première fois un 100 km est une expérience unique, un plaisir rare (malgré la difficulté ou à cause d’elle ou grâce à elle).
Heureusement c’est un plaisir qui est à la portée de presque tous les amoureux de la course à pied, il suffit de s’entraîner correctement et surtout oser.
Je me devais de terminer cette épreuve pour ma petite fille Marie , née le 12 mai 2005 à 7h13, afin de lui offrir ma première médaille sur cette distance.
Remerciements à :
Martine mon épouse qui pendant l’entraînement et l’épreuve m’a toujours soutenu.
A mes enfants Séverine, Olivier et le petit Pierre, de leur soutien inconditionnel lors des mes projets sportifs atypiques.
A Greg mon jeune compagnon d’aventure qui une fois de plus à relevé un défi un peu fou.
A José notre métronome toujours présent sur les longues sorties.
Aux accompagnateurs vélo Bébert et Alain.
Aux supporters et amis de leur soutien avant, pendant et après course,.
Aux bénévoles de Nouvion , de leur patience, leur dévouement durant ce 100 km.
A Marie, Céline et Olivier de nous avoir reçu pendant ce week-end sportif.
A notre gentille inconnue Danièle, passionnée de littérature, pour sa patience dans la correction de cette brochure
A Françoise Bertran , autodidacte récemment diplômée ( champagne jolie jeune femme) sollicitée une nouvelle fois pour la mise en page
Lors de mon premier 100 km marche Audax, du marathon de Bezon, je me suis dit « plus jamais ça » c’est trop dur. Après ce 100 bornes l’idée de recommencer me tente fortement, peut-être avec Olivier mon fils, une perspective en tout cas exaltante.
10 juin 2005
Raymond Boulard
100 KM DE NOUVION (80) SOMME
05 JUIN 2005
CHAMPIONNAT– DE FRANCE
Réveil à 3 h 30 du matin , petit déjeuner préparé la veille par Céline, « plat de pâtes évidemment » afin de parfaire le plein de glucides.
Vers 4 h20 on décolle direction Nouvion, pendant le trajet on échange quelques impressions sur notre courte nuit , notre course à venir, notre stratégie, notre alimentation. Je sens encore Greg stressé de la veille, Bébert tranquille dans son coin termine sa nuit, en ce qui me concerne je suis surpris je suis très calme.
5h10 : nous sommes sur le parking limitrophe au circuit et au départ, on décide de modifier le ravitaillement, au lieu d’être devant le VTT on le met sous le 4 x 4.
Bébert prépare le vélo, nous on se badigeonne les parties sensibles de vaseline, de la graisse de chameau pour les pieds.
Les pieds, parlons-en, les pauvres n'auront pas le rôle facile selon la météo, les changements de terrain et ces milliers de tonnes qu'il va falloir digérer, ils méritent bien un peu d'attention !!!
5h45 : notre accompagnateur vététiste part, on le rejoindra au 10ème kilomètre. La température est un peu fraîche, idéale pour courir, les prévisions météorologiques « temps couvert avec éclaircies ».
5h50 : on rejoint l’aire de départ, il y règne une atmosphère inconnue depuis des années que je cours, ici pas de stress, très paisible, très serein, les coureurs ne gaspillent aucune énergie, ils attendent le départ.
6h00 précise, c’est parti :on va pouvoir se défouler depuis le temps qu’on en parlait de ces 100 km ! ! !! Tranquillement on se cale à l’arrière du peloton, la voiture balai ferme la course, on traverse Nouvion complètement désert, pas un spectateur, l’accueil de la veille me laisse des doutes sur la convivialité de l’organisation (remise des médailles avant la course , un sentiment de frustration surtout sur une telle distance).
Le chrono des premiers kilomètres indique une base de 9 km/heure, c’est parfait, mais cela n’empêche pas de se poser la question, quelle course bizarre : on se croirait parti pour un long footing de santé.
