Récit de la course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 45 km 2020, par Shoto

L'auteur : Shoto

La course : Le Maxi Cross de Bouffemont - 45 km

Date : 2/2/2020

Lieu : Bouffemont (Val-d'Oise)

Affichage : 3165 vues

Distance : 42km

Matos : Bâtons Black Diamond
Salomon speed cross 4

Objectif : Terminer

5 commentaires

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MAXICROSS DE BOUFFEMONT 42 Km ... des Hauts et des Bas !

Mon 28ème trail en compétition et ma 1ère participation au Maxicross de Bouffemont.


Un trail en forêt de Montmorency que je conseille à ceux qui veulent préparer des grosses échéances de trail montagne avec du dénivelé.  De la belle bosse ! ça monte, ça descend et ça remonte … 1 700 m de dénivelé positif, c’est très bon pour des quadris de parisiens ou d’habitants des mornes plaines qui veulent travailler leurs cuissots !

 

Rajoutez-y cette année une bonne dose de pluie les jours précédents la course, encore de la pluie au départ et aussi pendant la course et vous obtenez donc un véritable bain de boue pour les pieds et les chevilles … voire pour vos mollets et votre auguste fessier … pas facile de garder les pieds au sec !  J’ai dû vider 3 fois mes chaussures en 42 km !  Des chaussettes bien trempées qui m’ont d’ailleurs causé un début d’ampoule sous la voute plantaire du pied gauche …


Départ à 8h00 un dimanche matin dans la pénombre du jour qui se lève sous une température trop clémente pour la saison ; 12°C … sous les encouragements d’Aurélien COLLET l’un des organisateurs de la course et accessoirement un des meilleurs traileurs français que j’avais déjà croisé aux Templiers et à Chamonix.


Et hop !  Je compte réitérer mon « hold up » du trail des Cerfs et des Foulées Cernaysiennes  en partant dans les 1ers rangs … même si je n’ai pas le niveau, histoire de booster ma VMA et de ne pas être coincé dans les bouchons des monotraces en forêt. Avec près de 800 participants, bien en a pris ! Etant plutôt assez bon grimpeur, les 2 premiers Km (côte du cimetière) me permettent de courir près des avants postes dans les 100 premiers traileurs. Au bout d’une demi-heure de course, avec essoufflement garanti, je confirme que je ne suis vraiment pas dans mon caisson de course et je ralentis un peu mon rythme me laissant doubler peu à peu par les Formula One du trail.

 

Mon problème sur cette course nature de banlieue parisienne réside dans le fait que j’ai décidé sur les conseils de ma copine Steph ayant couru l’édition 2019, d’emporter mes bâtons. Bonne idée compte tenu du dénivelé et de la technicité du chemin ! … mais mauvaise idée si je sors égoïstement de ma bulle de traileur individualiste … car je gène les autres avec mes bâtons !  Nous sommes peu nombreux à en être équipés. Je n’aime pas gêner en général et c’est pénible de sentir le coureur dans le dos qui cherche à doubler mais semble perturbé par tes bâtons. Je le comprends le guss. Mea culpa, je regrette à moitié la prise de mes 2 tiges qui pourtant font merveille et me procurent ainsi 4 merveilleux points d’appuis en complément de mes 2 pieds dans cette bouillasse à la fois collante et fuyante !

 

Bloqué devant avec les spidomètres formules 1, je navigue sur un rythme cardiaque plus élevé que d’habitude. Les côtes sont toutes courues et on relance de plus belle en haut des bosses. Je me félicite de mes pneus crantés (Salomon speed cross 4 récentes disposant de beaux crampons bien dessinés) qui font des prodiges dans des dévers boueux glissants, sur des racines patinées par le passage des coureurs et dans les flaques nauséabondes et profondes où j’ai l’impression de sonder le fond d’une marre à sauriens. D’autres confrères et consœurs moins chanceux ou moins prévoyants font des pas de patineurs au risque de se casser la gueule … mais je suis quand même fichtrement épaté par le niveau de virtuosité générale des traileurs qui courent à mes côtés, pas une seule chute !  … je suis encore plus épaté par les qualités de descendeurs de quelques audacieux zèbres qui, malgré le terrain noir et sombre rendu difficile et instable par l’humidité générale, dévalent d’une traite à des vitesses supersoniques les pentes savonneuses de ce trail dantesque. Du Mozart ! j’admire ! Grand respect trailique !

