Récit de la course : Le Défi des Seigneurs 2022, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Le Défi des Seigneurs

Date : 9/4/2022

Lieu : Niederbronn Les Bains (Bas-Rhin)

Affichage : 1133 vues

Distance : 79km

Matos : Altra Lone Peak

Objectif : Terminer

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Première expérience sur 80km trail

2022 est une nouvelle année de défis, c’est ce qui me fait avancer, me motive. Le 1er objectif de l’année était un marathon en 3h40, objectif atteint à Kandel (on ne parle pas des quelques secondes de rab svp). Le second, celui de ce CR me fait franchir une grosse marche avec les 80km et 2900 D+ du Défi des Seigneurs durant le Week-End des Courses Nature de Niederbronn organisées par les Vosgirunners.

 

Pas super serein

Un effort que j’estime à pas loin de 12h avec un départ à 6h du mat’ ! Autant l’avouer tout de suite, je ne suis pas super serein sur ce coup. J’ai beau me dire que c’est un quasi équivalent à la Saintelyon faite en 2018 (avec une majoration de 500 de D+, mais c’est rien ça hein 😉) ça me tord les boyaux quand même.

Pour me tester une dernière fois, je me suis concocté un week-end avec un enchaînement de 4 jours : 12km avec du seuil, 20km à 70%FCM, 75km de vélo et 10km à 70%FCM. J’avais également fait 41km avec 1500 de D+ 8 jours après le marathon pour me jauger en mode trail avec un peu de pré-fatigue. Toutes ces mises à l’épreuve m’ont conforté dans la faisabilité de la chose.

Dernière semaine, juste une heure à trottiner vite vu et en plus sans réelles bonnes sensations : mal au genou mal aux hanches, tout pour douter bien comme il faut. Cerise sur le schwatzwalder, la météo annoncée risque d’être dantesque avec de la pluie par seaux entiers.

 

Il a neigé !

Jour J, réveil 4h, j’ai évidemment mal dormi, occupé à écouter le déluge annoncé tomber sans modération. Ce matin, par contre, j’ai bien l’impression qu’un couvre-feu météorologique est en vigueur, tout à l’air calme dehors. Je me prépare tranquillement en attendant Pascal avec qui je covoiture, mange une banane, biberonne mon breuvage maltodextrique avant de sortir de chez moi pour constater … il a neigé !!

Allo !! 10 avril !! Il n’a pas neigé de tout l’hiver et là 2-3cm de couche blanchâtre. Bon, la route est dégagée, on arrivera à destination avec les 45 minutes d’avance prévues. Il fait encore bien nuit et les températures sont à peine au-dessus de zéro. Le gymnase où affluent les coureurs semble être le seul lieu de vie ici. A l’intérieur il fait bien meilleur, je récupère rapidement le dossard accompagné d’une bouteille de bière et d’un maillot, on est plutôt gâté !

 

Objectif 25km en 3h30

6H du mat, le départ après un court briefing. Short, veste et casquette, les premières foulées se font dans le stade illuminé par des flambeaux, c’est chouette ! C’est parti pour 25km. Oui, 25, c’est comme ça que je vais gérer mentalement la course, ravito après ravito : 25km puis 20 puis 12 puis 10 et enfin le finish depuis la tour du Wintersberg vers l’arrivée. Les ravitos se rapprochent au fur et à mesure que l’on avance dans la course et c’est plutôt bien pensé.

Dès la première montée je suis contraint à la marche, ça bouchonne. Pas grave, même si je suis tenté par des dépassements mais finalement je me résigne en me disant que c’est un mal pour un bien. Sur une telle distance que je prévois de couvrir entre 11 et 12 heures on ne compte pas les secondes et encore moins à mon niveau.

Objectif 3h30 pour ces 25km. Après la 1ère grosse descente et 8km avalés, je fais mes premiers calculs : 8km en 1 heure, je suis donc un peu plus rapide que mon estimation, j’ai le droit de lever le pied. Face à une nouvelle montée, je marche donc sans remord, le mode économie est définitivement enclenché. Les chemins à présent me sont inconnus, il y a pas mal de gadoue par moment et je tombe même après une glissade. Direction Mattstall que je connais plutôt en vélo. Au bout de 2 heures, je suis toujours à 8km/h, je laisse filer direction Lembach où j’arrive au 1er ravito en un peu plus de 3 heures.

