Récit de la course : Ultra Tour des 4 Massifs - 100 Master 2021, par Zucchini

L'auteur : Zucchini

La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 100 Master

Date : 17/7/2021

Lieu : Uriage Les Bains (Isère)

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Distance : 95km

Objectif : Pas d'objectif

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UT4M 2021 Master 100 kilomètres, 6200m D+ De la boue, du brouillard, du blabla, de l’élite, et du bolino !

UT4M 2021 Master 100 kilomètres, 6200m D+

De la boue, du brouillard, du blabla, de l’élite, et du bolino !

 

On arrive en voiture à Uriage avec Alain, Farid, de Kikourou, et Nadine, une autre coureuse, à 5h55, pour un départ prévu à 6h20. Ça, c'est de l'optimisation au cordeau !

A peine le temps de balancer nos sacs d'allégement sur le gros tas de sacs déjà là, on fonce avec Farid rejoindre le départ.

Bon, départ retardé de 20 minutes, puis 30 minutes, car il n'y avait pas le tapis qui détecte les puces des dossards.

Finalement on était larges !

Au passage, Twi vient nous saluer, il part dans le SAS 3. Toujours sympa de revoir, même masqué, un kikou avec qui j'ai partagé des bonnes discussions sur le trajet de l'ultra Lozère il y a deux ans.

Après un contrôle des sacs sommaire (la liste du matos obligatoire était pourtant longue comme le bras), on décide avec Farid de retourner aux sacs d'allégements pour dégager tout ce qui est de trop (genre les deux pantalons, les frontales, etc)

 

Enfin, le départ est donné après un compte à rebours. Bizarrement, je n'ai pas de frissons, comme ça me fait souvent au départ d'une course difficile.

Petit tour de parc sans intérêt, et on range le masque.

Même sans lui, c'est dur de respirer je trouve, on évolue en bordure de forêt, et donc la touffeur de l'air est bien présente, vu tout ce qu'il est tombé ces dernières semaines.

On peut déjà patauger un peu, ce qui donne le ton pour la suite de la course, qui se fera dans un terrain détrempé, boueux, humide à souhait, hormis les 4 derniers kms vers Grenoble...

Je croise dans la montée au recoin, chose peu probable, une triathlète qui habite mon village, à 600 km de là ! Je la connais bien, je sais qu'elle fait des ultras de temps à autre, mais le monde est petit.

On discute 5 minutes, et bon, on ne va pas au même rythme donc je trace en lui disant à plus tard. Elle a déjà fait le master, et elle avait mis 19h40 il y a 3 ans...

Cette année elle mettra 26h, preuve que le terrain humide n'a pas aidé sur cette édition.

On se suit avec Farid, et on discute gentiment, du coup le temps passe très vite jusqu'au Recoin à 1700m, 1er ravito liquide.

Ça bouchonne un peu, car il y a un seul bidon de flotte, pour tous les coureurs.

Ensuite on attaque les pistes de la station Chamrousse, en direction de la Croix du même nom, à 2300m.

On ne voit pas grand-chose, le brouillard est là depuis le début.

La montée se fait au train, sur un rythme régulier, mais sans trop attaquer non plus. Sans m'en apercevoir j'ai lâché Farid, j'espère qu'il n'y a rien de grave !

Les jambes sont bonnes, tous les feux sont au vert. Je surveille attentivement mon genou, car j'ai une légère fissure au ménisque qui m'embête bien depuis 3 mois.

La préparation pour cette course fut bien compliquée, avec beaucoup moins de séances de course à pied que d'ordinaire.

Entre certitude de ne pas pouvoir me présenter au départ dans un 1er temps, la peur de l'abandon par manque d'entrainement sérieux, et puis l'espoir qui revient un mois avant, quand j'apprends que cette fissure n'est pas énorme, et selon le médecin, je peux faire des footings.

Bon, ok, là je suis parti pour un 100km en montagne, mais c'est presque pareil que le footing dominical, non ?

