100 km de Vendée à Chavagnes-en-paillers le 7 Mai 2005
Le saut dans l’ultra
Après huit années de courses et 14 marathons il était temps de passer sur la distance supérieure. Cela me titillait depuis 2 ou 3 ans mais je n’avais pas osé franchir le pas. Et puis est arrivé une rafale de CR de 100 km automnals sur les forum runirina et kikourou au mois de Sepembre. D’abord ceux du 100 km de Winchoten (Bruno H.,Millepattes,Jack26) puis ceux du mythique Millau (Poussman, LTDB, Le Squale,Léo).A la lecture de tous ces récits de course ma décision était prise. Un 100 km en 2005. Je passe donc l’automne à fouiner sur les forums, sur les sites persos des coureurs pour me faire une idée de se qui m’attends.
De toutes ces lectures il en ressort qu’il faut une bonne prépa et surtout un gros mental. Pour la prépa l’homme de la situation ne fait aucun doute c’est Bruno Heubi membre de l’équipe de France de 100 km et pour le mental je compterais sur ma volonté.
Le choix du parcours n’était pas évident. Millau saute aux yeux tout de suite pour sa légende, Belvès pour son parcours et Chavagnes pour la performance. J’opte illico pour Chavagnes car dans mon esprit même pour un premier autant connaître son potentiel sur cette distance.
La prépa
Mi janvier je contacte Bruno qui me fait un plan en deux parties. Six semaines de prépa généralisées se terminant par un semi (Vierzon) puis neuf semaines de prépa spécifiques avec un marathon (Cheverny) à allure 100 km à cinq semaine de l’objectif.
La partie générale sera la plus dure en grande partie à cause du froid qui va sévir pendant un bon mois sur la France. La VMA sur la neige c’est pas trop mon truc. Le résultat du semi sera en conséquence (1h28) mais l’objectif n’est pas là.
8 Mars début de la partie spécifique. Et là je me suis régalé pendant ces neuf semaines.
Ma vitesse spécifique estimée à 11-11,2 km/h, soit mon temps marathon multiplié par 3,quatre séances hebdo (2 à VS,1 allure 2 et 1 allure marathon) les semaines sont passées tranquillement sans aucune fatigue.
Le point d’orgue de cette prépa fut le marathon de Cheverny, test grandeur nature pour mon 100 km, à allure 100.Pour respecter l’allure j’avais épingler un dossard 3h45 dans mon dos pour servir de meneur d’allure. Ce fut 3h45 de pur bonheur à cotoyer des coureurs qui me faisaient confiance pour les amener au plus près de leur objectif.
Récap du kilométrage pendant ces 9 semaines :72,79,82,81,87,66,85,43 et 17 soit 612 kms tout à fait abordable pour tout coureur.
A J-5 je suis le régime dissocié, version Bruno (2 jours hypo,3 jours hyper glucidiques) et c’est sereinement que je prépare mon sac la veille de l’épreuve.
L’avant course
Nous partons vers 9 h30 de la maison en ayant laisser notre fils au CES très déçu de ne pas faire parti de l’aventure. Mais je lui promets que si tout se passe bien il en fera un avec moi comme accompagnateur.
Après un arrêt touristique à Saumur et un autre pour du shopping à Cholet nous arrivons à l’hôtel de Chavagnes vers 18h00.Quinze minutes plus tard mon beau-frère (qui sera mon accompagnateur) nous rejoint. Direction le complexe sportif pour la remise du dossard et la pasta.
Là je rencontre Patate (le chien très bien comme signe de reconnaissance), Domi, Marathonman, PatrickL et un peu plus tard pendant la pasta Diogène, tous des membres du forum de Bruno.
Après des échanges plus ou moins long suivant le planning de chacun retour à l’hotel pour une petite nuit (22h-3h) agitée comme d’habitude pour moi la veille d’une course.
Levée à 3h et redirection le gymnase pour le petit déjeuner. Je retrouve Patate, Domi et Diogène.
Un quart de gâteau énergétique avec un bol de café et me voilà fin prêt pour ce premier 100 km.
Je dépose mon sac à la consigne vers 4h45 et là je salue Le Squale, André et JeanMarc autres membres du forum. Il ne manque plus que Fred et j’aurais saluer tout le monde.
Je ne rate pas Marathonman car nous avons décidé de partir ensemble.
