L'auteur : Shoto
La course : L'Infernal Trail des Vosges - 60 km
Date : 14/9/2019
Lieu : St Nabord (Vosges)
Affichage : 2208 vues
Distance : 68km
Matos : Bâtons Black Diamond
Salomon Speed Cross 4 aux pieds
Sac RAIDLIGHT Olmo
Objectif : Terminer
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Le samedi 14 septembre 2019 :
Saint Nabord
INFERNAL TRAIL DES VOSGES
Retour dans cette belle région Vosgienne et sur la même version course 68 km que j’avais déjà courue et appréciée en 2016 … une année après mes débuts en trail (voir mon récit).
3 ans auparavant, j’avais couru mon 1er trail dépassant 60 kilomètres. Une première pour moi et j’étais revenu exténué mais parfaitement heureux d’avoir terminé et profité de cette magnifique course à travers les forêts vosgiennes.
Cette année 2019, l’état d’esprit est bien différent. Je ne pars pas dans l’inconnu m’étant désormais forgé pendant ces 3 dernières années une certaine expérience du trail « long ». J’ai en effet depuis couru plusieurs fois la distance 60 km voire plus. Et je viens aujourd’hui avec un ami triathlète Patrice qui lui, est moins expérimenté en trail, souhaitant venir partager amicalement avec moi cette belle expérience du trail long avec dénivelé.
J’avais aussi très envie de filmer cette course avec ma GO PRO, chose que je n’avais pas pu faire à l’époque … à défaut d’avoir une caméra portative.
J’arrive relativement bien préparé et assez affuté tel un sabre japonais : 28 sorties CAP et 14 sorties vélo dans les 2 mois précédents le trail, soit un total de 275 Km de CAP et 447 Km de vélo. Je suis donc bien confiant croyant courir « facile » d’autant plus que nous courons à 2 et que nous ne sommes pas venus faire un chrono ou un podium.
Mais la température se met à grimper quelques jours avant le jour J … et l’on va rejouer le même scénario que 2016 ! … trop chaud pour moi avec des pointes de chaleur à 29°C / 30 °C en plein milieu de journée !
10 sept 2016 : de 11,6°C à 28,3°C (St Nabord) (cf. météo France)
14 sept 2019 : de 9,7°C à 28,6°C (idem)
Autant dire que je ne suis plus très confiant le matin lorsque l’on rentre dans la raquette de départ après le contrôle des sacs … courir avec la chaleur est l’une de mes angoisses ! … moi qui suis un normand aimant le froid et le crachin humide ;-)
Patrice est inquiet pour d’autres raisons. La chaleur ? étant niçois d’origine, il gère ! Il a peur en fait que ses genoux fragiles et son TFL ne tiennent pas la distance et le dénivelé.
Bivouac au même petit hôtel bien sympathique et très propre qu’en 2016 ; l’hôtel des 3 Sapins à St Nabord planté à 500 mètres du stade du Perrey, lieu de départ et d’arrivée du trail, et village trail. Pratique, économique et fonctionnel, je le recommande !
Je suis heureux de revenir ici car l’accueil des Vosgiens en 2016 était exceptionnel. J’ai l’impression de revivre les mêmes sensations avec cette fois ci un ami accompagnant. Même Pasta Party … et une bonne nuit passée la veille de la course dans une chambre bien confortable et spacieuse où j’ai pu étaler tout mon matos !
J’admire respectueusement les nombreux traileurs venus planter leur tente sur la pelouse du stade du Perrey … bien moins confortable que ma chambrette … surtout à cause du bruit du village trail !
Patrice dispose également d’une chambre confortable dans le même hôtel mais au réveil il semble avoir bien moins dormi que moi et ses traits sont tirés et fatigués … en effet faire une insomnie bien gênante quand on va courir 70 bornes n’est pas recommandée !
Entrée dans la raquette de départ peu avant le départ de la course à 8h.
Médusés, nous observons des coureurs venant retirer leur dossard à 3 minutes du top départ alors que de notre côté nous sommes arrivés la veille en fin d’après midi pour le retrait des nôtres. Nous écoutons le speaker égréner ses conseils de pré-départ sous la belle arche impressionnante qui n’existait pas en 2016 et qui vient concurrencer cette année sa voisine, la majestueuse arche d’arrivée située à proximité (voir ma vidéo sur le site).