 

Une bonne surprise, à quelques centaines de mètres de la Croix de Chamrousse et donc du ravito, le ciel se dégage. Et enfin on peut voir le panorama.

Ca fait du bien, d'autant que le ravito solide était réconfortant lui aussi.

 

Arrivée à la croix de Chamrousse en 4h15, pour 24,5 km et 2292m de D+. Soit une vitesse 5,76km/h, et une 319 ème place. Un poil rapide quand même cette histoire.

 

La suite se fait en descente, en prenant les pistes, ce qui n'est jamais très glamour. Les chemins sont larges, il y a des gros cailloux qui pétent bien les orteils si on ne fait pas gaffe, et ça descend fort.

Bref, il ne faut pas négliger ce passage sous peine de faire une erreur qui peut couter cher.

J'en profite pour doubler pas mal de monde, que ce soit des coureurs du master (100k donc), ou bien du challenge (ils font 4 étapes d'environ 40k par jour), et les coureurs de l'étape du jour, 40k en Belledonne.

 

On passe au milieu des fameux lacs Roberts, enfin c'est ce que me dit ma trace Garmin, mais je ne m'en souviens pas, ou alors le brouillard était tellement épais qu'on ne les voyait pas.

 

On a redescendu environ 500m, et on s'apprête à en remonter 600, direction le col du Loup via le col de la Pra.

 

Clairement, le terrain devient technique, on est vraiment dans Belledonne. Plus rien à voir avec les pistes larges et faciles du début.

Globalement, tout va bien, même si j'ai les pompes qui font floc floc. Au moins mes pieds sont hydratés, mais j'espère qu'en changeant de chaussettes je ne vais pas avoir le terrible tableau des pieds blanc et fripés, criblés d'ampoules.

Ça serait cocasse à 70 bornes de l'arrivée.

Le petit groupe de coureur où je suis est étrangement devenu muet. On est tous à notre affaire, bien concentrés.

 

Le col du Loup à 2380m se profile, sur des petits lacets techniques mais abordables à ce moment-là de la course.

Col franchi en 6h14, pour 32,7km et 2800m de D+. Je remarque qu'à partir de 2000/2200m, j'ai des petits éclairs dans les yeux.

Manque d'entrainement à cette altitude ? Début de la fatigue ? Début de la fin vu mon grand âge ? Je penche pour l'explication n°1.

La portion qui suit est celle qui m'a fait le plus flipper. Des gros blocs de pierre humide bien piégeux pour la descente, des névés bien glissants, faut rester focus.

Finalement, seulement trois chutes dans la neige, sans gravités. Mes chaussures speed goat sont d’une accroche redoutable. Pourtant, ce sont ces dernières heures !

Nouveau ravito au Pré du Molard à 1740m. Il fait du bien, je tourne pas mal au blanc de poulet depuis le début, savamment mélangé à des carrés de chocolat.

Cette fois j'opte pour une tranche de quatre quarts. Je m'approche pour en demander une 2ème, on m'en file 3. Et covid oblige, pas possible de les remettre.

Je fourretout ça dans ma ceinture, ce qui s'avèrera être une décision moyenne, bah oui ça fait des miettes un gâteau...

Mais ça fait aussi franchement du bien. Un bon shoot de glucose, et je suis boosté à fond.

A fond, c'est aussi comme ça que j'aborde les 1200m de D- jusqu'à Villard Bonnot.

Contrairement à beaucoup de coureurs, c'est là que je me sens le mieux. Je suis en transe. Je ne calcule rien, et j'envoie les watts dans la descente, certes peu technique.

Mais vu le nombre de coureur que je dépasse, elle en embête pas mal.

 

Je crois que ça fait au moins 2 ans que je n'ai pas descendu comme ça. Et vas-y les petits sauts de cabri façon saut d'allégement au tennis (bah oui je viens de là moi), pour mieux placer les pieds et enchainer avec des petits jeux de jambes rapides entre les pierres.