L’ambiance est bon enfant à quelques minutes du départ dans la nuit. Tout les coureurs sont concentrés et attendent tranquillement le coup de pistolet.
La course
Première boucle 25,9 km – 2h21’27 – 11 km/h
5 heures ,la course est partie. Après une petite boucle de 1,2 km autour du complexe sportif nous partons pour la grande boucle de 24,7 km à parcourir 4 fois. C’est la première fois que je pars dans la nuit. C’est une sensation étrange car il n’y a pas de repère seulement les voix des coureurs qui dans ces premiers kilomètres sont bavards. Avec Sébastien (Marathonman) nous nous calons rapidement sur 11-11,2 km/h. Je vérifie souvent sur la forerunner notre allure car il n’est pas question de se brûler les ailes au départ. Au 11ième les suiveurs rejoignent les coureurs (moi j’attendrais le 30ième) et le jour se lève.
Nous pouvons maintenant apprécier le paysage. Ce premier tour va passer très rapidement et nous passons avec Seb cote à cote devant la ligne d’arrivée. Patate est là pour immortaliser la scène. Tout va bien pour l’instant les sensations sont bonnes pour moi et pour Seb.
Deuxième boucle 24,7 km – 2h15’22 – 10,95 km/h
La bruine commence à tomber. Cela va durer une heure mais plus génant le vent s’est levé. Ce n’est pas un grand vent mais il sera sensible jusqu’à l’arrivée surtout dans la première moitié de la boucle. Mon accompagnateur me rejoint donc au 30ième et nous passons au marathon en 3h52’.Maintenant c’est l’inconnue puisque je n’ai jamais couru plus qu’un marathon. Si dans la première boucle je n’ai pris que du liquide au ravitaillement en alternant eau et glucose, j’ai commencé à prendre du solide au cours de cette boucle (banane, pain d’épice et abricot sec). Le rythme est toujours le même et physiquement c’est très bien. Le moral en prends un coup quand au 45ième Seb ne peut plus me suivre. Je me pose des questions car il avait suivi un plan un peu plus conséquent avec 5 séances hebdo et il lâche déjà à ce moment de la course. Heureusement la fin du deuxième tour est proche et je me refais une santé en passant devant la ligne d’autant plus que je suis passé au 50ième en 4h35 ce qui me laisse une bonne marge pour passer sous les 10 heures. J’aperçois ma femme et après un rapide bisou je file dans la troisième boucle.
Troisième boucle 24,7 km – 2h22’42 – 10,4 km/h
La boucle la plus dure au niveau mental pour moi. Je me retrouve tout seul. Pas un coureur devant ni derrière. Je pense à ceux qui n’ont pas de suiveur. Que cela doit être dur sans aucune présence à côté de soi avec le physique qui s’émousse petit à petit. Même si j’échange de moins en moins avec mon beau-frère sa compagnie me rassure. Au ravitaillement du 55ième je trouve JeanMarc attablé devant un thé. Après quelques échanges il me dit qu’il n’ira pas au bout. Je suis déçu pour lui et je repars seul.
Pendant cette boucle ma moyenne décroît car je ne compense plus les arrêts ravitaillements. Je repars à 11 km/h alors que dans les 2 premières boucles je repartais sur un rythme légèrement supérieur pour revenir à 11.Au ravitaillement je bois eau+coca et de moins en moins de solide. L’estomac commence à serrer, j’ai quelques douleurs dans le dos et les jambes commencent à s’alourdir mais fin de la troisième boucle en 7h ce qui me laisse 3 h pour courir 24,7 km. Patate est toujours là pour m’encourager ainsi que ma femme et ma belle-soeur.
