Récit de la course : Verdon Trail Aventure 2005, par Tortue géniale

L'auteur : Tortue géniale

La course : Verdon Trail Aventure

Date : 29/6/2005

Lieu : Aiguines (Var)

Affichage : 948 vues

Distance : 101km

Objectif : Terminer

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Pas d'autre récit pour cette course.

VERDON TRAIL AVENTURE 2005 : DU BONHEUR, RIEN QUE DU BONHEUR.

 Comme annoncé il y a longtemps, je mets enfin en ligne mon CR du Verdon Trail Aventure 2005 que j'ai agrémenté de quelques photos : je vous préviens, il s'agit de photos que j'ai faites à l'aide de mon numérique sur les tirages 24/36, désolé pour le style et le fait que certaines ne soient pas dans le bon sens, je ne suis pas très pro pour ça !
Par contre, je n'ai quasiment pas touché ce CR que j'ai fait quelques jours après cette aventure ...

Je vous préviens de suite, c'est long !!!

Il y a des gens pour leurs 30 ans qui décident de se bourrer la gueule avec leurs potes.

Il y a des gens pour leurs 30 ans qui décident de se faire un bon restaurant bien select.
Il y a des gens pour leurs trente ans qui décident d’avoir un enfant.
Personnellement, j’ai décidé au début de l’année 2005 de faire quelque chose d’un peu fou pour fêter cela. La meilleure chose qui s’y prêtait était de faire un peu de sport…

Dès lors, comme courir en montagne était devenu une habitude bien ancrée depuis quelques mois, j’ai décidé de faire un raid sur plusieurs jours en montagne, histoire de titiller mes limites physiques et surtout psychologiques de jeune trentenaire.

 

Je me souvenais alors en consultant le catalogue des courses 2005 de Jogging International d’une photo d’épreuve qui se déroulait sur plusieurs jours, où l’on voyait un gars avec un maillot du Brésil tendre les bras au ciel avec un autre coureur dans un cadre magnifique.

 

En parcourant en long, en large et en travers le catalogue, je retrouvais le même type de photo d’une course qui se nommait le Verdon Trail Aventure, pile poil le genre de terme que j’aime, surtout que Myriam et moi avions visité le Verdon en juin 2004 durant quelques jours, où le cadre nous avait particulièrement plu.

 L’article annonçait alors un raid en quatre jours avec un prologue de nuit, d’un kilométrage total de 120km pour un dénivelé cumulé de 8000m. Intéressant !Il ne m’a pas fallu longtemps pour convaincre Myriam de faire cette course, surtout qu’un élément essentiel y figurait : les accompagnateurs des trailers étaient pris en charge durant 3 jours pour faire des activités telles que de la randonnée à cheval, du kayak sur le Verdon et de la randonnée pédestre pendant que vous crapahutions dans la montagne…

Je prenais alors attache avec la direction de course en mars 2005 pour demander un bulletin d’inscription.

 Quelques jours plus, tard, je recevais le précieux sésame et me régalais des textes écris pour nous donner un avant- goût du raid : « … vous vous solidariserez, attentif, à celui où celle qui court à vos côtés, vous tisserez des liens avec des concurrents venus de mille autres endroits du monde… »

Génial ! J’avais l’impression que j’allais  revivre mes classes de l’armée, le treillis en moins et l’envie d’en profiter en plus !

 

Une fois que le dossier repartait rempli, je constatais qu’il ne me restait plus que quatre mois pour me préparer et être au top le jour J.

 Je décidais d’entamer une première préparation type « trail longue distance » du 21 mars au 15 mai qui devait se terminer à cette date par le marathon nature de la Drôme.

La seconde partie devait commencer du 23 mai jusqu’au 30 juin et se constituait d’un entraînement axé sur une préparation pour un 100km, histoire d’avoir un peu de « caisse » en arrivant dans le Verdon.

 

Résultat : Le marathon nature n’a pas été fait, faute de temps, et de voyage en Crète ...

Le 14 juin, je réussissais à me faire une tendinite au genou droit non pas en faisant le con dans une descendre sur telle ou telle course, mais en faisant des constatations au boulot ! Manquait plus que ça !Je consultais le médecin et traitais à la Voltarène la zone endolorie, en espérant être au top pour le départ.

Par contre, pas moyen de fignoler l’entraînement les deux dernières semaines…

 

Je me présentais alors le 29 juin à Aiguines avec Myriam au départ en ayant effectué 9 courses de préparation les weeks- ends, celles- ci faisant office de sorties longues lors de mes deux périodes d’entraînements, 7600m de dénivelé cumulé sur toutes ces courses sans compter les entraînements la semaine, des milliers de calories avalées provenant de diverses marques de produits énergétiques lors de ces courses pour savoir ce que je préférais afin de m’habituer au mieux à l’alimentation sur longues distances et surtout une envie de bouffer du Verdon à toutes les sauces…

 Après une fastidieuse entrée en scène pour récupérer mon dossard ( n° 28 ), on se prenait un petite pluie de bienvenue, histoire de refroidir l’atmosphère avant l’entrée en scène lors du prologue de nuit.

Une fois ceci terminé, Myriam et moi faisions un petit tour dans Aiguines histoire de nous imprégner des lieux avant de monter la tente au camping de l’aigle.

 Une fois ceci terminé, le meilleur moment commençait à venir, celui de la préparation d’avant course : chaussures, chaussettes, short, T- shirt, casquette, sac à dos avec tous les produits qui vont bien, dossard… tout est vu et revu pour être au top.

Une fois l’habit de lumière revêtu, il était temps d’aller manger un morceau à la pasta party, ceci au sens propre car je n’avais pas très faim ( et oui ! ) avant le départ de la course qui était donné 02h00 plus tard…

 21h30, une pression relative commençait à m’envahir, surtout lorsque j’ai mis ma frontale pour ma toute première course de nuit. Quelques étirements plus tard et un petit échauffement de 10mn, il était temps de se placer sur la ligne de départ. Là, comme d’hab’, on regarde à droite à gauche, on mate les gabarits venus pour en découdre et je me dis qu’il va falloir assurer pour cette «  balade ».

 

PROLOGUE : Magique.

 

22h00 : Top départ, je ne me laisse pas griser par la vitesse et pars au ¾ arrière du peloton. Quelques centaines de mètres plus loin, l’asphalte laisse enfin place au sentier qui serpente dans la garrigue.

Pendant trois kilomètres, je me régale en passant dans des buis, des genêts, des éboulis, de la roche et là je me dis qu’il va falloir faire très attention sur toutes les courses car les appuis sont extrêmement fuyants sur les rochers, impossible de regarder à droite ou à gauche trop longtemps sinon la sanction est proche : la chute, ni plus, ni moins avec entorse ou pire si affinité.

 Au bout de 20mn, le ciel commence à s’assombrir et un coucher de soleil magnifique de reflète sur le lac de Sainte Croix, le pied !

Par contre, le chemin lui commence à dégringoler vers le lac, où le singletrack commence à se dérober sous nos pieds vu les petits cailloux dans les virages.

 

Les appuis deviennent de plus en plus instables…

 Au bout d’une descente, on rejoint à nouveau un chemin en macadam au niveau du haut d’un camping qui nous mène vers le lac. Des jeunes campeurs allemands nous regardent l’air médusé en ce demandant ce que des personnes peuvent bien foutre à cette heure en courant dans leur camping !

Ils en profitent quand même pour nous tendre leurs mains afin que l’on tape dedans en passant, sympa !

 

Le camping passé, nous voilà face au lac, immense, et toute la magie commence à opérer. Le chemin reste uniquement sur galets quasiment tout le long où j’en profite pour m’installer dans un groupe. A un moment, une anglaise manque de se latter devant moi et j’en profite pour lui dire de faire très attention dans le coin, vu les appuis, ceci dans un anglais im-pe-ccable of course !

