L'auteur : Mustang
La course : Trail de la Vallée de la Vère - 30 km
Date : 27/4/2008
Lieu : Athis De L'Orne (Orne)
Affichage : 2605 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
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16 autres récits :
2000, 2001, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, pour la septième fois, me voici sur cette charmante place d’Athis. Les habitudes sont prises. Le temps de la semaine passée a été sec donc il y aura moins de boue ! Des visages familiers sont là, certains ayant remplacé d’autres. Aussi de nouvelles têtes rencontrées récemment sur d’autres trails et appartenant à la communauté kikourienne.
Je n’ai plus d’appréhension. L’itinéraire est identique à quelques variantes près. Je sais que je vais même retrouver au même endroit, un peu plus rouillée d’année en année, la vieille bassine percée dans le bois de Berjou !
Je suis un peu fatigué; depuis janvier, j’en suis à mon 4e trail, le RTT, La Magnétoise et Auffargis et une aimable plaisanterie de 75 km, y a 8 jours ! Bon, je viens aussi par habitude.
Mais le secret d’Athis, c’est un moment unique, il se situe après la première montée éreintante, sur l’éperon dominant les vallées. On court littéralement sur un tapis de fleurs: des jacinthes, des stellaires, des orchis, des ficaires. C’est un enchantement. J’aimerais tant que ce moment dure, continuer à courir sur cette crête boisée et fleurie, tellement fleurie, continuer… l’instant est court, irréel, sublime, un sentiment d’éternité. Après, c’est une dégringolade en lacets. Il faut continuer avec ces images magiques dans la tête.
Alençon est représentée par une petite délégation. Le Lutin après avoir fumé les sentiers l’an dernier n’est pas de la partie. Les autres se remettent de la Trans Aubrac. Mais le peloton a diminué par rapport à l’an dernier. Le trail a du mal à prendre en Basse-Normandie. Dommage, ça décourage les organisateurs. Bon, là c’est un gros coucou aux caennais kikous et à Al27.
C’est l’heure. Tiens, l’autre n’est pas là pour donner le départ comme les années précédentes. J’ai la musique dans les oreilles. Quelques photos à la volée. Mdr, j’ai oublié de brancher mon gps. En courant, ça va être à l’arrache pour qu’il se connecte ! Effectivement, au bout de quelques instants, il me demande si je suis à l’intérieur !! Ben, voyons ! J’éteins et je relance la bête en tenant mon bras à l’horizontale et aussi immobile que je peux. J’ai l’air malin à courir comme ça ! Je vois le Loulou qui prend la tangente, il a l’air bien remis de son UMT. Enfin, au bout d’environ 1 000m, j’attrape le signal. Suis peut-être un peu trop devenu dépendant de cette technique, enfin ça me rassure !
Après la ferme, on va patauger dans un pré boueux, certains vont y laisser leurs chaussures ! Ce départ m’a perturbé. J’ai du mal à trouver un rythme. C’est la descente, les organisateurs ont placé une variante. Elle est plus spectaculaire et technique mais on n’en profite pas car le peloton n’a pas eu le temps de s’effilocher et c’est à la queue-leu-leu que s’effectue le passage. Ensuite c’est la remontée arrache-cœur. Raymond, venu en spectateur – il ronge son frein, le malheureux- s’est placé en haut. Il a vu les 5 premiers gravir en courant de bout en bout ce raidillon. Total respect ! Salut Raymond ! Quand je pense que tu t’es levé samedi dernier à 2 h du mat pour nous voir traverser Alençon, sacré camarade ! Bon, je file vers ma fameuse crête !! Sublime, forcément sublime ! Rien à rajouter ici !
Puis c’est le bois de Berjou. Certains coureurs ont du mal à comprendre que, lorsque quelqu’un est sur leurs talons, ils pourraient s’écarter afin de laisser le passage ! Moi, ainsi que les copains, je demande toujours à celui qui me suit de près, s’il veut me passer. Allez, on continue…. Ma bassine rouillée est là, immuable. C’est con, je suis ému de la voir encore là. Pour moi, elle symbolise comme de l’éternité fragile ; à jamais, elle sera là dans ma mémoire, un vrai clin d’œil dérisoire à la vanité des choses.
Je traverse la route, un dernier coup de rein dans un raidillon et le plus dur est fait, il reste dans les 18 bornes ! Je regarde mon chrono. Hum, c’est mort pour faire moins de 3h cette année. Tant pis ! Je ne vais plus le regarder. Non pas que je suis fatigué, mais je manque de jus. Alors, je profite du paysage, même si le ciel se montre un tantinet chagrin. Courir ici est un privilège. Oui, quel luxe que de courir, que d’accomplir ce périple vain alors que de part le monde tant de choses vont de travers.