 

Heureusement, les espaces se creusent peu à peu et je finis par lâcher prise sur la pression de début de course, puis par retrouver mes belles sensations de trail compétition évoluant hardiment sur des chemins forestiers bien gras et techniques mais plaisants pour ceux comme moi qui aiment la forêt et la nature.

 

Nous recroisons Aurélien COLLET à une intersection qui nous félicite gentiment et nous prétend avec malice que la boue est bonne pour notre peau ! Bah voyons …

 

Arrivé au 1er ravito du 15,5 Km en 1h40. Un 9,3 Km/h de moyenne fort appréciable compte tenu du monde, du dénivelé et de la nature du terrain.

Bien organisé, je fais un arrêt express au stand, 3 mn top chrono profitant de doubler ainsi une vingtaine de coureurs. Je suis parti avec une poche à eau pleine d’1 litre dans le dos que je n’ai pas prévu de remplir au cours du trail. Je remplis une gourdette vide de 300 ml que j’avais emportée et je bois du Coca et de l’eau avec mon gobelet perso (attention les amis … il n’y pas de verres et de gobelets aux ravitos). 2 tucs avalés + des quartiers d’orange et hop … je re-saute sur le chemin.

 

Je n’ai pas rencontré un seul bouchon pour l’instant !

 

Le prochain ravito, mon prochain objectif, est au 28ème Km. Je me sens bien et je compte bien continuer ma cavalerie rapide sans chercher toutefois le sur-régime et l’essoufflement. Je cours à la sensation sans regarder volontairement ma montre cardio. Sur cette seconde section, j’avais prévu de relâcher sérieusement le rythme pour en garder sous le pied pour la fin de course … on ne court pas un 42 km technique comme on court un 30 Km roulant !

Sauf que … pris dans mon plaisir de courir, je ne baisse pas assez le rythme. Mon analyse du cardio d’après course est manifeste ! J’ai couru dans les cibles de fréquence cardiaques hautes dans cette première partie de course … c’est-à-dire au SEUIL voire parfois même en VMA (vitesse maximale anaérobie) dans les côtes. Trooooop rapide !

Contrairement à l’hiver dernier où je me suis entrainé blessé, ce début d’année 2020 me découvre en bonne forme et bien entrainé. Musculairement, je me sens bien. Les côtes et les descentes sont donc courues dans la joie et la bonne humeur … çà ne pique pas les papattes … pour l’instant !

 

2h24 de course … un bénévole annonce à la traileuse mignonette qui me double qu’elle est 7ème féminine. Diantre, … pas mal. Pourquoi les traileurs mâles se réfèrent-ils souvent au classement de la consœur traileuse évoluant à leurs côtés ?

La 7ème féminine au classement général finira en 5h30 environ.

 

Après 3h15 de course : arrivée au second ravito. Mon coup de mou du 26ème km coïncide parfaitement avec nos retrouvailles des coureurs du 25 km qui nous rejoignent sur notre tracé. Cet instant de la course coïncide également, je ne le saurais que beaucoup plus tard, avec ma seconde partie de course courue en mode traileur zombie … l’inverse de mon nirvana presque euphorique de ma première partie de course. Commence en fait alors la lente agonie qui va finir par me sécher sévèrement le physique, le mental, le moral … sans oublier mon estomac !


Je trouve regrettable de rejoindre nos nombreux amis du 25 Km car je me rends compte que non seulement cela densifie le chemin déjà bien chargé … mais que de surcroit nous avons en fait une différence de rythme … et de fraicheur. Autre aspect psychologique non négligeable, on ne sait plus si celui qui vous double ou que vous doublez est sur votre course ou pas … l’attrait de la lutte en perd de sa saveur …


Peu à peu, la fatigue aidant, je lâche prise avec la course compétition et mon rythme baisse fortement. Dommage ! car j’avais de bien belles sensations et je pensais courir le Maxicross sur un « 5h30 » bien meilleur que les 6 heures d’objectif estimatif de départ.