Plus loin, je me retrouve dans un bosquet particulièrement sombre, je décide alors d’allumer ma frontale et là, toute la magie s’installe. Evoluer de nuit à la lumière artificielle le long d’un lac, quelles sensations, sensations exacerbées par la présence tout le long du parcours par la présence des cyalumes, ces petits bâtons lumineux fluorescents qui nous indiquent le bon chemin dans le noir le plus complet 

!

Quelques kilomètres plus loin, un rapide ravitaillement liquide me fait repenser que je suis quand même l’acteur d’une course… après cela, le parcours le long du lac se termine petit à petit, avant d’entamer la remontée vers Aiguines. J’en profite alors pour causer avec un coureur, toutefois, je n’oublie pas de marcher dans les passages pentus, vu que les Allemands et Anglais ne pensent qu’à courir, ils ont dû oublier que trois autres courses nous attendent, bref…

Toujours avec ce même coureur, je termine tranquillement la course en discutant, avant de m’étirer et me désaltérer au ravito final.

 

A la douche, je ne peut m’empêcher d’écouter des Anglais parler entre eux en se questionnant sur leurs temps respectifs, 01h40’ pour un, pas mal, vivement la suite…

 Un petit coup d’œil sur mes pulsations cardiaques m’indique que le palpitant a pas mal palpité pour la première, je mets cela sur le compte de l’excitation du moment, ‘faut quand même pas qu’il me le fasse trop souvent à l’avenir !

Je me couche paisiblement à 00h00 en ayant préalablement préparé toutes mes affaires pour le lendemain, vu que la course débute à 09h00, autant être tout de suite dans le bain.

 Fcmoy : 170 puls.mn-1.

Fcmax : 192 puls.mn-1 pour 197 maxi.

Tps : 02h00’17”.Clt : 80ème sur 113 arrivants.  

ETAPE 1: Technique. Réveil ! 06h00 du mat’ tout va bien.Pas de courbatures - encore heureux ! - et au petit déj’ !

J’avale alors mon thé, tartines, jus d’oranges alors que je ne suis pas habitué à ce genre d’alimentation avant un départ proche, mais bon, je ne risque pas de partir comme une balle, oh non ! Aujourd’hui, le mot d’ordre est de courir « à l’économie » afin d’en avoir sous le coude à l’arrivée…

Petite vérification du genou droit, no problem, décidément !

A 09h00, le top départ est donné après que l’on ait consulté mon sac à dos afin qu’il contienne bien la poche à eau, le sifflet et le miroir, c’est vrai, ce petit côté «  l’enfer du devoir » à quelque chose de palpitant.

 

On prend les mêmes et on recommence, la descente est exactement la même qu’hier soir, sauf qu’une bifurc’ à été mise en place en haut du camping pour dégringoler à droite plus rapidement vers le pont du Galetas.

Un chemin à travers un champ extrêmement pentu me fait remarquer qu’il faut rester lucide à chaque instant, vu que j’ai failli me boîter la gueule deux fois en dix mètres. 300m plus bas, nous arrivons sur la route et passons le pont du Galetas avec cette superbe vue de l’embouchure du Verdon sur le lac de Sainte Croix.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img19.imageshack.us/img19/4901/galetasic5.jpg[/IMG][/URL]

 

Pas le temps de souffler, juste après cette enjambée, une montée raide nous attend pendant plus de 20mn, impossible de courir, adapter son souffle est déjà bien assez !

En haut, un premier ravito liquide nous attend sur le bord de la route, j’en profite pour faire les niveaux et partir de plus belle.

Un sentier comme je les aime me fait profiter du paysage, en courant cette fois, où s’alternent cailloux, terre, sable… je double pour la première fois des coureurs et déboule par le suite au ravito solide et qui dit solide dit difficulté dans pas longtemps (avec le sourire SVP!).

 

Et là, hop, on attaque l’ascension vers le plateau de L’Ourdes par la forêt de Mont Denier. Du ravito, en fait, c’est l’immense montagne qu’il y avait derrière, je m’en serai douté ! A partir de cet instant, pas la peine de courir, appuyer avec les bras sur les cuisses est déjà bien assez… par contre, j’atteins assez rapidement ce que je crois être le sommet, en passant à côté d’éperons rocheux, où une vue du lac impressionnante s’offre à moi.

A un moment, je me fait doubler sur le plateau par deux gars de la sécurité et en les voyant évoluer au loin, je me rends compte que l’ascension est finalement loin d’être finie…

Alors là, le sentier grimpe d’un coup (le salaud) et n’en fini plus de serpenter. Je me souviens alors que le plateau vu d’Aiguines est en fait une longue montée qui se finie assez méchamment, ceci pendant pas mal de temps. Je m’arrête alors pour boire un petit coup (car c’est agréable il paraît) et continue au train ma grimpette en compagnie d’un monsieur d’un certain âge.

Je m’accroche et au sommet, le sentier devient soudain beaucoup plus technique avec d’énormes roches de calcaire à enjamber.

Là aussi, pas la peine de courir, même partir à point n’aurait servi à rien !

 Lucides, mon compère et moi descendons on va dire tranquillement en prenant le moins de risque possible.

Une charmante remontée ne nous fait pas oublier qu’il faut quand même garder de la réserve pour le reste.

La descente qui s’ensuit se fait dans une forêt de pins avec pas mal de dénivelé, où j’en profite pour déraper dans les dévers.

Je croise alors un coureur qui se plaint de crampes et lui propose un gel, celui- ci refuse bien gentiment et je repars comme en 14.

Dès lors, le chemin dégringole de plus en plus, où les appuis se font presque impossibles ! Un passage d’enfer se fait dans une espèce de pierrier juste à côté d’une impressionnante grotte, puis le chemin devient super casse gueule car très pentu, alors que le sol est constitué d’aiguilles de pins formant un tapis très glissant.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img239.imageshack.us/img239/6413/passeursbn2.jpg[/IMG][/URL]

 

Trois gars de la sécu nous attendent même plus bas lors d’un passage dangereux à travers des rochers.

Je prends alors de la distance dans la descente, mais bizarrement, je me dis que mon compte est loin d’être donné car le Verdon est encore vachement en contrebas ! Et là, c’est le drame : une montée à laquelle je ne m’attendais pas ben m’attend, et de pied ferme la cochonne !

Comme d’hab’, on oublie de courir et je remonte tranquilou alors que le soleil commence à taper sérieusement. Et là qui je retrouve ? mes deux Anglais d’hier soir après la douche au bord de l’asphyxie, je leur demande si tout va bien – noblesse oblige – «  it’s tuff, very very tuff » me répondent- ils.

Je les laisse alors à mon bon souvenir et rejoins par la suite un Italien, du moins je pense que c’est un Italien car porteur du drapeau sur ses chaussettes, il me laisse alors passer et j’en profite pour lui lancer un magnifique «  grazie mile » en plein Verdon !

J’avoue qu’il a pouffé de rire quand je suis passé, de toute façon, je ne suis pas polyglotte de formation… revenons à nos moutons, j’arrive alors le long d’un chemin qui doit faire 30cm de large avec une main- courante sur la droite, ne comprenant pas l’utilité de la chose, je regarde alors sur ma gauche et constate que le Verdon est bien là, mais 200m en contrebas car je me trouve en fait sur un à- pic que je considère soudain comme vachement dangereux !

 

Je le passe en prenant toutes les précautions et c’est pas peu dire … et continue alors mon chemin qui n’est alors qu’une descente vers le premier ravito liquide.

