L'auteur : Elendil
La course : 24 heures de Saint-Maixent
Date : 20/9/2008
Lieu : St Maixent L'Ecole (Deux-Sèvres)
Affichage : 2354 vues
Distance : 159.397km
Objectif : Pas d'objectif
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4 autres récits :
26 avril 2008, Belves, 95ième kilomètre
Ben, c'est que je suis en train de mourir, là… Grelottant, je suis également secoué de vomissements, qui ne laissent place qu'à une fichue crampe dans la jambe droite, à en mordre l'épaule d'Anne, mon accompagnatrice sur ce 100 km. Moi, je veux simplement dormir, et longtemps de préférence. Mais Dieu, qu'on me fiche la paix, heuuulà...
Bon, en fait de mourir, je finirai ce fichu 100 en marchant d'un bon pas (heu, je m'entends), remis sur les rails par Anne, qui aura su prendre le relais et les bonnes décisions : changement complet de tenue, manger un gel et se remettre en route, doucement certes, mais se relancer malgré tout. Et comme toujours, ne restent in fine que le bonheur de ce type d'efforts, de ce type d'épreuve, cette ambiance, cette solidarité, ce dépassement complet de soi. Et toujours constater que ses ressources sont infiniment plus grandes que l'image qu'on peut en avoir...
Paris, S+1 Belves
La machine semble donc relancée quand, une semaine après mon retour, en montant mes escaliers (les joies d'habiter au 6ième sans ascenseur), je me coince le dos... C'est que je suis un être délicat et fragile moi :-). De position de contournement en position de contournement, j'arrive à me fiche en l'air gentiment : 1 mois à courir (ben non, pas à courir justement !) entre osteo et médecins du sport ou généraliste. Un mois à trainer ma misayre et ma patte droite en souriant d'un air crispé « naaan, c'est rien, juste une ch'tite douleur là ». Mouais....
Paris, juillet 2008
Yes ! Même que j'arrive à nouveau à avancer mon pied droit en opposition de phase avec le gauche, et d'enchainer la manœuvre une bonne dizaine de fois ! Bon pour reprendre l'entrainement, hé hé hé... Mais comme je suis un peu fainéant, il me faut absolument un programme à respecter et qui dit programme dit objectif, qui dit objectif dit course, qui dit course dit un peu plus loin... Un coup de sonde sur le calendrier UFO : il me reste 9 semaines avant.... avant un 24 heures ;-). Allez, on dit Saint Maixent les 20 & 21 septembre. On dit tout seul, car Vincent est sur le flanc depuis et pour un bon moment : 3 cotes cassées en faisant son intéressant derrière un fauteuil ski, un coup de guidon dans le ventre et un mollet en carafe. Ajoutons la déprime qui va avec ce lot de petits bobos incapacitants, la coupe est pleine : je serais seul sur ce coup là.
Bretagne sud, aout 2008
Avec les vacances et le temps tout gris qui va avec, arrivent enfin les sorties le long des sentiers des douaniers, au grès des étapes que nous faisons en bateau. Souvenirs d'un trail de deux heures à fond entre Sauzon et la pointe des apothicaires à Belle Isle, d'une sortie longue de Concarneau à la foret Fouesnant ou de la balade vers la cote sauvage de l'ile d’ Yeu. Souvenirs de la pluie, des avaries de bateau et des tee shirt techniques qui n'arrivent pas à sécher... :-D
Septembre 2008
Je retrouve enfin mes bon vieux parcours urbains et le plaisir de courir le nez dans les pots d'échappement au petit matin. Avec les semaines, l'entrainement atteint des limites terribles : jusqu'à 67 kilomètres / semaine, heuulà...J'effectue mes sorties longues (bon. longues en temps, je veux dire) en cyrano 14/1.
7 septembre 2008, 19h21
Je DOUBLE un jogger. Si.
C'est donc sous les hospices les meilleurs que j'entame les dernières semaines du programme, avec une sortie longue qui atteindra 3h et à J-10, le début de la préparation de mes petits petons (fragiles et délicats) : Nook, à nous deux !
