L'auteur : poucet
La course : BRM 1000 - Le 1000 du Sud
Date : 5/9/2022
Lieu : Cotignac (Var)
Affichage : 808 vues
Distance : 1000km
Objectif : Terminer
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1000 du Sud 2022,
quand Poucet remet le couvert
Lorsqu'on fait le déplacement vers Cotignac depuis l'Alsace pour aller rouler le 1000 du Sud l'aventure commence avant le premier coup de pédale. Lundi matin le RV avec Alex était fixé sur le quai de la gare à Selestat , nous savions que cette première journée serait délicate. Et pourtant nous avions bien anticipé ce long voyage … Après avoir bien cogité les horaires proposés par la SNCF Alex s'était dévoué pour aller prendre les billets au guichet, quelques semaines plus tôt. Sauf que nous avions omis de vérifier la date de départ indiquée sur les fameux billets et que nous aurions dû partir la veille alors que nous étions occupés chacun à nos missions de bénévoles sur le Trail du Haut Koenigsbourg. Nos jérémiades auprès des contrôleurs ont été vaines et nous avons dû faire chauffer la CB plein pot pour poursuivre notre chaotique voyage vers la gare des Arcs Draguignan. Un laborieux remontage du vélo plus tard, il nous restait à pédaler 38 km pour rejoindre le camp de base, perdu au fin fond des collines qui surplombent Cotignac. Le jour commençait à tomber lorsque nous avons croisé les courageux randonneurs qui avaient choisi de prendre le départ de 20h … Carrément à la bourre nous avons alors pu profiter de l'hospitalité offerte par Sophie et Bernard. Il n’y a pas de goodies ou de gadgets inutiles au 1000 du Sud, mais on y trouve le confort et la convivialité pour vivre une bonne soirée et passer une bonne nuit avant de prendre le départ. C’est toujours un plaisir de retrouver là les habitués, dont les joyeux lurons allemands revenus en nombre après les contraintes covid des deux précédentes éditions. Le camp de base inauguré l'an passé s'est enrichi d'un dortoir ou chacun peut disposer d'un matelas et d'une prise permettant de recharger l’électronique. Cette année nous avions même un service traiteur pour le dîner. Une entrecôte frite et un fondant au chocolat plus tard, il était temps de s'endormir, bercés par le chant des cigales.
J’aitoujours préféré les départs matinaux, après un grand café et de belles tartines. Les équipements du camp de base permettent vraiment de partir dans les meilleures conditions. Toute la petite troupe s’est donc retrouvée aux premières lueurs du jour pour une nouvelle aventure. Comme d’habitude une petite appréhension me turlupine à ce moment-là, je crains toujours d’avoir oublié quelque chose. Il m’est arrivé d’opérer un demi-tour après quelques kilomètres en m’apercevant que ma CB n’était pas dans la poche … Exceptionnellement rien de tout cela cette année. Même pas oublié la pompe, même pas perdu de banane ... Trop bien. J'ai donc pris le départ avec tout le monde, mais évidemment je n'ai pu suivre personne. Ça va décidément trop vite pour moi. Alors je suis rentré dans le 1000 du Sud à mon rythme, en toute quiétude, au gré des senteurs et des charmants petits villages provençaux traversés.
Sophie prend soin de renouveler le parcours à chaque édition. Cette année il reprenait l’idée générale de 2019 mais nous a quand même proposé de belles découvertes. Je ne me souviens pas être déjà passé au col du Bel Homme. Un premier point de contrôle bien nommé puisqu’à ce moment nous avions encore fière allure … Et puis bon, les belles filles ont bien leur Planche, alors les mecs peuvent bien s’octroyer ce petit plaisir aussi.