Arrivé à celui- ci, je refais les niveaux une dernière fois, où j’entends qu’il reste un solide avant l’arrivée, le problème, c’est que tout le chemin qui reste à faire, ben on l’a déjà fait ce matin en sens inverse, ce qui signifie que je sais où je vais encore en chier…

La descente vers le Galetas se fait doucettement, avec le photographe de course en pleine descente qui me demande de prendre la pose, n’importe quoi ! le pont se passe nickel et ensuite, problems begin… il faut se faire le chemin à travers champ en remontée, déjà que sa descente a été chaotique, pas besoin de parler de la montée, affreux ! plus de souffle, chaud, faim, soif, tout !

Le dernier ravito nous attend 200m plus haut. J’en profite une dernière fois pour boire tout ce que je peux et constate qu’une personne abandonne, qu’un brésilien n’en peut plus ( je me rappelle alors que cette personne est en fait le brésilien que j’avais vu auparavant sur un bulletin d’inscription ! fou ! ) et que moi, je ne suis pas au top, surtout que la moitié de cette montée est particulièrement chiante car très pentue avec très peu d’appuis !

Je prends alors mon courage à deux mains et 5mn plus tard, je suis asphyxié par la chaleur et décide de la monter  par paliers, en m’arrêtant juste après une difficulté pour plus rapidement récupérer.

J’en profite en même temps pour prendre un tube de « coup de fouet » histoire de garder la pêche.

J’en chie alors pendant 10mn environ, puis le parcours redevient plus tranquille, où je fini avec de la patate sous le coude. Je savais que le parcours d’aujourd’hui et sa fin seraient hard à la lecture du rando- book la veille, mais je ne m’en fait pas.

Je viens quand même de me prendre 25km de course et 3800m de dénivelés cumulés avec le sourire, et oui ! Vivement demain ! J’en profite alors pour me faire masser les jambes et constate après le massage que mes guiboles ne sont plus que deux bâtons qui se plantent successivement dans la terre… mais bon.

 

Je retrouve Mimi qui m’annonce que sa rando équestre s’est bien passée et qu’elle a les fesses encore plus burinées que le visage de Mickey Rourke, pas grave, nous nous rendons à Bauduen au bord du lac pour marcher un peu, histoire de se dégourdir les jambes… Mon cœur quant à lui a battu moins vite qu’hier soir, c’est qu’il s’habitue le petit !

 

Le soir à 19h00, le briefing de la course du lendemain nous annonce le fameux 45km avec entrée, plat principal et dessert, tout va bien, mes jambes vont bien, ma tête va très bien.

Après m’être restauré, je retourne au camping pour préparer mes affaires du lendemain, lever attention : 04h00 !!! ‘faut vraiment être taré !

 Fcmoy : 160 puls.mn-1.

Fcmax : 184 puls.mn-1.Tps : 05h03’56”.Clt : 74ème sur 108 arrivants.

 

ETAPE 2 : Physique.

 

Comme prévu, le lever est comme qui dirait difficile, très difficile !

Mes jambes sont un peu lourdes, mais le moral est bon. J’en profite pour me mettre en tenue de combat avant d’aller au petit déj’ tout en me prenant en photo, histoire d’immortaliser le tout…

Au petit déj’, j ‘en profite pour avaler tout ce que je peux sans me soucier de ce qui va m’arriver aujourd’hui. C’est pas tous les jours que je cours 45 bornes avec 40 kil’ dans les pattes en deux jours !

Après cela, je me lave tranquillement avant de rejoindre l’aire de départ à 05h30. A ma grande surprise, je constate que je suis le premier arrivé, un signe ? (pfffffff pffff – rire contenu - )…

 

Au fur et à mesure que le départ approche, je sens non pas du stress m’envahir, mais une espèce d’envie de m’éclater aujourd’hui, tout en ne me mettant pas dans le rouge.

Le départ donné, nous nous faufilons toujours sur le même chemin, en dévalant la pente jusqu’au pont de Galetas puis en remontant vers le premier ravito situé sur la route en le pont et Moustiers Sainte Marie.

Ce qui m’étonne, c’est le silence qui règne dans le peloton, on ne dirait pas un raid, mais une procession.

 

Les premières difficultés se passent très bien, mon souffle n’est pas coupé, seul mon cœur me «  parle » bizarrement, il ne bat pas ! enfin je me comprends, il bat très lentement alors que j’ai l’impression de fournir un effort relativement conséquent, mais il franchit à peine les 140 puls ! y’a pas à dire, le corps humain, c’est quand même quelque chose…

 

Le ravito passé, je commence l’ascension de la première difficulté du jour : il s’agit en fait de monter ce que nous avons descendu la veille, mais par un autre chemin. Le but du jeu est de monter «  au train », sans forcer, en gardant un souffle correct et surtout de la réserve.

Je rassure mon public chéri, inutile de courir, seule la marche prévaut vu la pente, ça monte très dur dans de la forêt de pins mais l’air un peu frais fait oublier l’effort consenti. Arrivé en haut de cette montée, j’en profite pour boire et m’alimenter avant d’emprunter un sentier très sympa sur un crête.

Le sol est technique, constitué de dalles de calcaire, rendant les appuis très fuyants. Cependant, le soleil se lève face à moi alors que j’arrive dans une petite forêt de mélèzes, c’est magique, on sent la nature en train de se réveiller avec des odeurs de sarriette et d’origan dans l’air…

Le chemin quand à lui devient plus roulant et toujours aussi plat. Un coureur de porte alors à ma hauteur et nous commençons à discuter.

Lui, c’est James, il habite Londres et est étudiant à côté d’Oxford. On fait alors connaissance en Anglais ( si, si ! tout en courant ! ) mais peu à peu le chemin se rétrécit à nouveau pour alors faire place à une grosse dégringolade sur des rochers, il s’agit du ravin de Grinhan.

Personne ayant le vertige s’abstenir, là, pas de main- courante, ni d’appuis pour les mains :  tu te dé- brouilles ! Bien heureusement, cette descente laisse rapidement place à une toute petite portion de route et au deuxième ravitaillement, James ne propose une rasade de Coca additionnée de sel, décidément, ces Anglais, aussi forts en boisson qu’en bouffe !

Dans un même temps, une petite pluie fine se met à tomber.

 En scrutant le ciel, je m’aperçois que la journée sera loin d’être belle, heureusement d’ailleurs, mais le plus beau, c’est ce petit vent qui souffle continuellement, sans qu’aucune sensation de chaleur ne se fasse sentir.

Dans ma tête, un seul mot me vent à l’esprit : kamikaze, vent divin en japonais, une expression qui veut dire beaucoup pour moi, et plus encore aujourd’hui, on dirait le scénario idéal d’un film que je serais en train de réaliser.

Niveau chemin, je suis de plus en plus gâté : après Grihan, le chemin laisse place au sentier du bastidon et à la mythique route des crêtes du Verdon.

Rien à dire : tout est là : du sentier monotrace avec des à- pics vertigineux (400- 500 mètres de chute juste en dessous de nous), passages avec main- courante, tout y est ! Je m’éclate.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img239.imageshack.us/img239/6413/passeursbn2.jpg[/IMG][/URL]

 

James quant à lui ne m’a pas suivi, je suis seul à courir dans un paysage de rêve, seul mon souffle trahit l’impressionnant silence qui règne tout autour de moi. J’empêche que les kilomètres s’égrènent petit à petit… déjà 20 de faits alors que je pense être parti il y a une heure !

Après cela, ce sentier commence à serpenter dans le maquis en remontant sur la fin, je croise une dizaine d’ados prêts à faire de l’escalade mais interloqués ne me voir dans un lieu aussi paumé, n’empêche qu’ils en profitent pour m’encourager et cela me fait le plus grand bien. 