S-1
Bon, sur l'accumulation du sommeil, c'est pas bien ca, et mes nuits restent désespérément scotchées à leur 5 / 6 heures habituelles. A défaut, j'arrête les frites et les pâtisseries : le sacrifice est rude, mais je suis d'une volonté d'airain. La pâte devient mon quotidien à partir du mercredi, après deux jours ou à contrario je m'étais abstenu au maximum d'absorber des sucres lents. Avec un bon coup de malto là dessus (je fait fureur lors d'un séminaire, en sirotant mon dopping devant des messieurs et des mesdames l'air très très sérieux), si le bonhomme n'est pas bien sûr de ce qui l'attend, du moins son stock de glycogène doit être à niveau ...
Vendredi 19/09/2008
Une matinée au travail, mais j'ai pris mon après midi pour ne pas être trop speedé. La veille, j'ai fait et refait environ 23227 fois mon sac (gros, le sac) : entre les différentes tenues (même si le temps annoncé est parfait), l'avitaillement perso (nous préparons avec Marine des biscuits farine de châtaigne / datte / amande particulièrement redoutables, hé hé hé), l'électronique de bord (c'est que je suis équipé : à défaut de talent, je cumule les capteurs, cardio, ipod, kit nike...) et les différents gris gris, le choix est rude (en fait de choix, ben, je prends tout). Enfin 17h, chargé comme une mule (meuh non, qu'allez vous penser, je parle simplement du poids du sac, pfuii....), j'attrape enfin mon train. Si j'essaye de sommeiller, la pression monte doucement : plutôt agréable de fait, c'est également ca que je cherche...
19h30 : arrivée à Saint Maixent. J'arrive à péniblement trainer mon sac vers ce qui ressemble à la gare : juste devant la passerelle qui enjambe les rails, je suis promptement repéré par un des organisateurs, qui a déjà intercepté un garçon qui à l'air à peu près aussi chargé que moi (à quoi repère t on un coureur une veille de 24 h ? Facile : il souffre sous un sac à dos contenant 12 litres de Vichy Saint Yorre). Déjà, je trouve ce que je constaterai tout ce week end : l'organisation est béton et les bénévoles plus que charmants, à votre total service. Mes deux compères ont l'air de se connaître bien et mon coureur (un type avec un long catogan) semble plutôt un habitué. Je me fais tout petit, même si les deux font tout pour me mettre à l'aise...
5' de voiture plus loin, nous arrivons enfin sur le théâtre de nos futurs exploits (ha ben si. faut y croire) : je décharge mes 165 kilogrammes (59 pour le garçon, le reste dans le sac) dans un vestiaire ou nous attendent des lits picots alignés en rang d'oignon. Je m'accapare une place le long d'un mur sur la droite en slalomant entre les premières chaussures de running abandonnées par leurs propriétaires. Préparation amoureuse du lit : housse de couette en guise de drap dans le sac de couchage et le petit oreiller qui va bien (on a beau être coureur un peu bizarre (vous appelez comment un type qui veut courir 24 heures vous ?), le confort, c'est q'que chose d'important, non mais). Mais l'appel de l'estomac se fait pressent : le temps de déposer une marque sur une des tables perso de ravitaillement et je rejoint la salle commune ou coureurs et accompagnateurs commencent à s'installer. Je retrouve mon coureur aux cheveux longs et lui demande si je peux m'assoir en face de lui. En attaquant vaillamment notre salade de riz, nous commençons à discuter tranquillement. Et je crois comprendre que mon compagnon n'est pas tout à fait un néophyte, même s'il ne s'étale pas... Simplement, il s'avère au fil des anecdotes qu'il a environ 150 100 dans les pattes, et visiblement pas couru à mon rythme à moi... Hou la la. Même pas intimidant, car il s'intéresse autant à mes 3 aventures au delà du marathon qu'à me raconter le 100 km qu'il vient de gagner (en passant) 15 jours auparavant. Gast. A ma gauche, deux entraineurs dont l'un (Christophe) va tenter son premier 24. Lui, il vaut 3h03 au marathon (je n'ose même pas demander à mon compagnon sa marque...). Me voilà bien... Et magie de l'ultra : nous discutons ensemble, sans regards de haut. Au départ d'un marathon, du haut de mes 3h59', je n'existe simplement pas aux yeux des ceux qui sont devant...
