L'auteur : Leseb
La course : Ultra Tour des 4 Massifs - Xtrem 160 km Relais
Date : 19/8/2016
Lieu : Grenoble (Isère)
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Distance : 48km
Matos : Saucony Perigrine 6
Objectif : Se défoncer
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Habitant Grenoble depuis plus de 15 ans et galopant depuis des années sur le moindre bout de sentier de la région, je m'étais toujours dit que je ne ferais jamais l'UT4M: sur le papier le parcours est beau mais les trop fréquents retours en vallées rompent le charme de la course de montagne et des beaux secteurs traversés.
Seulement voilà, fin 2015 une petite équipe de copains relayeurs se forme, difficile de refuser ça! Surtout qu'on me colle d'office la partie Oisans (qui est la plus longue), ce qui n'est pas pour me déplaire...
Nous voilà donc ce vendredi 19 aout à 7h du matin pour lancer le premier coureur à travers le massif du Vercors.
Quelques heures et mésaventures plus tard, le voilà qui débouche dans Vif. Pour tromper l'attente, chercher un peu de frais dans cette journée de chaleur et me chauffer un peu je suis parti à sa rencontre sur 1 kilomètre, c'est ensemble que nous franchissons donc l'arche pour se passer le relais.
L'entrainement de cette année a été particulièrement chargé avec un gros enchainement de courses OFF en montagne (voire haute montagne) et beaucoup de courses type KV/double KV. La WE avant l'UT4M, je profitais encore du beau temps pour m'enfiler pas loin de 8000 m de D+ en Vanoise et Cerces, parfait comme période d'affutage! Avec à quelques kilomètres de la voiture, le dernier jour (à côté du lac du Goléon pour ceux qui connaissent) un sompteuse boite alors que je discutais avec une marmotte... résultat, le mardi la jambe gauche ne voulait plus trop plier, mercredi ça allait mieux niveau amplitude mais la douleur en montée difficilement supportable, mercredi, jeudi, les jours passent mais l'amélioration reste limitée, particulièrement sur les montées marchées et les escaliers. Autant dire que je prends le départ avec quelques doutes sur mon état de fraicheur et mon état physique!
Je pars donc de Vif vers 15h30 avec une idée en tête: courir au max (vu que la marche est douleureuse) et surtout la ferme intention d'arrêter pour ne pas aller à la vraie blessure et à une fin de saison trop précoce (surtout qu'elle est encore chargée!) si j'ai trop mal.
les premiers kilomètres sont totalement ininterressant et avalés rapidement: routes goudronnées, lotissements, pistes poussièreuses sous le pont de l'autoroute, bof. A la sortie de Saint Georges de Commiers, on quitte un peu l'urbanisation pour attaquer la montée au col de la Chal, sur une horrible piste tantot boueuse, tantot raide et caillouteuse, dans une chaleur étouffante. Il est 16h/16h30 et des concurrents du 160 commencent à sérieusement souffrir. Plusieurs sont assis au bord du chemin pour récuperer un peu. Un petit mot d'encouragement à chacun et je file.
La fontaine du col de la Chal fait du bien: je me plonge la tête dedans, remplis une flask et repart vers le premier ravito. La descente sur Laffrey, s'il elle se déroule toujours sur un terrain peu intérressant, a le mérite de dérouler, encore un peu de bitume et voilà le pointage. Je remplis les gourdes, avale quelques raisins secs et un bout de banane et je repars. Je passe ici en 1h40, à peine en retard sur mes prévisions (1h30, pour une durée totale estimée à 8h). Pour le moment, la jambe tient à peu près: ça tiraille dans le fessiers à chaque pas, mais je sens que ça chauffe doucement et ça s'améliore petit à petit.
Deuxième partie, direction la Morte. On longe le lac et ses baigneurs, je croise Kevin, le premier relayeur et Thibaud, qui prendra le flambeau à Rioupéroux et sa copine. c'est cool de les voir ici et de recevoir leurs encouragements! La suite du parcours n'est guère plus réjouissante: encore du goudron, des pistes larges sans intéret... La montée se poursuit à bonne allure jusqu'à enfin atteindre un sentier plus sympa peu avant le passage "dangeureux" (!!) dans le bois de la Casse. Je croise de moins en moins de monde sur le parcours, les écarts étant déjà maintenant conséquents entre les coureurs du 160.
La suite est un petit jeu de montagnes russes jusqu'à la station de ski de l'Alpe du grand Serre (toujours par des pistes...) et son ravito. je retrouve mes temps de passages avec 1h30 depuis Laffrey, soit le temps que j'avais estimé.
Ces 25 premiers kilomètres ne m'auront vraiment pas enchanté ni par les terrains rencontrés ni par les paysages. Je sais bien que c'est le parti pris de ce trail, mais j'imagine sans peine l'épreuve subie par les concurrents du grand qui souffrent dans la chaleur, sans être porté par les paysages.