J’arrive ensuite à un ravito liquide où je fait le plein de mon camel’. Le sentier continue alors à légèrement monter dans les bois, mais je profite tellement de cette journée que je ne fait pas du tout attention aux difficultés à venir, le seul élément vraiment impressionnant, c’est le Grand Margès, la montagne que nous allons gravir aujourd’hui et demain dans l’autre sens : c’est un immense bloc rocheux qui se trouve sur ma droite quasiment depuis le début.

Inutile de dire que c’est haut, moi, ce qui me fait le plus drôle, c’est de me dire que là dedans, il y a un chemin qui serpente pour me conduire tout là en haut et franchement, même en y regardant bien, on voit que dalle.

Ah, par contre, je sens que les choses évoluent encore, j’arrive bientôt au chalet de la Maline, donc encore à un ravito.

 

300 mètres avant, je vois un coureur d’une soixantaine d’années devant moi en train de marcher.

En arrivant à côté de lui, je lui propose de me suivre et en le regardant, je m’aperçois en regardant son visage qu’il est complètement explosé, harassé, fatigué.

Il esquisse tout de même un sourire en me disant qu’il va arrêter car il n’en peut plus. Arrivé au ravito avant lui, je cause un peu avec Jean Giacosa, le Directeur de course et cet homme arrive quelques minutes après moi.

Jean le connaît visiblement très bien, mais ce Monsieur lui explique qu’il veut arrêter car il n’en peut plus.

Jean lui propose de se reposer un peu avant d’abandonner…

De mon côté, je sais que tout va pour le mieux car je vais maintenant emprunter la seule portion du V.T.A. que je connais.

Il s’agit du départ du sentier Martel du chalet, qui descend jusqu’au Verdon pour aller vers point sublime.

Seulement, aujourd’hui, le sentier dégringole jusqu’au Verdon pour bifurquer vers une passerelle enjambant la rivière.

Et là, que du bonheur, je fonce pour la première fois dans ce chemin vu que je le connais de la fameuse rando de l’année dernière avec Mimi ( mémorable ! )

Je croise même dans le descente Yannick Dalmas, le fameux coureur des 24 heures du Mans qui est le parrain de notre épreuve. n me voyant, il m’applaudit en m’encourageant, mais je crois que de nous deux, c’est lui le plus impressionné car j’ai eu le temps de le reconnaître et de le remercier en le nommant, la classe ! Chemin faisant, j’arrive enfin devant la passerelle de l’Estellier en retrouvant et passant le Verdon, cette rivière que je connais seulement depuis un an mais qui me fascine par sa couleur, ses tumultes et son canyon… c’est beau, tout simplement.

 

A partir de là, tout se complique, en gros, ça monte !

Une fois la rivière passée, le chemin se transforme rapidement en une escalade forcée, des gros rochers en faits se succèdent et seule une bonne varappe me permet de franchir cet obstacle avant d’arriver à un ravito liquide.

J’en profite pour faire le point : tout va bien ! Plus que 17 kilomètres, sans compter le dénivelé restant…

A partir de là, le chemin redevient très roulant quoiqu’un peu pentu au départ. Je rejoins alors le croisement avec le sentier par un chemin rectiligne et incroyablement interminable, car on voit en fait jusqu’à 300 mètres devant soi ! déjà que sur la route, c’est pas évident, alors en montagne, je ne vous dis pas !

J’en profite tout de même pour la postérité à regarder sur ma droite, c’est en fait tout le parcours du matin qui s’offre à moi, excellent !

Je m’alimente une dernière fois au ravito solide de la petite forêt, je me permets de demander à l’assistance si les choses à venir vont être difficiles ou non, là, un gars me dis «  ben, ça va monter dur dans pas longtemps, puis tu vas avoir un mur pendant au moins 800 mètres avant d’arriver sur le grand Margès », d’accord…

Je prends alors mon courage à deux mains pour cette ultime ascension.

Au départ, le chemin monte en charmants lacets sinueux jusqu’à ce que je rentre dans une grande forêt de feuillus et là, oups, il n’avait pas tord le gars, sauf que c’est pas un mur, mais la grande muraille du Verdon !

Le chemin monte en fait en lacets assez brusques, avec une pente d’après moi qui avoisine les 25- 30% par endroits.

Je commence alors à bien appuyer avec mes avant- bras sur les cuisses, tout en évitant de regarder plus haut… c’est dur, au propre comme au figuré, j’ai l’impression d’avoir du béton armé dans mes cuisses, mais elles ne me font pas mal, tant mieux, ça améliore mon galbe !

Après je ne sais combien de temps, j’arrive toujours seul sur un plateau, la forêt lassant place à de la prairie de montagne avec les buis et de la lavande en fleur, c’est super beau, je prends alors une petite photo de tout ça, et de moi, je suis content tout de même! En fait, je pense en avoir fini avec le Grand Margès, grave erreur… en fait, le chemin de gros cailloux serpente à travers des buissons inlassablement. Le panorama quant à lui est magnifique, de l’autre côté de la montagne, je peux voir le lac de Sainte Croix et tout le haut- Var dont la végétation est relativement sèche.

N’écoutant que mon courage qui ne me dit rien, je continue mon ascension avec deux autres personnes, c’est un peu long par moments, mais franchement, c’est top, toujours avec mon vent divin qui me fait le plus grand bien. Je pense parfois à une éventuelle crampe, mais rien, rien du tout !

A un moment, je commence à voir se dessiner au- dessus de moi une croix, il s’agit de la croix du sommet, j’y suis presque ! Après un ultime effort, j’arrive devant elle, plantée au milieu de nulle part, nulle part, je m’entends bien, des paysages comme cela, j’en connais peu, c’est indescriptible, de la montagne partout, du bleu du lac de Sainte Croix, vite une photo, je demande à un Anglais de me prendre à côté de la croix ; cette photo- là, je crois que je vais la mettre de côté plus tard…

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img338.imageshack.us/img338/9530/lsccp3.jpg[/IMG][/URL]

 

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img239.imageshack.us/img239/8074/vuegmgh6.jpg[/IMG][/URL]

 

 

Maintenant, il me reste la descente sur Aiguines, dernier acte de cette journée, je ne sais pas du tout combien de kilomètres il me reste à faire, c’est par grave, le moral est bon.

La première partie est assez technique avec ces maudits rochers sur lesquels il faut prendre appui, de plus, le vent est assez froid et le sentier frôle le vide sur ma droite, je regarde quand même, oulà !

Après cela, le chemin se transforme en terre très agréable pour les jambes, mais pas très longtemps, je passe un tout petit plateau fleuri avant de bifurquer sur la droite vers la descente du clôt de la glacière.

Là, comme d’habitude, rochers, buis et autres arbres ne me gâchent pas du tout le paysage. Je sais que l’arrivée n’est pas loin, mais où ?

Sur un surplomb, j’aperçois en contrebas sur ma gauche à un moment un toit de château constitué tuiles vernies, il s’agit du château d’Aiguines, sauf que là on dirait un château Playmobil tellement qu’il parait petit !

Pas grave, de toute façon, ça ne monte plus ! Le seul problème qui est aussi un peu de tous les coureurs, c’est qu’en sentant l’arrivée, je perds un peu de lucidité, d’ailleurs, le sentier me le rappelle bien car je glisse à un moment sur un éboulis rocheux, tout simplement car je vais un peu trop vite sans assurer mes appuis, méfiance…

Je bataille quelques minutes avec deux Italiens qui me devancent par la suite… Le sentier ensuite rentre dans une forêt de conifères, où il fait faire très attention aux souches, un petite gourmandise m’est réservée à un moment où celui- ci remonte de quelques mètres, j’espère seulement que c’est la dernière fois !

D’ailleurs, je laisse sur place un Luxembourgeois reconnaissable avec son drapeau , celui- ci peste contre cette montée, je crois bien qu’il est cramé !

