Récit de la course : 24 heures de Saint-Maixent 2007, par andre
4 autres récits :
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Mes 20 heures de Saint-Maixent
Tout s’était bien passé, préparation impeccable, plan d’entraînement suivi à la lettre, diététique… raisonnable, j’étais fin prêt. Et confiant.
L’an dernier, j’avais réalisé ma meilleure marque sur 24 heures avec 162 km, en mai à Séné, et presque confirmé en septembre à Saint-Maixent, avec 159,490 km.
L’objectif 2007 était donc simple : dans un premier temps flirter à nouveau avec la barre des 160, voire la dépasser. Mais le véritable objectif, celui qui me tenait vraiment à cœur, c’était la barre des 170 km. Rendez-vous compte, 170 km, c’est déjà une dizaine de plus, mais ce sont aussi 4 marathons d’affilée, les 7 km/h de moyenne…
Bref, je suis remonté comme une pendule ce samedi matin, la météo s’annonce belle, chaude même, ça tombe bien, j’adore ça ! Dans la semaine, j’ai reçu les encouragements de Patrice Bruneteau himself, double vice-champion de France, vice-champion du monde par équipe ; le matin même, ce sont les potes qui me balancent des SMS, Patrice qui me laisse encore un message sur ma boîte vocale, je vous jure, je me voyais déjà sur le podium… Ouais, enfin le podium, j’avais quand même consulté la liste des participants auparavant, il y avait beaucoup de prétendants à… plus de 170 km !
Enfin bon, j’arrive volontairement un peu plus en avance que d’habitude sur le circuit, pour le plaisir de m’imprégner de l’ambiance, de l’atmosphère incomparable qui règnent sur ces lieux, et je profite. Je profite de faire la connaissance de certains que je ne connaissais qu’au travers des forums internet ou de mon blog, je profite des retrouvailles avec les copains, habitués des 24 heures, je suis encore très touché de retrouver le maître en la matière, en la personne de Bernard Gaudin, venu là pour coacher le futur vainqueur, et qui aura toujours un mot, un geste, un sourire à mon attention pendant toute l’épreuve. Merci pour tout Bernard !
Ecoutez, je ne veux pas faire dans la sensiblerie, mais franchement, celui qui n’a jamais couru de 24 heures ne peut pas imaginer la force émotionnelle que représente le soutien des proches, des amis, du public en général (hélas bien dispersé à Saint-Maixent) pendant une telle épreuve.
10h45, Michel Pairault nous rassemble pour la traditionnelle photo de famille dans les gradins de la tribune du stade. Pour les autres je ne sais pas, mais personnellement je sens, comme toujours, la tension monter, qui ne se relâchera qu’avec le coup de pistolet du starter.
11h00, c’est parti. J’ai programmé mon plan de marche (le terme « plan de marche » sera très approprié ce week-end) en fonction de mes 170 km envisagés. Sur les conseils de Bruno Heubi, je vais respecter un maximum de 1,5 km entre ma vitesse de départ et ma vitesse moyenne prévue, c’est-à-dire 8,5 km/h pour les quatre premières heures. Je dois ainsi passer les 4 heures avec 34 km au compteur, puis décélérer d’un demi kilomètre-heure par tranche de 4 heures, soit 32, 30, 28, 26 et 24 kilomètres pour chacune d’entre elles. Soit un total de 174 kilomètres, mais comme je sais qu’il faudra que je fasse quelques arrêts, pour me changer, pour me ravitailler, pour… bon, j’vous fais pas un dessin !
Eh bien croyez-moi si vous le voulez, mais je suis passé aux quatre heures avec pile-poil 34 kilomètres au compteur. C’est pas beau, ça ?
Bon, c’est ensuite que ça s’est gâté.
Chaud, il faisait très chaud ce samedi dans les Deux-Sèvres, et, prudent, j’ai bu abondamment, et ce d’autant plus que la poussière soulevée dans les allées du circuit asséchait la bouche et la gorge. De temps en temps un morceau de banane, un peu de pain d’épices, un petit morceau de gâteau, la vie était très belle pendant quatre heures.
Mais, comme à Séné en 2006, j’ai commencé à ressentir une gêne au niveau de l’estomac, gêne qui s’est rapidement transformée en maux de ventre. C’était clair, la vidange gastrique ne se faisait plus et tout ce que je pouvais ingurgiter s’entassait au fond de mon estomac, augmentant le malaise au rythme des prises alimentaires.
Fort de mon expérience bretonne, je me suis dis que ça allait passer au bout de quelques heures, et que tout repartirait comme sur des roulettes (ceci dit, les roulettes sont interdites sur 24 heures, vous n’avez que le droit de courir). Je prends donc le parti de ralentir l’allure, le temps que ça passe, en même temps que mon mal en patience.
Oui mais…
Oui, mais ça n’a pas passé, si ce n’est mes illusions. Aux environs de la 6ème ou 8ème heure, je cesse toute alimentation, liquide autant que solide, et je commence ma galère.