La bonne nouvelle cette année est que l’heure de départ est fixée 2 heures avant celle de 2016. En effet, nous étions partis à 10 heures versus 8 heures aujourd’hui. Ca compte beaucoup quand il fait chaud ! Etant un matinal çà me plait !
Je sors ma GO PRO avec sa trop lourde perche stabilisatrice pour immortaliser ce départ.
Nous sommes 526 courageux partants.
St Nabord accueille d’autres courses ce week end dont les 30 km, 120 km et 200 km ! en solo ou en relais.
SAINT NABORD à Mairie LE SYNDICAT = 21 km en 3h38
Nous partons volontairement lentement en fin de peloton pour ne pas griller nos cartouches ou nous laisser embarquer par un rythme qui n’est pas le nôtre.
Les 1ers kilomètres sont assez plats et permettent au long cordon des runneurs de s’étirer sans se gêner. Un tour sur les hauteurs du stade du Perrey avant de quitter les lieux et plonger dans les contrées profondes vosgiennes et ses superbes forêts.
Enfin on est parti ! Le pied. Nous évacuons ainsi le léger stress de tout départ pour enfin profiter de notre course entre potes.
Même passage au dessus de la rivière La Moselle sur un pont mobile flottant, du génie civil temporaire probablement installé par l’organisation peu avant d’attaquer les 1ères montées sèches dans le massif forestier derrière BREHAVILLERS.
Evidemment çà bouchonne un peu dans les montées dans ce début de course mais sans excès. Je retrouve les grimpettes de 2016 … parfois de véritables murs qui vous cassent les pattes. Nombreux sont les traileurs qui ont pris les bâtons et je prends beaucoup de plaisir à retrouver mes sensations batonnesques. Patrice n’est pas habitué aux bâtons qu’il a achetés peu avant la course et qu’il étrenne presque pour la 1ère fois sur cet INFERNAL. Il appréciera grandement ses bâtons sur la course … zéro douleur à ses genoux fragiles !
L’INFERNAL est différente des autres trails « Montagne » que j’aime habituellement faire car ici, même si le dénivelé est court mais bien présent, le chemin reste pour la plupart du temps en forêt. Pas de passage dans le monde minéral aérien. Pas de crêtes aériennes avec des vues à couper le souffle mais quelques hauteurs aérées et de belles vues tout de même sur les vallées vosgiennes.
Nous évoluons sur de nombreux monotraces un peu techniques zig zaguant parmi des fougères, des sapins et des rochers prenant des formes bizarres recouvertes de mousse. La forêt est dense par endroit ici et nous avons l’impression que ce troupeau de traileurs bruyants et ahanant vient perturber et déranger quelques elfes ou trolls tapis derrière les arbres et les buissons chevelus.
Après les 1ères grosses montées, nous tombons sur les 1ères grosses descentes toutes aussi raides ! Souvenir souvenir … je me rappelle en 2016 mes difficultés dans les descentes lorsque je me faisais doubler par tous les autres traileurs. Cette année 2019, c’est plutôt moi qui double ! Patrice a un peu de mal à me suivre. Pourtant je ne lâche pas les chevaux, travaillant une descente souple et efficace. Sympa de voir la progression technique effectuée en 3 ans … en fait, Patrice en bon triathlète sera plus rapide que moi sur le plat roulant mais se fera doublé sur les parties techniques en descente et sur le plat. Bon grimpeur, je jouirai de ses capacités de grimpe en m’accrochant à son pas.
J’ai strappé par sécurité mes 2 chevilles pour éviter l’entorse … et là aussi j’ai parfaitement progressé dans l’art du strapping grâce à mon bon vieux kiné :-)).
Après 3h38 de course (2h59 en 2016), nous arrivons au ravito du SYNDICAT situé au 21ème km. Il ne fait pas encore trop chaud contrairement à 2016. Les hauteurs sur les ballons vosgiens sont assez aérées et à l’ombre !
Je me sens frais comme un gardon mais Patrice semble accuser la fatigue. Il sue à grosses gouttes … probablement le contrecoup de sa mauvaise nuit et ses efforts appuyés dans les descentes techniques.
Toujours autant de monde cette année au ravito qu’en 2016 où j’avais dû batailler pour accéder aux tables !