Pendant que Stéphane (car mon coureur au catogan s'appelle Stéphane Mathieu. Hum... Pendant environ 6 heures, je vais l'encourager de grands « Allez Mathieu ! » avant de comprendre en regardant un classement intermédiaire que c'est son nom qu'il a noté sur sa table de ravitaillement... La honte) reprends des pates et après lui avoir proposé de prendre ma place sous le préau de ravitaillement car moi je ne suis pas tout à fait à 10'' près pour aller chercher le gel qui va bien (il trouvera de fait une place bien accessible), je craque sur un morceau de fromage, une compote et le gâteau sec qui va bien, arrosés d'un tch'ai (règle de base : toujours avoir quelques sachets de thé un peu potables au fond d'un poche). Muni d’une nouvelle tournée de thé, je quitte la table pour faire une petite reconnaissance et explorer les 1206 mètres que j'espère bien user. Une longue ligne droite le long des préaux de ravitaillement particulier, virage de 90° à droite en quittant le stade, ligne droite puis 270° gauche avec une passerelle qui descend au dessus de 5/6 marches pour longer la place Denfert Rochereau. 270° gauche encore pour revenir en direction du stade, avec au bout de 50m sous les arbres un aller retour d'environ 200M sur la gauche le long de la première ligne que nous suivons en sortie des stands de ravitaillement. Au bout de cet aller retour, nous revenons dans l'enceinte sportive avec à main droite le ravitaillement officiel et sa table installé devant la salle commune, qui restera ouverte toute la nuit pour un instant au chaud. Nous entrons ensuite sous les 50 m de la halle de pointage, que l'on quitte pour longer tout droit la tribune qui longe la salle (le dortoir), que l'on contourne en virant deux fois à 90 ° droite pour rejoindre enfin la lignée des tables de ravitaillement perso. Ok : le parcours est marqué de rubalises, je ne devrais normalement pas trop jardiner (mais sait on jamais)… Un coup de fil à Vincent puis à Marine et je rejoins un dortoir qui s’est sensiblement rempli ; je m’allonge en silence, récapitule pour la 20ième fois ma stratégie (un truc du genre, ben tu coures pô trop vite surtout, sophistiqué quoi) et glisse lentement dans le sommeil…
Samedi 20/09/2008, 7 heures
Réveil au son des raclements de gorges et autres toussotements : tout le monde essaye de ne pas faire trop de bruit. J’ai pas trop mal dormi je crois. Bon signe : j’ai faim (en même temps, j’ai toujours faim) : dès 7h30, je suis donc installé devant un thé, un croissant (ben oui) et une bonne demi baguette : s’agit pas de se laisser abattre non plus. L’atmosphère est assez rigolote, même si insensiblement chacun commence à entrer dans sa course, dans sa bulle. Une douche, un coup de brosse à dent et je pars ensuite installer mon ravitaillement sur la table que j’ai « réservée » hier : je retrouve juste à coté mes voisins de pasta d’hier, qui semblent sacrément organisés (qui à dit « eux » ?). Je prépare 3 bidon Caloreen / Glucose / vichy à l’aide des petits paquets tout prêts que j’ai préparé jeudi (la tête des voisins qui m’ont vu peser ma poudre blanche et la mettre sous plastique !). Je dispose d’environ 12 doses (décidément…) qui doivent me faire les 24 heures, je compte bien taper dans le coca et le glucose pur mis à dispo par les organisateurs en renfort. 3 sachets de soupe Miso, mes gâteaux magiques, du chocolat, j’accroche ma ceinture porte bidons, une pharmacie d’urgence (j’aurais du la laisser dans le dortoir en fait), une petite poubelle : si avec ca je fais pas les 127 km que je me suis fixé comme objectif, je me lance dans le 10 000 (mètres) !