Il était presque midi lorsque j’ai retrouvé un duo allemand en quête d’une gargote. Je les assurai que nous allions trouver de quoi nous sustenter à la Meranda, la boulangerie habituellement fréquentée au Logis du Pin, quelques kilomètres plus loin. J’avais pris soin de vérifier les horaires et jours de fermeture chez Mr. Google au préalable … Comble de malchance, elle était exceptionnellement fermée. De l’autre côté de la route, une terrasse affichait son plat du jour. L’heure n’était pas à la tergiversation et nous avons fait honneur à la généreuse assiette de lasagnes. Jochen et Joachim avaient la fourchette légère, ils ont englouti le tout en trois coups de cuillères à pot. Je ne suis pourtant pas une enclume à table mais là, j’ai dû renoncer à suivre le rythme infernal des gloutons allemands.
A la même altitude que les chaumes de nos Ballons vosgiens cramés par l’été, les verdoyantes prairies du plateau vers Gréolières affichaient une étonnante fraîcheur. L'après-midi nous à conduit par les petites routes perdues des Alpes Maritimes via le Col de Bleine jusqu’à Gilette ou j’ai retrouvé Jo et Jo à l’heure de la photo contrôle. Quelques lacets plus bas, le pont Charles Albert marquait le retour à la vie trépidante dans la vallée de la Vésubie. Là, il fallait autant faire preuve de patience que de prudence pour trouver l’ouverture afin de s’immiscer dans l'étourdissant trafic remontant vers le Nord. Par bonheur le vent était notre allié et j’ai pu rejoindre Pont de Clans rapidement. J’avais repéré la supérette locale pour assurer un ravitaillement rapide avant d’attaquer les choses sérieuses. Lorsqu’on ne dispose pas du moteur adéquat pour assurer une grosse moyenne la seule stratégie possible est d’éviter de perdre du temps en arrêts prolongés. J’avais donc déjà en tête ce que je devais trouver dans les rayons en passant la porte du Vival. Manque de bol, le TPE à la caisse est tombé en rideau sur le client qui me précédait et j’ai dû poireauter vingt minutes avant de pouvoir sortir de la boutique avec mon taboulé, mon riz au lait et mon coca … La petite marge sur mon plan de route, laborieusement accumulée tout au long de la journée, a été dilapidée sur ce mauvais coup du sort. Le taboulé prestement englouti, le riz au lait dans la poche, il était 18h30 lorsque j'ai repris la route. Peu de temps après, Jo et Jo étaient à nouveau dans mes roues, en quête d'un plan bouffe avant d'attaquer la nuit. Les terrasses ne manquaient pas à St Etienne de Tinée, j'ai laissé là les compères pour attaquer la longue ascension du Col de la Couillolle. La nuit était tombée lorsque je suis arrivé au sommet.
Le temps de se couvrir et d'enfiler le gilet et je descendais sur le Beuil pour y retrouver la route empruntée en Juin dernier sur les Routes blanches mémorables, en direction de Valberg. J'ai abordé les lacets de Peone très prudemment, ensuite il suffisait de laisser glisser jusqu'à Guillaumes et cette fois prendre à droite en longeant le Var jusqu'à St Martin d'Entraunes ou j'avais réservé pour une courte nuit à l'hôtel des étrangers.
