L'auteur : Khioube
La course : Ultra Boucle de la Sarra - 6 heures
Date : 18/5/2019
Lieu : Lyon 05 (Rhône)
Affichage : 2339 vues
Distance : 44km
Matos : Topo Magnifly
Objectif : Pas d'objectif
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Je ne pensais pas forcément faire de récit pour cette course. Une boucle, bon, tu tournes, tout est dit, un haiku suffira. Mais voilà, j'ai quand-même pris beaucoup de plaisir, et comme c'est une petite course, les organisateurs et bénévoles méritent bien qu'on leur dise notre satisfaction.
Cela fait plusieurs années que je regarde cette course avec un intérêt mêlé de dégoût. Elle est pratique, à deux pas de la maison, elle tombe au bon moment dans la saison, et puis j'aime bien la Sarra. Et en même temps, tout le monde me dit qu'il faut être débile pour participer à un truc de hamster comme ça, que l'intérêt du trail c'est quand-même de passer du temps dans la montagne. Soit.
Mais cette année, il y a Samoens à la mi-juin, et j'ai vraiment très, très besoin de me mettre une grosse sortie dans les cannes environ un mois avant. Alors j'y vais, c'est parti, je signe. Et puis c'est un bon test pour le mental, quand-même : l'avantage des courses horaires, c'est qu'on peut s'asseoir sur un banc et regarder l'heure tourner. La ligne d'arrivée qui vient à soi, c'est un luxe, il doit être difficile de résister à cette tentation. En plus, mon mental est connu pour être un peu friable, j'ai l'abandon facile. Cela étant dit, il m'arrive de me faire des belles sorties à la con, des aller-retour austères. Donc tout peut arriver.
J'ai la chance d'avoir au moins une amie dans les partants du 6h, en la personne de Dorothée, et puis deux bons copains sur le relais à deux, les fusées Baptiste et Adrien. Je me prépare au départ avec Dorothée, on laisse nos affaires sous la tente. C'est assez destabilisant de partir pour une course de 6h avec un short et un t-shirt, mais une fois qu'on a dépassé l'impression d'avoir oublié un truc, c'est vraiment agréable ! D'un commun accord, on décide de ne pas s'échauffer. Faut pas pousser, c'est un truc de relayeur, ça. Nous, on a le temps de mettre la machine en route.
A 16h50, on va se mettre en bas de la piste de la Sarra. Je retrouve Baptiste, bien au taquet. On aperçoit Dominique Renda ainsi qu'ArnaudB, il y a donc quelques machines de guerre sur la ligne de départ. Après un avant-départ aussi joyeux que je l'imaginais, la course commence. Les fous furieux remontent la Sarra à bloc, moi je marche assez tranquillement. Dorothée et moi nous séparons dès le début de la descente, je pars un peu devant. Bon, je manque de me tordre la cheville, c'est d'ailleurs la seule alerte de la course.
Assez vite, je me retrouve aux côtés de Clémence D, qui connaît à peu près tout le monde sur le parcours et dont la joie de vivre est assez communicative. Alors je reste à ses côtés, j'aurai le temps de m'ennuyer plus tard et je sens que je ne tiendrai pas toute la course à cette allure, j'ai trop de retard dans ma préparation. Au bout d'un moment, nous formons un petit grupetto avec Benman, qui ne manque pas une occasion de faire rire son monde, c'est très plaisant.
La boucle étant variée, tout le monde peut y trouver son compte. La conséquence, c'est qu'il est un peu artificiel de rester avec quelqu'un. Moi, par exemple, je sens bien que je gagne des places dès que c'est un peu plat, et que j'en perds dans les quelques 563 marches de la montée Nicolas de Lange. De ce fait, je quitte Clémence et Ben et poursuis ma route en solo, même si on ne manque pas de se recroiser régulièrement.
Mon objectif initial était d'atteindre le marathon, ce qui fait (attention, maths niveau CM1) du 7km/h pendant 6 heures. Je me rends assez vite compte que je suis au-dessus, c'est bien : au bout d'une heure, j'ai fait un peu plus de 9 bornes et je ne me suis pas spécialement pressé. Par contre, je commence à en avoir un petit peu marre de tourner. C'est vrai, bon, ce n'est pas hyper fun de se faire et se refaire une boucle qu'on connaît déjà par coeur. Mais en même temps, tout le monde est sympa, tout le monde s'encourage, et puis il y a les dossards rouges du 24h qui forcent le respect, alors on continue. En même temps, ma stratégie me permet de durer : courir assez vite sur le plat (j'aime ça), marcher tranquillement dans la montée (histoire de ne pas trop souffrir) et être souple dans la descente herbeuse de la Sarra. Et puis j'ai le plaisir d'avoir la visite de ma petite Maya et de sa maman, c'est chouette. C'est la première fois que la petite est assez grande pour venir à une course en comprenant ce qui s'y passe. Elle crie, m'encourage, on court ensemble sur la passerelle des quatre vents... voilà qui fait chaud au coeur. Bon, j'ai perdu quelques minutes, mais je ne suis pas aux pièces. Je repars pour un tour, je les reverrai deux fois encore.
Un autre point très agréable de l'UBS, c'est d'avoir un super ravito tous les deux kilomètres. Comme j'ai bien chaud, je tâche de boire régulièrement, et je découvre à quel point c'est le pied de manger de l'ananas et de la mangue sur une course !