Quatrième boucle 24,7 km – 2h36’05 – 9,5 km/h
Confiant au démarrage de cette boucle car les muscles tiennent toujours la distance et c’est le dernier passage dans cette campagne vendéenne. Les centaines de mètres deviennent des kilomètres et il n’y a plus que des faux plats montants. Je faiblis inexorablement mais je n’ai toujours pas d’alerte de crampes qui me cloueraient sur place. Le redémarrage aux ravitaillements sont un vrai calvaire. Relancer la mécanique pour reprendre une foulée correcte me fait perdre du temps et je décide de ne pas m’arrêter aux deux derniers stands. D’ailleurs je n’avale plus rien, que de l’eau et çà mon suiveur en a encore. Il est très courageux car je ne parle plus depuis pas mal de temps et il me supporte sans broncher. Au 85ième PatrickL avec deux coureurs me doublent. Il m’invite à le suivre mais après réflexion je continue à mon rythme. Dans ces conditions je passe au 95ième en 9h02 et là je commence à penser que je vais faire un super truc. Mais les cuisses n’en peuvent plus. Sur chaque faux plat j’ai une alerte de crampe aux ischios et je ralentis encore l’allure. Je double Diogène qui me dit qu’il finira en 13h30 et je serre les dents dans le décompte final des derniers kms.96,97,98 j’ai mal mais cela passe assez vite et je visualise déjà mon arrivée.99, dernier km plus rien ne peut m’empêcher de réaliser mon objectif. Une grande joie m’envahit malgré les douleurs et je franchis les derniers cent mètres les bras levés.
Incroyable je viens de courir 100 kms sans marcher (juste les pauses ravitos) en 9h35’36.
Le 7 Mai 2005 à 14h35 je suis devenu centbornard.
La récupération est dure. Pendant 5 minutes sous la tente du ravitaillement je n’ai qu’une envie c’est dormir. Ma femme a un peu peur à ce moment là que je tombe dans les pommes. De l’eau et une barre me font du bien et je reprends petit à petit mes esprits pour aller au massage et passer sous la douche. Après une bonne bière pour arroser ma perf avec mon accompagnateur je décide d’attendre le podium pour saluer le dernier membre du forum Fred que je n’ai pas encore vu.
Conclusions
superbe course avec une organisation remarquable (ravitos hyper clean avec des portes gobelets, pasta dans une grande salle avec une tranche horaire très large 19h-22h qui évite un brouhaha pénible, feuille de résultats sitôt la ligne d ‘arrivée franchie, consignes sur le parcours qui permet de se changer, …). Bref nickel et donc un grand merci aux organisateurs et bénévoles.
un weekend de rencontres avec les membres du forum de Bruno H. très enrichissante.
mille fois merci à Bruno pour son plan, sa disponibilité, ses conseils sur son site et l’animation du forum.
course très dure sur le plan mental. Pour moi au départ c’est le physique qui allait être délicat. C’est pourquoi j’ai choisis le plan d’un pro à qui j’ai fait confiance à 100%. Je suis parti en me disant que si Bruno m’avait préparé comme cela c’est que cela doit tenir et çà a tenu 95 kms. Mais pour la tête j’étais seul et entre le 55ième et le 80ième j’en ai vraiment bavé peut-être aussi par inexpérience.
c’est une course abordable pour tout coureur avec un minimum de préparation. Pour mon cas seulement 4 séances hebdo comme je l’ai signalé plus haut (max 85 kms/semaine). J’y est pensé pendant six mois mais sans jamais m’en faire une montagne.
j’ai trouvé pendant ce weekend sur cette course une ambiance calme, feutrée, reposante. C’est peut-être la difficulté de l’ultra qui veut çà mais çà fait un bien fou à l’esprit (un peu moins au corps) dans le monde dans lequel on vit.
pas d’ampoules (crème NOK sous les pieds avant le départ), mais des maux que je ne connaissais pas après un marathon : mal aux rotules, à la jointure des bras et aux malléoles internes.
ravi et satisfait d’avoir couru un 100 km dans d’aussi bonnes dispositions. Je pense que pour moi un ultra par an sera suffisant. J’ai adoré la prépa et ce nouveau monde mais je n’abuserais pas des bonnes choses.
4 commentaires
Commentaire de calimero posté le 12-05-2005 à 21:18:00
Bravo pour la perf et le récit, vous donnez du courage à ceux qui voudrais comme vous franchir le pas!
Caliméro
Commentaire de joy posté le 07-07-2005 à 10:56:00
Bravo!!!
Commentaire de joy posté le 07-07-2005 à 10:57:00
PATRICKL13 c mon pote tu l as peut etre rencontrer la bas?
A+
Commentaire de Kiki14 posté le 11-01-2007 à 16:14:00
BRAVO eric pour ton courage et merci pour ton récit.....ça a l'air dur quand même pour un athlète de ton niveau......je vais pas moi non plus m'en faire une montagne ...mais quand même je vais y penser souvent avant de m'y lancer ...bientôt....
merci encore pour les moments vécus que tu nous a fait partager....
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