A la Morte, ça commence à sentir l'hopital de campagne, quelques coureurs sont allongés par terre, d'autres se font soigner, beaucoup font une pause conséquence avant le gros morceau qui arrive. Et vu mon heure de passage (vers 19h), les coureurs présents sont dans le haut du classement. Je prend le temps de remplir mes gourdes (y compris la troisième, la route est longue jusqu'au prochain ravito), de recharger en gels, une tranche de cake et quelques moreceaux de bananes.
Après 5' de pause, c'est reparti pour la mo... ha, non! Stop, par ici, monsieur, contrôle du matériel obligatoire. Soit, je déballe tout (y compris les affaires protégées dans des sacs congélations zippés / scotchés, tatillon le monsieur du contrôle...). Tout y est, c'est la régle, c'est normal, mais ça m'a saoulé d'être coupé dans mon élan après ma pause!
Je repars donc, en régle, pour enfin entrer dans des sentiers sympas et courir en montagne, il était temps!
Après une petite montée raide en sortie de ravito, la piste s'adoucie et je trottine tranquillement avant d'arriver au virage à gauche qui marque le début de la montée du Pas de la Vache. Il y a quelques coureurs répartis sur le sentier qui s'éléve en zigzag jusqu'à la crête. C'est magnifique, le jour décline sur un fond de ciel laiteux, orangé, la température est agréable, une petite brise remonte de la vallée. Je déroule sur cette montée, la jambe va de mieux en mieux. Je double pas mal de monde, dont des concurrents du 160 que je trouve bien vaillant, avec un beau rythme d'ascension. Un petit coup d'oeil à posteriori sur les temps de passage m'indique qu'il s'agira des trente/quarante premiers. il y en a qui ont vraiment la frite!
Le pas de la Vache et ses sympathiques signaleurs est atteint un peu plus d'une heure après avoir quitter la Morte. J'ai la chance de profiter du coucher de soleil sur les crêtes, en redescendant vers le Lac de Brouffier, c'est superbe! le terrain est maintenant bien joueur, sur mono trace, la motivation revient et le plaisir d'être là, très peu présent dans la première partie est maintenant bien réel. Je retrouve un relayeur avec lequel j'ai discuté à Vif, lorsque nous attendions nos relais respectifs. Il est de la Morte et joue à la maison! On poursuit la descente en bavardant, sans oublier de galoper.
La suite passe vite dans ce décor, c'est un terrain que je connais bien, je me remémore mes sorties dans le coin, la route du Poursollet est vite atteinte, presque en même temps que la nuit. Je profite de la portion de bitume pour faire pivoter le sac et sortir la frontale, que j'allume dès que l'on reprend le petit sentier qui nous mène au Poursollet. De plus en plus souvent je suis seul maintenant, les frontales sont loin derrière ou loin devant.
La nuit est maintenant bien installée lorsque je débouche au Poursollet. Quelle ambiance! Du monde partout pour encourager, une équipe de bénévole aux petits soins, un ravito qui déborde de choses plus appétissantes les unes que les autres, de la musique! Et Kevin et Salomé qui ont fait la route depuis Grenoble pour venir m'encourager! Trop sympas. ca n'aura duré que quelques minutes, le temps de refaire les pleins, mais ça m'a vraiment fait plaisir.
On se dit à demain et c'est bien requinqué que j'attaque la dernière partie. j'aurais mis 5h45 depuis Vif pour arriver ici (soit 2h15 depuis la Morte), je suis dans mes temps.
Je repars complètement seul et ne reverrai personne avant d'arriver sur le plateau des lacs, j'aperçois juste les frontales plus haut. La montée, assez raide et caillouteuse est vite avalée. Je rigole intérieurement en pensant n'avoir jamais fait ce passage que de nuit et presque toujours les skis sur le sac lors des sorties Taillefer de fin de saison en ski de rando. je me rappelle aussi il y pas loin de 10 ans une traversée épique d'une partie du massif qui m'avait vu déboucher de nuit, dans un brouillard à couper au couteau sur ce plateau avec pour seul couche de bivouac une doudoune bien maigre... souvenirs souvenirs, la nuit avait été difficile!
L'arrivée aux lacs marque, je le sais, la quasi fin du D+. Je double deux concurrents et profite de cette belle partie globalement plate, qui serpente aux milieux des rochers et des petites mares. La lune, pleine, sort des nuages et se reflete dans l'eau, l'air est frais, les jambes me permettent de courir, le silence est total... Le pas de l'Enviou arrive très vite dans ces conditions, j'aurais vraiment passé quelques minutes hors du temps à cet endroit là. Peu avant le Pas, je dépasse Marjolein Bil, impressioné par son aisance à ce stade de sa course.
