Drôle d’idée
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Jusqu’à maintenant, l’idée d’aller traîner ses baskets en plein désert n’a jamais trop été dans mon esprit. Partir loin pour courir, drôle d’idée, il suffit de sortir de chez soi. C’est déjà assez dur de courir en France, on ne va pas en rajouter.
En plus, je ne suis pas particulièrement adepte de la chaleur et du soleil.
Dès qu'il fait plus de 27/28 en été, je ne suis pas à l'aise (et si j'ai le choix, j'évite de faire du sport dans ces conditions...) alors allez courir sous le soleil africain…
C’est le Castor Junior (alias Cédric ou inversement) qui me parle de cette course lors de notre tour de l’Oisans en Juillet dernier. Pour ne pas le contrarier, je prends le temps de la réflexion … Et j’ai le temps de cogiter au mois d’août et septembre car une cheville foulée m’oblige au forfait à l’UTMB.
Comme cette course tombe à l’eau et que je n’ai pas envie d’attendre le mois d’août prochain pour faire un gros truc, je prends la décision de tenter l’aventure.
Echauffement
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Envisager d’aller au bout de ce genre de parcours n’est pas évident : 200 bornes, c’est un peu long, non ? Pas encore fait ça, moi.
Même si j’ai toujours un peu trottiné et si je commence à avoir une bonne expérience sur les trails, je n’ai jamais fait de 100km route, ni de 24h et juste 4 marathons (étalé sur 12 ans). Ma seule grosse course c’est le Tour du Mont Blanc en 2004.
Une reprise sûrement un peu trop rapide en septembre/octobre m’oblige à calmer le jeu : des douleurs perdurent dans la cheville et je ne peux pas courir deux jours consécutifs (même pour 1h seulement) donc c’est plutôt de la rando et c’est seulement en décembre que je commence à courir plus sérieusement.
Mais faire des kilomètres sur le plat n’a jamais été mon fort, d’habitude je vais en montagne et c’est donc plutôt du dénivelé.
A la fin décembre, je suis presque satisfait d’avoir fait une semaine à 55 km avant de m’apercevoir que dans les livres c’est à peine le kilométrage nécessaire à un marathonien moyen. Quand je vois des participants à des 100km ou Marathon des sables qui annonce des chiffres de 150 à 200 Kms par semaine, je prends peur …
Une semaine un peu plus importante début février (110 km) dont une sortie longue de 62 bornes, ce sera la plus grosse de mon entraînement.
J’expérimente un rythme 45min course 15 min marche qui me convient bien : je me rends compte que la marche fait plus travailler le haut des jambes mais permet de reposer les articulations (chevilles, genoux).
L’entraînement est agrémenté de sortie ski de rando mais l’enneigement capricieux de ce début d’hiver 2007 (si il y a eu un hiver ?) n’est pas formidable.
Quelques semaines avant le départ, je passe les 200 000 km … au compteur sur ma voiture, ce chiffre 2 suivis de quelques zéros me fait rêver…
En fait, le contexte de la course a plutôt tendance à me rassurer : le terrain paraît varié, on gère son temps comme on veut : je me dis que je pars pour une grosse rando. Marcher longtemps dans des conditions difficiles, ça je connais même si plutôt en montagne que dans le sable.
A vos marques…
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Allez ! on y va , on commence par un petit fractionné rapide avec le sac de 15kg sur le dos pour choper le TGV qui m’amène à Paris puis le lendemain traversée du XVIIIéme à pied dans la nuit de samedi à dimanche: excellent pour se mettre dans l’ambiance Afrique avant l’heure !
Un coup d’avion et on se retrouve en Mauritanie : la chaleur, le soleil, le vent tout ça d’un coup, ça fait un choc.
Dès la sortie d’Atar, les paysages rocailleux s’étendent à l’horizon : ça y est, on sort l’écran panoramique 16/9eme et on le garde scotché devant les yeux pour la semaine.
Prêt ?
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Ensuite, préparatifs et contrôles : l’équipe de Jean Pierre Delhotal est très pro.
Mais surtout relax : on ne se prend pas la tête, c’est les vacances !
Dernier briefing : « tout est en place, ne partez pas trop vite ».
Partez !
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Mardi matin très vite le départ arrive.
