Récit de la course : Semi-Marathon du Beaujolais 2017, par Seabiscuit

L'auteur : Seabiscuit

La course : Semi-Marathon du Beaujolais

Date : 18/11/2017

Lieu : Villefranche Sur Saone (Rhône)

Affichage : 1830 vues

Distance : 21.1km

Objectif : Pas d'objectif

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Courir pour le plaisir

Nous sommes le week-end qui suit le 3ème jeudi du mois de novembre, celui du Beaujolais nouveau. Les vignes gardent encore quelques-unes de leurs feuilles dorées mais les prochaines gelées précipiteront leur chute. Ce n’est qu’une question de temps, elles sont en sursis. Qu’elles restent encore quelques heures de manière à nous proposer leurs belles couleurs d’automne lorsque tout à l’heure nous irons parcourir les routes et chemins à travers la campagne beaujolaise.

Le vin est mis en bouteille et aujourd’hui nous allons y goûter. Mais il faudra cependant le mériter ! Tout comme le vin doit être chambré, nous devrons nous mettre en condition. Les épicuriens ont décidé de s’aligner sur le marathon pour bénéficier d’un plus grand nombre de stands de dégustation, les plus raisonnables sur le 13 km et ceux qui veulent en profiter sans abuser ont choisi le semi. J’en fais partie.

Le marathon du Beaujolais a ceci de particulier que la convivialité prime sur la performance. J’y vais donc sans aucun stress et avec juste l’objectif de me faire plaisir. Ce sera d’ailleurs le maître mot de la journée.

Les rues de Villefranche sur Saône voient déambuler des coureurs dans des accoutrements inhabituels. On devine très vite qu’il ne s’agit pas d’une course comme les autres.

La météo  n’est pas terrible mais il ne pleut pas et il ne fait pas trop froid (7/8°C).

Le départ est prévu à midi alors que celui du marathon a été donné à 8h et que celui du 13 km le sera à 14h.

Le spectacle commence avant même que la course n’ait débuté. Des groupes mettent l’ambiance comme ces écossais qui, en guise d’échauffement, forment une chenille au sol.

   

 L’heure du départ approche et je suis toujours à l’extrémité opposée de l’avenue au bout de laquelle se situe l’arche. Je finis par découvrir qu’il me faut passer un sas où chaque concurrent est fouillé, si bien que je franchis la ligne dans les derniers.

Après un court tronçon plat, à l’issue duquel je salue la famille, j’attaque la montée de Gleizé. Il y a du monde ! Nous sommes 5.600 à nous être élancés. Difficile voire impossible de dépasser surtout quand on a devant soi une colonie de flamands roses ou un groupe de Schtroumpfs !! Ce n’est pas grave, aujourd’hui pas question de record, c’est courir pour le plaisir …

  

On quitte la ville pour la campagne. Place aux vignobles et c’est sacrément joli ! Certes, le ciel bleu aurait amené une touche de plus à ce tableau mais le ruban multicolore que nous formons suffit à la diversité de la palette des couleurs.

Alors que nous progressons sur un tronçon plat, un homme nous demande de ne pas regarder à gauche. Evidemment tout le monde se retourne !! Et ce que nous voyons calme nos ardeurs. On aperçoit les coureurs qui nous précèdent tout en haut d’une cote. Va falloir nous la farcir ! Eh oui, c’est un semi qui a du dénivelé !

Heureusement, nous sommes encouragés tout au long du parcours. Chaque village traversé rivalise pour offrir l’animation la plus appréciée. J’ai cependant un « coup de cœur », c’est le passage dans le cuvage des compagnons à Lacenas. Bien que l’édifice bâti en 1786 avec des pierres dorées soit très joli, c’est plutôt l’ambiance incroyable qui y régnait qui a marqué les esprits. Le cuvage s’est transformé le temps de l’épreuve en une boîte de nuit géante.

   

Absolument magique ! Je cours dans une certaine quiétude, je n’entends que les foulées des personnes autour de moi, le soleil de midi nous éclaire d’une douce lumière puis d’un coup d’un seul on rentre dans la pénombre de cette cave, des rayons lumineux la parcourent de façon anarchique, un DJ est aux platines, il met le feu, on est pris d’une envie subite de se déhancher au rythme de la  musique. En sortant, tout redevient paisible, ai-je rêvé ? Les commentaires que j’entends autour de moi sembleraient indiquer que je ne serais pas le seul. Le beaujolais aurait-il la vertu de favoriser les hallucinations collectives ? Il ne va pas falloir en abuser ! Nous n’en sommes qu’au km 6.

L’itinéraire continue à serpenter, à monter et à descendre dans les coteaux. On ne peut pas dire qu’il soit monotone !

Je dépasse pas mal de monde, c’est comme une revue de troupe. J’inspecte les costumes. Peut-être aurait-il fallu que j’endosse celui de général. Difficile de choisir s’il fallait élire le prix du meilleur déguisement. Certains doivent être plus faciles à porter que d’autres. Et il y aurait des catégories : solo, duo, groupe … je créerais même le prix du plus maso car j’ai repéré au départ trois potes s’élancer pieds nus. Je n’ai pas vu comment ils ont fini !

   

   

Les jambes sont bonnes et je prends aujourd’hui beaucoup de plaisir car je vais de découverte en découverte, de château en château, de surprise en surprise.

L’enthousiasme des spectateurs est communicatif, les groupes de musique nous boostent, les enfants tendent les mains pour en taper « 5 », nous nous encourageons mutuellement. Quelle ambiance !

La deuxième partie du semi a des airs de trail : passages en sentier, cailloux à la place du bitume. Ca ménage les articulations.

A partir du km 15, le profil est globalement descendant. Je peux allonger.

Je fais mon entrée dans Villefranche et à partir du km 20, une fois sur la rue nationale, c’est tout droit … Et chaque coureur a droit à son moment de gloire. Si l’ambiance était jusqu’à présent festive, elle est maintenant juste incroyable.

Les encouragements fusent, mon prénom est scandé par la foule (quelle belle idée de l’imprimer sur le dossard), des milliers de mains se tendent pour me toucher. Je passe sous 3 arcs de triomphe (composés de ballons aux couleurs de la course) excusez du peu ! Waouh, tout ça pour moi !! Bon, je m’emballe peut-être un peu, sans doute en raison de l’euphorie qui me gagne. La sono que j’entends là-bas, sur la place encore cachée par les immeubles, m’attire à elle. Je sais la fin proche. Je ne cours pas, je vole. Je me suis transformé en Pégase. C’est toujours extrêmement positif et valorisant de bien finir une course. Je lève les bras, je franchis la ligne, c’en est fini. Quelle belle épreuve ! Je voulais prendre du plaisir, objectif atteint.

Pas question d’en rester là, autant profiter de ces instants de convivialité. On se place avec les amis et la famille dans l’avant dernière ligne droite et on encourage à notre tour ceux qui en finissent. Quels beaux moments passés à faire des olas et à crier les prénoms des coureurs. Le regard de certains en disaient long sur leur reconnaissance …

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