 

30km et je suis encore dans le kiffe

J’ai donc de l’avance, j’en profite pour me gaver de Tuc/saucisson/fromage arrosé de Coke. Les ravitos sont vraiment bien pourvus, du choix en sucré ou salé et en quantité ! J’avais prévu dans mon plan une dizaine de minutes statiques pour m’alimenter correctement, pas de stress. Prochain morceau, 20km qui vont commencer par plus de 2km de montée.

La moyenne va en prendre un coup, presque 30 minutes pour cette montée à la marche. Je me suis fixé 3 heures pour rallier le prochain ravito, c’est raisonnable mais je commence à avoir mal aux hanches. J’appréhendais un peu ce problème que j’avais subit lors de mes derniers entrainements. Espérons que ça va passer.

Sur les hauteurs la neige est bien présente, 3-4 cm mais la trace a été dégagée par les premiers. Cette ambiance hivernale rajoute du charme à mon voyage. 30km et je suis encore dans le kiffe. Encore heureux quand on sait combien il en reste au programme.

 

Les hanches, le mollet et maintenant les genoux

On passe par le Gimbelhof, je sais donc que le Fleckenstein n’est pas loin, je reconnais quelques chemins. En plus des hanches, c’est mon mollet droit, celui de ma phlébite, qui se manifeste. Une douleur qui pourrait faire penser à un début de thrombose ou à une crampe imminente. La douleur est constante mais se stabilise, je l’accepte, j’espère juste que ça n’empirera pas.

La descente après le Fleckenstein me fait souffrir, les hanches, le mollet et maintenant les genoux. Je décide de prendre un Doliprane pour estomper la douleur, pas sûr que ça me fasse plus de bien que de mal mais je risque le coup. J’attends les montées avec impatience, je m’y repose en marchant et je n’y ai aucune douleur. Dire que je ne suis même pas à la moitié.

 

Je commence à ne plus rêver à un sub 11h

Bientôt le 2ème ravito, je suis un peu à la bourre par rapport à l’objectif intermédiaire, 10 minutes, pas grave, j’ai encore de l’avance sur le final. L’estimation de ma Garmin était, à un moment, pour une arrivée en 10h30 mais là je commence à ne plus rêver à un sub 11h et me résigne à mes prévisions de départ. La dernière descente de ce tronçon est plutôt douce et je cours à nouveau sans douleur, peut-être déjà un effet de l’antalgique.

45km sont bouclés en 6h15 environ, je prends à nouveau le temps de bien m’alimenter avec de la soupe aussi même si ici, au soleil, il fait plutôt bon. J’entends certain abandonner pour raison de tracé trop roulant, j’hallucine un peu car pour moi c’est bien assez difficile. Prochain arrêt dans 12km (bien qu’un bénévole me parle plutôt de 13) et 1h30 de balade. Ça devrait passer vite par rapport aux portions précédentes.

 

Je dépasse à nouveau pas mal de coureurs

Je repars en courant et dépasse quelques coureurs qui marchent même sur les rares portions de plat. On monte vers le Wasigenstein, encore un sentier connu. Je dépasse aussi dans les montées, je ne suis pas fatigué et le moral est bon, j’ai oublié une chose … Les descentes et la douleur dans mon mollet droit. Mes hanches vont mieux, même les genoux, juste ce mollet qui diffuse sa douleur à l’arrière du genou façon tendinite.

Je me fais dépasser par ceux que j’ai passé dans le D+, j’essaie de courir quand même mais je boite. Après la montée et la descente du Schoeneck ma montre m’indique 26km restant, c’est la distance de la MAC6 que Laetitia va courir demain. Je pense à elle et 1 minute plus tard je reçois son premier SMS d’encouragement de la journée. Ça me fait du bien et je me force à courir dans un faux-plat où tout le monde marche. Je dépasse à nouveau pas mal de coureurs. Beaucoup ont des bâtons mais à quoi bon si c’est pour se faire dépasser en courant par des gueux sans-bâtons LOL.

 

Nouveau coup de boost

J’arrive au ravito de Dambach avec un peu de retard mais je suis encore dans les clous de ma prévision final. 58km au compteur, plus que 22 (ou 21 selon un coureur), ça va le faire. Je prends mon temps et embarque des barres chocolatées que je grignote en partant. A présent va s’amorcer un gros morceau avec la plus longue montée de la journée, celle vers la tour du Wintersberg.