Le kiff total ! Franchement un excellent souvenir.

Arrivé à 200m d'altitude à Villard Bonnot, une petite source permet de se rafraichir la tête et les jambes bien enduites de boue.

La chaleur en plaine plombe vraiment les organismes, ça se plaint autour de moi !

Ou alors c'est la perspective de se taper du plat sur bitume avant d'arriver à la base vie de Saint Nazaire les Eymes?

Moi je m'hydrate bien avec un savoureux mélange jus de raisin eau plate, ça passe bien.

Reparti du ravito, on aborde le fameux tronçon chiant à mourir d'ennui. Et en fait je vais prendre une belle poilade. Déjà parce que je vais courir tout le long.

Et ensuite parce que je rencontre un gars du challenge, qui lui est à quelques kms de finir son étape du jour.

Il n’est clairement pas très frais, mais il avance le bougre. Et dans notre petite bourre, on reprend un coureur, à l'agonie.

Il nous apprend qu'il est sur le 170, qu'il était soit en tête soit dans le top 3 de la course toute la nuit, mais là il cale complet. Il marche...

C'est Jérôme Ferris, et il est encore 5ème de la course à ce moment-là. On déconne grave et on le charrie un peu sur son statut d'élite, ce qui a le mérite de le relancer pour courir jusque St Nazaire.

Bon, tout élite qu'il est, il nous retarde. Donc on le lâche au milieu d'un chemin avec du maïs des deux côtés, ça n'arrivera sans doute qu'une seule fois dans ma vie de lâcher une élite !

Bon en vrai il nous avait dit de foncer, car il fallait qu'il temporise un peu !

En traçant sur ce sentier sans intérêt, je ressens des douleurs au genou, je sens que c'est tuméfié. Il va falloir gérer précisément pour ne pas exploser. C'est le risque pour cette fin de course.

Arrivée à la fameuse base vie de St Nazaire, en 9h53 (appréciez l'effort de passer sous les 10h, objectif initial). Pour 57km, 3300m de D+, en 213ème position.

J'ai donc gratté 100 places depuis la croix de Chamrousse.

Je prends 47 minutes de pause, et j'en profite pour faire un change complet, dans un vestiaire pour moi tout seul, où j'étale tout ce que j'ai dans mon sac d'allégement, mon sac de course.

Je trie ce qui est essentiel pour la suite, et ce que je peux virer pour m'alléger. Je mets à la poubelle ma paire de speed goat, paix à son âme. Elle avait 1200 bornes dans la tronche, mais Belledonne aura eu sa peau.

Il y a trois ans j'avais déjà dû jeter une paire de pompes à la poubelle suite à l'étape de Belledonne, les cailloux y seraient pour quelque chose ?

Je profite du lavabo pour me faire une douche improvisée. Ça fait un bien fou.

Entre les fringues de course tout propres, les chaussures propres, et le bonhomme tout lavé, je suis beau comme un camion, et je sens presque bon.

Je me dirige au ravito et je demande de l'eau chaude auprès des bénévoles pour me faire un petit bolino pates carbonara.

C'est une petite innovation sur cette course, je tente le truc pour avoir un peu de réconfort à ce moment clé de la course. Car je me méfie de plus en plus de ce qui est servi dans les ravitos.

Je croise Claire Bannwarth, leader féminine de l'XTREM, que je connais pour avoir fait équipe avec elle et 8 autres coureurs sur une course virtuelle (la circumpolar race across the world, on a fini premier mais le mérite ne me revient pas trop !).

On discute 5 minutes, elle est dans le dur et n'en peux plus. Je trouve dingue, elle qui gagne des courses renommées depuis 2 ans environ, qu'elle n'ait aucune assistance.

Elle se débrouille toute seule avec son sac d'allégement, mange en même temps, doit penser à tout, et se presser car la deuxième n'est pas loin. Alors qu'elle aurait bien besoin d'un peu d'aide.