Mais il est temps de se déguiser en coureur : Stéphane est encore en train de se reposer, imperturbable, tandis que je me strappe le dessous des pieds et les tendons d’achille, m’enduit de Nook et de Vaseline, revêt mon maillot magique (le gris qui me suis depuis ma première course), branche toute mon électronique embarquée et enfile enfin mes running. 10h30 : nous nous retrouvons tous pour le petit discours et la photo sur les gradins, il fait beau, ca rigole, ca discute, c’est bon…
Samedi 20/09/2008, 11 heures
Go ! Les dès sont jetés, j’abaisse ma visière de casquette, respire un grand coup et lance le chrono. Les premiers tours me servent à caler mon allure : mon cardio bien de trop haut, je cours donc à la sensation pour déterminer un 7’30’’ / 8’ au tour, en Cyrano 14/1. J’ai l’intention de tenir ce rythme au moins 10 12 heures, avant de basculer en 9/1. Je commence à m’installer dans mon rythme, calé sur mon Ipod qui marque les quarts d’heure : comme un métronome, je passe alors en marche rapide et en profite pour boire un coup de caloreen (mon mélange est légèrement salé), un coca ou un peu de glucose. Très vite, je récupère ma ceinture porte-bidons, car je ne veux pas me prendre la tête avec le calcul des tours pour me désaltérer. Je fais attention toutefois à ne pas m’écœurer et je passe à un ravitaillement solide et salé (jambon ou fromage) une fois tous les deux tours, en profitant de la table officielle. Bon, ben, tout est calé, réglé, carré (le ravitaillement, la bascule course / marche, le temps au tour, la marque de l’intermédiaire tous les deux passages au pointage, la marche du monde (non. pas la marche du monde)), reste au bonhomme à assurer ;-)
Si je suis branché sur mon lecteur mp3 qui diffuse en continu musique et allure de course, j’essaye de ne pas m’enfermer dans ma bulle (ce genre de gadget vous rend un peu autiste) : le volume n’est pas trop haut et j’essaye donc de regarder un peu autour de moi. Je commence à repérer ceux et celles qui vont bien, les plus peinards, les marcheurs, les gros, les petits, les couples. Tout un petit monde qui avance parfois en synchro, parfois selon des allures totalement différentes : les fusées en tête me dépassent dès le début du second tour, à une allure qui doit correspondre à peu près à ma VMA. On est bien peu de choses…
C’est Stéphane qui mène la danse dès le départ ; je l’encourage à qui mieux mieux (en confondant son nom et son prénom, ok…) et il ne manque pas à chaque fois de me faire un petit signe. Je croise aussi comme un métronome Brigitte Bages (elle finira première féminine) : au mètre près, nous nous rencontrons au même niveau, et ce petit jeu va durer des heures. Lorsqu’ayant baissé pieds un peu, nous nous désynchroniserons, nous ne manquerons pas de nous le faire remarquer ;-)
Samedi 20/09/2008, 17 heures, 51 km
C’est l’histoire du type qui tombe du 24ième étage : s’il n’en reste plus que 18, c’est que ca va encore ☺- De fait, que du plaisir : j’avance plutôt bien (un peu trop bien pour mon objectif), les jambes sont nickels, le mental aussi, c’est tout simplement BIEN. Un peu psycho rigide, j’avance au rythme de mon chrono et toutes les 15 minutes piles (faut pas rigoler avec l’exactitude), je marche mes 60 secondes réglementaires. C’est la première fois de ma longue expérience que j’adopte un vrai Cyrano et ca m’a tout l’air magique. Bref, la vie est belle. A chaque passage sous la halle de pointage, il m’est simple de remercier simplement par un grand sourire : il n’est pas forcé.
Outre Stéphane, je commence à repérer 2 /3 coureurs que je vais encourager ou observer : Christophe, mon voisin l’entraineur, qui est parti vite, Marie-hélène, qui fait partie de son groupe, Brigitte, avec qui je continue de courir en synchro complète, Jean-Claude (Poret), avec son fils au ravitaillement et qui avance droit comme un i, Alexandre (Collard), qui envoie bien aussi. Si chacun est dans sa course, chacun sait aussi regarder l’autre, l’encourager, discuter. Mais continuons sur ce rythme !
Samedi 20/09/2008, 23 heures, 94 km
Bon, j’ai certes un peu fléchi, mais bien moins que « prévu » (heu, en terme de prévision, je me pose là…). Mes voisins m‘alertent sur la nécessité de manger un peu plus solide et je commande une ration de pates pour fêter mon record au 100 kilomètres : moins de 13h15, quand je valais jusque là 13h21 (Millau 2007). Ben, c’est que c’est pas mal… Mais connaissant le bonhomme, je sais également que je ne marque absolument pas et que je m’écroule tout d’un coup. Alors méfiance… Quand je l’explique à mes comparses de ravitaillement, ils ont beau jeu de me remonter les bretelles « ha mon gars, c’est sur que si tu pars dans cette idée, ca va pas le faire. Alors, on y croit, non mais ». Quand aux bénévoles au ravitaillement, ils me voient carrément parti pour un 160 km. Et ca me fait du bien, ces encouragements…
Je profite de ce premier arrêt un peu long (une grosse dizaine de minutes) pour passer un coup de fil à Vincent, qui fait le point et me suggère de me changer avant d’avoir froid : la nuit est tombée, il y a un peu de vent et le ciel est très dégagé, méfiance. Un SMS à Marine, je lis ceux que tout le monde m’a envoyés (ca fait chaud), petite discussion avec les bénévoles à l’intérieur de la salle de ravitaillement (ils et elles sont adorables) et je repars, pour vite m’arrêter au dortoir me changer (vers minuit). Je passe en long et profite de la pause pour refaire mes straps sous les pieds, me re nooker et changer de chaussettes (heu, c’est pas un luxe).
