L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Reims
Date : 21/10/2018
Lieu : Reims (Marne)
Affichage : 1631 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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« Tout dans la vie est une affaire de choix, finalement, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin. D’ici à là, de sa naissance à sa mort, l’homme est confronté à des choix : Fromage ou dessert? la bourse ou la vie ? la cigale ou la fourmi ? le sabre ou le goupillon ? la gauche ou Mitterrand ? Un baril de merde ou deux barils d’une lessive ordinaire ? »
Pour compléter les questionnements de Desproges : Metz ou Vannes ? Reims ou Amsterdam ? Amiens ou Venise ?... Toujours cette difficulté à choisir le marathon d’automne ! Cette année, mon choix s’est arrêté sur Reims, plus pour des questions de proximité (sur la route Paris-Metz-Paris que je devais emprunter en ce premier weekend des vacances) que pour le parcours, réputé peu roulant depuis qu’ASO a repris l’organisation de la course.
Et pourtant, il faut reconnaitre qu’ASO sait organiser de beaux événements. Songez, trois courses pour le prix d’une ! Un marathon et un semi, qui curieusement partiront en même temps, et un 10 km qui devrait arriver en même temps que nous autres, marathoniens. Cela donne un événement populaire (13 000 participants, dont près de 1 200 pour le marathon), un village agréable et de bonne dimension, et promet un parcours animé.
Short ou cuissard ? Tee-shirt manches courtes ou manches longues ? Bonnet ou casquette ? Passons sur ces nouvelles affaires de choix pour nous situer peu avant le départ, vers 7h45. Il fait encore bien sombre, mais la cathédrale qui veille sur les quelques coureurs déjà présents offre une silhouette protectrice. Je constate qu’elle est déjà ouverte et hésite à aller la visiter, mais je préfère plus prosaïquement chercher des toilettes…
Je rejoins ensuite le sas jaune, qui regroupe les coureurs visant 3h15 sur marathon ou 1h35 sur semi. C’est évidemment piégeux, il faudra éviter de se laisser emporter par les coureurs du semi, d’autant qu’il n’y a pas de meneurs d’allure pour ces objectifs. Quoique… Le profil du parcours assez particulier (12 km de plat, 18 avec 300 m de D+, 12 de plat) prête à différentes stratégies. Pour ma part, j’ai décidé de partir assez vite, gérer dans les côtes, et après… on verra ! Temps visé : 3h15, ce serait une belle performance 6 semaines après les 100 km de Metz.
Première partie, donc. C’est tout de suite agréable, à mon niveau du peloton au moins, de pouvoir avancer protégé et entrainé par les nombreux coureurs du semi. Le parcours commence par une boucle dans Reims, qui nous permet de visiter le centre-ville, de repasser derrière la cathédrale puis la Basilique. Je tourne à 4’30 au kilo, le soleil est en train de gagner son combat contre la brume, la température enfin idéale (quand on court !), tout va bien. Les coureurs du marathon, reconnaissables à leur dossard bleu, me semblent peu nombreux. Impression confirmée juste après le ravito du 10ème kilomètre, quand les coureurs du semi continuent tout droit, tandis que nous bifurquons à droite. Ce qui me frappe, c’est le silence qui se fait immédiatement (moins de coureurs, plus de public, et peut-être appréhension des difficultés à venir). J’espère qu’un petit peloton va se former mais ce n’est pas le cas, nous avançons en file indienne, séparés de quelques mètres, et je ne trouve personne avançant exactement à mon allure.
Photo : page Facebook de la course
Après deux petits kilomètres pour sortir de la zone commerciale, nous empruntons la route touristique. Et là, c’est le choc. Alors que je m’attendais naïvement à une partie vaguement monotone dans la campagne, nous nous retrouvons au milieu de splendides vignes. A ce moment de l’année, les feuilles prennent toute une palette de couleurs, du vert au rouge en passant par le jaune, couleurs relevées par le soleil encore rasant d’automne. La douceur des reliefs, petits coteaux que nous allons emprunter, accentue l’impression de sérénité. Quel privilège de courir ici !
Photos : page Facebook de la course
Bien sûr, la première vraie bosse, au Km 14, casse le rythme et fait mal, mais quelle importance ? Nous continuons notre visite touristique des vignes impeccablement rangées, devant lesquelles une borne blanche indique élégamment l’appartenance. Taittinger, Moët et Chandon, … Que de noms connus ! Ca et là, quelques roses apportent une touche supplémentaire de couleur. Je sais qu’elles sont plantées là pour indiquer aux vignerons l’état de santé des vignes, dont elles partagent certaines maladies. De temps en temps, dans les villages que nous traversons ou en pleine campagne, un orchestre nous encourage de ses notes pétillantes.