Après la belle expérience partagée en Juin, nous avions convenu avec Pat Couix de faire à nouveau étapes communes sans forcément rouler ensemble. Alex qui partait un peu la fleur au fusil s'est finalement intégré dans notre plan logistique. Les deux costauds étaient déjà installés, Alex déjà dans les bras de Morphée c'est Patrice qui m'a accueilli. Alors que je me réjouissais de passer sous le jet, il m'a expliqué que nous ne pouvions pas prendre de douche le soir, pour ne pas faire de bruit !!! Après 260 bornes et 4600d+ pour cette première journée j'ai eu un peu de mal à gober ce détail de mauvais goût ... C'est vrai qu'on avait un peu l'impression d'un remake des visiteurs et de faire étape au siècle dernier, ça couinait d'un peu partout. J'ai noyé mon désespoir en avalant ma boîte de riz au lait avant de sombrer sous la couette pour quelques heures. J'avais choisi cet établissement parce que le gérant avait accepté de nous servir un petit déjeuner à 4h30. Finalement j'ai quand même pu tester la douche au réveil, un sacré chantier mais un vrai réconfort sur la couenne avant de repasser le cuissard. A 5h pétantes nous étions partis à l'assaut du Col de Cayolle …
A la sortie de la nuit, les derniers lacets de Cayolle étaient magiques. Je me faisais une joie de dévaler sur Barcelonnette mais malheureusement l'horizon était bouché sur l'autre versant, l'averse nous avait devancée. Je pensais retrouver les costauds à la première boulangerie mais ils étaient posés de l'autre côté du marché. Tant pis, j'ai englouti mes viennoiseries en tapotant sur le smartphone, sans traîner plus que de raison car je savais le menu de la journée copieux. J'ai retrouvé opportunément le soleil après st Paul sur Ubaye, à l'instant d'affronter les plus redoutables pentes du Col de Vars. Il n'était pas encore midi mais je n'ai pas résisté à l'appel d'une terrasse bien exposée en traversant la station quelques kilomètres plus bas. Après le classique sandwich coca je me suis même laissé tenter par une belle crêpe fraise chantilly …
Au fil des arrêts des uns et des autres j'ai commencé à revoir du monde en remontant la Combe du Queyras, puis sur les premiers contreforts de l'Izoard. Il y avait foule à la fontaine d'Arvieux, les compères Alex et Patrice s'étaient trouvé une belle terrasse peu avant Brunissard. Je savais que les pentes les plus rudes n'allaient plus tarder et cette fois je n'ai pas cédé à la tentation. La Case Déserte a ranimé le souvenir de mes 15 ans, lorsque rivé devant la télé je vibrais devant la chevauchée du grand Bernard Thevenet en maillot à damiers, en passe de terrasser le cannibale en maillot jaune. Au temps de l’adolescence et de l’insouciance …
Le 1000 du Sud n'est pas un conte pour enfants, pourtant le (petit) Poucet tout émoustillé a mis tout son cœur pour gravir le géant Izoard. Ça méritait bien un coca au sommet ... Les costauds arrivés sur ces entrefaites ont embrayé directement dans la descente, je les ai retrouvés dans la chaotique traversée de Briançon. Sur les deux versants de l’Izoard nous avons croisé une multitude de randonneurs et surtout de randonneuses au long cours, il devait y avoir un raid dans l’autre sens. C’était vraiment très sympa tous ces échanges de sourires complices …
Au loin le ciel était noir sur la vallée de la Guisane, la torchée paraissait alors inévitable. Alex est le plus fort pour détecter les plans bouffe, il avait repéré une supérette en bordure d'un énorme rond-point en chantier, il a fallu faire preuve d'audace pour traverser le bazar. Sur le coup nous avons perdu Patrice .... Dans les rayons j'ai eu une pensée pour Laulau Bretzel, je suis certain qu'il aurait ruminé dans ce magasin ou le bio donne parfois le tournis. Je me suis laissé tenter par un riz au lait de coco avant de repartir à l'assaut du Lautaret en compagnie d'Alex. Cette fois encore nous avons eu de la chance car le vent nous poussait à nouveau. Nous avons retrouvé Pat Couix qui avait trouvé une épicerie un peu plus haut dans la vallée ... Le ciel s'est alors miraculeusement déchiré nous avons pu atteindre le Lautaret au sec.