La descente tant redoutée vers Rioupéroux s'amorce doucement. Elle prend d'abord bien son temps jusqu'au Chalet de la Barrière où l'accueil, même s'il est plus intimiste qu'au Poursollet, n'en reste pas moins chaleureux. La pause est très rapide, juste un peu d'eau et trois abricots secs, je sais que, pour moi, ça sent l'écurie.
je vois bien le profil qui m'attend, même si je n'ai jamais emprunté ce sentier. La première partie est agréable en sous bois, sur un single bien marqué, puis rapidement la pente s'accentue, le chemin devient plus direct, poussièreux et pleins de cailloux. On voit qu'il ne doit pas être utilisé tous les jours! J'en prends mon parti et garde un oeil sur l'altimètre en me réconfortant au vue de la vitesse à laquelle mon altitude diminue. Un petit calcul me dit que l'objectif des 8 h peut être atteint, mais qu'il ne va pas falloir trainer. J'accelère le rythme déjà bien soutenu pour en finir au plus vite avec cette partie. Les lumières de Rioupéroux apparaissent vite, l'altitude chute, les jambes répondent, ça va le faire.
Par contre gros doute sur l'altitude de la base vie... et grosse erreur aussi! Dans ma tête Rioupéroux c'est 900 m d'altitude, en réalité ça sera un peu plus de 600.
Le chemin s'infléchie enfin, une piste plus large débouche au Clots, dernier bout de descente et je réalise qu'en fait la base vie est de l'autre côté de la Romanche, qu'il reste donc encore bien 2 bornes. Un coup d'oeil à la montre, ça va être juste pour les 8 h, mais je lache tout pour en finir. C'est au pas de course que je traverse Rioupéroux, longe un instant la national et je me mets une dernière cartouche en remontant à fond les ballons la petite côte qui mène à la base vie (l'analyse de ma trace indique une moyenne de 16,5 km/h sur les deux derniers kilomètres!). Thibaud est là, on franchit le bipage, une tape dans la main et je peux enfin d'assoir et reprendre mon souffle. La copine de Thibaud est là, elle motivée pour filer encourager son champion à Casserousse!
Relais bouclé en 8h02, on dira que les 2 minutes de trop, c'est le temps du contrôle du matos à la Morte!
Je me pose un peu, coca, eau gazeuse, quelques morceaux de tartes salées. La base vie est en effervecence, entre la tête du 160 qui récupère, les relayeurs qui relaient, les bénévoles aux petits soins.
Je récupère ma voiture (organisation et assistance parfaitement rodée, au top!) et rentre tranquillement à Grenoble.
Une bonne douche (hou, le zoli jus marron!) et à 00h30 je me glisse dans mon lit après avoir jeté un coup d'oeil de ma cuisine aux frontales qui dévallent déjà la croix de Chamrousse!
Ma dernière pensée est pour Thibaud qui court dans la nuit et je m'endors sans trainer!
Le matin, on assurera l'ambiance pour Flo, le 4ème, qui en découd avec une Chartreuse bien humide, au Sappey, au St Eynard et au col de Vence. Sa copine l'accompagnera pour finir le Rachais et la descente sur grenoble et c'est tous les quatre que nous franchiront la ligne, vers 12h40, après une chevauchée commune de 29h35, après avoir vécu chacun son tour des bons moments mais aussi des plus durs!
Au final, la jambe aura bien tenue, la douleur s'est estompée les kilomètres passant.
Mon WE bien peu raisonnable 4 jours avant la course (mais impossible de resister l'appel de la montagne par ce beau temps!) aura été très bien digéré, les heures d'entrainements paient, ça fait sacrément plaisir.
Sur les 48 km et 3400 m D+, je n'aurai jamais subit, toujours profité, pas de coup de moins bien, c'est une des courses les plus agréables en termes de sensations de plaisir que j'aurai faites sur cette distance.
Question comptable, je m'étais fait un petit challenge perso et je fini mon relais avec une jolie partie de pacman et 22 places de gagnées sur notre relais! Ca ressemble furieusement à mon UTV 2015 ça, serait ce ma marque de fabrique?
Niveau course, mon opinion n'a pas changé: si l'organisation est juste parfaite, les bénévoles tous plus attentionnés les uns que les autres, les ravitons copieux, animés, peuplés, le tracé est quand à lui peu intérressant. les belles sections sont hachées par des parties laborieuses. Je n'épiloguerai pas sur le parcours de repli de Belledonne, mais Thibaud aura eu un relais quand même très peu passionnant, le long de pistes forestières monotones. Et je ne parle pas de la traversée magique Versoud / Saint Nazaire... Après j'habite la région, je connais son potentiel, je suis donc probablement exigeant!
Et pour finir, je prend de plus en plus de plaisir sur ces trails en relais. Courir pour soi, mais aussi pour les copains, passer des heures ensemble à trouver les points de passages, échafauder des plans (qui ne s'avèrent jamais justes!) et se retrouver tous ensemble à fin, c'est vraiment une approche différente mais qui me plait bien! D'ailleurs, je remets ça dans 15 jours sur l'UTV!
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