Communauté des sports d'endurance

Enduroman Test Camp Lanzarote
'Pain is so close to pleasure'. La vérité serait plutôt proche de 'Pain is so close to satisfaction' !

Moi qui me sens si vieux, je suis dans mon élément à Lanzarote Playa blanca. Oui, cela ne m'est encore jamais arrivé, mais ici je me sens jeune. L'hôtel Timanfaya est le royaume du septuagénaire anglais. Franck Michael en fond sonore 24/24, enfin, disons plutôt de 10h à 19h30. Cheveux rouge et robe verte couleur 'Queen Elizabeth' pour les dames ‘grannies’. Petite bedaine, petite moustache et cardigan pour les hommes.

Lever 9h, petit déjeuner à 10h, aquafitness à 11h, déjeuner, sieste, oui la matinée a été intense, bingo à 15h, question pour un champion à 17, sieste, oui l'après-midi a été rude également, dîner à 19h, spectacle à 20h30, au lit à 21h30. Ils peuvent être heureux, un paradis carte vermeil. On veut s'installer à Lanzarote avec Valérie pour la retraite. Le lieu pour le prochain stage du club MTC est tout trouvé.
En vérité, je ne suis pas à Lanzarote pour trouver un pied à terre pour la retraite. Je participe à un training camp Enduroman. L'Enduroman est une course plutôt coriace. Départ course à pied de Londres, Marble Arch pour 130 à 140kms vers Douvres. Puis traversée de la Manche à la nage, 34 kms à vol d'oiseau, mais 50 à 60 kms selon les courants, avec un dernier kilomètre réputé être le cimetière des nageurs. Enfin 300 kms de vélo de Calais à Paris, Arc de triomphe. Soit Arch to Arc.

Je ne peux pas vous dire que cette course me fasse rêver. C’est différent, c'est autre chose, c’est beaucoup de choses à la fois, bien plus qu'un rêve, un défi qui m’anime, un but ultime de vie. Je sais que c'est un cliché, j'ai du mal l'exprimer, je trouverais les bons mots plus tard, mais ce serait vraiment la course de ma vie. Plus aucune course n’a de saveur à mes yeux depuis que je pense, que je respire, que je transpire Enduroman. L'Enduroman est tellement difficile, tellement à l'opposé de ce que je suis capable de faire, tellement irréalisable pour moi, que je n'ai comme seul objectif que de tout faire pour m'y mesurer. Oui, je sais, je ne suis pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, pas le plus gros braquet du peloton, pas la frite la plus croustillante du cornet, pas la merguez la plus épicée du couscous, pas le pingouin qui glisse le plus loin …
La première étape est de réussir à être sélectionné. Il y a très peu d'élus, seuls 10 à 12 participants par an, de mai à septembre.
L'an dernier je n'ai pas été sélectionné, mais les organisateurs m'ont proposé de participer à ce test camp de Lanzarote.
So, here I am. Je vais devoir et surtout pouvoir faire mes preuves, je le vis comme un privilège immense. Deux tests sont au programme : 6 heures de course à pied de nuit, enchaîné de 6 heures de natation. Second test : 10 heures de natation.

Ma préparation a été une nouvelle fois plutôt courte. Mes premières séances de natation en mer ont été terribles. Impossible de nager plus de 3 heures, des nausées et une fatigue générale incroyable. Sur une séance en mer, pourtant calme, Valérie a dû me prendre dans le kayak, et me ramener à la plage, je n'avais plus aucune force. Heureusement qu'elle me suivait en kayak. Merci mon cœur.
Pour me rassurer, j'avais réussi en toute fin de la préparation une séance de 4 heures en mer, et une de 8 heures en piscine. Mais sans progressivité, du coup je me suis réveillé une ancienne tendinopathie au poignet, à 10 jours du 1er test.
J'arrive donc à Lanzarote pas bien confiant. Blessure au poignet et aucune certitude de pouvoir nager plus de 4 heures en mer. Mais avec une énorme envie !!!!

Premier test - dimanche minuit : 6 heures de course à pied enchaîné de 6 heures de natation.
6 heures de course à pied c'est ok pour moi, courir longtemps lentement c'est mon truc. Pas de courbature, pas de fatigue, parfait. Douche chaude réparatrice et petit déjeuner à l'hôtel, et c'est parti pour 6 heures de natation. Les conditions de mer n'étaient vraiment pas favorables, vagues hautes et courants très forts. L'impression d'être dans une machine laver, programme intensif, linge sale, interminable. Assez rapidement j'ai eu nausée et douleur à ma tendinite du poignet. Malgré tout je réussis le test. J'arrive à nager 4 heures en mer, et 2 heures dans une crique mieux protégée de la houle. Baby pool for me, please. Ce n'est pas brillant, mais je suis tellement heureux d'avoir tenu à la douleur et aux nausées. Pas de courbatures, pas de sur-blessure pour le prochain test. Parfait !
Yes !!! Test one check !

