Récit de la course : Marathon d'Athènes 2023, par c2

L'auteur : c2

La course : Marathon d'Athènes

Date : 12/11/2023

Lieu : Athènes (Grèce)

Affichage : 831 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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marathon d'Athènes 2023

Marathon d’Athènes 

12 11 2023

 

 

Le général grec Covidès m’a enrôlé de force en me tapant sur l’épaule fin octobre et m’a mis sur le flanc. Pas totalement perdu, mais bof. Tête en citrouille, jambes en papier mâché. Prépa pourrie.

« T’inquiét pour mi novembre ça va le faire pour toi ».

« Ben si vous le dites, mon général ». 

« Je te fixe un seul objectif. Tu dois arriver avant Philippidès à Athènes et surtout évite bêtement de mourir comme ce soldat à l’arrivée il y a plus de 2500 ans» . 

« Certainement mon général , je vais faire tout pour….surtout pour rester vivant »!!!!

Comment ne pas venir sans attendre le 42 ? 

« Garçon, un triple 40 svp. Bien monsieur !! » 

40ième édition pour ce marathon, 40ième marathon pour moi, à la louche, à chaque fois j’en oublie et le premier couru il y a 40 ans.

 

Et puis évidemment il y a le mythe, le symbole. « LE MARATHON ». L’authentique comme écrit un peu partout. Partir de Marathon et cheminer jusqu’au stade olympique antique, la référence ultime. Comment ne pas en être !!!

 

Vendredi am 16h, énorme déluge. Il fait quasi tout nuit. Ça pète de partout. Même pas peur. On grimpe sur la colline Λυκαβηττός, euh pardon, la Lycabette, 277m, un pic, une péninsule. On domine toute la capitale. Et miracle, le truc se calme, les avions peuvent de nouveau atterrir. Les nuages se déchirent avec un fabuleux coucher de soleil sur la ville et le port du Pirée dans le lointain. Je remplis ma hotte à positif qui est bien vide.

 

 

Samedi. Au point où on en est. Grosse journée balades-rando. Le Parthénon et l’ensemble de l’Acropole, incontournable. Que de monde. Ok, il y a un bonus coureurs étrangers en cette mi-novembre. Mais quand même !! Je n’imagine pas juillet/août !!! Vent d’enfer qui rafraîchit bien car le soleil tape. On tient à peine debout….. Eh pour demain, dans quel sens le vent ??? 

 

 

 

Et on enchaîne. Agora romaine, agora antique. Les portions grecques sont copieuses. Je n’arrive pas à finir mon assiette. Impasse sur l’Ouzo, tout de même. On pousse jusqu’au Pirée. Stade du Pananathéicos, petites anses avec des bateaux de tous types : voiliers, yachts et paquebots. Déambulation dans les rues étroites et pentues de la vieille ville.

 

 

 

Retour athénien via la cathédrale et le fourmillement du quartier de la Plaka. « Échauffement » marathon max. Je suis cuit. Juste le temps de voir passer en soirée en cœur de ville quelques-uns des 12000 arrivants du 10 bornes. Rideau.

 

 

 

Échange petit dèj avec des australiens au tee-shirt estampillé marathon de Sydney.

 

Dimanche. 6h. Une noria de bus remontent de différents points les coureurs au départ de ce marathon en ligne au départ à Marathon proche de la mer. 

 

Centre névralgique. Place du parlement. Les 2 gardes ont-ils déjà vu autant de personnes qui pour une fois leur tournent le dos coté rue, en négligeant leurs échanges codifiés et folkloriques ? Objectif immédiat. S’asseoir enfin dans un de ces autocars. Plus de 14000 coureurs passeront par là dans quelques heures sur le 5km. Et comme pour les 3 épreuves, ils arriveront sur le stade olympique.

 

 

Le truc du bus-marathon. J’ai déjà pratiqué. Et ça fout toujours un peu la trouille. C’est long un marathon. Même en bus. Même en circulation fluide. Même avec un chauffeur F1. Grosse gamberge. Des paquets de bénévoles et de policiers sont déjà en place, qui dans un carrefour, qui au pied d’une route secondaire.

 

Débarquement pédestre. Des bénévoles partout. Tranquille, organisé, canalisé. Distribution immédiate d’un poncho bleu d’attente et camions récup des sacs de délestage bien ordonnés par numéro de dossards avant d’atteindre le stade.

 

 

 

Je n’ai jamais vu autant de toilettes autour d’une piste. Guirlandes de tiny-cabines de plage bleues raccord avec les ponchos. Bienvenue à schtroumpfland ou dans l’univers du peintre Yves Klein. Et pour rester homogène, le ciel est encore gris mais le bleu en embuscade se rapproche. 

 

 

 

Trouvez sa place parmi 22000 sur la « grille de départ ». Rien de plus simple. Chaînette de 12 blocs aux couleurs de dossards différentes et aux numéros s’incrémentant selon la réf ou l’objectif. Je suis dans le 8. Après les élites à 9h, lâchés réguliers tous les 3 mn des différents paquets. Coucou le soleil et ses copains les degrés Celsius. Ils vont vite se pointer et ne vont pas nous lâcher !!

