L'auteur : c2
La course : Trail du Mezenc - 31 km
Date : 15/8/2018
Lieu : Les Estables (Haute-Loire)
Affichage : 1479 vues
Distance : 31km
Objectif : Balade
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2 autres récits :
Trail du Mézenc
31km - 15 08 2018
Le Mézenc est un sommet peu banal entre Velay et Vivarais. Une hydre à deux têtes distantes de quelques centaines de mètres : l’une au nord en Haute-Loire plus haut sommet du département facilement identifiable par son aspect rocailleux et pointu surmontée d’une croix métallique d’une hauteur respectable, l’autre au sud en Ardèche également point culminant du département, couronnée par une belle table d’orientation, tête visuellement plus émoussée et pourtant plus haute d’une petite dizaine de mètres, 1753 précisément, que sa sœur jumelle.
Le Mezenc (faces nord et sud)
Vigie isolée et dominante de ce coin sud du massif central, ce double sommet offre quand la météo s’y prête un 360° époustouflant sur les monts d’Ardèche, le Vercors, les Alpes et tous ces nombreux sucs comme autant de creux et de bosses protéiformes sculptées en d’autres temps par la lave. Les rapaces locaux scrutant eux, de son double faîte, par exemple, la flèche de la cathédrale de Strasbourg ou bien encore le phare de Biarritz !!!
Vue sur les sucs (est) et les Estables (sud)
Vue nord du sommet nord
Mercredi 15 août, les Estables plus haut village du massif central, lieu de départ et d’arrivée de toutes les épreuves et elles ne manquent pas : 8 km (Appel de l’Alambre), 14 km (Appel du Mézenc) ou 31 km en solo ou relais à deux (Trail du Mézenc), courses enfants et randonnée ; Pas moins de 1900 participants pour cette 4ième édition sur l’ensemble des épreuves. Pour un village de moins de 350 habitants. Impressionnant.
Les Estables station de ski de fond et de piste lovée dans un talweg. Petites fleurs l’été et risque d’impressionnantes congères de plusieurs mètres de haut en hiver comme en 2008-2009
été
hiver
Vues générales sud ouest (dans le creux Les Estables) et sud est
Quelques rares arbres au-delà de 1650m
Horaires décalés pour les différentes épreuves. Le 31 km ouvre le bal à 14h, le 14 km suivant à 15h45. Des parcours similaires au début et sur la fin de ces deux épreuves. Le 31 poussant au nord jusqu’à Chaudeyrolles. Météo globalement dégagée, chaude mais sans plus. Rien à voir de ce coté là avec l’édition 2017 terminée sous un déluge, des éclairs et claquements secs de tonnerre très inquiétants avec de nombreux passages fort glissants.
Tracés des 31 km et 14 km (qui reprend une partie du 31km)
250 partants sur le 31 km, plus de 500 sur le 14 km, 240 sur le 8 km, un franc succès. Alors pas de soucis pour faire un brin de causette en course.
Les deux premiers km, c’est du costaud. Sortie de la bourgade, c’est illico « dré dans l’pentu » en longeant par la droite le Mont d'Alambre (1691m). A froid, idéal pour se cramer. Prudence.
Rassemblement pour le départ du 31 km et le 14 km après quelques centaines de mètres de course
Départ du 14 km et première grimpette sur un parcours commun mais décalés en horaire
Vers le 5ième km
Vers le 10ième km en direction de Chaudeyrolles
Chaudeyrolles, proche des 1300m, petit village d’une centaine d’âmes qui en comptait sept fois plus au début du 20ième siècle. Nous sommes au cœur de la patrie du « fin gras du mezenc ». succulente viande bovine (AOP). Une production limitée à certains mois dans l’année exploitée sur une trentaine de communes locales avec des Salers, Limousine, Charolaise ou autres Aubrac. Un régal.
Le « fin gras du Mezenc »
Mais le ravitaillement local (14km) se mérite, car à l’entrée du village une boucle nous en éloigne avant d’y revenir plus tard. Il faut gravir le mont Signon (1455m) un ancien volcan en dôme, encore un, mais plus émoussé que le Mont Gerbier de Jonc en forme de pain de sucre tout proche des sources de la Loire car ici la lave un peu moins visqueuse s’est plus étalée. Originalité de ce mont Signon, il a servi de carrière pour les toitures des fermes locales. Sommet assez insolite, cahotique, truffé de tranchées, d’empilements anarchiques de lauzes et d’excavations signe du travail de l’homme. Des dizaines de petites constructions rudimentaires en pierre, les "cabanettes", aménagées par les "lauzerons" pour se protéger des intempéries ou se reposer, parsement la zone sommitale.
Sommet du mont Signon
On repique plein sud et il est là. Devant nous. Il nous nargue, ce Mézenc. Encore 11km avant son sommet et 500m de grimpette. Mais avant cela, traversée d’un site remarquable : Les Narces de Chaudeyrolles. Paysages d’exception.
Vue sur le Mézenc et une partie des Narces de Chaudeyrolles
Petite plaine au passé tourmenté. Balade au cœur d’un volcan. Mais rasurrez-vous. La lave a disparu depuis « quelques » temps faisant place à la tourbe. Cela pourrait être un coin d’Irlande : promontoires rocheux, cascades, ruisselets comme autant de serpents glissants dans des landes à genêts. Le décord est sublime le tout sous une brise bienvenue car il fait chaud malgré l’altitude.