N’empêche, j’avance toujours, par contre, ça dévale dur sur la fin !Heureusement que le sentier n’est plus que constitué de terre et de quelques gros cailloux, je sens que je vais jongler après le massage !

A un moment, mon esprit est attiré par les cris au loin, je sens que j’y suis, et comme par enchantement, l’orée de la forêt fait place à un parking, qui tombe pile en face de notre camping, maintenant, je sais ce qu’il me reste à faire, gaz !

J’enquille alors la route d’Aiguines et un chemin qui part sur la droite, je suis seul, heureux de ce que suis en train de faire. Je sais ensuite que le chemin va partir sur la gauche pour rentrer dans le village et au même instant, je croise Mimi qui paraît surprise de me voir, de me voir si vite ? de me voir vivant ? de me voir en train de lui parler ?

Après ses encouragements, je fonce tête baissée dans le village, il reste quelques escaliers à descendre puis à m’engouffrer dans une ruelle qui donne sur la ligne d’arrivée situé à cent mètres.

Un monospace m’empêche de prendre un peu de vitesse histoire de finir en beauté, mais une fois passé, je ne peux m’empêcher de hurler ma joie par un « yes ! » en passant l’arrivée, tout en me faisant applaudir par des touristes attablés aux bars du coin.

J’entends alors mon nom et prénom dans le micro par le speaker de course en disant que cette journée est faste, pourquoi, je n’en sais rien !

Bordel, 45 kilomètres, je viens de courir 45 kilomètres sans broncher, avec 2550 mètre de dénivelé positif, pareil en négatif, mais quel truc de fou ! Je viens de courir plus qu’un marathon, sans compter les difficultés en plus, ouais, c’est bon, ça !

 

Je m’aperçois en même temps que les deux Italiens qui m’ont dépassés dans la dernière descente passent la ligne après moi ??? en fait, ils se sont plantés dans le village et sont remontés un peu trop haut, allez, deux places de gagnées dans l’étape du jour, je ne suis pas trop branché compèt, mais ça met du beurre dans les épinards…

 

J’avoue que je n’ai pas trop faim – pour le moment -, mais le plus important pour moi est de rapidement me faire masser pour éliminer un maximum de toxines, ben oui, c’est pas encore fini ! Je vais vite me mettre un peu d’eau sur ma casquette histoire de me rafraîchir la tête.

Maintenant, il me faut remonter jusqu’au camping, c’est- à- dire me taper les 500 derniers mètres de l’étape en sens inverse. Je remonte les marches, et mes cuisses le tirent un peu, j’en profite en remontant pour encourager les concurrents qui terminent, il y en a qui sont dé-mon-tés !

Arrivé à  la tente, j’enlève tout mon barda et je rejoins la tente des kinés et podologues, Mimi se propose même de m’apporter un plateau repas pour que je mange un peu, qu’est-  ce qu’elle est gentille, normal c’est pas ma femme pour rien !

J’attends alors pas mal de temps puis une fois mon tour venu, une podo s’occupe de mes pieds. Trois petites ampoules sont apparues, mais surtout un hématome sous l’ongle du petit doigt de pied gauche qui fait plutôt mal.

Un quart d’heure plus tard, tout est résorbé et nettoyé, je n’ai pas mal aux pieds, sauf que mes chaussures actuelles (Mizuno Wave ascent) risquent de me gêner demain en courant vu qu’elles son assez serrées devant… par contre j’ai des douleurs diffuses dans le bas du dos et après qu’un kiné m’ait massé les jambes, il s’occupe de me masser le dos… plus relaxant que ça, tu meurs !

Une fois tout cela fini, je rejoins Mimi qui m’attend dehors, un peu aigrie car j’ai passé pas mal de temps en tout dans la tente.

Par contre, la descente vers la tente est assez chaotique car mes cuisses se réveillent alors. Vitesse de pointe : 0,03km/h… Une fois arrivés, nous en profitons pour manger notre plateau repas, normal, j’ai de nouveau faim.

Je vais me doucher et nous partons pour le reste de l’après- midi à Bauduen, un petit village situé au bord du lac de sainte Croix. C’est joli, mais jamais je ne pensais marcher cet après- midi après ma course !

Mimi quant à elle m’explique qu’elle a fait du pédalo le matin sur le Verdon, ça ne vaut pas une partie de rafting ou de kayak, mais bon, toujours ça que rien… En rentrant, nous assistons au briefing à 18h00 de la dernière étape de demain. Jean vous rassure tout de suite en nous signalant «  Je vous rassure, cela ne sera pas une partie de plaisir », Mmmm ! Réveil 05h00, départ 06h00…

Je ne suis pas inquiet, mais impatient de savoir ce que l’on nous réserve. Avant l’aller manger, j’en profite pour mater la feuille de résultats pour me coucher dans les meilleures conditions…

Je rejoins d’ailleurs James au cours du repas qui est un peu fatigué, mais heureux de sa journée, c’est marrant, ça me rappelle quelqu’un…Pour demain, c’est décidé, mes chaussures seront les Nike air storm pegasus, plus larges …Fcmoy : 146 puls.mn-1 !!! jamais vu ça.Fcmax: 178 puls.mn-1.Tps: 07h58’54”.Clt : 51ème sur 100 pour l’étape du jour !!!  Etape 3 : Unique. 

Dring ! 05h00 du matin, j’ai des frissons, je claque des dents… mais non !

La nuit s’achève, la journée sera belle, vite au petit- déj ! J’avale ce que je peux, mais je constate que l’ambiance est presque à la fête dans la salle, on sent que le dénouement est proche.

Sur l’aire de départ, je discute, ça rigole, on sait tous qu’on va s’éclater, mais de quelle manière ?

Il fait 17°C, mes jambes sont un peu lourdes, soyons honnêtes, mais je veux finir en beauté en évitant d’être dans le rouge, il faut quand même encore trottiner 35 kilomètres !!!

J’entends juste à un moment une personne dire qu’il faut être dans « Vaumale » le plus rapidement possible… Vaumale est en fait le cirque de Vaumale, le problème c’est qu’il se situe à 05 kil’ de l’arrivée, c’est pas loin pourtant ?

Bref, le départ donné, tout va bien, le rythme est très cool, en fait, on va se taper le Grand Margès comme hier, mais en sens inverse… jusqu’à la passerelle de l’Estellet, ça fait déjà une trotte ! Comme à ma grande habitude, je monte le Grand Margès «  en tracteur » ,c’est un truc que j‘ai inventé.

Ca signifie que je monte pas vite, mais toujours à la même vitesse. Le but du jeu, c’est de se mettre dans un groupe, de rester dedans et de passer au groupe de devant sans forcer le rythme, c’est très facile et rudement efficace.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img370.imageshack.us/img370/4336/gmvh9.jpg[/IMG][/URL]

 

Oui, je sais, je n’ai pas la carrure d’un tracteur, mais j’ai pu constater par moi- même que le physique ne fait pas grand chose sur ce type de course, tout comme dans la vie d’ailleurs…

Lors de l’ascension, j’assiste pour la dernière fois au lever du soleil sur les massifs environnants, c’est à crever tellement que c’est beau. En voyant cela, on ne veut plus repartir d’ici.

Chemin faisant une fois de plus, j’arrive sur le sommet du Grand Margès en 02h00.

A partir de cet instant, mes jambes commencent à remuer plus vite.

J’aborde alors la première partie de sa descente vers la passerelle de l’Estellier avec calme, en faisant bien attention où je mets mes pieds car les nombreux rochers escarpés sur le chemin ne me feraient pas de cadeau, même pour la dernière course !