On suit depuis un moment une brigade de vétérans, des vieux briscards du bitume, ils ont l’air d’avoir une pèche d’enfer. Cela fait plaisir de les voir ensemble "bon pied, bon œil", le président Chirac veut remettre les anciens au boulot, une solution sans doute pour arriver avant eux.
10 km nous sommes à la hauteur d’une figure emblématique des 100 bornes, Claude Jean BUISSON, 73 ans. Aujourd’hui il court son 147ème 100 km, 30 années de course à pied, nous sommes admiratifs.
Sagesse, humilité et abnégation, c’est ma philosophie de cenbornard nous dit-il ; il nous raconte ses différentes courses en France, à l’étranger, le raid de 160 km dans le Vermont américain.
15 km : on arrive dans le sous bois de la forêt de Nouvion, ce passage est superbe, ombragé , luxuriant de verdure.
25km : nous terminons notre première boucle avec Claude en 2h45, soit 9 km/heure, le chrono est bien respecté.
Durant ce périple notre maître de la grande distance nous a prodigué des conseils alimentaires, des stratégies pour éviter d’hypothéquer la suite de notre 100 km.
Au 27ème kilomètre, il nous signale que nous courons sur une base de 11 heures, une invitation sans doute à tenter notre chance, un jugement sur notre capacité physique. Au 30ème km on laisse Claude, certes avec un peu de mal, le personnage est attachant, il terminera son 100 km en 13h19 et se classera premier dans sa catégorie.
Nous courons entre champs de lin et champs de blé, notre Bébert fait des figures avec son VTT, si bien qu’il se paie une gamelle mémorable, plus de peur que de mal, seul le vernis du visage a dérouillé.
Que dire du circuit, une première partie « campagne » un chemin pierreux, des grandes lignes droites, des jolis villages, une montée raide, casse pattes. La deuxième partie ombragée, roulante, se termine face à un vent violent et une grimpette pour finir.
Sur le fameux chemin l’homme de tête de la course nous double, on l’applaudit, à mon avis il va terminer en 7 h00, c’est un athlète de haut niveau.
Nous arrivons au km 40, on marche dans la côte pour s’économiser, au ravitaillement je prends glucose et rondelles de banane, Greg prend de tout, cela m’affole.
Au temps de passage des 42,195 km, distance du marathon, le chronométreur nous annonce 4 h 39 ; impeccable nous sommes dans le bon tempo, à trois kilomètres de l’arrivée le vent brutal nous ralentit. 50 km en 5h45 de course, le même temps que le premier tour, allure digne d’un métronome.
On attaque le troisième tour avec optimisme, les jambes roulent bien, l’esprit est positif. Dans cette course d'endurance, hormis quelques exceptions, les encouragements et le soutien moral existent entre coureurs. Et ça, c'est formidable.
Au 60ème kilomètre Greg a une crampe, on ralentit, je lui propose de s’étirer ou bien la méthode des moines orthodoxes russes… Il continue à courir, cela à l’air de marcher il ne s’arrête pas.
On est un peu moins loquace, on devient introvertis, c’est un moment de plénitude, les jambes courent toutes seules et notre esprit vagabonde. Je pense :
A Eric cyclotourisme, fan de Elvis Presley
A Brigitte marathonienne, femme de caractère , on a couru ensemble des centaines de kilomètres, des images indélébiles des arrivées du marathon de Rouen, du Paris-Mantes me reviennent, moment particuliers des endorphines qui transforment les douleurs des épreuves en bonheur jouissif .
Tous deux éprouvés par la maladie, une pensée vers leur guérison à travers cette grande course.
65 kilomètres, Alain mon beau-frère nous rejoint avec son vélo, il est mon suiveur officiel à temps partiel. Pour la circonstance il a acheté une tenue flambant neuve de la tète aux pieds.
Km 72 : une féminine nous double, le top modèle des 100 km, belle , grande, mince, magnifique dans sa foulée, Bébert est scotché sur son VTT , on craint le pire, va t-il de nouveau se ramasser, il revient à ma hauteur et me dit « tu as vu Raymond ? »
Km 74 : j’aperçois ma petite femme, elle est venue avec sa sœur Josette nous encourager.