 

 

Profil atypique. 380 D+ à mon compteur. Ça calme. Les vainqueurs, le Kényan Kiptoo Edwin Kiprop et la marocaine Soukaina Atanane mettront respectivement plus de 2h10 et 2h32 pour en venir à bout. 

 

 

 

 

Un peu de chauffe sur 10-12 premières bornes puis grimpettes en paliers plus ou moins marqués jusqu’au 32. Des ravitos eau tous les 2,5 km. Bien, très bien même, franchement utiles, pour sûr pour moi. Tout y passe gosier, nuque, visage, bras, jambes.

 

 

 

 

Le parcours avant de rejoindre Athènes et ses faubourgs, pour une bonne partie, est quelconque. Nous cheminons sur la partie droite d’une 4 voies, la bien nommée avenue Marathonos. La partie gauche neutralisée sert à l’intendance et aux secours.  Traversée des villages de Nea Makri, Rafína, Pikermi et Pallini. 

 

Très vite je comprends que je vais subir la course. Y a comme un truc !!!. Incapable de prendre mon tempo habituel. Comme si j’étais sous bêta-bloquants. Limiteur de vitesse enclenché contre mon gré. Mise rapide dans ma poche de mon éventuelle idée de chrono, de mon arrogance. Le long est une école d’humilité renouvelée.

 

Plusieurs fusées parties derrière remontent à grande vitesse sur les extérieurs sans problème notre petit train. La route est large. Une grappe de jeunes au tee-shirt « académie militaire grecque » fait de même. Pas mal d’étrangers repérables aux inscriptions sur leur maillot. Je taille la bavette avec quelques français dans ces 15 premiers kilo assez roulants.

 

 

 

 

Bouteilles à la volée. Je n’aime pas m’arrêter. Claquages de mains de gamins radieux. Le morceau 17-32 il faut se le farcir. Plutôt version tête basse. Il fait vraiment chaud. Et puis ce vent. Je regrette presque l’oubli de casquette. Mais plaisir dopant de doubler des tee-shirts qui m’avaient passé en début d’épreuve. Presque surpris. Il y a plus fumé que moi. Je prends. Sur un air de la compagnie créole : « C’est bon pour le moral !!»

 

Un vrai melting-pot ce marathon : 107 nationalités, 800 français.

 

Un tunnel raidard au 31 me sèche et me fait penser à Paris. Je marche presque honteux une centaine de mètres avant la bascule. La belle pente du début de la descente se transforme rapidement en du quasi-plat qui n’avance pas. Ce bloc 35-40 dure une éternité.

 

 

Pas mal de groupes de musiques et de danseurs tout au long du chemin. Sympa. Ça vide bien la tête, mais dure peu……

La ville est là. On passe à côte d’une impressionnante sculpture en verre et en fer de l’artiste grec Costas Varostos, donnant l’impression d’un athlète en mouvement. 

 

Après tout ce plat, ou tout ce qui me paraît plat, un bref dernier coup de cul, virage à gauche. Descente finale vers le stade. Beaucoup de monde sur les bords. 

Arrivée sur la partie gauche de ce U olympique panathénaïque dont la ligne droite n’en finit pas.

 

Au final je lâche presque une minute au kilo. C’est trop, beaucoup trop. Marathon dans mon top trois perso des marathons les plus durs d’un cocktail parcours/météo, vendu pour 15s de plus au kilo. 

Le reste 45s c’est du post covidesque.

 

Mais l’avantage des marathons populaires réside dans le niveau assez moyen des participants. Cela me permettra de rester dans la première moitié du classement général et autour du top 100 dans ma catégorie. On a sa petite fierté tout de même en se raccrochant à des petits riens et en gardant surtout le positif. 

 

 

Jour d’après 

Visite à l’ouverture du musée national archéologique d’Athènes. Personne. On a privatisé. Je pose « négligemment » la belle médaille sur le dessus dans le panier de contrôle rayon X des objets métalliques version aéroport. Le retour attendu, avide d’ego, est bon. Remarque admirative du contrôleur bien plus jeune que moi !!! 

Jambes plus souples qu’à l’accoutumée et descentes de marches assez faciles. Va comprendre. 

 

 

Et puis il y a la médaille. 125 grammes !! Lourde et pleine de souvenirs.

Christian

 

 

2 commentaires

Commentaire de Yannael posté le 07-12-2023 à 22:11:50

C'est vrai qu'il semble assez mythique (mythologique serait exagéré !) ce marathon. Le parcours n'a pas l'air simple à te lire, mais le final doit être superbe.

Commentaire de marathon-Yann posté le 23-05-2024 à 17:36:44

Merci de ce beau récit magnifiquement illustré, qui me donne bien envie de tenter ce marathon

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