Une pancarte « Départ » que l’on espère revoir d'ici quelques jours …
Ici, pas d'oriflamme, pas d'arche gonflable, pas de « sas préférentiel », pas de fond musical, juste un top de Jean Pierre pour partir.
Sur le premier kilomètre, je me place devant pour faire quelques photos de la petite troupe.
Ensuite, je trottine … et me retrouve vite dans les premiers. Je sais bien que ce n’est pas raisonnable mais à ce moment je n’arrive pas à courir moins vite. Je n’ai pas couru depuis une semaine, le terrain devient rocailleux avec même quelques petits vallonnements bref je m’amuse bien.
On traverse des petits villages mais très peu de monde.
Je cours comme ça pendant 1h30 sans m’arrêter : ensuite seulement je commence un peu à marcher.
J’arrive au CP1 en 3eme position. Sans trop de fatigue apparente mais il est maintenant presque 13h et la chaleur s’installe.
Chaud
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L’eau du camelbag est maintenant passé de tiède à … chaude : je m’essaie de m’hydrater régulièrement mais l’estomac commence à donner des signes inquiétants : le ventre se serre et il est maintenant difficile de boire même par petites gorgées. Rapidement aussi les jambes perdent de leur dynamisme et j’avance beaucoup moins vite
Les pieds chauffent, les jambes chauffent, la tête chauffe … y a surchauffe !
A la sortie d’une zone de sable, Jean Claude Blum me double à toute vitesse, le voir aussi facile me mine encore un peu plus le moral.
La couleur orange foncée de l’urine me confirme que je commence à être réellement déshydraté.
Le soleil donne de plus en plus, aucun coin d’ombre.
Cette fin de CP (km 35 à 40) est très dur pour moi : on traverse un village avec une longue ligne droite, c’est interminable.Depuis une heure maintenant je marche et j’ai l’impression de ne plus avancer, je réalise que je suis sûrement parti trop vite, que je viens de me prendre un coup de chaud que je commence déjà à souffrir de la chaleur : bref,moi qui partait presque confiant, j’ai tout faux … !
Je repense aux propos de Jean Pierre qui nous avait pourtant prévenu : vous n’êtes pas venu ici pour faire seulement 40km, partez doucement. La veille, cela paraissait évident mais là je me rends compte qu’il y a vraiment moyen de se griller complètement en moins de 40km.
L’arrivée au CP2 est une véritable délivrance, ils me regardent bizarrement, je dois avoir une drôle de tête.
Allongé, à l’ombre, on peut enfin récupérer sereinement.
Les commissaires sont aux petits soins.
Je tente de boire un bouillon avec un peu de pain, cela prend du temps mais j’y arrive.
Un petit immodium … un petit thé… j’ai le temps de voir arriver les autres concurrents
Mais j’avoue que l’état des pieds d’Agnès me fait fuir de cette bâtisse…
Temporisation
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Tout en sirotant un coca, je repars très doucement pour la suite du programme, une nouvelle montre au poignet (merci Martine), la mienne n'ayant pas résisté à cette chaleur ...
Après la traversée d’un village, une montée franche permet d’accéder au plateau.
Cette pente un peu rude a pour effet de … me remonter le moral !
Je retrouve mon petit rythme de montagnard et j’ai l’impression d’être un peu plus dans mon élément.
Sur le plateau qui suit cette montée, une partie assez roulante, mais dommage, je marche encore. Je ne suis pas encore sorti d’affaire mais doucement l’estomac a l’air d’aller mieux et la chaleur descend en cette fin d’après midi.
On croise une route goudronnée.
Le désert, un petit chemin qui croise une route immense, en prenant de la hauteur, on se croirait presque dans la scène de l’avion de "La mort aux trousses"
Aucun avion à l'horizon mais un bruit de voiture qui arrive... il doit passer une voiture toute les 2 heures sur cette route et je dois m'arrêter au bord de la route pour la laisser passer …
On arrive ensuite dans une zone de dunes « La vallée blanche », des couleurs splendides au moment du coucher du soleil.
Il fait plus doux, pour mieux profiter de cette fraîcheur, j’enlève mon Tee Shirt. Torse nu, j’ai l’impression de revivre et sur une zone de sable plus dur, je trottine enfin … avec plaisir.