Mon rythme se fait plus haché avec la fatigue, et mes intermédiaires (deux tours) naviguent maintenant plutôt vers les 20 / 25 minutes. Je passe vers 1 heure du matin en 9/1 puis assez vite en 5/5, en essayant de conserver une marche active. Bon, j’ai toujours bien le moral, je chante même (on signale des intempéries très localisées sur le circuit) dans la nuit, et chaque passage au pointage est l’occasion de rire un peu. Le speaker, ayant appris que non, malgré mon n° 16, je ne suis pas charentais mais breton, lance à ma vue « Y zont des chapeaux ronds…etc », ce qui m’oblige à esquisser 2/3 pas de danse ;-)
Dimanche 21/09/2008, 2 heures, 113 km
Je DOUBLE Stéphane, le poing levé et dans un grand « Yesssssssss ». Bon, ok, il est en train de se changer (et de se marrer en m’entendant). Mais quand même, ben, je l’ai doublé. Na.
Un autre personnage : Valerio. Tout de blanc vêtu, avec un invraisemblable bonnet à ponpon, un jogging court à mi mollets le regard baissé et le pas rageur. Il avance, tendu vers l’objectif, dans sa course complètement. 106 km 789 au final. A 86 ans…
dimanche 20/09/2008, 4 heures 30, 120 km
Deuxième arrêt pâtes. Je retrouve Marie-Hélène au ravitaillement. Elle est un peu dans le dur. Nous discutons un peu, les bénévoles rigolent de ma soupe Miso (pfuiiiii….). Et je repars, même si de plus en plus en marche pure. Je suis désormais plus efficace ainsi qu’à la course, et je profite d’un bon passage avec un fier marcheur tout moustachu pour prendre quelques leçons : on lance les coudes en arrière, les pieds sur une ligne imaginaire, le buste droit. Ben oui, ca le fait pas mal, gare à toi, Yohann Diniz ! Un moment très sympa encore, que cette grosse demi heure à parler marche, plaisir, amis.
Dimanche 21/09/2008, 6 heures, 130 km
Je suis HS un peu. Pas le monumental coup de bambou de Belves, mais je sens que je suis en train de m’épuiser, la main qui passe en reflexe sur le visage, les autres qui existent moins. 130 km je suis au dessus de mon objectif, je vais aussi m’accorder 40 minutes de off, après un SMS à Vincent. Peur de m’endormir et promesse de ne pas rester une heure sans passer sur la piste : je m’allonge sur mon lit de camp, la tête sur ma montre (qui bippe toutes les 30’), les yeux ouverts. 35 minutes de calme, avant que de m’extraire de cette chaleur un peu trop douillette. Je commence par me changer à nouveau (en restant en longs) et refait ma préparation magique sur les pieds (strap + nook) : au final, pas une simple ampoule…
Le premier tour est bien difficile après cette pause : je suis tout raide et la machine met un bon kilomètre avant de daigner répondre un peu. Mais malgré le soleil qui apparaît, je n’arrive pas à me remettre à courir : va donc pour de la marche (avancer, toujours avancer, qu’ils disaient). Vers 9 heures, je me cale avec Michel, qui a un tour d’avance sur moi et qui avance à peu près à mon allure. Nous allons terminer ensemble, en essayant sans trop y croire de trottiner par moment (ben non, ca le fait décidément pas) et surtout en discutant comme deux vieilles commères ;-) Ledit Michel connaît tout le monde sur le circuit, et nous encourageons tous nos compagnons. Christophe est reparti d’un bon pas après une nuit un peu difficile, Marie-Hélène avance à nouveau, l’air toujours aussi décidé, Jean-Claude, 3ième, court toujours comme un métronome tandis que son fils nous exhorte à accélérer un peu, non mais, et Stéphane est sur le kilométrage du record absolu de la piste et devrait également battre sa meilleure performance. Peu avant l’arrivée, ses trois poursuivants se regroupent : eux aussi battent leur record et ils finiront groupés, tandis que le vainqueur donne tout ce qu’il a et inscrit bien la meilleure marque : 235,659 (soit 9.8 de moyenne…). Quand résonne le pistolet qui marque les 24 heures, Michel et moi nous posons doucement sur l’herbe à coté de la piste. Nous l’avons fait, nous sommes circadiens
Dimanche 21/09/2008, midi
Quelques coups de téléphone (Vincent, Marine), je reste sur le nuage qui m’a porté durant 24 heures. Dire ma joie, mon enthousiasme et ... ma fierté aussi un peu.