Nouvelle côte vers Rilly-la-Montagne, puis nous avançons à flanc de coteaux jusqu’au semi, franchi en 1h35. Toujours le même plaisir. Je m’autorise à marcher dans deux petites bosses qui suivent, habitude prise en trail. D’ailleurs, sur 500 m, nous quittons les routes goudronnées pour emprunter des chemins plus caillouteux. Un vigneron, assis devant son tracteur, nous regarde passer. Impossible de deviner à quoi il pense.
J’avais entendu que le maire d’une commune traversée offrirait une caisse de champagne au premier coureur qui traverserait son village, au Km 25. Au moment où je passe au ravito du Km 25, j’entends le speaker annoncer « nous attendons toujours la première concurrente pour noter son numéro de dossard… » J’en déduis que l’offre concerne aussi les féminines, et que je ne suis pas trop mal parti (et je regrette vaguement de ne pas m’être déguisé ce matin…).
Je sais qu’à partir de cet endroit, les difficultés seront derrière nous. Nous descendons sur 1 ou 2 km, quittons mes chères vignes, et arrivons au ravitaillement du Km 30. Comme depuis une vingtaine de Km, je progresse à mon rythme sans me soucier des autres, nous formons toujours une file de coureurs séparés de quelques mètres. Je l’avais presque oublié, mais à partir de ce 30ème kilomètre, nous empruntons la coulée verte, suivant un chemin longeant un canal qui doit nous ramener jusqu’à Reims. Je cours depuis 2h16.
Depuis le temps que je cours, je suis devenu un expert en calcul mental. Je calcule que pour atteindre mon objectif de 3h15 je dois progresser à 4’50/kilo, allure encore à ma portée si je n’ai pas laissé trop de forces dans les bosses précédentes. Dans un premier temps, je me fais dépasser rapidement par quelques coureurs qui ont mieux géré leur effort que moi, ou différemment, mais cela ne me perturbe pas et je poursuis, concentré sur mon rythme. A mon tour, je rattrape quelques coureurs. C’est assez rassurant, dans cette dernière partie plate et droite, la gestion de nos dernières forces est plus facile, le public plus nombreux, et le paysage agréable.
Nous sommes déjà au 40ème kilomètre. Encore un effort, et nous retrouvons les coureurs du 10 kilomètres. C’est assez réjouissant de se plonger dans une ambiance de corrida, un peloton dense et un public entousiaste. Avec notre dossard bleu, nous recevons des encouragements particuliers : « Allez marathonien ! » J’ai même la joie de voir mon épouse dans le public, qui m’encourage de son plus beau sourire. Cela me donne un coup de boost, je me fais un plaisir de doubler quelques coureurs du 10 kilomètres et fini en 3 :14 :51
Ma première pensée : quel beau marathon ! Assurément l’un des plus beaux parcours que j’ai pu faire. Ma visite de la ville l’après-midi confirmera cette impression : Reims et son marathon valent le voyage.
Dans la ville des Sacres, un ravito royal !
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7 commentaires
Commentaire de augustin posté le 25-10-2018 à 15:34:38
Sympa ce récit! belle gestion de course et objectif atteint, bien joué, surtout 6 semaines après un ultra...
Commentaire de marathon-Yann posté le 26-10-2018 à 16:37:47
Merci augustin ! Honnêtement je n'ai pas ressenti la fatigue de l'ultra, la difficulté était plutôt dans le dénivelé (qui est bien passé, finalement).
Commentaire de Ze Man posté le 25-10-2018 à 16:27:44
Ca donne envie ! merci pour le compte-rendu et bravo pour le chrono
Commentaire de marathon-Yann posté le 26-10-2018 à 16:38:42
Héhé, c'est le but ! Venez à Reims ! (et à Metz ! et à Vannes ! et à...)
Commentaire de Tonton Traileur posté le 25-10-2018 à 20:30:17
personnellement, j'ai choisi Toulouuuuuseeee ! le champagne y est moins présent (quoique ?), mais le cassoulet y est fameux ! les coups et les douleurs …
j'avais déjà fait Reims il y qq années (2011 ?), à l'époque où A.O n'avait pas encore "mis la main" sur le 'Run in Reims', avec un parcours nettement moins "champêtre". Excellent souvenir en ce qui me concerne …
Bravo pour ce récit et ton chrono, sur ce parcours pas si simple … j'ai fait moins bien à Toulouse… l'effet "cassoulet" ? ;-)
Commentaire de marathon-Yann posté le 26-10-2018 à 16:39:44
Toulouse, encore une option à étudier pour l'année prochaine ! Tu me simplifies pas la tâche, là :)
Commentaire de Laurent V posté le 29-10-2018 à 12:59:35
Coureur ou narrateur ? sportif ou écrivain ?
Les deux !
Finalement, tout n'est pas une question de choix.
Bravo pour ce récit et pour la performance
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