Arrivé au CP 3, je me repose, nettoie les pieds, change de chaussettes et bricole un peu mes guêtres (qui commence à donner des signes de faiblesses) avec un bout de scotch. Cédric est toujours là pour nous encourager : sympa !
De nouveau bouillon et du pain : assez basique mais ça passe relativement bien.
Hilaire arrive mais fait une pause express. Moi je prends mon temps, je récupère vraiment un maximum sous ces tentes. L’accueil y est chaleureux, on y est tellement bien !
Ce sera d’ailleurs le cas dans quasiment tous les CP : je ne regarde pas trop ma montre. Le temps de s’allonger, prendre un bol de soupe, triturer un peu les pieds, hé bé voilà 45 minutes de passé… mais ce n’est pas du temps perdu : on repart dans une forme olympique (ou presque).
Nuit magique
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Je sort du cp3 frontale sur la tête tout frais (ou presque).
Même si la forme a tendance à revenir avec les températures plus clémentes de la nuit, je reste prudent et décide de courir seulement 15 minutes d’affilé (quand le terrain le permet) et je fais le reste en marchant.
La nuit est tombée rapidement, noir complet : aucune lune en début de nuit
Seulement des milliers d’étoiles qui donnent une belle coloration à ce ciel si particulier.
Je me concentre un peu sur le chemin à suivre mais le balisage est correct.
Je m'éloigne parfois des traces de 4x4 mais un coup de lampe de temps en temps pour repérer un bâton lumineux permet de se remettre dans la bonne direction.
Je rejoins Hilaire qui a sorti la musique. Il a l’air relax et commence à prendre son rythme de croisière
Assez vite, moi aussi je prends un bon rythme pour la phase de marche : je balance les bras à la manière d’un Yohan Diniz survolté, cela devient presque rapide.
En course à pied, je fais attention à ne pas trop faire forcer. Et j’arrive maintenant à grignoter des biscuits apéro.
Au CP4, je retrouve Nadine qui a des problèmes aux pieds et n’arrive plus à courir. Je lui souhaite bonne chance et continue.
De nouveau, je respecte scrupuleusement le rythme 15 ' marche / 15 ’ course... je garde à l’esprit ce qui m’est arrivé avant le CP2 : prudence, prudence.
J’ai récupéré mon lecteur MP3 et c’est Ariane Moffat qui débute le concert nocturne avec un titre plutôt bien choisi : « Combustion lente » … un peu ce qui m’est arrivé quelques heures auparavant. Ensuite ce sont les rythmiques puissantes de Franz Ferdinand qui me font littéralement décoller à chaque pas.
A l’approche du CP5, Daniel m’accueille et court avec moi : au bout de quelques minutes, c’est lui qui souffle et a presque du mal à me suivre …
Mi-course
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CP5 ça veut dire 100 bornes
On se rappelle là aussi les propos de Jean Pierre : « au km 100, vous avez course gagnée »
Quoi, quoi, c’est fini ?? Déjà ! Il reste quand même 100 bornes à faire non ?
Un peu de fantaisie après ma soupe, une galette au miel trempé dans le café.
Je troque le mp3 contre une paire de bâtons.
Plutôt content de pousser sur ces baguettes, ça rappelle finalement toutes les longues randos-courses de l'été dernier, j’allonge le pas toujours un peu plus.
Il est maintenant 3h du mat, je suis seul en plein désert, le silence est maintenant total, seul le sable en suspension dans l’air vient troubler le halo de la frontale
J’ai cent bornes dans les pattes et je cours encore avec plaisir tout en grignotant un bout de saucisson
…C’est peut être ce genre de moments uniques que l’on vient chercher au milieu de nulle part.
J'alterne toujours marche et course et maintenant je cours jusqu'à 20 mn quand le terrain le permet.
Plus tard, le jour se lève, les lumières reviennent et c’est un paysage nouveau qui s’offre à moi avec une belle montagne au loin et aussi une tente qui doit être le CP7.
Petit Déj et footing
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Au CP7, c’est l’heure du petit déj et ce sera une soupe chinoise pour moi.
Il faut repartir.
Avec le jour et le soleil qui arrive je sais aussi que je vais devoir ralentir
Mais je viens de passer une nuit magique, j'ai réussi à "croquer un maximum de CP". Il est 10h, tiens, cela fait 24h que je suis parti, j’ai fait dans les 140 Kms, c’est correct.