Quand je reviens enfin au vestiaire me changer, j’ai pris un peu de retard et les bénévoles sont en train de ranger la salle : j’expédie ma douche (un peu frustrant), enfourne mes affaires dans mon sac et cours (heu… et marche) vers la cérémonie de remise des prix, suivi d’un repas froid ou je retrouve Christophe, Alexandre (plus de 200 km pour son 1er 24h) et les autres. Je suis complètement cuit et part vite m’allonger dans l’herbe. Il fait beau, c’est BON. Mais déjà tout le monde va se séparer : je ré émerge un peu pour saluer mes compagnons. Je félicite Stéphane, qui me répond pour s’excuser ( !) de ne pas avoir répondu à mes encouragements sur les derniers tours, quand il donnait tout. Tout est dit sur le coureur et sur le bonhomme :-))
Dimanche 21/09/2008, 21h30
Retour à Paris, après avoir attendu le train en compagnie de Valerio et de ses charmantes accompagnatrices. Marine m’accueille à la sortie de la gare, surprise de mon état : bon, j’ai demandé à ne pas trop avoir de route à faire, mais je ne suis absolument pas détruit. J’arrive à grimper un étage d’un air presque gaillard. Bon, je vais dormir 12 heures comme une buche, certes. Mais dès le lundi, je gambaderai presque !
Je suis circadien. J’étais parti pour 127 km (3 marathons), j’en fais 159,397, c’est totalement inespéré. Mais plus encore, c’est le bonheur, le plaisir qui m’ont accompagné le long de ces 132 tours de piste qui me restent. Merci à tous les compagnons que j’ai croisés durant cette course magique…
Quelques chiffres
Nbre de tours Kilométrage Temps partiel Temps cumulé Moyenne cardio FCM
2 2,412 00:17:12 00:17:12 147 169
4 4,824 00:17:30 00:34:42 142 164
6 7,236 00:17:44 00:52:26 139 165
7 8,442 00:08:51 01:01:17 132 146
8 9,648 00:08:37 01:09:54 140 160
10 12,060 00:17:43 01:27:37 139 164
12 14,472 00:16:46 01:44:23 138
14 16,884 00:16:42 02:01:05 145
16 19,296 00:16:43 02:17:48 137 153
18 21,708 00:16:51 02:34:39 145 162
20 24,120 00:17:30 02:52:09 146
21 25,326 00:08:16 03:00:25 148 160
22 26,532 00:08:01 03:08:26 156
24 28,944 00:16:58 03:25:24 168
26 31,356 00:16:24 03:41:48 166
28 33,768 00:16:19 03:58:07 162
30 36,180 00:16:14 04:14:21 141
32 38,592 00:16:11 04:30:32 147 160
34 41,004 00:16:31 04:47:03 170
36 43,416 00:16:08 05:03:11 153
38 45,828 00:16:27 05:19:38 167
40 48,240 00:16:07 05:35:45 173
42 50,652 00:18:32 05:54:17 160
44 53,064 00:19:36 06:13:53 159
46 55,476 00:17:04 06:30:57 156
48 57,888 00:17:17 06:48:14 162
50 60,300 00:16:36 07:04:50 159 177
52 62,712 00:17:44 07:22:34 157
54 65,124 00:18:19 07:40:53 159
56 67,536 00:17:17 07:58:10 160
58 69,948 00:30:34 08:28:44 143
60 72,360 00:17:45 08:46:29 151
62 74,772 00:18:00 09:04:29 145 184
64 77,184 00:20:16 09:24:45 140
66 79,596 00:17:58 09:42:43 145 169
68 82,008 00:18:22 10:01:05 139 143
70 84,420 00:45:35 10:46:40 128 163
72 86,832 00:18:26 11:05:06 143 149
74 89,244 00:19:12 11:24:18 140 169
76 91,656 00:19:45 11:44:03 139 170
78 94,068 00:24:26 12:08:29 135 144
80 96,480 00:29:28 12:37:57 123 144
82 98,892 00:18:32 12:56:29 139 145
84 101,304 00:21:14 13:17:43 134 145
86 103,716 00:29:16 13:46:59 126 141
88 106,128 00:18:17 14:05:16 133 141
90 108,540 00:28:39 14:33:55 121 138
92 110,952 00:25:16 14:59:11 117 125