Deuxième test, le mercredi : 10 heures de natation.
La météo annonçait une mer déchaînée, vagues de 2m50 de haut, et alerte orage. Je n'en menais pas large au départ. Que ce soit pour la séance de 6 heures et celle de 10 heures, un kayak devait assurer notre assistance et notre sécurité. Le kayak est resté sur la plage, trop dangereux pour lui de nous suivre. Les 5 6 premières heures, la mer était plutôt difficile, mais elle s'est calmée pour les dernières heures.
Comme pour le 1er test : nausées et légère douleur au poignet. Du coup cette situation m’a rappelé cette chanson de Queen ‘Pain is so close to pleasure’, elle m’a accompagné de longues heures. Mais pour moi le sentiment n’était pas le plaisir ‘Pleasure’ mais plutôt la satisfaction, la fierté. Oui, mon moteur a été la satisfaction et la fierté, petit à petit, au fil de la journée, d’approcher de ce sommet des 10 heures de nage. J’ai nagé sans regarder ma montre, sans indication d’heure ou de kilométrage, peu m’importait. Comme pour les courses Last man standing, ma seule indication était la position du soleil. Sunrise to Sunset.
Test 2 : Check !!! Marvellous ! Yes !!! I'm so happy !

Je n'ai pas eu de limites musculaires sur la durée. La tendinite au poignet m'a fait un peu souffrir, mais c'est resté raisonnable. La vraie difficulté pour moi ce sont les nausées. C'est très difficile à supporter sur la durée. Il y deux types de nausées, une plutôt ventrale qui est liée à la nutrition, aux glucides difficiles à digérer en position allongée et au sel. Une autre qui est plus située dans la tête, certainement les cristaux de l'oreille interne. Celle-ci est vraiment difficile à supporter sur la durée. Mon ami Peter m'a donné pour le second test des bouchons d'oreilles qui permettent de limiter la fatigue nerveuse et la nausée, mais cela reste tout de même très très difficile.
Ces tests m'ont énormément appris. Je savais sur le papier, en reportage ou en podcast que la traversée de la Manche est sacrément difficile, un Everest. Avec 10 heures de nage, je suis bien loin d'une traversée de la Manche. Mais je mesure déjà les difficultés, mes maigres points forts, et surtout mes énormes points faibles. Je sais quoi travailler. C’est une première marche, j'ai encore un chemin très long à parcourir. Je comprends bien que même pour des nageurs très expérimentés, traverser la Manche est à minima deux années intenses de préparation.

J'ai rencontré sur ce camp des personnages, des athlètes incroyables. Anglais, Américain, Italien, Bulgare, Maltais, Français... Nous étions une petite douzaine, la plupart étaient déjà sélectionnés pour 2025 2026 ou 2027. Certains avaient déjà fait la course par le passé, et étaient présents pour nous apporter expertise et précieux conseils. Je me suis bien rendu compte que la difficulté de cette course créait des liens forts, une famille soudée, avec Edgar, Lynn, Claire et John, les organisateurs, en bienveillants patriarches. On a noué de fortes relations, je me suis senti bien, malgré my poor english.
Je me sens déjà l’heureux, le chanceux membre de la famille Mistral triath'club orange, de la famille UTLMonteux/Ultra Tour du Lac de Monteux/Backyard Ultra , de la famille Bretzel Ultra Triathlon . Je mets un pied dans la famille Enduroman. Je suis riche, il n'y a pas d'autre fortune.

Voilà Voilà ... Je connais toute l'humilité, toute la prudence qu'il faut pour ce type d'épreuve. Je ne suis pas encore sélectionné, mais il est possible que dans quelques temps je doive solliciter tout votre soutien, toute votre aide. Seul, je n'irai pas bien loin. Le projet est énorme, je n'ai pas les épaules suffisantes.
Je peux compter sur l'aide indéfectible de mon amour Valérie, je vais certainement avoir besoin du votre.
Merci !!!!!

Plus j'avance dans mes courses, plus mes comptes rendus deviennent sérieux. Mes premiers comptes rendus étaient bien plus agréables à lire, j'en suis désolé.

Malgré tout, j'ai animé et participé à un Lanzarote camp Off, dont voici la partie presque non-censurée :

Aquafitness competition : Hotel Grannies 1 - Vincent 0.
Je me suis pris une tôle par toutes les mamies de l'hôtel. English grannies are coriaces !

Dessert competition : Edgar 1 - Vincent 0.Là où je n’arrivais pas à finir mon assiette de desserts, Edgar allait se remplir sa 3eme assiette d'affilée en me narguant d'un sourire victorieux. A Waterloo for me. Je pensais avoir un bon niveau, mais j'ai été ridiculous. Je m'incline. Bravo Edgar !!!!

Nudist aera Dressed only in the blue Arch to Arc swimming cap : Vincent 1 - Edgar ... Wait and see ... Courage Edgar.
Les meilleures photos resteront non publiées, si le projet se concrétise, elles feront partie du dossier Enduroman.

Vincent – La crevette pailletée en pleine mer