Moi ce que j'en dit, c'est que je préfère être un quidam plutôt qu’une élite, au moins je n'ai pas de scrupules à passer 47 minutes à une base vie.

Bon, sur ces entrefaites, bolino engloutit (je vous le conseille d'ailleurs et je recommencerai au prochain ultra), je me remets en selle, direction Chartreuse.

La montée jusque Chamechaude se fera sur 16 kilomètres pour 2040m. Une paille quoi.

 

Ça commence par du bitume, tout en faux plat.

C'est d'un ennui. Je mets mes oreillettes et de la musique, histoire de rompre la monotonie.

Autant toute la 1ère moitié de course j'ai discuté super souvent, avec plein de monde. Autant la deuxième sera très sobre à ce niveau-là. Il faut dire qu'il n'y a plus que nous qui courront, et ceux de l'XTREM.

Ce qui a dégagé pas mal de monde !

Bref, j'arrive à la fin de ce maudit bitume, et j'attaque la montée vers Habert de Chamechaude, via la col de la faita.

Je progresse bien depuis la forêt, mais le terrain est très gras car ombragé, je n'arrive pas à rester stable sur un devers et je tombe. Je peste, je repars direct, un peu énervé et vexé.

Moi qui étais tout propreCe n'est que 200m de D+ plus haut que je m'aperçois que j'ai perdu mes lunettes dans ma chute. Elles étaient dans ma poche.

Je suis obligé de redescendre, et je recroise tous les coureurs que j'avais fumé dans la montée. Ça me met la rage. Mais je retrouve mes lunettes et je repars de plus belle.

Je reprends un à un les gus que j'avais croisé. Mais j'en ai trop mis dans l'effort.

 Illustration trouvée sur internet

Je me sens touché, et je sens qu'il faut calmer le jeu. J'en suis quand même à 67 kilomètres, ça fait un bail que je n'ai pas couru cette distance. Et puis le terrain n'est pas simple.

Le bolino, c'est bon, mais c'est très salé. Rajoutez à cela quelques pincées de cacahuètes prises au ravito, et en fait j'ai mangé trop salé.

J'ai soif de frais, je n'en peux plus. J'ai mes deux bidons mais ça ne me fait pas envie. Je me force quand même mais la soif ne part pas.

L'UT4M, là où la magie se produit.

Le ravito, que dis-je, le fameux ravito du Habert de Chamechaude est en approche. 2km plus tôt que prévu.

Et il y a de la pastèque. Je blague avec le bénévole, et je lui avoue qu'il me sauve ma course, avec sa pastèque. Ce n'est qu'à moitié une blague en fait.

Le feu crépite, ils préparent la nuit. Il y a aussi de la Chartreuse. J'aurais bien tenté le coup, mais en fait non. Il reste quelques 6 heures de courses, je vais m'écrouler dans 200m si je prends de l'alcool, même un fond de bouchon.

Je repars du ravito, direction Chamechaude.

Je recroise Claire Bannwarth, mais elle est dans sa course et elle me dépose. Quelques minutes plus tard, je mangerai mon retard sur elle à la faveur d'une montée, et je me paie le luxe de la dépasser.

Bon ok, elle à 80 bornes de plus que moi dans les pattes, mais après tout, ça m'arrivera sans doute qu'une fois dans ma vie de dépasser une élite.

Ah bah non, je l'ai fait deux fois aujourd'hui :). De la magie je vous dis.

J'arrive au pied de l'ascension de Chamechaude. C'est mémorable. Des pierres partout, très peu de végétation.

 Illustration trouvée sur internet

Ça devient dur pour moi, j'ai froid, je suis fatigué, bref, je bascule vers un autre état physique.

Je monte au train, comme je peux. Et je dois temporiser tous les 4 ou 5 lacets.

Dieu que c'est poussif. Je vois deux bénévoles qui me demandent si ça va :

-"Bof, pas trop, je suis dans le dur.

-OK, là de toute façon faut redescendre mais attention c'est glissant.

-Ah ? C'est le sommet de Chamechaude là ??