Patrice a besoin de se refaire la cerise et nous restons une bonne demi heure assis alors que j’aurais préféré rester 5 mn … mais ce n’est pas grave car nous ne sommes pas là pour faire un chrono ou un classement. Carpe Diem !
Le Syndicat à Reherrey & Chaudefontaine = 31 km en 5h22
Un nouveau beau massif forestier à grimper (une belle longue montée) et une arrivée à Reherrey via le col de Longeroye et l’étang de la Besace.
Il n’y a pas que le dénivelé qui grimpe ! La température aussi ! mais nous profitons encore toutefois pour l’instant de la fraicheur de l’ombre des singles forestiers et du léger vent.
Je ne suis pas en souffrance. Plutôt en bonne aisance respiratoire jusqu’à maintenant.
Nous passons en fait plus de temps à marcher qu’à courir compte tenu de la configuration du terrain. Je reprends ma technique active Marche Nordique version Bubulle dont j’avais admiré furtivement la terrible efficacité technique à l’Ecotrail 80 km de Paris. Cela permet d’avancer vite et sans consommer beaucoup d’énergie ! Merci Bubulle !
REHERREY à LES TRONCHES = 42 km en 8h25 de course
La cuvette du diable !
Autant le tronçon précédent passe tranquille pour moi. Autant je sens le corps qui accuse le coup sur cette section à cause de la chaleur maintenant bien présente … il faut dire que le parcours est plus acéré sur cette partie. Encore une grosse montée suivi d’une grosse descente le tout bien pentu ! Nous atteignons le point culminant de la course… rassurez vous nous ne sommes quand même pas à l’altitude de mon Grand Col Ferret de ma CCC 2018 !
Heureux de retrouver ma Fontaine en pierre de 2016 (voir ma vidéo sur le site) en début de ce tronçon. Elle nous rafraichit bien.
Patrice va « exploser » sur cette section alors que je rentre dans une léthargie d’endormissement … grosse envie d’aller faire dodo ! il faut dire que c’est l’heure de la sieste car nous sommes en début d’après midi.
Depuis quelques mois, j’emporte avec moi une gourdette SALOMON bleue vide que j’installe judicieusement dans une des nombreuses poches externes arrières de mon sac à dos. Je l’ai remplie au dernier ravito redoutant la chaleur. Bien m’en a pris car nous avons assez d’eau entre les 2 ravitos mais nous profitons d’une douche improvisée sur la tête avec cette eau de gourde … comme quoi les gourdettes servent à tout !
Gros coup de chaud pour Patrice après la descente abrupte et dantesque avant LES FAIGNEUX. Je descends assez facilement doublant plusieurs concurrents dans le dur et lorsque je me retourne pour attendre Patrice, je comprends tout de suite qu’il est lui aussi dans le dur. La descente technique sur les freins lui ont cassé de la fibre des cuissots et beaucoup d’énergie … sensations décuplées par la chaleur … c’est un four sous le soleil dans la vallée lorsque nous repassons la rivière La Moselle. Nous avons l’impression d’être arrivés dans la cuvette du diable ! L’absence d’ombre et la réverbération du béton des routes et des maisons nous plombent littéralement les corps et le moral. D’autant qu’il faut se retaper de la grimpette avant le prochain ravito ! Nous en sommes encore bien loin !
Patrice est en surchauffe totale et évoque même l’idée d’abandonner ici … difficile de trouver les mots pour tenter de lui faire comprendre que la course n’est pas finie et que ce n’est probablement qu’un (très) mauvais moment à passer.
Nous ne sommes qu’à 36 ou 37 km du départ !
Trainant nos carcasses de traileurs terrassés par la canicule vosgienne sur une longue route bitumée …il doit faire près de 30°C … nous tombons sur un petit pont autoroutier avec de l’ombre … enfin de l’ombre ! Vu l’état physique et mental de mon coéquipier et rêvant d’un oreiller et d’une sieste, je propose à Patrice de profiter de cette ombre bienveillante certes chaude pour se reposer 10 mn. Il est temps de reposer la machine et je sais par expérience que la place de Finisher est loin d’être compromise si nous savons gérer notre fatigue … surtout car les barrières horaires de cette course sont bien larges !