Je n’ai jamais tant vu d’orchis, elles se dressent fièrement sur le bord des chemins. Elles sont splendides. Arrivé à la ferme, pour le ravito principal, un salut aux bénévoles, quelques morceaux de banane, un verre d’eau et je repars. Il reste un peu plus loin, la montée dans les pommiers. Depuis quelques temps, je cours parmi les randonneurs. J’aime bien même si certains ne sont pas trop vigilants pour s’écarter à mon passage. Des saluts, des sourires, des encouragements ! Humm, c’est bien agréable ! Donc, les pommiers ! En fleurs ! Un vilain tas de terre les précède. Cette longue montée dans le verger, je la monte vraiment au petit petit trot ! Dans quelques instants, ce sera la traversée dans une sorte de garrigue de genêts en fleurs avec la dernière plongée vers l’usine. Cette descente, très technique, a des allures alpestres. Quand on est en forme, c’est un plaisir que de la dévaler. Bon, là, c’est « je ménage mes genoux » ! La dernière remontée par laquelle nous sommes venus avec le même passage technique effectué à la même vitesse ! Hé, là, ça monte !
Le clocher d’Athis est là-bas. A l’entrée du pré, Raymond y va de ses encouragements. Plus loin, Wilh, pour normandiecourseapied, est en embuscade avec son appareil photo.
Dommage, il aurait pu se poster en bordure de la portion boueuse où, là encore, certains vont y laisser une chaussure ! C’est le tour du lac. J’arrive à la hauteur d’un coureur à l’arrêt. Je l’entraîne.
Ensemble, nous débouchons dans la rue principale. La foule, là-bas à l’arrivée ; faut prendre son temps, enfin façon de parler. Je veux profiter un max de cet instant. C’est ce que je dis à mon compagnon du moment. Regarder droit dans les yeux la ligne d’arrivée, la voir s’avancer, dérouler le temps, s’en extraire. Silence du dernier instant ou plutôt sourd à la clameur, comme un temps suspendu paradoxalement, une stase. La ligne franchie, la réalité revient.
4h45, non, n'attendez plus! le Lutin ne viendra pas! Enlevez la banderole aux pruneaux!
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8 commentaires
Commentaire de la panthère posté le 30-04-2008 à 08:07:00
bravo au "vétéran" du trail de la vallée de la Vère.......encore un trail avalé, et de bon appétit!
dèjà s'annonce le suivant..... et après Ecouves..."le mustang dévoreur de sentiers", merci pour ton récit, ta bonne humeur inaltérable!à+
Commentaire de co14 posté le 30-04-2008 à 09:36:00
Quel charmant récit, et ce parcours à l'air si léger avec ses senteurs et ses couleurs. Moi qui n'ai vu que des bouses des cailloux et des trous...décidement plus je lis les récits plus je me dit que nous n'avons pas fait le même trail!!! bravo encore pour tous ces trails avalés en un rien de temps!
Commentaire de le G.G.O. posté le 30-04-2008 à 13:30:00
bravo Philippe !! mais fait gaffe à l'enchainement...
PS 1 : Il est pas mal thierry déguisé en arche d'arrivée
PS 2 : t'a pas reconnu ton compagnon d'arrivée ? c'était Jean Pierre, mon acolite de l'UMT
A bientôt
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2008 à 14:08:00
Très beau récit bucolique, Mustang. Et dans bucolique, il y a... Tu me fais presque regretter de n'avoir pas été là. Petite précision sur les orchidée sauvages : en grec, orchis veut dire testicule. Charmant, non ?
Commentaire de breizhman14 posté le 30-04-2008 à 18:07:00
Et encore un de fait!!Bravo à toi d'être aussi fidèle. je n'en suis qu'à ma 3èmè édition consécutive mais je crois bien que moi aussi, ce trail là je ne le raterai pour rien au monde...
Commentaire de eric41 posté le 30-04-2008 à 21:28:00
Quel appétit Mustang toujours dans la bonne humeur.
Bravo à toi et merci pour le récit.
Eric
Commentaire de JLW posté le 30-04-2008 à 21:54:00
Bon ben je vais attendre ta 8ème participation ...
Ton plaisir à courir fait plaisir à lire. Moi aussi j'aime participer année après année à quelques courses un peu "fétiches". L'expérience des courses c'est la diversité mais aussi une certaine fidélité à des rendez-vous annuels.
Merci de nous les faire partager.
Commentaire de al27 posté le 02-05-2008 à 09:05:00
Quel bonheur cela doit être de maitriser sa course au point de pouvoir goûter comme tu le fais à chaque moment.
Merci pour ce beau moment,
Rdv à Radon,
Al27
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