-Oui oui.

-Ah, en fait ça va bien mieux. Merci les gars".

Comme quoi tout est dans la tête.

Sommet de Chamechaude, 73km en 14h56, pour 5280m de D+, en 186ème position.

La nuit tombe, j'enfile ma frontale phare de bagnole. Une vraie tuerie !

Le début de la descente est vraiment compliqué, ultra glissant, pierres humides, et les yeux n'étant encore pas habitués à l'obscurité ou à la frontale, il faut être vigilant.

Mais ce qui fait du bien, c'est qu'on croise les coureurs qui eux, commencent l'ascension. Donc j'ai une grosse demie heure d'avance.

Et je les charrie en disant qu'ils vont en chi**. Ou alors je les encourage, c'est à la tête du clientC'est très bon enfant ces petits échanges, ça rend la chose un peu plus vivante.

Le base de Chamechaude est atteint, on s'enfonce dans la forêt. La descente n'est pas technique, mais les muscles sont douloureux.

Le moindre choc, la moindre difficulté, est amplifié. L'ambiance magique de la nuit en forêt, qui plus est en montagne, c'est apaisant.

A ce moment-là, je sais que je vais finir. J'ai 22 heures pour faire les 25 km restants... Et j'irai en rampant s'il le faut.

J'arrive encore à courir dans les descentes et sur le plat, mais je n'arrive plus à plier complétement le genou, qui est de plus en plus gonflé. Bon, faut s'accrocher.

J'arrive au Sappey, ravito solide, en 16h55, pour 82 km et 5410m de D+, en 191ème position.

Je n'ai pas envie de grand-chose, pas soif, pas faim.

Fort de l'expérience du 90km du Mont blanc, où je n'avais pas envie de m'alimenter durant les 7 dernières heures de courses, et où je fini vraiment sec, je me force à manger des trucs, à boire deux verres de coca tièdes.

Mais surtout pas de bouillon, ça va me bloquer le bide.

 

Je repars, pour quelques kms de montées descentes, et pour la dernière difficulté, le col de Vence, environ 500m de D+.

L'envie d'en finir se fait de plus en plus sentir.

Mais je n’ai pas trop le temps de cogiter, je me fais littéralement déposer par une meute de coureurs venue de nulle part.

C'est quoi ce souk ? Des coureurs de l’XTREM ?

Bah non, ils sentent tous le savon ou le parfum, et sont tout propre.

En fait ce sont les coureurs du challenge 80 (4X20km sur 4 courses), dont la dernière étape est de nuit entre Le Sappey et Grenoble.

Ça me met un coup au moral terrible, ils courent à 15 ou 16 km/h pour les premiers, soit deux fois plus vite que moi.

C'est normal, mais la différence est brutale.

En revanche j'ai droit quasiment tout le temps à des encouragements, des "Allez, c'est super ce que tu fais", "Bravo", « Je ne sais pas comment tu fais pour te taper 100 bornes".

Ce qui est quand même plutôt sympa ! Et ça passe le temps, qui commence à être long.

J'ai une sorte de torpeur qui s'installe, j'ai plus la force de penser positivement, et je commence à râler dès qu'il y a une difficulté.

Une flaque, je râle. Une petite montée, je râle. Un coureur du 20km qui me dépasse, je râle.

Faudra que j'étudie çà, je pense que c'est le manque de sommeil qui se manifeste de cette façon...

Arrive la dernière vraie difficulté, la montée au col de Vence. Un peu moins de 600m de D+. Sur cette grimpette, l'aide des coureurs du 20km est précieuse, et je vois malgré mes 85 kms dans les pattes, je monte aussi vite qu'eux.

Le genou tire dans les montées maintenant...Mais j'arrive au bout, c'est très très poussif.

Il est 1h19 du mat', ce n’est pas mon horaire ça !

Je sais que c'est quasiment dans la poche, l'objectif des 20h est jouable, totalement inespéré avant le début de course, car je me voyais plutôt faire 24h, un peu comme au 90km du Mt Blanc.