Allongés comme 2 pauvres hères sur un semblant d’herbe bien dure … à 3 mètres d’une route relativement passante … j’arrive à m’endormir en 2 mn ! … Bravo çà c’est de la récup ! ;-)
Je suis réveillé 5 mn plus tard par mon Patrice toujours pas au mieux. Il n’a pas dormi et son regard de détresse en dit long sur son envie d’abandonner.
C’est là où le destin nous prend parfois en main de façon incroyable … nos anges gardiens en empathie pour ces misérables humains crapahuteurs en détresse … et en intercession auprès du grand divin à notre bénéfice, nous octroient une divine surprise ;-) En effet, moins d’1 km plus loin en sortant du village avant les 1ères montées, nous tombons sur le même vosgien chaleureux que j’avais rencontré en 2016 … le gentil monsieur faisant partie de l’organisation ou des bénévoles de l’INFERNAL TRAIL DES VOSGES est toujours présent … encore là avec son tuyau d’arrosage à disposition des coureur exténués ! Depuis sa maison, il a tiré un tuyau muni d’un bon gros pommeau d’arrosage bien large. Il nous dit que nous serons les derniers à en profiter car il doit partir rejoindre le stade du Perrey !!! … facteur chance ! .. on devrait jouer au Loto ou à la Grande Cagnotte ! … MERCI !
Je suis amusé d’observer le regard d’éternelle reconnaissance que lui lance mon ami Patrice ! Il le bénit ! Je vais copieusement arroser le dos et la tête de mon pote à l’eau froide … pour le refroidir complètement.
Quelle générosité ce gentil vosgien … d’autant que les litres d’eau consommés vu le nombre de traileurs passés ici doivent lui avoir coûté bien cher !
MILLE MERCI !
ALLELOUIA – Vive les Vosgiens !
Nous attaquons presque hardiment la montée suivante … libérés de quelques degrés et de couches de sueur superflue.
Vu le bâtonnage désormais de nouveau dynamique de Patrice, je comprends vite que la douche vosgienne a été salvatrice !!! … d’autant qu’il ne parle plus d’abandon.
Patrice est un bon grimpeur. C’est agréable de se mettre dans ses pas. Avec son passé de triathlète, il a une bonne caisse et une bonne VMA.
Nous arrivons au ravito du 42ème Km sans autre encombre avec l’impression que nous sommes des ressuscités.
Nous allons rester assez longuement à ce ravito … buvant des litres de soupes servies par des dames absolument charmantes. Nous discutons et échangeons avec les autres traileurs, beaucoup de locaux ou d’alsaciens sympathiques parlants avec un accent local très prononcé et devenus des « frères d’armes » depuis des kilomètres d’effort.
LES TRONCHES à LE PEUTET = 53 km en 10h28 de course
La patate de la mort …
Après avoir bien profité de ce ravito revigorant, nous repartons pour le prochain tronçon.
Fidèle à mon mode de fonctionnement en trail, « step by step », je me projette mentalement jusqu’au prochain ravito … et non jusqu’à l’arrivée encore lointaine. Surtout je profite un maximum de l’instant présent. Prendre du plaisir dans l’instant avec mon coéquipier … je ne suis vraiment pas pressé d’arriver.
Nous venons de faire plus des 2/3 du dénivelé. Jusqu’à l’arrivée, en quittant le ravito des TRONCHES il ne nous reste « plus que » 444 de D+.
Nous passons à côté de belles petites fermettes vosgiennes, longeons des points d’eau mignons comme tout, profitons de points de vue aériens sympas. Enjoy your trail ! ;-))
Désormais, les températures commencent à baisser. Avec le dénivelé qui diminue, nous pouvons enfin courir plus fréquemment avec Patrice. La longue descente après LES TRONCHES sur des monotraces agréables nous stimule. Patrice est fatigué mais son corps semble bien repartir. Pour ma part, à part l’envie de dormir léthargique rencontrée, je pète presque la forme et suis très confiant. La petite sieste de 3 mn sous le pont autoroutier m’a fait du bien pour recharger les batteries. Lorsque je ferai la Diagonale des fous à la Réunion dans un avenir plus ou moins proche, je m’entrainerai à dormir ainsi n’importe où et n’importe comment … c’est un sacré avantage pour le trail long !
MAIS, vers le 50ème km, je vais commettre une erreur qui ne va me coûter un peu cher.
