Récit de la course : Trail de la Sainte Victoire 2007, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Trail de la Sainte Victoire

Date : 18/3/2007

Lieu : Rousset (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 2472 vues

Distance : 44km

Objectif : Pas d'objectif

11 commentaires

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Le récit

Quand un parisien ex-provençal descend dans le sud pour le trail de la Ste Victoire, il en profite pour remplir son week-end au-delà du raisonnable pour revoir telle ou telle connaissance locale et ressasser ses (bons) souvenirs du temps où il avait la chance d’habiter cette région bénie des dieux. Il se retrouve ainsi sur la ligne de départ, à Rousset, nanti d’une nuit écourtée et, puisque tout se fait alors dans l’urgence, sans avoir petit-déjeuné.

Me voici donc, dans un degré d’impréparation avancé (2 coupures hivernales prolongées pour cause de tendinite et de bronchite en sont les principales raisons), à jeun, avec 2 toutes petites nuits dans les paupières, près à m’élancer pour les 44 km et 2300m D+ des sentiers techniques et piégeux de la Ste Victoire.

Accompagné de mon assistante de choc préférée (Alice, ma petite femme à moi), j’arrive à la salle des fêtes de Rousset alors que le briefing est déjà entamé. 5 minutes avant le départ, je croise L’Dingo qui me dit que Yoyo me cherche. Yoyo, l’idole des blogueurs UTMBistes !!! Je vais enfin le rencontrer après de nombreux échanges webiques. Ma formation d’ultratraileur ne pouvait être complète sans cette rencontre déterminante. D’autant qu’il doit me passer les éléments nécessaires à la préparation de notre grand défi 2008 : la traversée intégrale non-stop des Pyrénées.

Nous faisons rapidement connaissance sur la ligne de départ (il était devant, car il venait avec des objectifs ambitieux : être la première féminine de la course !!).



Pour la première fois de ma vie, je suis devant Benoît Laval et Karine Herry (ne vous en faîtes pas cela n’a duré qu’un mètre) Alexandra Rousset est là aussi, j’ai entre-aperçu quelques UFOs et kikoureurs, cela promet une course et surtout une après-course des plus sympas. Comme d’habitude, je me perds en conjecture sur l’habillement adéquat, et comme d’habitude j’opterai pour du trop chaud. Il faut dire qu’il ne fait à ce moment-là que 3°C, avec un soleil resplendissant. Je teste aujourd’hui un montage inédit pour moi avec une pipette fichée comme elle peut dans un bidon accroché dans les filets latéraux du sac. Combien de fois ai-je lu qu’il ne fallait pas attaqué une course avec un équipement non-testé à l’entraînement !!??? sans doute pas assez, car me voilà trempé des les premiers hectomètres, mon montage étant tout sauf hermétique. Au troisième km, mon bidon est vide …. Çà s’annonce bien !!!

D’autant que de puis les premiers mètres, je sens que la forme n’est pas au rendez-vous et je laisse filer les meilleurs que moi … c’est-à-dire une bonne partie du peloton. Dans les 3 premiers km, je m’arrête 4 fois pour essayer de limiter les dégâts posés par mon montage hasardeux puis pour me défaire d’une partie de mes habits trop chauds. Bref, heureusement que la perspective de fouler les sentiers provençaux est là pour me donner le moral !

Nous débutons par environ 5 km de montée légère sur de larges chemins, le long des champs, avec des passages en pinède.



Comme souvent en Provence, cette zone intermédiaire entre les villages et la pleine nature n’est pas la plus belle, mais il suffit de lever les yeux et la muraille gris clair qui barre l’horizon au nord, ses falaises où j’ai passé certains de mes meilleurs moments de grimpeur, ses combes innombrables me font envisager une superbe journée.
Le franchissement de la falaise de la Cengle par une petite partie goudronnée nous permet d’atteindre ce grand plat qui précède les pentes abruptes de la Ste Victoire. Cà y est, la nature provençale déploie tous ses charmes, et je me cale dans le rythme qui devrait me permettre de boucler le parcours.