Sauf que pour faire 20h, faut courir jusqu'au bout. Et c'est dur ! Et ça descends. Entre le col de Vence et la Bastille, c'est du sentier bien large et damé. Pas de difficultés, mais rien que le fait d'être débout me coute cher physiquement, alors courir...

Je suis en nage tellement je galère, mais je ne lâche rien, même à 8km/h.

Le fort de la Bastille, qui surplombe Grenoble, se profile enfin.

Je sais qu'ensuite, il suffit de dérouler. Mais la descente me parait interminable. Je n'avance plus. Et toujours ces hordes de coureurs qui dévalent la pente comme des cabris.

Arrggggh, j'en ai marre, je veux finir !

Je débouche enfin sur les rues du centre-ville de Grenoble. C'est très sympa de traverser le pont au-dessus de l'Isère (ou du Drac, je sais plus).

Les 2 derniers kms n'ont aucun intérêt. Des bandes, diront nous, joyeuses, nous invective gentiment, mais c'est à la limite du gênant. On n'est pas dans le même délire.

On me propose même d'acheter de l'herbe qui fait rire. Bon, c'est dépaysant au moins.

Je reste focus sur l'arrivée, et j'attends de déboucher sur l'esplanade de l'arrivée. Je vois enfin l'arche gonflable ut4m.

Yes, c'est fait. 20h20 pour 100,1km et 6200m de D+. Et une 178ème place, 42ème V1H.

 

 

Très content du déroulé au global de la course, un peu déçu de ne pas avoir vu grand-chose de Belledonne, et du terrain détrempé, mais ce n’est pas grave.

L'essentiel est là, c'est à dire un ultra en plus dans la musette, avec un temps pas ridicule, et des sensations physiques bonnes.

Je reviendrais la prochaine fois, mais je ne pense pas m'aligner sur le 170km, ce sera trop balèze pour mon petit niveau et mon expérience inexistante sur un tel format.

Vive l'UT4M !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7 commentaires

Commentaire de novass396 posté le 21-07-2021 à 18:50:26

Super récit pour une superbe course ! Gérée d'une main de maître,bravo.A lire ton recit,ca a l'air presque facile...Ton temps m'impressionne,tu étais assez bien préparé,manifestement...Bonne récup !

Commentaire de Zucchini posté le 22-07-2021 à 06:08:45

Merci Novass! Mais même pas en vrai ! Ma préparation c'était nawak, à cause de ce genou. Pas une semaine avec plus de 2 sorties de course à pied, aucun fractionné, deux séances de côtes mais au mois de février et mars, et 3 séances de fontes pour les quadris ...
Les seuls trucs potables, c'est un WE choc dans le Sancy 3 semaines avant, et des séances de vélo indoor ou vélo elliptique.
Non non, on peut dire que l'exploit a été possible uniquement grâce au Bolino

Commentaire de Siberian wolf 10 posté le 23-07-2021 à 13:16:59

Bravo pour ta course, pour un type dont la préparation a été perturbée par une vilaine blessure, tu ne t’en sors pas mal. Moi ça fait depuis 2009 que j’ai pas battu une élite, et c’était en course de montagne, pas en trail. Moi je considère au contraire qu’un élite qui gère lui-même ses ravitos et son sac plutôt que de faire appel à sa famille ou une team, c’est tout à son honneur.

Dommage ce brouillard mais sur l’Xtrem, ils ont connu pire apparemment. J’ai fait cette course en 2018, on ne passait par le col du Loup (2380m) mais par le Grand Colon (2394m). De même, la plupart des coureurs, à part les premiers, n’avaient pas pu grimper Chamechaude (2082m) car il y faisait trop froid. A la cabane d’Habert de Chamechaude (1564m), on avait eu droit à un itinéraire de déviation jusqu’au Sappey et on nous avait rajouté 1h01 à notre temps pour compenser par rapport aux premiers ayant grimpé jusqu’au sommet. J’ai l’impression qu’il y a un problème sur le graphique : ils ont confondu le col de Vence (780m) avec le fort du Saint-Eynard (1330m). Le fort du Saint-Eynard est ce fort où a une vue plongeante sur toute l’agglomération grenobloise, le col de Vence était le dernier ravito à 10 km de Grenoble mais on y avait pas de panorama. Et surtout il y a une grosse différence d’altitude.