Avant de basculer dans la longue descente vers le Lac de Chambon j'ai pris le temps d'un coup de grelot à l'auberge de l'eau blanche pour confirmer à nos hôtes que nous serions bien chez eux le soir, sur le coup de 22h30 comme prévu. Hormis Cayolle qui avait remplacé l'enchaînement des cols des Champs et d’Allos, cette seconde journée ressemblait beaucoup à celle que nous avions connu en 2019. Cette année-là Sophie nous avait alors collé le Col de Sarenne, superbe mais redoutable. Ma tête avait dit stop à l’idée de le grimper de nuit et j’avais taillé direct vers Bourg d’Oisans. Cette fois, nous n’avions que le début de la montée vers Auris pour rejoindre la jolie petite route en balcon qui rejoint La Garde. Je me souvenais y être passé il y a bien longtemps a l’occasion d’un Super BRA, a l’époque où l’on partait de Grenoble. La nuit tombait lorsque je suis arrivé au Tunnel de Fayole pour la photo contrôle, à défaut du panorama j’ai pu observer la vallée illuminée de mille feux. J’ai appris plus tard que Johren s’était pris un sanglier dans ces parages, heureusement sans trop de dégât puisqu’il a pu terminer le périple, toujours en compagnie de Joachim.
Il aurait été possible de passer la nuit à Bourg d’Oisans, mais en surfant sur internet lors de la préparation du plan de route j’étais tombé sous le charme de l’auberge de l’eau blanche, situé dans le petit village de Villard Reymond, juste après le Col de Solude. Les terrasses de Bourg d’Oisans étaient encore bien animées mais j’ai enchaîné directement en direction de Villard Notre Dame. La montagne dégoulinait au passage des tunnels successifs, dans le silence de la nuit des coups de tonnerre et des éclairs laissaient craindre le pire. En traversant le petit hameau du Creux, le clapotis d’une fontaine est arrivé comme une délivrance, j’étais au fond du bidon … Les lumières du village annonçaient la fin de la montée, les grondements dans le ciel se faisaient de plus en plus fréquents et c’est avec soulagement que j’ai enfin atteint le chemin en replat vers Solude. C’était la seule section gravel du parcours, relativement facile, hormis la dernière rampe ou j’ai dû mettre pied à terre.
Après la photo contrôle il n’y avait plus qu'à trouver l’auberge, située légèrement hors trace. J’ai un peu jardiné, hésitant une première fois à me lancer sur le chemin défoncé qui traçait tout droit vers les maisons éclairées … Avant d’opérer un demi-tour, de remonter la route et de résoudre à m’engager pleine pente entre les ornières qui auraient ravi les Vttistes. La petite auberge est aménagée dans l’ancienne école du village, plusieurs vélos étaient déjà rangés plus ou moins à l’abri sur la terrasse. Olivier le maître de maison est venu m’accueillir dehors, m’expliquant que les copains allemands avaient déjà une bière d’avance. Effectivement il y avait déjà une belle ambiance dans la salle de restauration. Puis Sophie m’a accompagné vers le dortoir et les douches. L’auberge de l’eau blanche est un lieu qui respire la bienveillance et où l’on se sent bien immédiatement. J’étais juste inquiet de ne pas retrouver Alex et Patrice … En fait les lascars s’étaient autorisés une pause en traversant Bourg d’Oisans, ils sont arrivés peu de temps après, après 238 km et 5995 d+ Il devait être 23h lorsque nous sommes passés à table, aux petits soins d’Olivier et Sophie. L’orage s’est alors déchaîné, le ciel a déversé des trombes toute la nuit … Au petit matin le calme était revenu, les costauds allemands dormaient encore quand Olivier nous a servi le petit déjeuner sur le coup de 4h30. A 5h nous nous engagions sur le toute petite route à la sortie du village pour une longue descente nocturne … Le Col de Solude par ce côté doit être un sacré chantier aussi, c’est étonnant que Sophie n’y ai pas encore pensé.