 

3h15 au second ravito … je reste jusqu’à 11h25, soit 10 longues minutes pour vider mes chaussures et dévorer tucs salés, chocolat, quartiers d’orange, morceaux de bananes et remplir gourdette et poche à eau … bref pour me refaire la cerise !  Je commence à avoir chaud sous ma veste de pluie que j’ai gardée par fainéantise et pour me protéger du vent qui se lève par endroits. Il fait chaud et je me suis bien plus déshydraté que prévu. Je bois beaucoup pour compenser.


J’ai couru cette seconde section entre les 2 ravitos à une vitesse moyenne de 8 km/h, ce qui reste cohérent et plutôt rapide compte tenu du terrain et de la densité des 2 courses.


Je repars du ravito avec beaucoup moins de niaque … je vais en fait entrer en « léthargie d’agonie ». Fatigue, chaud, grosse envie de dormir … puis l’estomac nauséeux. La nuque raide et douloureuse … je connais ces symptômes du traileur au « bout de sa vie ». Je ne cours plus dans les côtes … de moins en moins de relances sur le plat …. Ecœuré du goût du sucré dans la bouche … et je vois peu à peu des wagons de traileurs me doubler … sans que je ne double plus beaucoup de monde désormais.  En fait, j’ai mis mon stock de glycogène du foie carrément à plat ! … Mes muscles doivent puiser leur énergie dans les graisses désormais.


Cela dit … nous n’avons plus l’impression d’évoluer maintenant sur la même course car les gens (souvent ceux du 25 Km) galopent activement sur le plat … mais plus personne ne court en côtes !


Je me laisse allègrement dériver sur un rythme de traileur lent sans chercher à doubler.

Vague à l’âme … le plaisir n’est plus là … mais je ne compte pas abandonner pour autant. L’arrivée est encore loin, je ne regarde plus ma montre … espérant vaguement reprendre un peu de poil de la bête avant de m’échouer tel un cachalot blessé et malade sur le bord du sentier devenu plage de mon océan de mal être.

 

Bon allez les Kikous … il faut que je vous avoue un truc … ; je me suis vilainement baffré la veille de la course de de foie gras au déjeuner !  servi à table par madame mon épouse … qui est bien loin des exigences nutritionnistes du traileur au long cours … et moi, faible âme aimant le foie gras … je n’ai pas su me limiter à la petite part que je m’étais octroyée, elle s’est même trouvée doublée d’un gâdeau meringué au citron ! … résultat … après un déjeuner bien garni … je me suis pris des crampes d’estomac à J-1 du Maxicross ! … inutile de vous dire qu’au 33ème km du Maxicross … mon estomac secoué par les ravitos et soubresauts de la course … se souvient aussi de la veille. Je ne vomis pas mais les aigreurs d’estomac sont bien présentes et piochent dans mon énergie pourtant déjà bien décadente.

Bien fait pour toi gros nigaud gourmand !

 

Un type chevelu en tee shirt bleu me double en faisant le show devant son portable téléphonique et sa partenaire de trail gloussant comme une poule.  Je reconnais Luca PAPI fameux traileur italien vainqueur de la TRANSGRANCANARIA 360° (260 km) et du TOR DES GLACIERS (455 Km !) … plus habitué à être sur les devants des courses dantesques que dans le peloton des petites coursettes  … il doit être en mode « balade du dimanche avec une copine ».

 

Un type avec des gants en laine et portant un chapeau de paille, papottant gentiment, me double également … je reconnais Vincent GAUDIN célèbre traileur vidéaste Youtuber.

 

Survient alors le fameux M du Maxicross … une grande côte, une petite descente puis une autre grande côte formant un M géant que l’on voit de loin … avant d’être dedans. Il est équipé de cordes et finalement pas très compliqué à grimper et descendre.

 

Mes tentatives de retrottiner sont bien douloureuses désormais pour mon estomac secoué. Je me fais un cyrano pas très rythmé. Heureusement que de nombreux traileurs marchent avec moi … je me sens moins seul !