Fin du troisième tour 8 h16, à la minute près l’allure est identique, on est surpris. Greg me propose de partir et de faire ma course, je refuse catégoriquement.
Quatrième tour : la simple idée de se dire que c’est le dernier tour renforce le moral, une impression bizarre m’envahit, le circuit m’apparaît plus accidenté, le repérage des bornes kilomètres plus loin, la fatigue sans doute, pas grave la monotonie ne s’installera pas.
Des appels sur mon portable, Frédéric, Franck, Robert, José, Martine et Olivier, à tour de rôle nous appellent pour nous encourager, c’est très chaleureux et bon pour le mental à ce moment de la course.
Km 82 : Greg a mal aux jambes, il se met à marcher à une vitesse rapide 7,5 km/h trop vite pour moi, je cours devant et l’attends, ce jeune homme est très tonique, excellent marcheur, malheureusement son potentiel physique ne fonctionne que sur le mi-temps.
Des concurrents nous doublent, aucune importance la course n’est pas terminée, on les reprendra plus tard. Après deux kilomètres c’est reparti, le dossard 429 a récupéré, il démontre également à cette occasion une intelligence de course .
Km 85 : le temps de passage 9 h 26, pas mal du tout pour des néophytes, plus que 15 km, il faut prendre son temps sur les prochains ravitos, boire coca, eau, avaler pastilles de sel , grignoter petitement.
Km 95 : on photographie la borne, Greg alterne entre marche et course , à ce stade de la course plus aucun doute.
98 km : une crampe me titille, je ralentis et elle se dissipe assez rapidement.
99 kilo !!! chiffre magique, incongru pour la course à pied, on oublie tout et on lance fièrement nos carcasses un peu moins souples ces derniers moments.
L’arrivée est au bout de la grimpette, une petite foule de supporters nous applaudit, ça y est nous sommes centbornards, comme on dit dans le jargon de l’athlétisme, le chrono indique 11h18, c’est SUPER, on se classe respectivement 141 et 142 èmes sur 270 participants.
Terminer pour la première fois un 100 km est une expérience unique, un plaisir rare (malgré la difficulté ou à cause d’elle ou grâce à elle).
Heureusement c’est un plaisir qui est à la portée de presque tous les amoureux de la course à pied, il suffit de s’entraîner correctement et surtout oser.
Je me devais de terminer cette épreuve pour ma petite fille Marie , née le 12 mai 2005 à 7h13, afin de lui offrir ma première médaille sur cette distance.
Remerciements à :
Martine mon épouse qui pendant l’entraînement et l’épreuve m’a toujours soutenu.
A mes enfants Séverine, Olivier et le petit Pierre, de leur soutien inconditionnel lors des mes projets sportifs atypiques.
A Greg mon jeune compagnon d’aventure qui une fois de plus à relevé un défi un peu fou.
A José notre métronome toujours présent sur les longues sorties.
Aux accompagnateurs vélo Bébert et Alain.
Aux supporters et amis de leur soutien avant, pendant et après course,.
Aux bénévoles de Nouvion , de leur patience, leur dévouement durant ce 100 km.
A Marie, Céline et Olivier de nous avoir reçu pendant ce week-end sportif.
A notre gentille inconnue Danièle, passionnée de littérature, pour sa patience dans la correction de cette brochure
A Françoise Bertran , autodidacte récemment diplômée ( champagne jolie jeune femme) sollicitée une nouvelle fois pour la mise en page
Lors de mon premier 100 km marche Audax, du marathon de Bezon, je me suis dit « plus jamais ça » c’est trop dur. Après ce 100 bornes l’idée de recommencer me tente fortement, peut-être avec Olivier mon fils, une perspective en tout cas exaltante.
10 juin 2005
Raymond Boulard
1 commentaire
Commentaire de riri51 posté le 01-05-2006 à 14:38:00
super CR, félicitations pour ta course, maximum respect 100 km...
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