Il ne faisait pas bien chaud au Col d’Ornon. Comme d’habitude j’y suis arrivé avec un petit temps de retard sur les costauds mais j’ai enchaîné directement, trop pressé de d’arriver à la boulangerie épicerie d’Entraigues. Un petit commerce qui fait le bonheur de ce petit village, et le nôtre aussi. Le patron qui a oublié le vélo et quitté son usine pour se lancer dans la boulangerie, nous a préparé du thé chaud dans sa cuisine. Le temps d’un partage de tranches de vie chaleureux, avant de reprendre la route en direction du diabolique Parquetout … Le col était soi-disant interdit au vélo, pour cause de gravillonnage mais il n’était pas question de zapper ce haut lieu du 1000 du Sud. Le soleil jouant avec la brume nous a offert un bien joli spectacle lors de la dégringolade vers Corps. Un instant nous avons emprunté la route Napoléon pour longer le Lac du Sautet par sa rive Est afin d’aller chercher le Col du Noyer. Lui aussi était en travaux et théoriquement interdit … Je ne l’avais jamais escaladé par ce versant, les lacets s’enfilent avec humilité jusqu’à profiter de panoramas exceptionnels. Les dernières rampes sont vraiment redoutables avant de basculer vers le Devoluy et de rejoindre l’incontournable Col du Festre. Après pratiquement 600 km au compteur, la traditionnelle assiette d’oreilles d’ânes maison s’imposait.
En ce Jeudi 8 Septembre, Patrice a reçu un message bizarre de son fils. Il disait que la reine d’Angleterre était morte. Surement des conneries selon Patrice, car le fiston est coutumier des plaisanteries. Quant à moi c’est la gérante du camping des acacias qui m’envoyait un sms pour m’informer que le self ou nous comptions dîner le soir serait fermé, faute d’affluence suffisante … Pas de bol, j’avais proposé à Marie GR qui habite tout prêt de nous y retrouver pour partager le repas …
Après Veynes un instant nous avons navigué dans un trafic intense avant de trouver sur la gauche la paisible petite route vers le Col de la Haute Baume. Une pause coca au désuet refuge du Col de Cabre et nous voilà engagés dans une longue descente en direction de Luc en Diois. Encore quelques kilomètres dans la vallée et nous trouvions une petite route vers le Col de Pennes, un inédit bien agréable à l’heure où le soleil commençait à décliner. C’était la dernière difficulté de la journée, il suffisait alors de se laisser glisser jusqu’au pont d’Espenel pour rejoindre le bungalow réservé au camping. Dans la descente Sacha un allemand costaud reparaît un rayon cassé à la lumière de sa frontale, le genre de truc qui me poserait un sacré problème … Alex s’est dit que c’était le moment de percer une seconde fois. Drôle d’idée, surtout quand on a pris qu’une chambre dans la sacoche. Heureusement Patrice s’est montré solidaire.
La nuit était tombée quand nous avons enfin trouvé le bungalow, après 206 km et 3882 d+ Retardée par quelques soucis de communication liés à un réseau très aléatoire, Marie nous y a retrouvé un peu plus tard. A défaut de self, nous avons pu profiter de la kitchenette pour nous préparer une bonne plâtrée de pâtes. Comme la veille avec les copains allemands, cette soirée partagée avec Marie restera un des moments forts du millésime 2022
Vendredi pour faire plaisir à Alex qui n'aime pas traîner sous la couette nous sommes partis à 5h. Le col de la chaudière dès la sortie de Saillans, pas trop dur et pas trop long était idéal pour rentrer dans cette quatrième journée. Comme nous l’avait décrit Marie, la descente est très jolie. Malheureusement le ciel chargé n'était pas propice aux photos. Pour la première fois depuis notre départ, nous avons essuyé quelques averses dans la matinée. Le temps nous a paru bien long avant de trouver enfin une boulangerie dans la vallée de l’Eygues. Probablement avons-nous un peu abusé des viennoiseries. Au quatrième jour les estomacs aussi sont déglingués, ils nous l’ont rappelés un peu plus tard … C’est là que j’ai reçu un sms de notre hébergeur du soir, rappelant que nous devions amener nos draps et serviettes. Le genre de détail qui me rend dingue. Ma réponse a été du genre brutale …
En quittant les Baronnies le couvercle nuageux s'est enfin déchiré, rapidement nous avons pu apercevoir le sommet du Ventoux et envisager l’ascension dans des conditions favorables. Il était midi lorsque nous avons traversé Malaucène, avec nos estomacs qui n’étaient pas bien vaillants … Le flair incomparable d’Alex nous a dégoté une mamie qui remballait ses cagettes sur la place du marché. Au fond d’un panier il restait de voluptueuses figues fraîches, le plan B idéal pour remplacer le casse-croûte et faire le plein de vitamines avant d'aborder le Géant de Provence.