Deux heures de course, 17.5km. Trois heures de course, 25km. On est bien, même si j'avance moins vite, les mollets commencent à être bien raides. C'est marrant, c'est toujours au même endroit qu'ils se manifestent : le faux plat montant devant l'école Sainte-Marie. Je finis donc par le passer en marchant, autant mieux relancer derrière.
En haut de la montée Nicolas de Lange, je tombe sur mon copain Cédric, qui vient me faire coucou. On fait un petit bout de chemin ensemble, il ne court plus des masses et me dit que c'est la solution pour qu'on puisse courir tous les deux désormais : me laisser partir 4h avant lui. Malin. On papote, j'oublie un peu la monotonie, il se gaufre dans la descente, et puis finit par me laisser au bout de la rue de Montauban. Merci, poto.
Il est 21h, j'ai fait 31km, il y a une petite bruine, mais j'étouffe. Je finis par faire ce que je rêve de faire depuis plusieurs heures maintenant, à savoir me débarrasser de mon tee-shirt. Foutus gènes britanniques ! J'ai un petit regain d'énergie, c'est revitalisant. Depuis que j'ai basculé dans la seconde partie de course, j'ai une petite tentation : celle de gérer la fin de course pour atteindre tout juste la barre du marathon et remplir l'objectif. Facile, il me reste une heure de course et 4km à parcourir. Mais bon, c'est un peu nul de finir comme ça, surtout qu'il y a un autre truc génial à l'UBS : l'écran géant où l'on peut surveiller son classement en temps réel. Et ça, même si l'on ne joue pas la gagne, c'est motivant ! Surtout que je grapille quelques places depuis le début : j'étais au tour de la 37e, je suis 31e depuis plusieurs tours, alors j'aimerais bien atteindre le top 30. Et Cédric m'a bien prévenu qu'il irait voir les résultats pour voir si j'y suis arrivé. Alors je continue, convaincu qu'il y aura bien quelqu'un au-dessus de moi qui lâchera un peu l'affaire.
L'avantage de la dernière heure, c'est qu'on peut un peu calculer : il faut passer la ligne d'arrivée avant les 6h de course, histoire d'avoir le droit de faire une ultime boucle sans pression. C'est ce que j'arrive à faire sans trop de difficulté. Arrivé en haut de Nicolas de Lange, je suis doublé par une fusée. Je le félicite machinalement, parce que c'est la dernière boucle et que tout le monde se félicite à ce stade (encore un truc chouette, décidément). Je m'aperçois que c'est mon copain Adrien, alors j'accélère pour le suivre. Finalement, on fait les derniers 200m à bloc, c'est cool. Je suis bien content d'arriver à le suivre, je pensais que je serais plus usé que ça.
En arrivant sur le tapis rouge, je m'empresse de regarder l'écran. 29e ! C'est bête, mais je suis hyper content. Je retrouve Adrien et Baptiste, ils sont tous surpris d'avoir fini 4e, à seulement deux minutes des 3e, alors qu'ils n'avaient même pas vraiment prévus de participer à l'épreuve. Des machines ! Il faut dire que je les ai souvent vus monter Nicolas de Lange, et c'était assez impressionnant. Ils n'avaient vraiment rien à envier aux cadors. Je vous tire mon chapeau, messieurs.
Je suis satisfait de ma course, j'ai bien tenu, et puis j'ai cassé de la fibre comme il faut, a priori. 2000m de dénivelé et 13000 marches, c'est pas rien. Surtout, j'ai adoré l'ambiance de la course, les super bénévoles (toujours un mot sympa en bas de la Sarra et à l'entrée du parc des hauteurs, les coupables se reconnaîtront), le ravito aux petits oignons, la simplicité logistique, la sympathie des concurrents et des spectateurs... C'est sûr, je reviendrai !
Bon, par contre, j'ai eu quelques séquelles, une espèce d'hamsterite pendant la nuit : mon esprit embrouillé comptait les tours et faisait des opérations tordues. C'était si pénible que j'ai fini par me lever à 5h. Mais bon, ce n'était pas irréversible, j'ai retrouvé toutes mes facultés mentales. Je crois.
Merci encore à l'organisation pour tout son travail, j'ai compris l'enthousiasme des participants aux éditions précédentes.
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5 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 24-05-2019 à 12:19:48
Bien content que cette course t'ai plu !!! je ne la ferais probablement jamais en concurrent mais suis déjà prêt à re-signer pour une 8eme édition en tant que bénévole.
Bravo pour ta perf et facile en plus !
Commentaire de zeze posté le 24-05-2019 à 12:47:41
Merci pour ce beau CR et pour ta perf
Cela fait plaisir à lire quand on a dormi 5 h sur 2 nuits pour que tout se passe bien pour les coureurs (faut ranger après la course et finir le dimanche matin)
Commentaire de Spir posté le 24-05-2019 à 14:42:52
Ah ben mince, on termine quasiment ensemble (à tous minutes près, je suis 31eme) mais avec un vécu très différent. Super gestion de ta course ! C'est vrai que sur le papier c'est compliqué à expliquer aux autres, mais l'ambiance est géniale, et puis on peut voir la famille en pleine course ! Merci pour ton CR !! Pour finir le mien, comme à l'UBS, je vais finir derrière toi ;)
Commentaire de franck de Brignais posté le 24-05-2019 à 21:24:34
Merci pour ce retour et tes compliments... ça rend addict cette boucle hein ?...
Commentaire de Khioube posté le 25-05-2019 à 10:03:40
Merci, messieurs ! Spir, j'ai hâte de lire ton récit, j'avais cru comprendre que tu avais été pris de douleurs un peu sorties de nulle part... C'est chiant, ça !
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