94 113,364 00:18:32 15:17:43 132 143
96 115,776 00:27:14 15:44:57 138 151
97 116,982 00:08:35 15:53:32 136 143
100 120,600 00:31:24 16:24:56 125 150
102 123,012 00:18:25 16:43:21 128 139
104 125,424 00:23:32 17:06:53 121 138
106 127,836 00:23:25 17:30:18 112 117
108 130,248 00:23:31 17:53:49 114 120
110 132,660 00:49:51 18:43:40 111 122
112 135,072 00:25:49 19:09:29 115 133
114 137,484 00:21:22 19:30:51 116 122
116 139,896 00:22:47 19:53:38 108 115
118 142,308 01:23:08 21:16:46 93
120 144,720 00:22:07 21:38:53 113 185
122 147,132 00:25:06 22:03:59 114 125
124 149,544 00:22:17 22:26:16
126 151,956 00:25:01 22:51:17
128 154,368 00:23:34 23:14:51 131
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6 commentaires
Commentaire de runner14 posté le 02-10-2008 à 21:45:00
Salut Elendil! Bravo d'abord pour ta gestion d'épreuve et de ta persévèrence ,elle a fini par payé ,tu es devenu de plus "circadien" et ce n'est pas rien ,l'effort accompli te reviens de droit et la satisfaction est bien fondée .
L'Ultrafond apporte ce que d'autres épreuves ne peuvent te donner l'humilité et la simplicité ,l'essence même de l'être dans toute sa texture rester humble et réceptif à ce qui nous entoure apporte bien du bonheur ,soyons en conscient!
J'espère te rencontrer lors d'un 24h peut-être pourrions nous faire quelques tours ensemble qui sait le destin est si perfectible!
Commentaire de Estive 73 posté le 03-10-2008 à 06:23:00
Bravo !
Merci pour ton CR.
J'étais à Belvès ce printemps.. dégouté mais de ne pas avoir pris le départ. Je vous ai vu passer au 5ème km, mon dossard dans la poche...
J'espère faire aussi bien que toi pour mon 1er 100 en 2009, j'espère !
Commentaire de bluesboy posté le 03-10-2008 à 10:30:00
Bravo pour ta course et ton CR complet sur la facon de gérer un 24H .Je compte bien en faire un jour et j'ai puisé quelques conseils utiles. J'ai une question ... Qu'elle est la différence par rapport à un 100 km comme MILLAU, par exemple ,ou l'on a du se croiser l'an dernier?.Je pense que la solidarité entre coureurs est encore plus forte
bonne récup
Commentaire de LtBlueb posté le 04-10-2008 à 22:36:00
joli perf pour un 1er 24h et récit très très plaisant à lire .. bravo et merci à toi
Commentaire de Elendil posté le 08-10-2008 à 22:23:00
Merci à tous pour vos gentils commentaires :-)
Une petite réponse pour Bluesboy : j'ai fini ce 24 heures nettement plus frais que Millau, même si je ne pouvais plus courir. Aucune courbature, alors qu'apres le 100, je ne pouvais pas descendre 3 marches... L'ambiance est plus "intime" qu'à Millau et le fait de se croiser sans cesse, circuit oblige, et d'etre embarqué dans ce type d'effort décuple en effet le respect entre les "concurrents". Une experience à vivre absolument !
Commentaire de momoVH3 posté le 10-11-2008 à 23:47:00
UN grand BRAVO Elendril. Avant, je n'aurai pu t'écrire que des banalités, mais maintenant que je viens d'être circadien, j'arrive mieux à juger la portée de ta perf. En te lisant, j'ai retrouvé beaucoup de ce que j'ai vécu à Aulnat ce WE pour mon premier 24h. Bravo, tu as vraiment cartonné, mais je te souhaite de faire encore mieux , et qui sait: à peut être bientôt sur un 24h.
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