Après 800 kilomètres au compteur c’est bien cette ascension mythique qui m’aura donné le plus de fil à retordre … Il m'aura fallu beaucoup de patience pour arriver au sommet du Géant. Alex et Patrice étaient déjà engagés dans la descente, nous nous sommes retrouvés au camion pizza, planté au cœur de Sault. J’ai suivi le mouvement et englouti moi aussi une pizza. Un plaisir instantané que j’ai regretté tout le reste de l’après-midi. Par la suite nous avons retrouvé des routes bien connues par Banon et St Etienne des Orgues sur un profil favorable permettant de boucler la journée assez rapidement. Comme d’habitude nous avons serrés les fesses en rejoignant La Brillane à la tombée de la nuit, au milieu des camions et des voitures, pour quelques kilomètres un peu stressants. Il nous restait alors à jardiner dans les ruelles d’Oraison pour rejoindre Marius et Fanny, le logement réservé via Booking. Une bien triste réalité, a des années lumières de la légende évoquée. Il a fallu faire preuve d’imagination pour rentrer les 3 vélos dans le boui-boui. Et il a fallu oublier le plaisir d’une douche réconfortante puisque le flexible a rendu l’âme à la première utilisation. Heureusement Oraison est une bourgade animée et nous avons pu trouver tardivement des burgers et des bières. C’est déjà ça …219 km et encore 4130 d+ pour le bilan de ce quatrième jour.
Nous ne garderons donc pas un souvenir impérissable de notre nuitée dans la boîte à sardines d’Oraison. Mais bon, cette petite dose de sommeil nous a permis de boucler le périple en restant dans le plaisir. Les costauds se sont envolés dans la bosse qui monte vers le plateau de Valensole. J'ai grimpé à ma main en profitant du rayonnement de la lune sur les champs de lavande . Pour la première fois depuis notre départ, j'ai eu froid en arrivant sur le plateau, regrettant de ne pas avoir enfilé les jambières.
C’était jour de marché à Riez, il y avait déjà une belle animation alors que la nuit enveloppait encore le village. Sans surprise j’ai retrouvé les compères accoudés au bar avec des chocolats chantilly, une idée d’Alex ça va de soi. Cette fois j’ai eu pitié de mon estomac et j’ai préféré m’en tenir à un thé citron, plus digeste. Aux deux extrémités de la salle, les sanglots de Big Ben tournaient en boucle sur les écrans. Une vieille dame était morte de vieillesse et le monde était sens dessus dessous. Ce n’était donc pas une blague …
Je n’ai pas essayé de suivre les mobylettes pour le final. Le jour s’est levé et la magie de Ste Croix m’a littéralement envoûtée … J’ai largement abusé du plaisir de l’instant avant de me faire une petite frayeur en lorgnant sur ma montre. Purée, il était grand temps d’envoyer le pâté pour boucler l’affaire avant 11h. L'atmosphère s'est enfin réchauffée alors que j’approchais de Cotignac. Au prix d’un ultime effort il ne restait plus qu'à gravir la petite route qui s’enfonce dans la pinède pour rejoindre le camp de base et les copains après une petit 85km mais quand même 1200d+ ...