Montée progressive vers le Mézenc
Brèves sections de petites routes, chemins, sentes caillouteuses, bribes de GR, à découvert ou sous les sapins. La remontée vers le col de la croix de Peccata (1570m) est longue et lente. Déjà 23 km. Un de plus à mon GPS qu’annoncé. Peu importe. Il fait très soif. La pose est brève mais salvatrice.
Changement de registre question présence humaine. En ce 15 aoùt. Que de peuple sur le Mézenc. Des coureurs, des randonneurs « officiels » ou non, des promeneurs. C’est l’heure de pointe, ça monte, ça descend. Tout est bien entendu relatif avec seulement quelques habitants au km carré !!
Vers le 25ième km
Vue sur le sommet nord du sommet sud
Vue sur le sommet sud du sommet nord
Petite boucle, histoire de visiter les deux sommets, direction le col de la croix de Boutières (1506m), le plus haut de l’Ardèche. Par une petite sente tortueuse, parfois piégeuse qui se termine en lacets dans un sous-bois profond. Je me souviens alors de la mise en garde d’un organisateur juste avant le départ. « Attention à la petite remontée après ce col, vous vous souviendrez de ma remarque ».
Peu pentue, elle pique tout de même un peu à ce stade de l’épreuve.
La fin est fantastique. Une descente régulière, quelques cailloux en première partie laissant le coureur encore un peu sous pression puis du plus roulant permettant de lâcher les watts. Enorme plaisir sur ce final. Ma montre laisse une marque à 32 km tout rond vendue pour 31 au départ. Peu importe.
Malgré tous mes efforts je n’ai pas réussi à rattraper Marie en course sur le 14 km qui améliore son chrono de l’an dernier. Il a manqué une petite dizaine de minutes. Dommage nous aurions pu couper la ligne d’arrivée ensemble.
Sur le 8 km c’est Karine Herry, « régionale de l’étape » bien que V2 qui remporte l’épreuve féminine. Une grande dame de la course à pied qu’on ne présente plus, vainqueur entre autres de l’Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB) et du grand raid de l’ile de la Réunion (diagonale des fous), excusez du peu.
Nous sommes dans un pays de nature sauvage fait de miel, de châtaignes, de landes, de truites, de myrtilles, de routes infernales, de jambonnette, de digitales, de faisselles, de ciel pur, d’épilobes, de caillette, de lauzes, de burle un redoutable vent local d’hiver, de champignons, de granit, d’hydromel, de basalte, de lentilles, de grand air et de forêts. De bons et beaux produits et de magnifiques paysages. Tout simplement magique.
Et ce qui ne gâche rien pour cette réunion festive, c’est que TOUS les bénéfices de ces courses sont reversés à l'APPEL (Association philanthropique de parents d'enfants leucémiques et autres cancers). En trois éditions, 61 000 euros ont été reversés. Respect.
Christian
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8 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 19-09-2018 à 09:47:25
Magnifique trail et récit bien documenté et illustré de très belles photos.. J'ai juste survolé ton récit, je prendrai le teps de le parcourir ce soir
Commentaire de robin posté le 19-09-2018 à 10:40:29
Chouette ce récit ! Sur que le nombre de personne au km carré va augmenter grâce à toi. Cela donne envie d’aller découvrir ce territoire, ce trail et de savourer toutes les spécialités
Commentaire de Khanardô posté le 19-09-2018 à 12:13:39
Super, tu rends très bien l'ambiance et la beauté de ce coin. L'Ardèche est magnifique mais assez peu de gens le savent, finalement. Ceux qui savent... ils y restent pour y habiter !
Commentaire de Gazel posté le 19-09-2018 à 15:21:01
Merci pour les photos et les descriptions géographiques : il va falloir que j'y aille, pour courir ou/et skier...
Commentaire de coco38 posté le 20-09-2018 à 19:57:03
Chouette Compte rendu original qui me parle forcément... Mezenc, Croix de Peccata, Chaudeyrolles, Alambre... karine Herry... ça me parle. Quelle belle région ! ;-)
Commentaire de Jean-Phi posté le 21-09-2018 à 11:29:19
Belle déclaration d'amour à une nature encore sauvage et préservée. C'est vrai que le Haute Loire et l'Ardèche sont superbes. Bravo pour le CR et les photod qui donnent envie de venir se promener. Les lueurs de l'automne doivent rendre encore plus beaux les environs
Commentaire de c2 posté le 21-09-2018 à 14:35:31
Superbe région bien défendue par les commentaires des ardéchois sans oublier la Haute-Loire lieu majoritaire des épreuves, superbes courses et une très noble cause. Merci pour ces retours.
Commentaire de Bernardnyc posté le 09-06-2019 à 14:38:45
Bravo Christian pour cette chronique, a la fois sportive et culturelle, dans laquelle j'ai decouvert, de l'interieur, cette epreuve qui m'attire, mais aussi certains aspects meconnus de Mezenc. Et encore merci pour tes encouragements sur mes photos miroirs!
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