Une fois arrivé sur le plateau herbeux, je me sens bien mieux au milieu de la lavande… dès lors, j’arrive à l’orée du bois qui dégringole vers le Verdon, là même où la grande muraille de Chine se dressait devant moi pas plus tard qu’hier… sauf que là, je vais la descendre et pour la première fois, je ne sais pas pourquoi, c’est précisément là que je vais attaquer !

Evidemment les premiers mètres se font tout de suite sentir dans les quadriceps, tant pis, je fonce sur le singletrack où se mêlent branches de bois et feuilles, je me fais presque peur tellement que je vais vite, le sol se dérobe parfois sous mes pompes, mais elles tiennent… j’en profite alors pour doubler en un kil’ au moins six ou sept participants !

Je m’alimente ensuite au ravito avant de m’enfoncer sur le même chemin qu’hier, une longue route en terre toute droite et sans dénivelé… j’en profite pour faire connaissance avec un concurrent que je connais de vue.

Il participe pour je ne sais la combientième fois au Verdon et j’essaie en même temps de le suivre, mais il va un poil trop vite pour moi. Je continue à faire cavalier seul et à un moment donné, mon ventre m’empêche d’accélérer… je m’arrête alors pour me soulager à grande échelle si vous voyez ce que je veux dire… et ça marche ! mieux, beaucoup mieux !

J’aborde ensuite le ravito liquide sur la petite portion de route que nous avons avant d’attaquer le chemin très abrupt qui descend vers la rivière.

Cette descente se passe plutôt bien, sauf lorsque je vois deux pisteurs à l’arrêt, juste à côté d’un participant emmitouflé dans une couverture de survie, facture de la cheville  paraît- il, le dernier jour, la haine !

J’arrive alors au niveau de la passerelle où je revois enfin le Verdon, toujours en forme d’ailleurs, sauf qu’aujourd’hui, nous allons jouer avec lui. J’en profite pour rattraper la personne que j’avais vu plus haut, celui- ci m’indique que nous abordons le sentier de l’Imbut, un grand moment de sport selon lui !

 

Effectivement, le chemin s’arrête pour laisser place à des rochers qui surplombent à peine le Verdon, bien sûr, pas la peine de courir, vu qu’il faut enjamber les rochers à tour de bras en trouvant le meilleur chemin.

Au fur et à mesure, ce chemin prend de l’altitude et je constate que le simili chemin emprunté est en fait celui tracé par le Verdon lors de ses crues : impressionnant ! Il a creusé d’énormes grottes dans ses virages, laissant alors peu de place à la lumière et me laissant alors une petite impression de fraîcheur qui n’est pas pour me déplaire, ou plutôt pour nous déplaire, car notre groupe est maintenant constitué de quatre personnes.

J’en prends plein les yeux, je passe à un moment dans un endroit où quelques rayons de soleil réussissent à traverser l’épaisse couche de branches d’arbres et au moment où nous foulons le sol, la terre s’est en fait transformée en fine poussière et lorsque je vois le camarade de précédent courir là- dessus, j’ai comme l’impression de me retrouver sur la lune, c’est génial ! et c’est pas fini ! le chemin remonte alors vers un amas rocheux et en arrivant dessus, cet amas et en fait comme percé.

J’emprunte alors celui- ci et découvre sur ma gauche une main- courante car le sol est particulièrement glissant sur les trente centimètres de large qui me sépare du Verdon bouillonnant à quinze mètres en contrebas ! Le pied ! le pied ! le pied ! j’en profite pour faire une photo de tout ça, je ne sais même plus où regarder, c’est ahurissant ! après cela, le chemin descend lentement pour rejoindre le Verdon.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img338.imageshack.us/img338/7954/grottema9.jpg[/IMG][/URL]

 

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img338.imageshack.us/img338/5452/mcuu0.jpg[/IMG][/URL]

 

Quelques mètres plus loin, un virage en épingle à cheveux commence à remonter en zigzag à travers la forêt.

Peu à peu, le bruit de la rivière se fait plus sourd.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img104.imageshack.us/img104/5459/imbutca6.jpg[/IMG][/URL]

 

Le chemin s’arrête ensuite devant une main- courante longeant sur la gauche des escaliers aux marches particulièrement hautes. Dès lors, ça monte, ça monte !!! sans discontinuer dans la roche.

[URL=http://imageshack.us][IMG]http://img48.imageshack.us/img48/3127/escaliersgv4.jpg[/IMG][/URL]

 

Par moments, la main courante se fait oublier et nous nous retrouvons au- dessus du vide, sans aucun point d’attache.

Nous arrivons ensuite au niveau d’une forêt où plus aucun chemin n’existe vraiment et le seul moyen de monter est de s’accrocher aux branches et souches que nous trouvons sur notre passage.

Sous nos pieds, le sol est constitué de gravillons qui empêchent d’assurer nos appuis. La concentration est de mise car la moindre erreur peut nous faire chuter. L’évolution su fait alors un peu plus simple, où nous grimpons rapidement et rejoignons d’autres coureurs. Je regarde alors à travers les arbres et découvre les gorges toujours aussi belles et sauvages.

Une personne nous annonce ensuite des escaliers en vue… et c’est pas peu dire : nous sommes obligés de nous mettre en file indienne devant un escalier en fer qui monte quasiment à 90° sur six à huit mètres au- dessus de nous.

Les emprunter est certes un jeu d’enfant, mais deux autres escaliers du même type se succèdent ensuite pour nous faire arriver sur un plateau.

100 mètres plus loin nous attend un ravito qui me fait le plus grand bien. Beaucoup de personnes s’attardent à celui- ci, mais je suis tellement euphorique que je repars sur le sentier Vidal après avoir rempli mon Camel’ d’eau et avalé un tube.

Tout est ensuite beaucoup plus calme, ça monte progressivement dans les sapinières pour ensuite rejoindre la célèbre longue ligne droite faite ce matin- même, sauf que je repars vers la droite, quand même… tout doux, tout doux.

 

Je fais le point sur ma condition : j’ai pas soif, pas faim, il fait un peu chaud car le soleil rejoint petit à petit son zénith.

A un croisement, je suis surpris de constater qu’un ravito présent le matin n’est plus là. Un gars me signale qu’il a décalé un peu plus loin, et c’est pas faux.

Je m’arrête alors pour bien manger et bien boire, pour faire les niveaux au maximum.

Je demande où nous allons et une dame me demande de bien boire et de remplir au max mon Camel’ car le prochain est très loin et qu’une portion particulièrement difficile est à venir ( ?!? ). J’entends alors parler de ce fameux cirque de Vaumale.

Où est- il, je n’en sais rien, tout ce que je vois devant moi, c’est la montagne du Grand Margès en à- pic du Verdon. Mais par où vont- ils me faire passer ? ‘y a quand même pas un chemin qui passe là- dedans ?

Je repars alors en prenant soin de prendre en plus une bouteille d’eau que je garde avec moi, on ne sais jamais… Aussi bizarre que cela puisse paraître, le chemin ne monte pas, mais descend tout doucement en ligne droite.

Les hectomètres faciles se succèdant, j’en profite pour allonger ma foulée et après un virage à droite, je vois une fille venir au loin dans l’autre sens.

Une drôle de sensation m’envahit car j’ai l’impression de la connaître, ben oui, vu que c’est Myriam qui fait sa randonnée de la journée.

J’ai juste le temps de lui faire un petit coucou et lui demande si l’arrivée est pour bientôt, mais je ne saisit pas sa réponse… Ca fait du bien de voir un visage familier si loin de la civilisation surtout lorsqu’il vous encourage !

Au fur et à mesure de mon évolution, je constate qu’il se rétrécit de plus en plus et qu’il redevient à nouveau très technique, car le sol de transforme à nouveau en granit abrupt sous forme de gros rochers se succèdant.