Je suis passé sous la banderole sur le coup de 10h30, avec une petite demi-heure sur le délai, ce qui est largement suffisant pour valider une septième récidive. Décidément je l'aime cette épreuve, l'état d'esprit qui y règne. Plus que jamais avec ce camp de base installé par Sophie et Bernard depuis l'an passé, pour notre plus grand bonheur.
La suite de la journée s'est déroulée sur un petit nuage. Avec Alex et Patrice nous sommes descendus à pied jusqu’au village pour profiter d’une bonne table et d’une petite sieste à l’ombre. Après quelques déambulations dans les ruelles, il était temps de faire les emplettes avant de retrouver toute la bande pour une dernière soirée toujours aussi conviviale.
Il nous a encore fallu se lever tôt dimanche matin pour rejoindre la gare à vélo. Je n’ai pas été plus efficace au démontage qu’au remontage à l’aller, la tirette de la housse était tout juste fermée lorsque le TGV est arrivé. Par bonheur cette fois çi le voyage s’est passé sans mauvaises surprises.
Une nouvelle fois, je remercie chaleureusement Sophie et Bernard pour cette superbe organisation. Je ne pense pas tenter le doublé PBP - MDS l’an prochain, mais j’ai toujours dans un coin de la tête l’objectif d’arrondir à 10 participations validées … Affaire à suivre donc.
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7 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 14-10-2022 à 22:22:16
Allez 2 récits sous le coude pour dimanche : les 1000 du Sud et le Spartathlon de Marathon-Yann, histoire de rêver et de suivre vos aventures sur ces défis longue distance
Commentaire de philkikou posté le 15-10-2022 à 23:44:14
Quelle belle aventure et organisation ! Bravo à toi, aux autres participants et aux organisateurs Miss Sophie en tête ! Je ne connais pas Cotignac et cette région, ça a l'air de valoir le détour ! Noté "l’auberge de l’eau blanche, situé dans le petit village de Villard Reymond, juste après le Col de Solude" les 2 ont l'air tranquilles et chouettes ! Bonne récup Covid ;-)
Commentaire de poucet posté le 18-10-2022 à 19:18:58
Philippe oui Cotignac c'est vraiment chouette. Première semaine de Mai Sophie propose toute la série des brevets PBP (200 + 300 + 400 +600) avec hébergement au camp de base entre chaque ... Si jamais, une belle occasion de découvrir le coin.
Commentaire de Bacchus posté le 16-10-2022 à 09:36:05
Magnifique récit, peut être qu'un jour je me laisserai tenter
Commentaire de poucet posté le 18-10-2022 à 19:23:34
Bacchus voir au-dessus la réponse à Phil Kikou, pour essayer ... L'an prochain je crois que le 1000 du Sud sera encore plus difficile, avec plus de gravel selon les dernières infos.Il est question du Parpaillon ... Un truc que j'aimerais bien grimper un jour, mais plutôt à VTT
Commentaire de la buse de Noyarey posté le 18-10-2022 à 17:08:34
Merci pour le récit .ça me donne plein d'idées de week-end vélo , parce que moi un truc pareil ça n'est pas (plus ?) pour moi . Je ne sais pas comment vous faites pour faire des journées pareil . J'en profite aussi pour te remercier pour l'histoire des patchs pour les douleurs aux cervicales que tu evoquais dans un récit précedent . J'en ai utilisé pour une traversée des Pyrenees il y a quelques semaines et ça m'a bien soulagé .
Sur ce , encore bravo , le Ventoux aprés 800 bornes , faut le faire
Commentaire de poucet posté le 18-10-2022 à 19:25:48
Merci pour ton petit mot. La bonne nouvelle c'est qu'avec mon nouveau biclou et une meilleure position je n'ai pas eu besoin d'utiliser les patchs flector cette année. Et c'est encore bien mieux
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