Monter ça me va bien, destination le km68, la tour puis le finish! C’est parti pour 1h30, je remonte quelques coureurs et reçois un nouveau message de Laetitia qui est sur le livetrack de la course. J’ai remonté 60 places et suis 65e au scratch. Incroyable, j’y crois à peine car je ne me souviens pas avoir dépassé autant de monde et de plus mon allure n’est pas des plus rapides ! En tout cas c’est un nouveau coup de boost bienvenu pour moi d’autant plus que mon temps de course estimé se dirige « dangereusement » vers les 11h30 à présent.

 

Dernier ravito enfin !

J’arrive encore à courir sur certains faux-plats et dans les montées marchées je maintiens ma place. Je reconnais à nouveau les lieux, le parcours de santé, le col de la Liese puis les lacets vers la tour. Le dernier ravito enfin ! km68, je m’assoie sur un banc, me goinfre une dernière fois de Tuc/saucisson/fromage. Je discute avec un coureur avec qui je joue au chat et à la souris depuis quelques heures, lui me dépassant dans les descentes et moi dans les montées. J’enrage un peu car je suis encore plutôt en forme mais ne peux plus courir dans le D-.

Pourtant deux bonnes descentes m’attendent encore sur ces 11 derniers km et je vais déguster, me faisant dépasser de toute part. Mon seul objectif à présent et de rester sous les 12 heures. Je suis en terre connue, la première descente en zig-zag vers le Lichteneck je la pratique à vélo ou à pied depuis des années mais c’est la première fois que j’y grimace autant.

 

Un de mes sentiers préférés mais pas aujourd’hui

Arrivés au nouveau point bas, on remonte pour la 2ème fois vers le col de la Liese, je redépasse une dernière fois les mêmes coureurs avec qui je joue à l’élastique depuis probablement 20km. Ma montre se recale sur le tracé que nous avions quitté (changement de dernière minute par l’organisation) et me donne de nouvelles estimations : 11h35, sub 12h, ça va le faire !

La dernière descente, les croix jaunes, un de mes sentiers préférés mais pas aujourd’hui. Un single, technique et (trop) raide par moment. Je ne fais que marcher, je suis totalement seul, délaissé définitivement par mes compagnons du jour. Je scrute ma montre toutes les minutes, j’ai l’avantage de bien connaître ce dernier tronçon, je sais que la fin est proche, on commence à entendre le bruit de la ville, du stade, de l’arrivée.

3 coureurs me dépassent encore avant l’arrivée sur le bitume, je ne les avais même pas entendu venir, j’envie leur facilité à sauter par-dessus les rochers alors que je joue à l’unijambiste en me tenant aux arbres. Une dernière petite montée sur une piste cyclable me refait courir ou plutôt c’est la proximité d’un coureur encouragé par des amis qui me fait accélérer. C’est en montée, la douleur est moindre.

 

Attention Papa tu vas te faire dépasser 

J’arrive dans le stade talonné par mon nouveau challenger. Je vois Laetitia et les enfants qui m’attendent et m’encouragent : « Attention Papa tu vas te faire dépasser ». Je retrouve des ressources inespérées pour encore accélérer sur la piste de tartan, mes filles m’accompagnent sur ces derniers mètres où je ne lâcherai pas prise avant l’entrée dans le gymnase avec l’arrivée : 11h46.

Je suis très essoufflé, je vacille un peu, on a du mal à me mettre la médaille autour du coup mais tout va bien (à part le genou), je l’ai fait, 79km et quelques hectomètres. Pas de fatigue extrême mais le sentiment d’un défi plutôt bien géré avec juste un dépassement de 6 minutes sur mes prévisions et cela malgré mon problème mécanique dès les 40km. Peut-être un manque d’entraînement en D+ ? En tout cas le format ne me fait plus peur même si ce fût une loooongue journée !

Je suis finalement classé 76ème / 156, j’ai limité les dégâts surtout quand je m’aperçois que les coureurs derrière moi m’ont pris 10 minutes dans la dernière descente ! J’ai juste un tout petit regret en me disant que j’aurai pu faire mieux mais ça sera pour une autre fois alors 😉

1 commentaire

Commentaire de flblanc posté le 20-04-2022 à 12:59:12

Bravo pour cette performance et ce super réci!

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