Maintenant marcher me fait mal : les jambes sont assez douloureuses (hanches et cuisses).
Les bascules marche-course se font maintenant beaucoup plus lentement.
J’essaie de courir un peu mais vers le km145, une zone de dune fait son apparition qui stoppe mon élan. ça rappelle presque la dune du pyla (mais c'est peut être mon imagination qui me joue des tours car je ne l’ai pas vue depuis une quinzaine d’années…)
La route est encore longue pour atteindre le CP8 et la chaleur revient assez vite et devient accablante. J’arrive au CP8 presque à sec. Il est midi, après avoir bu mon bouillon, 30 minutes de sieste sans parvenir à fermer l’œil. Il fait chaud même à l’ombre, plus de 35°, à vue de nez.
Retour du soleil
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A 14h, c’est reparti sous le cagnard, le soleil n’est vraiment pas mon ami mais il faut composer avec…
Le sac me tiraille les épaules car je me suis bien chargé en flotte (camel de 2 litres +2 bidons+ grosse bouteille d’1.5 l)
De plus, j'ai accumulé au fur et à mesure des récoltes dans les CP un joli petit bazar dans le sac : le collant, la veste imperméable (pas indispensable quand il fait 35°), tshirt de rechange, chaussettes se mélangent avec des restes de biscuits apéros…
Heureusement, je larguerais tout ça au cp9.
Tous les quart d’heure, je mouille la casquette et le foulard que j’ai sur la tête pour retrouver un peu de fraîcheur
Les jambes font le strict minimum : c’est à dire mettre un pied légèrement devant l’autre
Je suis sur les traces de Jean Claude le premier mais je n’arrive plus à calquer mes pas sur les siens : là où il en fait deux je suis obligé d’en faire trois …
C’est rigolo, il y a des moments où je me demande si c’est bien moi qui marche
J’ai un peu l’impression de ne plus vraiment maîtriser cette partie de mon corps.
Les phrases du « Soleil des Scorta » que je lisais quelques jours auparavant me reviennent à la mémoire
[…] Sur un chemin de poussière, un âne avançait lentement. Il suivait chaque courbe de la route, avec résignation. Rien ne venait à bout de son obstination. Ni l’air brûlant qu’il respirait. Ni les rocailles pointues sur lesquelles ses sabots s’abîmaient. Il avançait. Et son cavalier semblait une ombre condamnée à un châtiment antique. L’homme ne bougeait pas. Hébété de chaleur. Laissant à sa monture le soin de les porter tous deux au bout de cette route. La bête s’acquittait de sa tache avec une volonté sourde qui défiait le jour. Lentement mètre après mètre, sans avoir la force de presser le pas, l’âne engloutissait les kilomètres. Et le cavalier murmurait entre ses dents des mots qu s’évaporait dans la chaleur. « Rien ne viendra à bout de moi… Le soleil peut bien tuer tous les lézards des collines, je tiendrais. Il y a trop longtemps que j’attends… La terre peut siffler et mes cheveux s’enflammer, je suis en route et j’irais jusqu’au bout. »[…]
En fait, je n’engloutis pas tant que ça. Pour la première fois depuis le début de l'épreuve, je m'arrête fréquemment à la recherche de brin d’ombre sous les branches d’arbustes.
Appuyé contre les bâtons, j'essaie de profiter de la moindre brise qui souffle trop rarement.
Et je repars en laissant parfois un bout du tshirt à ces épineux.
Je songe un moment à m'asseoir mais plier les jambes est un calvaire et se relever demande trop d'effort.
La fin des grosses chaleurs se fait attendre : à 16h il y toujours aussi peu d’ombre et c’est finalement vers 18h que j’arrive à percevoir une petite baisse de la température.
Un peu avant le CP9, je me retourne et aperçois Hilaire
Je ne suis pas surpris : vu ma vitesse vraiment réduite, je suis résigné et je pensais bien qu'un concurrent aurait pu arriver. En fait, c’est aussi lui qui a fait une superbe remontée depuis le CP7, en faisant des pauses réduites et un rythme très régulier.