Les premières pentes arrivent vite, et le terrain, très caillouteux, s’avère assez coûteux en énergie … d’autant que l’eau me manque. La bouche sèche, le moral commence à s’effriter, mais au milieu de la grande montée initiale, l’arrivée au premier ravitaillement me ragaillardit, d’autant que je peux récupérer une bouteille et installer correctement ma pipette sur le bouchon. D’un coup le moral remonte en flèche, ainsi que le sentier, mais c’est plein d’une vigueur nouvelle que je franchis les quelques centaines de mètres de D+ qui me restent jusqu’au Prieuré.

Comme souvent dans les plus beaux trails, je vis ces instants comme des instants magiques où la réalité rejoint exactement le rêve. Le paysage, les odeurs de romarin, la blancheur du calcaire, les encouragements des nombreux bénévoles, sympathisants et randonneurs, la succession des montées et des descentes techniques où je peux jouer dans mon exercice préféré en course à pied, tout concourt à me plonger dans ce bien-être qui toujours me ramène sur les épreuves d’ultra-trail, particulièrement en montagne.



Mais décidément, le terrain n’est pas de tout repos, d’autant que mes dernières sorties avec du dénivelé remontent au dernier UTMB et c’est déjà un peu entamé que je plonge dans la vertigineuse descente versant nord. D’abord relativement technique en monotrace puis très roulante dans des parties larges et bétonnées droit dans le pentu, cette descente me permet de me lâcher, de doubler quelques concurrents et de me forger les quadriceps nécessaires à la réussite de mes futurs objectifs. Descendue d’une seule traite, elle entame largement mes réserves cardio et musculaires, mais quel plaisir !!! D’autant qu’elle se termine par un deuxième ravitaillement-oasis. Décidément, dans ces courses, les ravitaillements ont exactement ce rôle qu’ont les oasis en plein désert. Ils subviennent aussi bien aux besoins du corps qu’à ceux de l’esprit, avec les soins apportés par les bénévoles et leurs chaleureux encouragements. C’est d’autant plus important que ceux-ci nous indiquent que le prochain ravitaillement est à plus de 2 heures. Le départ du ravitaillement, ventre plein et cuisses explosées est un peu délicat. La course commence à être un peu douloureuse, mais ce versant nord, boisé, que je ne connaissais pas, me plonge dans une période de sérénité.

Le début de la longue montée au pic des Mouches est à peine entamée que je double Antranik « papatrail » que je crois reconnaître d’après les photos vues sur les comptes-rendus de ses nombreuses sorties provençales. Un rapide salut UFOesque et je continue, car je suis dans ma bulle. Je me jure de faire plus ample connaissance à Rousset, la personnalité qui transparaît au travers de ses interventions sur le forum UFO m’attire ….

La dizaine de coureurs qui sont dans mon environnement proche à ce moment, accompagneront toute la fin de ma course dans une série de chassés-croisés gouvernés par les successions de montées, descentes et plats et nos qualités respectives.

Je ne suis pas encore dans le rouge, mais dans un orange prononcé, cependant la montée se passe bien. Je prends le temps de m’hydrater et de m’alimenter, le temps perdu lors de mes deux arrêts étant largement compensé par un net gain de vitesse. Cependant, je commence à sentir que mon besoin d’eau dépasse les capacités de mon estomac qui commence à ballonner. Une légère nausée s’installe, qui ira grandissant au fil des kilomètres.

La course se poursuit en crête avec une vue panoramique sur la Provence qui est malheureusement voilée par une brume de chaleur persistante. Un léger mistral rafraîchit l’atmosphère à quelques reprises, mais le temps vire plutôt à une chaleur presque limite pour la course à pied. Excepté quelques courtes portions, le terrain est trop accidenté pour permettre la course … d’autant que la fatigue musculaire me rend moins précis dans mes appuis … la prudence s’impose.

