Communauté des sports d'endurance

Appel du Mézenc 2024

 

15 août, fin de matinée. Une brume tenace s’accroche sur ce plateau dépassant allégrement les 1000m d’altitude, rendant le paysage triste et lugubre. Les sommets locaux sont invisibles, englués dans une gangue laiteuse, les essuie-glaces fonctionnent par intermittence. Pas bon tout cela, vraiment pas bon. 

 

Un dernier col à franchir au-delà des 1500m pour descendre 150 m plus bas vers ce petit village des Estables commune de Haute-Loire intégrée dans le parc régional des monts d’Ardèche. J’y reviens avec grand plaisir. Six ans déjà, le temps passe vite. 

Les Estables et le mont d'Alambre

Cet ensemble de vieilles demeures de moyenne montagne si calme habituellement est en ce 15 août une vraie ruche. Entre les participants aux différentes épreuves, les accompagnants et les promeneurs-randonneurs traditionnels, la population est quasi décuplée. Car la carte sportive proposée est variée avec trois trails de 27 km (trail du Mézenc), 16,5km (appel du Mézenc) et 10 km (appel du Chaulet), deux marches de 12,5km et 10 km et 3 courses enfants de 600m, 1200m et 2000m selon les âges. 1130 coureurs, 600 randonneurs et 260 jeunes sont sur le pied de guerre avec des horaires de départ étalés allant de 14h à 15h30.

 

Cœur du village. Lieu de départ et d’arrivée. Proche d’une salle couverte, point névralgique pour les inscriptions et les dossards. La route principale est-ouest venant du Mont Gerbier de Jonc est neutralisée. Une déviation est mise en place. 

Et pour ne pas gâcher la fête, le plafond se dégage progressivement et se stabilise question météo en début d’après-midi. Les sommets que nous allons gravir et les autres ressurgissent de nulle part. Le soleil redonnant une vraie beauté à toute cette immensité sauvage. 

 

Que la fête commence. Et elle commence par une belle cause. Un chèque de 17860 euros remis à l’APPEL, association philanthropique de parents d’enfants atteints de leucémie ou par d’autres formes de cancers. Tous les bénéfices de cette manifestation revenant à cette association. Une bien noble démarche.

 

Je me suis calé sur le 16,5 km avec ses trois sommets à grimper, connaissant le 27, une version relookée du 31 faite pour moi antérieurement.

départ du 27 km

 

Échauffement vraiment obligatoire car après disons 20m de « plat » ça attaque plein pot. Sortie de cette cuvette naturelle. Direction le mont d’Alambre. On enchaîne chemin, sente, monotrace, prairie. Passage sous les poteaux des tire-fesses. Rien sous les 10 % pendant presque 3 kilo. Des passages à 14 %. Cardio dans les tours, version orange/rouge.

 

Les parleurs ne parlent plus. Les mains glissent sur les cuisses pour soulager les bielles. Un final en serpentine pour ce premier opus entre les plantes sauvages, l’herbe drue et les pare-avalanches en bois sous un soleil de plus en plus généreux. Je ne regrette pas la casquette blanche mode rappeur. 1680m, on frôle l’antenne relais du sommet avec une belle vue sud sur les monts d’Ardèche.

vue sur le Mézenc, notre seconde grimpette

Début de descente très pentue (> 20%), très technique. Petit pierrier. Pas de quoi reprendre malheureusement les minutes perdues dans la montée. Et on se retape une seconde fois une brève partie de la montée initiale. Un peu de plat avec un chemin plus large pour atteindre le col de la croix de Peccata et son ravito salvateur. 

Punaise encore 10 bornes, mais ça n’avance donc pas.

 

Seconde levée. Montée du Mézenc. Première partie de cette ascension effectuée dans une forêt très dense de sapins. Chemin moelleux qui se cabre progressivement dès le début de la section à découvert 14,16, 18 %. La rocaille prend le dessus. Je croise mon aîné qui dévale dans l’autre sens cette partie commune de ce morceau du 27 km débuté 90mn plus tôt. Une chance, le terrain est sec. Il me dit, dans un souffle, souffrir de crampes. Je jauge notre écart à une dizaine de minutes. Nous le conserverons à l’arrivée. On poursuit par une boucle « sensiblement » à plat sur la partie haute de cet étrange sommet à deux têtes. Visite d’une première (1753m), puis d’une seconde table d’orientation en Ardèche. 100m plus loin contournement du pied surmonté d’une croix de la pointe (1744m) située en Haute-Loire.

 

Court tronçon commun avec les coureurs qui continuent de monter avant de poursuivre en direction du col de la croix de Boutières par une monotrace caillouteuse zigzagante descendant parfois par à-coups. La végétation qui nous entoure s’épaissit. Passage du soleil à l’ombre. Le chemin s’élargit barré régulièrement par de larges marches en bois. Un tapis d’épines recouvre le sol. Je me régale dans cette partie. Brève pause au col pour ce second et dernier ravito en remerciant les bénévoles. Et de deux.

 

Traversée de route, direction le Chaulet. 100 m à grimper, facile….. Sur le papier bien sûr, mais à ce stade ça me tiraille grave. Partie sommitale dénudée avec une superbe vue Est sur le Vercors. 

vue à l'est sur le Vercors

Les 5 derniers kilo, disons qu’on suit une ligne de talweg descendante. d’abord entourée de sapins en doublant parfois des randonneurs jouant bien le jeu en s’écartant quand cela est nécessaire. On enchaîne par un final dans une toundra nous ramenant au village dans cette fin de grand tourniquet. Vue dégagée sur les deux premiers sommets gravis, source de nos misères. 

Vues sur le mont d'Alambre et le Mézenc

Un parcours clôturé par une dernière grimpette insignifiante mais me faisant bien mal, terminée par la montée d’un escalier débouchant sur l’esplanade finale en trottinant avec mon petit-fils aîné de retour de la randonnée de 12,5 km. Que demander de plus.

685D+ sur le papier, 717D+ à ma montre dont 600D+ m bien denses sur les 8 premiers kilo. Pour la distance, 16,5 km, le compte est bon.

 

Un 8ième édition réussie comme les précédentes d’ailleurs.