Dernière longue ligne droite
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Un café au CP9 et rapidement Hilaire me propose de ne pas s’attarder et de repartir
Il a raison, ça ne sert à rien de traîner ici.
Et puis … ça peut revenir derrière !
Jusqu'au CP9, je ne suis pas préoccupé de mon temps de course ni du classement, je n’ai pas cherché à savoir où en était les autres ni devant ni derrière mais maintenant à 20km de l'arrivée, on peut commencer à y penser.
On part donc ensemble et … on finira ensemble !
Je crois au départ qu'il est plus en forme que moi et reste tranquillement derrière.
Mais lui aussi est fatigué et commence à souffrir de la cheville.
On se raconte nos petites histoires et on avance finalement au même rythme dans ce sable mou qui va nous accompagner un bout de chemin. Je découvre un personnage hors du commun, un athlète spécialisé sur le 800m qui se met au 200km, c’est rare.
La nuit tombe et cette traversée de dunes devient très longue. Le sable prend maintenant de la place dans mes chaussures : j’ai les orteils bien callés dans 2 cm de sable, j’ai l’impression d’avoir perdu 3 pointures à mes chaussures. Mais je commence à bien aimer ce sable alors je l’emmène avec moi jusqu'à l’arrivée.
Cédric nous rejoint et nous accompagne jusqu’à l’arrivée. C’est sympa, on discute (enfin surtout lui) … mais il tombe mal car pour moi je subis une grosse baisse de motivation.
Le mental flanche : j'en ai marre. Marre de mettre un pied devant l'autre, marre de sentir ces jambes douloureuses à chaque pas, marre …Pourtant ça ne fait qu’une douzaine d’heures que j’ai vraiment mal aux jambes…
J’essaie de me raisonner : contrairement à d’autres coureurs, je n’ai rien aux pieds, je suis largement dans les temps, je n’ai plus de problèmes d’estomac mais rien n’y fait, c’est plus fort que moi … je n’ai plus qu’une seule envie m’arrêter et ne plus bouger.
Bizarrement, plus la fin est proche, plus je déprime …
Je sais qu’il reste moins de 10km mais malheureusement on sait ce cela représente à ce moment de la course
: 2h30 grosso modo, c’est beaucoup, beaucoup trop.
Mais avec Hilaire, on se motive mutuellement et ça aide bien !
Quand on arrive dans le village, il reste 5km.
La tôle ondulée sur la route finit de nous martyriser les pieds.
Je n'arrive plus à pousser sur les bâtons mais cela permet de compenser les pertes d'équilibre.
Maintenant Hilaire avance d'un bon pas, la marche est même rapide tout à coup … au bout d’un moment on se regarde et Hilaire sort : « on est bête d'accélérer comme ça, à quoi ça sert ? »
A rien, juste peut être à abréger un peu les souffrances et à raccourcir ce temps qui nous sépare de l'arrivée.
Enfin une lueur d'espoir : cette lueur c’est … la lampe des sanitaires de l'auberge
Cette lumière nous nargue au loin mais se rapproche petit à petit
Enfin, derniers mètres, je retrouve le sourire.
On passe la ligne et … congratulations.
Jean Pierre est là pour nous féliciter, je le remercie :
« Comme quoi, y a de belles balades dans l’coin ... » !
Voilà un peu de mal à réaliser que c'est fini pour de bon….
Ça y est, on peut laisser reposer le cerveau … et les jambes !
Les pieds dans une bassine d’eau, un coca à la main, ça va bien, ça va très bien
Je me remémore différents moments des 2 journées qui viennent de passer : je sais que rencontrer de telles conditions de course est rare.
Mais rapidement je grelotte et je file m’écrouler sur ma paillasse.
Je loupe l'arrivée de Claude qui arrive discrètement au milieu de la nuit mais j'ai le plaisir de voir arriver presque tous les autres concurrents et là c'est impressionnant. Quand je repense que j'étais un peu juste en « ressources mentales » pour moins de 40h (et quasi aucun problème physique important), ceux qui ont fait 50, 60 ou 70 heures avec blessures, ça me bluffe complètement. Vendredi matin tout le monde est là pour accueillir le dernier Jean-Claude. Bravo !