Je me rends compte que je n’ai rien avalé en dehors des ravitos depuis le départ. A cet instant, je pense que la route est encore longue et je redoute une hypoglycémie. Le corps a besoin de carburant ! Je me décide donc au profit d’un faux plat à manger une des mes patates cuites et préparées pour la course. J’avais déjà testé sur d’autres trails ce mode d’alimentation qui m’avait toujours bien réussi. Des petites patates douces sucrées qui passent bien et fournissent immédiatement du sucre bio au corps du traileur fatigué. Mais ici la patate n’est pas douce et pas bio !
Cela ne va pas se dérouler comme prévu. La pomme de terre est un peu grosse à manger, je n’ai plus de salive en bouche, je recours peut être aussi trop vite après l’avoir mangé (il faut au moins 5 mn de calme après une alimentation en course) … 1 km plus loin, je me sens très nauséeux, demandant à Patrice de marcher. La patate ne passe pas ! Lui a sacrément repris du poil de la bête !
La marche ne m’apporte pas plus de réconfort. Je bois mais je sens l’estomac noué, le ventre prend le relais avec des douleurs type coliques.
Je rentre dans le dur ! Gros coup de mou !!!
J’avance au radar … le cerveau ne semble plus être branché … dérive léthargique profonde. Je suis obligé de m’arrêter et de m’assoir alors que le chemin à flanc de coteau en forêt est de toute beauté et pourrait nous permettre de dérouler tranquillement jusqu’au ravito du Peutet situé à moins d’1 km …
Ma dérive va bien durer 20 longues minutes douloureuses.
De nombreux traileurs que nous avions doublés nous redoublent comme des avions de chasse.
Assis sur une souche, je me décide à prendre 2 cachetons citronnés de Citrate de Bétaine dans l’eau de ma gourdette ventrale. Et 1 cacheton de sportenine.
Hydratation + sels minéraux + sucre, l’effet bénéfique est garanti et assez rapide !
Moi qui assistais Patrice dans sa détresse toute à l’heure, maintenant c’est à lui de me soutenir !
Vive la solidarité du binôme de trail ! Seul on va plus vite, à plusieurs on va plus loin …
Nous pouvons repartir au bout de quelques minutes mais l’esprit n’est pas encore très clair. Je me sens sacrément vaseux ! en fait j’ai l’impression que je n’ai jamais connu en trail l’intensité phénoménale d’un tel coup de mou presque soudain … mais le cerveau a une prodigieuse faculté à oublier les mauvais moments pour ne garder finalement que les bons !
Arrivée au ravito du PEUTET après 10h28 de course. Je reconnais ce ravito déjà présent en 2016 et je ne peux que faire le comparatif entre mon arrivée heureuse et facile à l’époque … alors que 3 ans plus tard … je me traine comme une vieille larve desséchée …
Grosse envie d’aller aux toilettes car la pomme de terre s’est malicieusement décidée de m’attaquer traitreusement les intestins … mais le bénévole à qui je demande les toilettes me présente la nature … pas bien grave mais pas si écologique que çà … je vais donc profiter de la densité de la forêt vosgienne ;-))
Puis je me vautre comme un phacochère paresseux sur un des transats que l’organisation a prévu sur ce ravito. Gentiment Patrice se propose d’aller me chercher coca cola et soupe. MERCI mon pote ! Je bois 2 bols de soupe chaude à la carotte ainsi que du coca cola bienvenu … ce dernier tel du « DESTOP » débouche la tuyauterie du traileur !
Décontraction totale, je me relâche profondément et souhaite prendre le temps de me refaire la cerise ici. Les barrières horaires sont lointaines. Il est en effet 18h30 alors que la barrière est à 18h30 au ravito précédent et nous avons officiellement jusqu’à 23h00 pour arriver à St Nabord alors qu’il reste environ 16 km ! … 4h30 pour faire cette distance, je ne suis pas trop inquiet ! En fait, les organisateurs sont vraiment très cools avec les barrières horaires puisque la dernière arrivée classée arrivera peu avant 1h du matin soit 2 heures après la barrière officielle à St Nabord ! Sympas les organisateurs ! Chouette état d’esprit.