Prudence… ce sera le maître-mot de la descente du vallon de l’Aigle (si mes souvenirs sont bons) particulièrement technique raide et piégeuse. A certains endroits, la chute est peu recommandée. Certaines portions gravillonnées droit dans la pente laissent un souvenir ému !!! Un petit groupe s’est formé au profit d’un descendeur un peu moins téméraire que les autres. Je pourrais dépasser mais me dit qu’il vaut mieux que je me préserve pour les futures courses et que je ne m’explose pas sur cette course de reprise plutôt considérée comme un élément de ma préparation. Cette décision me permet de bénéficier d’un semblant de confort, bienvenu après près de 2 heures un peu douloureuses.



Comme le long de tout le parcours, celui-ci est parsemé de nombreux bénévoles ou simples sympathisants de la course. Une certaine complicité semble exister entre cette course et les amateurs d’effort de la région. Un coup de fil d’Alice dans la partie la plus olé-olé de la descente me permet de prévoir un rendez-vous avec ma petite famille au prochain ravitaillement. J’ai hâte d’y être car la faim se fait de plus en plus sentir. Je décide à l’avance de profiter largement de la pause qui s’annonce. Un air de musique s’élève et se rapproche : me voilà arrivé au dernier ravitaillement où une joyeuse ambiance prédomine. Alice et les enfants arrivent presque simultanément. Je m’assieds et profite abondamment des victuailles proposées et de la présence de mes proches qui me ragaillardit. Mes compagnons de course semblent décider de la même stratégie que moi et récupèrent tranquillement.



Un rapide coup d’œil à la carte me permet d’estimer la dernière montée vers le refuge Baudino à 400m environ. Cette perspective d’en avoir fini avec ces montées de plus en plus dures sous le soleil me donne du courage et j’entreprends cette montée, accompagné sur quelques hectomètres par Alice, puis seul, à un rythme encore relativement soutenu qui me permet de doubler quelques concurrents supplémentaires. L’arrivée à Baudino sous l’ombre de quelques arbres et le regard de quelques pique-niqueurs signe la fin du D+. Je me lance avec enthousiasme dans la dernière grosse descente. Finalement les cuisses répondent bien et je double encore quelques coureurs jusqu’à ce que je retrouve Alice montée à ma rencontre. Cette fin de course ponctuée par ces parties communes avec ma petite femme prend un tour bien agréable, même si cel me fait perdre quelques minutes sans réelle importance. Un dernier ravitaillement surprise permet de faire le dernier plein en eau. Il me reste huit km de plat et de descente, … mais plus de carburant pour les courir dans leur ensemble. Le ventre à continuer de se remplir de liquide et les ballonnements me créent des nausées peu compatibles avec la course. La fin s’annonce difficile.



Dans ces derniers moments, le plaisir s’est estompé au profit de la souffrance et le mental doit prendre le relais. Une concurrente fraîche et sympathique me double et me propose de m’emmener à l’arrivée. Je me prends au jeu et essaie de la suivre pendant 2 km pendant lesquels je repasse quelques coureurs, mais à 4 km de l’arrivée, je craque et me remets à la marche. Alice m’accompagne une dernière fois, je suis vidé et commence à avoir hâte d’arriver. Une bonne dizaine des coureurs doublés lors de précédents km me dépassent, mais je ne peux réagir qu’à l’annonce du dernier km que j’arrive à parcourir à bonne vitesse et reprendre 4 coureurs en difficulté. Je passe la ligne complètement vidé, mais heureux comme un pape. Alice et les enfants me rejoignent à la table du ravitaillement que je dévalise, la faim au ventre.

Les derniers moments de l’après-midi sont consacrés à profiter de la présence d’UFOs et de kikoureurs dont je fais la connaissance pour certains. C’est ainsi que je rencontre enfin Steve qui fait le pitre un moment avec Karine Herry et permet à L’Dingo de faire une photo avec la grande championne, beau cadeau d’anniversaire, car c’est son anniversaire dans 2 jours, et il a apporté de quoi fêter çà. Comme prévu je peux faire réellement connaissance avec Antranik et Françoise, sa femme. J’ai le plaisir de recroiser Yoyo et de discuter avec Akunamata. Je découvre qu’un des coureurs qui m’ont accompagné sur la deuxième partie de la course n’est autre que Forest un autre kikoureur.