Moi aussi je l’ai kiffé la descente vers Villard Bonnot, il y a des passages en single pentus à souhait. Par contre, c’est en forêt et on ne voit pas beaucoup de paysage. De plus, oh oui ça je m’en souviens la descente de la Bastille elle est vraiment longue. Et quand tu en finis avec cette multitude d’épingles, tu as un bénévole ou un spectateur pour te dire que l’arrivée c’est pour bientôt, qu’il ne reste qu’un kilomètre, alors qu’il y en a 2 ou 3 ! Enfoi..

Sinon pour moi l’effet avec la fatigue aux ravitos, c’est que j’ai du mal à mâcher du solide et qu’il faut que je prenne de la soupe ou du coca-cola.

Commentaire de Zucchini posté le 23-07-2021 à 14:43:26

Merci sw10. Yes, je suis d'accord, une élite qui fait tout sans assistance, lui donne encore plus de mérite. Mais avoir une personne qui aide, pour aller chercher le sac d'allégement, l'assiette de pâte, c'est pas du luxe, c'est juste une optimisation de la logistique.
Enfin, je m'en fous, je ne suis pas concerné, car loin d'être une élite !
Ah, cette descente vers Villard :) Je pense que ce qui m'a plus, c'est le degré de déclivité qui correspond pile à mon profil. 1 ou 2 degré d'écart, et j'aurais eu moins de plaisir. bon, d'un autre côté, c'était les derniers moments où je me sentais vraiment bien. Le reste de la course n'a été qu'une longue descente vers l'inéluctable fatigue du corps et de l'esprit qui voulait aller se coucher!
Notamment la descente du fort de la Bastille. Je courrais comme un hippopotame, à 2 à l'heure. Une cata!
Sinon, tu n'es pas le 1er à avoir du mal à mâcher au bout d'un certain moment dans une course. Je crois que ça peut se corriger en adoptant une stratégie particulière, mais je ne m'en souviens plus...si tu veux je peux me renseigner !!

Commentaire de Siberian wolf 10 posté le 23-07-2021 à 21:33:43

Non ne t'embêtes pas. Je sais qu'en buvant en même temps que tu mâches ton fromage ou ta pâte de fruit, ça passe bien dans la gorge, mais ça n'a plus de goût. De toute façon, dans ces cas là je privilégie le potage ou le coca-cola, le quartier d'orange, voire le thé et le café quand ils en distribuent sur certains ultras. Et puis les gels que j'utilise sont pour la plupart liquides, même si leur goût n'est pas terrible.

Oh sinon avec ce genre d'optimisation y'a pas de quoi polémiquer. On est loin des cas où sur certains longs trails et ultras on peut voir des élites partir sans sac (sachant tout le matériel obligatoire qu'on nous demande) et ça pose question. De toute façon, cela ne me concerne pas vraiment, moi aussi je ne suis pas candidat pour les podiums !

Commentaire de Twi posté le 25-07-2021 à 10:26:44

Merci pour le récit, j'avais oublié la pastèque en haut de la Faïta (il en restait à 2h du mat').
Par contre, blanc de poulet / chocolat, très peu pour moi.

Bravo pour ta course en tout cas. As-tu estimé combien d'élites tu aurais déposés si tu t'étais vraiment préparé ?

On en reparle à Millau ...

Commentaire de Zucchini posté le 26-07-2021 à 06:15:00

Mieux préparé, j'aurais tout mis dans Belledonne, et j'aurais donc explosé dans la montée à Chamechaude...trop impulsif le gars :)

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