L’arrivée de la nuit et de la fraîcheur me laisse l’espoir que l’organisme va en profiter pour se remettre en bon ordre de marche. Espoir déçu. Moi qui aime rien tant que courir la nuit, je ne me voyais pas du tout affronter ces longues heures de ténèbres dans ces conditions-là.
L’objectif initial était envolé, la perspective de me contenter de 160, voire 150 kilomètres s’amenuisant peu à peu, je prends la décision, à 1h30 du matin, de faire une pause : la mort dans l’âme, je me rends au dortoir, et règle l’alarme de ma montre à 4h30… que je rectifie pour 5h30.
5h30, j’avais déjà un œil ouvert et du vague à l’âme quand l’électronique me donne le signal de rechausser les baskets. Indice favorable, j’ai envie d’uriner. Pardonnez-moi ces détails urologiques, mais dans ce domaine et dans ces circonstances, ils ont un intérêt certain.
En effet, à l’exception de 2 pauses pipi en début de course, je n’avais absolument pas pollué les toilettes saint-maixentaises ni les abords du circuit. Ce besoin nouveau m’indique que mon estomac a finalement évacué ce qui l’encombrait. D’ailleurs, je n’ai plus mal.
Je reprends donc ma course, pour m’arrêter très rapidement au stand ravitaillement. C’est que je suis en déficit, moi. Je commande donc une soupe et un café qui me ravissent le gosier et poursuis ma route.
Las ! Mal au bide, le retour. Même motif, même punition, je me retrouve très rapidement dans le même état qu’avant mon arrêt, le ventre lourd, douloureux, sans force, sans jus (le jus, il est tout dans l’estomac, pas dans les jambes…)
Heureusement, j’arrive à maintenir un rythme de marche assez soutenu, et à enquiller tant bien que mal les tours de circuit. Mais rien n’y fait, j’en ai désormais acquis la conviction, ce sera ainsi jusqu’au bout.
De fait, je vais me raccrocher à un dernier objectif, bien futile, celui de dépasser les 121 km de ma première et plus mauvaise prestation sur ce type d’épreuve.
Lorsque le coup de feu signalant la fin retentit, je m’assois dans l’herbe avec 123,355 km au compteur, mais aussi avec un terrible goût d’inachevé dans la bouche.
Je termine vidé, sans force, mais sans manque de sommeil, les jambes à peine endolories, bref sans l’impression d’avoir participé à un 24 heures. D’ailleurs, au petit matin, je me suis arrêté faire soigner une ampoule sous un pied ; le kiné m’a alors proposé un massage dont je ne ressentais pas le besoin, mais que j’ai accepté, n’ayant plus d’objectif. Il m’a alors fait remarquer que j’avais encore les muscles très souples, ce qui est tout à fait inhabituel chez moi, qui termine généralement avec des jambes comme des poteaux.
Un an que j’attendais le tourniquet saint-maixentais, un an que je fondais de réels espoirs de franchir cette foutue barre des 170 km, un an que je rêvais de gloire, d’amour et de beauté… Oh putain, je m’égare, là !
Quand même, j’en ai bavé, j’ai galéré, j’ai souffert (ben oui, disons le mot), mais bon sang, c’était une bien belle fête malgré tout !
3 commentaires
Commentaire de LtBlueb posté le 18-09-2007 à 10:01:00
Salut André ,
Mince (((: avec une meilleure marque à 162km et une envie de passer les 170k à la prochaine occasion, je m'étais déjà dit allez hop j'imprime et j'adopte le plan de route d'andré pour la prochaine fois...
ben heu comment dire... ca le fera pas !!
ton cr prouve une fois de plus que la paramètre chaleur est le plus complexe à gérer ; bon à ta place je me poserai la question de remettre éventuellement le couvert d'ici quelques semaines...
bonne récup
L'Blueb
Commentaire de agnès78 posté le 18-09-2007 à 20:23:00
Mon petit andré que d'émotions dans ce beau récit...
Les 170 kils ce sera pour la prochaine fois, là le corps a dit non!
Je trouve que dans ces conditions, tu as réalisé une vraie performance, sincèrement!
S'être accroché, avoir continué malgré tout.
Chapeau bas!
Refais tu un petit tour à Azougui cette année?
Bonne récup et à très bientôt.
bises
agnès
Commentaire de runner14 posté le 11-09-2009 à 19:01:00
SALUT ANDRE!Le prime abord est surtout ta participation ,il faut être fort dans sa tête pour se lancer dans un 24h .ce pas tu l'as déjà conquis ,reste que tu as tout l'avenir devant toi pour une meilleure marque ,les années qui s'écoulent sont autant de kilomètres de gagner à chaque fois ou presque AVEC LA FERVEUR et l'Objectif que tu te donnes c'est sûr que ta marque vas bientôt explosé,d'ailleurs je te vois en 2009 ,c'est cool.:))
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