Au bout d’un bon quart d’heure, je commence à grelotter dans mon tee shirt mouillé malgré la relative chaleur ambiante et ma soupe chaude … et j’ai la flemme de sortir ma veste pour me couvrir … et comme mon corps semble aller bien mieux, je me lève et propose à mon acolyte de repartir pour ce dernier tronçon … repartons au combat.
Ce qui est positif pour moi dans ce mauvais moment est surtout que, même si la tête et le corps sont au fond du trou à cet instant de la course, en aucun cas je n’ai eu l’idée d’abandonner … je voulais juste profiter du ravito et prendre du temps pour me reposer. Ce qui est une constante (pour l’instant) chez moi dans mes trails … l’abandon n’est pas une option … mais pas de fanfaronnade ni de nirvana victorieux mon coco !!! Le trail long est bien une école d’humilité … tu verras quand tu passeras sur du plus de 100 Km ! Ne crie pas victoire trop vite …
LE PEUTET à ST NABORD (stade du Perrey) = 68 km (72 km au GPS) en 13h32
Nous repartons désormais presque certains d’atteindre la ligne d’arrivée pour franchir cette belle arche qui nous tend les bras.
Nous marchons désormais sur une route avant de rejoindre un chemin forestier roulant qui m’avait bien fait « kiffer » en 2016 … je m’étais à l’époque astreint à trottiner sur cette piste roulante pendant 1 bonne heure à une vitesse moyenne de 7km/h.
Nous allons refaire la même chose … mais pas seuls et ce, grâce à un binôme sympathique de 2 traileurs courant à un bon rythme. Nous aurons le temps de discuter plusieurs fois et de sympathiser avec eux avant l’arrivée.
En fait, nous avons 2 heures de retard sur le timing de 2016 mais comme nous sommes partis à 8h au lieu des 10h00 du départ 2016, nous sommes presque à la même heure au même endroit ! pouvant ainsi profiter comme 3 ans auparavant du début de coucher de soleil à travers les arbres et sapins … super chouette !
Mon corps est reparti ! Je me sens de nouveau plein d’énergie … quel pied et nous progressons activement derrière nos 2 mobylettes qui nous demandent si nous voulons passer pour doubler (la classe du gentleman du traileur ;-) … je leur réponds que leur rythme nous convient parfaitement et que nous souhaitons rester dans le train ! Le chef de file me rétorque avec humour que la locomotive n’aura peut être plus assez de charbon pour charbonner à un tel rythme … ;-))
Après avoir couru une bonne demi heure avec eux, nous nous rendons compte que ces warriors sont sur le 200 km !!! Nous n’avons en effet pas le même dossard. Ils ont déjà plus de 42 heures dans les pattes … et ils courent encore comme des lapins mécaniques ! Bravo et respect Frédéric et David ! Des extra-terrestres fort sympathiques.
Fred et David nous ont insufflé une bonne dynamique de course et je sens mon Patrice pressé d’en finir mais il nous reste des kilomètres.
Nous courrons désormais beaucoup plus souvent.
Ainsi vient la nuit … où je retrouve avec plaisir mes sensations de course nocturne à la frontale. L’INFERNALE est bien fléchée, Nonobstant ce que nous disent nos 2 compères du 200 Km, les petits cartons réfléchissants se repèrent de loin, de véritables phares dans la nuit profonde vosgienne. Je retrouve le même circuit qu’en 2016, l’endroit exact où j’avais soutenu un traileur aux bâtons Leiki vautré en détresse sur le sol en haut d’un petit mur de descente. Je reconnais aussi le bout de chemin bien humide et boueux où un ruisseau irrigue généreusement le chemin.
Même son du speaker du stade du Perrey que nous entendons à des kilomètres de l’arrivée faussement proche … alors que nous devons en fait faire un détour avant de pouvoir enfin profiter des faubourgs de St Nabord … ô combien frustrant quand on est fatigué !
Patrice fatigué ronchonne gentiment car çà n’en finit pas. Notre GPS indique 68 km dépassés et nous ne sommes toujours pas arrivés … là aussi même sensations qu’en 2016 ! Ses râles montrent sa fatigue de fin de course après 13 heures de course. Je ne suis pas frais non plus mais la nuit douce est bien agréable et je profite des derniers moments en trail avant une bonne arrivée que je sais « grandiosement » agréable sous la belle arche d’arrivée du stade de Perrey.