C’est pas facile, surtout que je suis à nouveau tout seul à crapahuter là- dedans. Le sentier reprend soudain de l’altitude dans une forêt pour ensuite me retrouver dans les gros éboulis rocheux où il est très difficile de voir le chemin car les pierres sont très claires, malgré les lunettes de soleil, j’en chie pour trouver le chemin qui part en face. Mon organisme commence à chauffer car je commence petit à petit à transpirer comme une soupe et je bois en conséquence...

 

Je passe à un moment donné sur un surplomb à découvert où deux gars de l’organisation sont en train de rôtir sur un rocher.

Ils me demandent de faire très attention et je constate avec horreur que je ne suis pas près d’en finir car un mec me montre approximativement l’endroit où le chemin s’arrête au prochain ravito. Je sens que je vais être short petrol niveau eau… ça va pas être  de la tarte, surtout qu’en repartant, ce foutu chemin se paie ma poire en descendant au lieu de me faire grimper !!!

 

Tant pis, c’est le jeu, mais j’essaie de ne pas trop boire pour éviter d’être en surchauffe…surchauffe, un joli mot qui sonne quand je remonte le chemin ! J’arrive par moment sur des main- courantes de fou, où je dois m’accrocher à une corde fluo à moitié suspendue dans le vide, que je dois passer sans trop faire attention au vide qu’il y a sous mes pieds… de toute façon, je suis tellement dans le coup que je n’y prête pas attention….finir, finir…

 

Le clou du spectacle commence à se dessiner car en sortant d’un bois, la végétation s’arrête d’un coup pour laisser place à de gros rochers et des herbes complètement desséchées.

Je m’engage sans problème, mais constate rapidement que l’envie de boire se fait de plus en plus intense, je transpire comme un bœuf car le chemin ne fait pas de cadeau en dénivelé.

Soudain, en l’espace de cinq mètres, je sens qu’il fait tellement chaud que j’ai l’impression d’être dans un four micro- ondes, c’est horrible, le souffle se fait alors court et je sens que mon cœur bat comme un fou pour rattraper le manque d’oxygène. Le voilà le cirque de Vaumale, je suis dedans et je n’ai qu’un envie : en ressortir le plus vite possible !

Pas étonnant qu’on dise de ne pas l’emprunter lorsqu’il y a du soleil, c’est incroyable la sensation de chaleur qu’il y règne.

En fait, les rayons solaires tapent contre les rochers clairs et ces derniers réfléchissent les U.V. du sol vers l’atmosphère. Sympa la démo, sauf lorsqu’on est dedans car la chaleur provenant des pierres est étouffante !

Le chemin continue de monter sans discontinuer, c’est dur, mais c’est dur, mais je rattrape alors un coureur de la Marine Nationale quasiment à l’arrêt sur le chemin. Une drôle de sensation, m’envahit alors, comme si j’entendais des bruits de gens qui parlent au loin… je presse le pas et rencontre alors un photographe de course caché dans des rameaux.

Je passe à côté de lui en regardant droit dans l’objectif, il n’y a plus de sourire où autre grimace à ce moment- là. Je sens que la fin est proche et je n’ai pas le temps de m’en rendre compte car je déboule directement sur un parking en macadam. Je suis au col de l’Illoire ! Des applaudissements ! Un ravito !

Je me presse d’enlever mon sac car j’ai alors l’impression qu’il pèse 100 kilos, je plonge ma tête dans une poubelle remplie d’eau.

Je demande au gars du ravito que qu’il reste à faire, il m’annonce TROIS kilomètres, TROIS, que de la descente (selon lui) !!!

Je remplis quand même mon Camel’ à toc, on ne sait jamais. Je vois à côté de moi un coureur complètement éclaté, au bord de l’évanouissement et constate avec stupeur qu’il s’agit du fameux coureur Brésilien que j’avais déjà vu en photo dans mes magazines, et moi je suis à côté de lui, en ce jour où je vais réaliser MON exploit sportif.

Je remets vite les pieds sur terre en lui proposant un tube ou autre, il ne veut rien, juste terminer.

Deux coureurs de l’organisation se proposent de l’encadrer jusqu’à l’arrivée et le traitent en même temps de fou !

Je repars dans la foulée à l’assaut du peu d’effort qu’il me reste à fournir. Je demande quand même à un autre coureur prêt à repartir ce qu’il reste à faire, je reconnaît le coureur comme étant celui que j’avais doublé la veille près du ravito du refuge de la Maline, ce même qui était au bord de l’abandon, là, à cet instant, je crois que j’ai la conversation la plus courte et la plus motivante de ma vie : Lui : C’est la combientième fois que tu le fais le Verdon ?Moi : Ben la première, pourquoi ?Lui : Vas- y fonce ! c’est un exploit ce que tu es en train de faire, imagine tout ce que tu viens de courir en si peu de temps, c’est un exploit, fonce !

Moi : Merci, merci !!! ( intérieurement : merci, merci, merci, merci, merci, merci… )

 

Je m’engage alors dans un chemin qui part en descende assez raide, mais roulante. Je double le Brésilien coincé entre ses deux angelots et je fonce, je fonce.

Ma foulée est aérienne, j’ai l’impression de planer, je sens que le sol de dérobe sous mes pieds par moment.

Sur 100 mètres, je sens même que mes chevilles partent, mais je réussis quand même à me rattraper. J’entends par contre que ma respiration se fait bruyante, mais je m’en fous, mon corps est maintenant détaché de mon esprit.

Le marin me double alors et je prend une légère côte qui m’explose les cuisses et découvre que je suis en surplomb de la déchetterie d’Aiguines.

Maintenant, je sais où je suis, je sais où je vais…

Je m’engage alors sur le petit chemin en terre qui serpente juste à côté du camping où l’on dort, je jette un coup d’œil vers les tentes.

Il fait chaud, je sais que je vais arriver dans une poignée de minutes.

Je descends un petit talus sur la droite et serpente quelques mètres à travers la garrigue qui m’a accueilli durant ces trois jours.

Encore une petite montée de quelques mètres, histoire de finir mes cuisses.

J’arrive au sommet puis je me retrouve sur le macadam d’Aiguines, je cours une centaine de mètres tout droit, j’allonge le pas, plus que quarante secondes, je pars à droite puis de suite à gauche, je sais que tout droit c’est l’arrivée, je croise deux ou trois participants et des badauds qui m’applaudissent, au loin, je vois la banderole d’arrivée, cinquante, quarante, trente, vingt, dix mètres, je crie, j’exulte, je passe la ligne d’arrivée en entendant mon nom au micro.

Je reçois de suite mon sac renfermant mes cadeaux dont la fameuse médaille du Verdon Trail Aventure, le T- shirt, tout ça pour ça ? et oui !

Je passe de suite me prendre un verre d’eau, je bois, j’en mets sur ma tête puis je me retire sur le parvis de la place.

Je suis seul, je pense à tout ce que je viens de faire, à mon état de forme, à Myriam, mes parents, ma famille, mes amis, mes disparus qui voient peut être ce que je viens de faire, je m’asseois sur un mur en pierre et ne peux retenir quelques larmes de joie qui ont du mal à poindre mais qui me font tellement de bien, je me calme puis me dirige à nouveau vers le ravito d’arrivée et commence à boire et manger comme il faut.

Le problème est de savoir maintenant quand Myriam va arriver… tant pis, j’attends… je salue et félicite les nouveaux arrivants :c’est fou ce que l’on dégage lorsqu’on arrive, après avoir fourni un tel effort, on se sent fort, bien dans sa tête, bien dans son corps et surtout fier de soi.

J’en profite pour faire un tour à la fontaine du village pour m’asperger d’eau fraîche, et j’attends… combien de temps ? je ne sais pas.