Ces échanges qui croissent avec mon expérience dans l’ultra sont un aspect indissociable de la passion que la plupart d’entre nous éprouvons pour ces courses. Rendez-vous sont pris avec la plupart de ces coureurs-potes pour de nouvelles sorties nature où la performance compte, mais pas autant que la convivialité.

Un mot pour finir et remercier les organisateurs de la course qui est l’une des plus belles que j’ai courues. Tout y est : la beauté et la difficulté du parcours, l’organisation impeccable (pas de couacs, les résultats en temps réel sur grand écran, le repas d’après course pour tous, un beau tshirt technique, un futur DVD semble-t-il, …), la présence tout le long du parcours de nombreuses personnes pour nous encourager, des bénévoles à l’accent chantant et au dévouement total, … Bref, un trail qui mérite largement son succès.

Ah oui, au fait, je finis 133è en 7h15 (249 arrivants et sans doute une vingtaine ou un trentaine d’abandons).

11 commentaires

Commentaire de joy posté le 20-03-2007 à 08:50:00

Un seul et unique mot B R A V O...
Merci pour ce recit foto,a bientot pour de nelles aventures....
Sportivement
steve JOY fier d etre KIKOUREUR

Commentaire de akunamatata posté le 20-03-2007 à 10:17:00

Super CR comme d'habitude Olivier, j'ai bien galeré aussi de mon coté malgré ma connaissance du parcours.

Commentaire de L'Castor Junior posté le 20-03-2007 à 10:54:00

Merci Olivier pour ce très chouette CR, et félicitations tout de même car, pour quelqu'un de "mal entraîné", tu as très largement limité les dégâts.
Que du bon en perspective pour la suite !
J'ai bien pensé à vous lorsque nous avons survolé la Provence, mais il était absolument impossible de vous rejoindre ;-))
Si tu veux de véritables oasis comme ravitaillements, tu peux abandonner l'an prochain ta belle Provence pour une coursette dans le désert mauritanien ;-))

L'Castor Junior_ki_fait_sa_réclame...;-))

Commentaire de riri51 posté le 20-03-2007 à 13:07:00

Merci pour ton CR et félicitations pour ta course.

Commentaire de Say posté le 20-03-2007 à 14:43:00

Mince, si même un costaud comme toi a eu du mal à finir, ça promet...

Bonne récup' et à bientôt

Commentaire de Zeb posté le 20-03-2007 à 15:13:00

et allezzzzzzzzzzzzzz, une de plus ! bravo pour la performance! et merci pour le CR et les belles photos.

Au plaisir de se revoir au terrier du Marmotton pour le GR73.

Commentaire de vboys74 posté le 20-03-2007 à 18:38:00

Felicitation Olivier, je me retrouve dans ton CR, les senteurs, les gravillons dans les descentes...et même ton problème de bidon!
Je t'ai apercu sur la 1ère ligne au départ...et pfff, disparu dans le flot!
Je suis partis avec l'Dingo en discutayant un peu.
Au plaisir de te rencontrer!
seb

Commentaire de rapace74 posté le 20-03-2007 à 18:42:00

bravo pour ta course et ton CR !!!!!

vivement que l'on se rencontre!!!!

manu

Commentaire de taz28 posté le 20-03-2007 à 19:50:00

Merci Olivier !!! (là je peux pas mettre de coeurs ou de bisous mais le coeur y est ;-))
Super récit avec les photos qui vont bien !!!
Bravo à toi !
Taz

Commentaire de JLW posté le 20-03-2007 à 19:53:00

Je suis impressionné qu'on puisse avoir le culot de se présenter à une telle épreuve avec la préparation que tu as décrit ...
Ton récit m'a rappellé les Drayes du Vercors 2006 qui semblent ressembler un peu (44km et 2500m de d+). Bref cela me tente pour 2008. Encore bravo pour ton trail et la belle prose.

Commentaire de maï74 posté le 21-03-2007 à 14:52:00

Beau CR, c'est un plaisir de te lire, avec de belles photos en prime, ça donne envie... C'est chouette d'avoir une famille-supportrice comme la tienne !
Bonnes courses à venir !

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