3 derniers Km … bing ! Je me prends à nouveau un mur de fatigue ! Plus de jus … out … KO … nauséeux. Je tente de m’hydrater, marche et ralentis donc fortement le rythme. Même mes poussées sur les bâtons sont inefficaces. Je vais finir en mode léthargique ! Patrice a encore (un peu plus) de jus mais il m’attend gentiment.
Je suis obligé de m’assoir 5 mn sur des palettes à l’entrée de St Nabord pour souffler et m’hydrater alors que je sais que nous sommes à moins de 1 km de l’arrivée ! Décidément, l’INFERNAL des Vosges m’aura séché sur mes 2 éditions !
Nous finissons en marchant quasiment jusqu’à l’arche d’arrivée, nous faisant doubler par quelques Finishers ayant mis le turbo et sentant l’écurie. Pas grave … nous profitons quand même grandement des ces derniers instants de course entre potes sur cette fin de magnifique course !
Quel plaisir de passer ensemble la belle arche d’arrivée (voir ma vidéo). On l’a fait ! et cela fera un souvenir fort en commun pour Patrice et moi ! Nous sommes désormais des frères de trail ;-)
Une belle médaille de Finisher mais nous n’avons droit cette année qu’à un tee shirt technique de lot d’arrivée alors que j’avais eu une belle polaire Finisher en 2016 … les temps sont à l’économie ;-)
Nous finissons en fond de classement, 398ème sur 467 arrivants et 526 partants. 13h32 de course alors que j’avais couru la course en 11h41 en 2016 … mais il semble que la course avait 3 à 4 km de moins. Mêmes conditions climatiques chaudes alors que nous sommes à la mi septembre … décidément, qui a dit que le climat ne se réchauffait pas (à part TRUMP ;-) !
Débriefing :
- J’ai plus souffert sur ce trail qu’à la CCC de l’année dernière qui avait 30 bornes de + et 3000 m de D+ en plus ! Comme quoi, chaque course est différente … et même bien préparé, de nombreux facteurs jouent en trail … notamment la chaleur ainsi que mon manque de sommeil des semaines précédentes de rentrée professionnelle éreintante.
- Patrice a été un partenaire exceptionnel, une première course réussie ensemble … à refaire,
- J’ai été frustré de ne pas avoir couru autant que j’aurais voulu,
- Je n’aime pas la CHALEUR ! … c’est nettement plus dur quand il fait chaud ! = une vérité de la Palisse ;-)
- Musculairement = pas de problème. Cardio = bien. J’ai été assez à l’aise jusqu’à mon gros coup de mou soudain du 50ème km dû probablement à un mélange de pomme de terre mal mangée et mal digérée + Déshydratation + hypoglycémie ? A préférer les petites patates douces qui passent mieux,
- Quand il fait chaud malgré les volumes d’eau ingurgités, le corps se déshydrate quand même … l’eau devient écœurante … seule la soupe (et le thé absent sur cette course) m’aident à me réhydrater correctement,
- Le Coca Cola et les citrates de bétaïne pour mon estomac et mon vieux corps… c’est TOP !
- 2 petites ampoules au pied gauche à l’arrivée (gros orteil + derrière le talon) … pas méchant. Merci mes chaussures Salomon Speed cross 4 bien adaptées à mes pieds.
- Pas de blessure. Pas de bobo. J’ai ressenti en début de course mon genou droit (arthrose - chondropathie routulienne) mais sans gêne excessive,
- Caméra GO PRO : mon nouveau système avec la perche stabilisatrice installée dans dans un carquois porte bâtons, est top ! même si tout le matos est lourd (1 kg) … vivement l’achat de ma HERO 7 ou 8 avec stab intégré.
Je suis heureux et satisfait.
Belle course – belle organisation et vive les vosgiens toujours aussi sympathiques !
Dans 3 semaines, avec un autre ami je m’aligne au départ d’un trail qui me tient particulièrement à cœur = le TRAIL DU PETIT SAINT BERNARD : 60 km bien « aériens » près de Bourg Saint Maurice dans les Alpes à la frontière de l’Italie. L’INFERNAL est une excellente prépa pour ce trail rugueux très typé Montagne.
Vivement le mois d’octobre !
Je vais finir par une confidence chers amis Kikous … comme vous tous, J’adore le TRAIL !!! … mais chut, c’est un secret ! ;-)
Shoto
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