A un moment, j’entends le commentateur féliciter deux nouveaux arrivants qui courent vers nous, le problème c’est que Myriam est encore en train de courir en arrivant après une randonnée !

Décidément, elle ne peut pas s’en empêcher.

Elle tient dans sa main en passant la ligne Victor, un Luxembourgeois bedonnant d’une soixantaine d’années très sympa dont l’épouse fait le trail.

J’embrasse Myriam et lui raconte tout ce qu’il vient de se passer puis nous entamons la montée vers le camping, dur ! dur ! mes cuisses sont explosées, mais je parviens à me hisser jusqu’à la tente.

Je me douche dans la foulée avant de passer chez le kiné et le podo. Quel travail ils ont fait, je n’ai pas eu une seule crampe en 04 courses, quelques ampoules hier ont été rapidement résorbées et ne m’ont fait aucun mal aujourd’hui.

J’attends un petit peu et savoure mon massage que l’on me fait sur une table extérieure, à l’ombre des oliviers, quel régal !

Une fois cela terminé, je redescends avec Mimi à la tente puis nous nous préparons pour la remise des récompenses à 19h00.

J’en profite pour envoyer quelques S.M.S. à Rachel, Anne- So et Cédric, mon fan- club histoire de les rassurer que je suis encore en vie, et comment !

La fin d’après- midi venue, je descends avec Mimi au village pour la remise des récompenses.

Il fait beau, tout le monde est heureux de se retrouver après toutes ces aventures… j’ai la surprise de voir que nous ne sommes, pas seuls, en effet, la direction de course nous a fait venir de Toulon de la Marine Nationale en personne !

Tous en tenue d’honneur blanche, ça fait quelque chose de savoir qu’ils viennent rien que pour nous et encore plus lorsqu’ils entendent ce que nous venons de bouffer en kilomètres. La remise commence et je constate que les marins jouent les hymnes nationaux de tous ceux qui remportent la première place de leur catégorie : France, Italie, U.S.A., Allemagne, Luxembourg, c’est impressionnant, j’en ai la chair de poule et le souffle coupé. Une fois la cérémonie terminée, je discute avec quelques coureurs dont Thomas Véricel du team Salomon qui a fini 2ème derrière un Italien. Je l’aime bien Thomas, il est rapide comme l’éclair lorsqu’il court et il est tellement cool en dehors de cela !

 

Je vais ensuite manger un morceau dans un petit resto avec ma chérie puis nous restons au centre du village pour boire une bonne bièrrrrrre !

Oula, ça fait longtemps que j’en ai pas bu car les deux premières gorgées me tapent direct dans les genoux et dans les neurones, mais c’est tellement bon !

Nous discutons alors des diverses courses existantes et à faire avec nous amis Luxembourgeois qui ont pas mal crapahuté à travers l’Europe et autres continents pour le plaisir de courir et marcher.

Une fois fini, nous retournons au camping pour nous coucher en sachant que mon réveil ne va pas sonner à des heures impossibles !

Je m’endors par la suite, l’esprit libre et reposé de tout ce vient de m’arriver en si peu de temps. Je n’ai qu’une envie, recommencer !

 Fcmoy : 144 puls.mn-1 !!! incroyable ! Fcmax: 181 puls.mn-1.Tps: 05h52’19Clt : 48ème sur 97 pour l’étape du jour, yes !                                                                     

Pourquoi avoir fait cela te dis- tu ?

 

La vie est ponctuée de grandes batailles et de rares victoire dit- on.

Mon but était de me prouver qu’à 30 ans, je suis capable physiquement et psychologiquement de fournir un effort important dans sa difficulté et sa durée et surtout d’en sortir le plus frais possible, c’est chose faite.

Pour cela, il est clair que j’ai enchaîné en 06 mois une quantité relativement importante de kilomètres et de dénivelé, j’ai participé à de nombreuses courses les weeks- ends pour me forger un mental et un physique d’acier.

Je suis content car dans toute la quantité de travail fournie j’ai souvent lu qu’il arrivait que le trail pouvait connaître des périodes de doute et de souffrance et j’avoue qu’à part à Marlhes, tout c’est très bien passé.

Le problème est de se mettre en tête qu’après tout cela, le corps s’il n’est pas entraîné dans les mêmes proportions perd de son endurance et de sa résistance à l’effort. Il est vrai que j’ai du mal à admettre maintenant ceci, mais je suis conscient qu’après avoir fait le Verdon, je suis capable en m’entraînant de la même manière de faire un ultra du même acabit, ben oui, je ne compte pas m’arrêter là, je compte bien un jour me retrouver au départ de la diagonale des fous à la Réunion, qui sait, peut- être pour mes 40 ans ?

 

D’un autre côté, je voulais aussi prouver aux autres que je suis capable de faire une telle course, dans quel but ? souci d’estime de soi, de reconnaissance de soi, oui, c’est un peu le mélange des deux et peut- être plus. Je suis toujours passé pour quelqu’un de maigre ou mince aux yeux des gens.

Ce n’est pas faute d’essayer de grossir en mangeant plus… mais je suis comme ça et je préfère avoir du charisme qu’une carrure… j’ai toujours plus d’estime pour les faibles que pour les forts, ceux qui se battent pour une juste cause, qui veulent arriver à un but précis en se donnant un maximum de moyens personnels.

Pour préparer le Verdon, je n’ai fait appel qu’à quelques magazines pour les plans d’entraînement et la diététique, le reste n’est que mon côté autodidacte qui a parlé, mieux vaut être seul que mal accompagné.

Le trail est comme la Vie : il y a un départ, une course ponctuée de bons et mauvais moments et le but est de finir en pensant avoir fait tout ce qu’on a pu et voulu, l’avantage est que dans le trail on peut le vivre tous les dimanches, quant à la Vie…

J’aime être seul lorsque je cours nature, tu es un instrument qui doit faire face aux éléments, et non l’inverse.

Ces quatre jours ont été parmi les plus beaux de ma vie, je parle d’un point de vue sportif, car encore à ce jour, je frissonne en voyant certaines photos où lorsque je vois le Verdon à la télé, j’en suis réellement tombé amoureux et j’espère y retourner rapidement. Si je l’avais connu plus jeune – et célibataire ! – je pense que j’aurais fait ma vie là- bas, je ne sais pas comment ni de quelle manière, mais il y a un côté sauvage où tu te sens tellement insignifiant face à la nature que tu ne peux que sourire en voyant la beauté des paysages.

Certaines fois, j’ai encore des images qui se bousculent dans ma tête, de lever de soleil sur le plateau de l’Ourdes, de passages vertigineux, d’odeurs d’origan, de lavande. C’est ça, finir le Verdon, c’est sentir qu’on existe.

 

Dans un autre contexte, cette course m’a permis de revoir tous mes classiques de musique, ben oui, t’imagine courir plus de 20 heures en 03 jours sans penser à autre chose qu’à ta course ? impossible ! alors là , je dois dire que ma discothèque cérébrale a tourné ! J’aimerais pour finir remercier comme le font les artistes dans les CD’s toutes les personnes qui m’ont aidé, supporté et aimé pour ce que j’ai fait.

2 commentaires

Commentaire de akunamatata posté le 22-04-2007 à 05:53:00

superbe récit Biru, quelle mémoire !
Cette année la formule sur trois jours a ete remplacée par le 100 km. pour les photos qui ne s'affichent pas regarde le fil:
http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?t=848
car je suis sur qu'elles valent le détour!

Commentaire de titifb posté le 22-04-2007 à 07:01:00

Salut Biru !
Quel magnifique et palpitant récit...Beau cadeau d'anniversaire ! Dommage qu'on ne voit pas tes photos, c'est FRUSTRANT ! Dès que tu peux les ajouter, fais-moi signe...et encore bravo pour cet exploit personnel. Chapeau !

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