Chacun a vécu sa course différemment mais au delà de la fatigue, de la douleur, il y a toujours une petite étincelle de bonheur qui brille dans les yeux …
Comme dans tout bon CR, j’ai pas mal nombrilisé et je me rends compte que je n’ai pas beaucoup parlé
- Des autres concurrents qui ont tous fait de superbes performances (je mets dans le lot ceux qui ont du s’arrêter avant la fin)
- Des paysages mauritaniens : difficile à décrire, mais c’est toujours magnifique.
Essayez de regarder les photos mais souvent les gens trouvent ça monotone. Moi, je ne me suis pas ennuyé pendant 200 kms.
- De l’organisation, sans faille, qu’il faut vraiment même remercier de nous autoriser à vivre de tels moments. Et surtout débordant de simplicité et de gentillesse.
- De tout ce qu’on a vécu ensemble avant et après cette course qui donne aussi une saveur particulière à ce voyage
Juste un truc, la prochaine fois, un peu moins de chauffage, s’il vous plait. Merci.
9 commentaires
Commentaire de serge posté le 30-03-2007 à 22:28:00
merci d'avoir pris le temps d'écrire ce CR
Commentaire de L'Castor Junior posté le 30-03-2007 à 22:36:00
Merci Nico pour ce CR didactique (j'ai pris des notes ;-)) ) et malgré tout chargé d'émotions.
Je sentais avant la course que tu pouvais faire quelque chose de grand.
Même si je n'imaginais pas que ça puisse être aussi dur (ça l'a été pour tout le monde), tu as été plus qu'à la hauteur !!!
Peu de gens te connaissaient avant la course, mais à la fin, peu étaient étonnés du résultat...
En tout cas, j'espère bien que tu as négocié avec les Scorta un soleil un peu moins brûlant pour l'an prochain : je déteste la chaleur ;-)))
L'Castor Junior_clap_clap_Nico...
Commentaire de JLW posté le 30-03-2007 à 23:08:00
Merci pour ce beau récit, très authentique et plein d'émotion contenue. Moi non plus je n'aime pas la chaleur et je ne sais pas encore si ton compte-rendu doit me rassurer ou non mais en tout cas tu as largement surpassé tes appréhensions. Encore bravo pour ce témoignage et cette performance plus que sportive.
Commentaire de taz28 posté le 30-03-2007 à 23:10:00
Encore un superbe CR de cette merveilleuse Mauritanienne !!
Merci pour ces émotions partagées et ces photos magnifiques, un peu de rêve en quelques lignes !!!
Bravo à toi !!
Taz
Commentaire de titifb posté le 31-03-2007 à 05:16:00
Merci pour ce récit assez introspectif et intimiste...c'est ça la traversée du désert. Qu'est-ce qui pousse à faire des courses comme ça ? Qu'est-ce qu'on vient chercher dans cette solitude de sable ? Tu as peut-être, toi, un début de réponse...
Commentaire de akunamatata posté le 31-03-2007 à 08:16:00
wauoouh!
la maladie des 200 km dans le désert ça s'attrape en lisant des CR comme ça!
Commentaire de agnès78 posté le 31-03-2007 à 12:41:00
Mon ptit Nico...
Qu'un seul mot : BRAVO...
Pour cette romance mais aussi cette belle performance!
Alors comme cela... de l'état de mes pieds
Au CP2 tu as été horrifié???
Sympa...
Le Nicolas!
Quelques mots pour te dire MERCI
Pour ce merveileux Récit
Et pour ton amitié
Et toute ton humilité
Je t'embrasse Nico
En espérant te revoir très bientôt
agnès
Commentaire de gdraid posté le 01-04-2007 à 23:50:00
Quel récit ! Quelles photos Nico !
J'en ai encore le frisson.
Tu reviens de loin, dans tous les sens du terme.
Quelle expérience acquise pour l'avenir...
Reviendras-tu sur cette terrible épreuve ?
Tu fais déjà parti des plus grands réalisateurs
de 2003 Gérard CAIN, 2004 Mohamed MAGROUM, 2006 et 2007 Jean-Claude BLUM !
Bravo Nicolas !
JC
Commentaire de jongieulan posté le 12-04-2007 à 17:11:00
bravo Nico,
je viens de lire ton très beau CR dans lequel on ressent beaucoup d'émotions!!
un grand merci pour nous avoir fait partager cette belle aventure!
Fabrice
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