 

On doit être à moins de 5 km de l’arrivée et je décide finalement de me vautrer le long d’un tronc d’arbre pour faire une sieste ! … gonflé le mec pour un trail de seulement 42 bornes … dormir 5/10 mn m’avait bien réussi à l’INFERNAL TRAIL DES VOSGES … mais j’en avais pour 72 km. Je ferme les yeux et tends mes jambes pas loin du sentier. Cela me fait du bien … mais alors que je me sens partir … je suis « réveillé » plusieurs fois par de sympathiques traileurs charitables qui me demandent si je vais bien ! … L’un d’eux me dit que j’ai une sale tronche et que je suis tout blanc … bref, il veut presque appeler l’hélicoptère des sauveteurs en montagne pour venir me chercher … belle gentillesse qui me fera bien marrer … quand je vous dis que l’esprit trail existe bel et bien !

Bon ok les gars ! vous ne voulez pas que je dorme, alors je redécolle !

5 mn de repos m’auront quand même un peu requinquer. Je me réhydrate bien avant de repartir et avale un bout de barres céréales pour activer mes sucs digestifs et gagner quelques glucoses salvateurs.

 

Finalement, j’arrive sur la dernière descente, plie les bâtons et retrouve avec plaisir (un comble pour un traileur !)  le BITUME de BOUFFEMONT avant de rejoindre l’arche d’arrivée … ouf ! elle est bienvenue celle là et je me sens beaucoup moins fringuant que 6H14 plus tôt !

On nous file une breloque suspendue à un cordon de Finisher ainsi qu’une bière blonde et un gobelet finisher.


 

Jonathan DUHAIL vainqueur en 3h31

 

Le dernier arrivant bouclera en 8h29

 

Bref ! bien belle course que ce MAXICROSS DE BOUFFEMONT 42 Km … à faire pour une prépa de grosses échéances trailiques de mi-saison. Agréablement surpris par le dénivelé et la technicité du terrain. Beaucoup moins emballé par la foule sur ces chemins étroits. Si vous voulez du trail bucolique solitaire … ne venez pas ici ….

Travaillez bien votre proprioception, votre renforcement musculaire et testez votre cardio et votre matos !  … sans oublier votre parapluie !

 

Mes chiffres éloquents parlent d’eux même sur ce trail :

-        28 premiers km en 3h15 (second ravito) = vitesse moyenne de 8,6 Km/h

-        14 derniers km depuis la sortie du dernier ravito ; en 2h50 = vitesse moyenne 5 Km/h

 

455ème sur 737 arrivants (soit 62%).

J’ai foiré et mal géré ma course et j’ai connu pour la première fois des problèmes d’estomac en course mais je ne regrette pas d’être venu. Bonne prépa perso pour l’ECOTRAIL 80 km de Mars prochain et la VOLVIC VVX 110 Km de mai.

Ciao les kikous !

Shoto

5 commentaires

Commentaire de Runphil60 posté le 08-02-2020 à 09:17:31

6h15 d'apprentissage, c'est bien souvent mieux d'être ralenti au début pour terminer en mode pacman, surtout sur cette course où la défaillance compte double !
Bravo, on se voit à l'ecotrail!

Commentaire de Shoto posté le 08-02-2020 à 21:35:20

Merci pour ton message Runphil. Oui tu as raison, en partant moins vite, j'aurais mieux gérer cette course. Bon courage pour l'Ecotrail 80 en mars.

Commentaire de Sprolls posté le 11-02-2020 à 13:23:03

Récit sympa ! C'est en faisant des erreurs qu'on progresse pour la course suivante (en principe 😅). Bravo pour ta persévérance !

Commentaire de Shoto posté le 11-02-2020 à 20:15:15

Merci Sprolls. Pourtant je ne suis plus débutant en trail ... mais je peux faire les mêmes erreurs plusieurs fois :-)

Commentaire de Sprolls posté le 13-02-2020 à 21:14:53

Ha ha, t'inquiète pas moi c'est pareil !

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