L'auteur : nanard7th
La course : Ultra Tour des 4 Massifs - 100 Master
Date : 20/8/2016
Lieu : Uriage Les Bains (Isère)
Affichage : 3924 vues
Distance : 80km
Matos : Tout le matos obligatoire !!!
Objectif : Terminer
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J'avais plusieurs objectifs en m'inscrivant il y a quelques mois à l'UT4M100 Master :
- titiller les 100 km pour la première fois (et accessoirement les 6000m D+)
- passer une nuit complète en course, ce que je n'ai jamais fait malgré mes 5 Sainté-Lyon
- découvrir Belledonne et ses lacs sublimes ...
Autant le dire tout de suite, je n'ai atteint aucun de ces objectifs !!!! Et pourtant ….
Mais revenons quelques jours en arrière ... Pour une fois, la météo ne s'est pas trompée et la perturbation qui devait traverser la France, annoncée pour le Samedi 20, est bien là. Alors que faire ? Gros dilemme pour les organisateurs, d'autant que des orages et de fortes précipitations sont annoncées. Vendredi AM lors du briefing d'avant course, retardé plusieurs fois, la décision est annoncée : parcours de repli sur Belledonne et probablement pas de montée à Chamechaude.
Soit.
Autant j'accepte sans aucune réserve (la mort dans l'âme quand même) cette modification (les organisateurs ne doivent prendre aucun risque avec la santé des coureurs et c'est à ce prix que de telles courses peuvent continuer d'exister) autant j'ai du mal à comprendre le manque d'information donnée sur le nouveau parcours : quel profil ? quelle distance ? quel D+ ? D'autant que ces parcours de repli sont définis depuis longtemps (une carte les indiquant était affichée au Palais des Sports).
Le soir, en rentrant chez moi, je vais sur GeoPortail et je trace le nouveau parcours et là je mesure l'étendue des dégâts : on perd 15km et 1200mD+ ... et surtout la partie la plus aérienne et sauvage de Belledonne est complètement tronquée. Heureusement, je m'étais fait le Grand Colon en reco une semaine avant. Mais malheureusement de nombreux coureurs n'ont pas eu cette chance !!!
La course
Uriage - Le Recoin/Chamrousse
Une petite averse peu de temps avant le départ annonce la couleur : ça va être une journée de m..... !!! Je suis avec Philippe et Franck au départ. Nous partons dans une première boucle autour d'Uriage pour une petite "mise en bouche" sympathique.
Le peloton part vite comme d'habitude mais ce qui va suivre (1200m de D+) va rapidement calmer les ardeurs de la plupart des coureurs. Je perds rapidement de vue mes deux compagnons qui vont littéralement voler pendant toute la course …
La montée vers Chamrousse est longue mais pas très difficile. Je prends mon rythme et je vais le garder pendant près de deux heures. Après 10km, sur une partie un peu plus plate ou on aperçoit le Recoin, j'en profite pour discuter avec Francine, une coureuse qui prépare la Diagonale des Fous (du reste, je vais discuter avec beaucoup de coureurs tout au long de cette course que j'aborde vraiment sereinement). La pluie nous laisse tranquille pour l'instant. J'arrive enfin au Recoin.
Là, je ne m'attarde pas dans ce premier ravito bondé ... Un verre de coca, quelques tranches de cake et hop, je repars....
(12,5km - 2h34 - 263ème)
Chamrousse - Freydière
Au recoin , on bifurque sur le parcours de repli. On se dirige donc vers le col de l'Aiguille, 200mde D+ sympa ou on a une belle vue sur la file de coureurs. Le_keke (illustre kikoureur) vient à ma rencontre et m'encourage ... "accélère, Philippe vient juste de passer le col" ... tu parles ... il a déjà 30'd'avance !
La montée est plutôt facile ... Au sommet, un beau paysage mérite quelques photos (ça sera la seule fois de la journée), j'enfile ma Salomon Bonatti toute neuve en prévision de la pluie et j'attaque la descente, le long de la nouvelle piste de Casserousse en travaux puis en forêt sur un single sympa et assez technique.
Il commence de pleuvoir mais les chemins restent praticables (pour l'instant) ... Peu avant Les Seyglières, je retrouve Daniel un collègue coureur du 160. Je reste avec lui, il marche tout le temps et parait très frais et serein malgré plus de 90 bornes dans les jambes. Après les Seyglières, la pluie s'intensifie et la boue fait son apparition. J'ai quand même une bonne allure et comme d'habitude je fais le pac-man en descente. Le parcours est très monotone et un peu triste sous la pluie. Quelques km avant Fryedière, un petit coup de cul vient casser le rythme et j'ai du mal à relancer dans le long faux plat qui rejoint Freydière. Encore un court arrêt (10'). Pour le moment tout va bien !
(27km - 4h51 - 239ème)
Freydière - St Nazaire les Aymes
On rejoint le parcours initial. Sur cette première partie, avec le parcours de repli, on a perdu 12km et 850mD+ c'est donc normal que j'aie 4h d'avance sur mes prévisions !!! La pluie s'est intensifiée, la boue aussi. Ça devient difficile de garder l'équilibre et d'éviter de chuter ou de s'embourber. Comme je sais que je vais changer chaussettes et chaussures à St Nazaire, je tire tout droit dans la boue. Sur la fin de la descente je rejoints un coureur et entame la discussion. La traversée de la vallée du Grésivaudan que j'appréhendais tant, se passe bien, et j'accélère pour arriver à Saint Nazaire à l'heure annoncée à mon fils (14h50).
(40,5km - 6h54 - 227ème)
A Saint Nazaire, j'ai décidé de prendre mon temps. Je me change complètement (de la tête aux pieds). Ce n'est pas facile de trouver de la place dans une salle bondée et surchauffée. Mon fils est assez surpris par le comportement de certains coureurs ... Mais avec la fatigue (les 160 sont partis depuis plus de 30h), ils ne sont plus vraiment lucides ... Après une bonne soupe de vermicelles, tout propre, je repars (251eme après 50' d'arrêt...) bien reposé et d'attaque pour la partie la plus difficile de cet UT4M100 allégé : la montée au Habert de Chamechaude via le col de la Feta (1400mD+ !)
St-Nazaire - Habert de Chamechaude
La bonne nouvelle, c'est que la pluie s'est arrêtée (je prends même mes lunettes de soleil pour conjurer le mauvais sort), la mauvaise c'est que le début de la montée du col est très, très boueuse !!! Difficile de trouver des appuis corrects et les bâtons sont vraiment indispensables. Après quelques km vraiment difficiles, la pente s'adoucit et je trouve un bon rythme jusqu'au col (personne ne me dépasse en montée : c'est bon signe !!!!).
Arrivé au col on emprunte un sentier en crête assez technique et difficile avant de redescendre dans une grande prairie. Je dépasse des 160 qui me chambrent parce que je cours (je les traite de "randonneurs" en riant) et j'arrive dans un effroyable champ de boue collante. Impossible de courir ... même marcher devient une épreuve avec des chaussures qui pèsent des kilos. En sortant de ce bourbier on attaque la montée sur le Habert de Chamechade ou je connais un gros gros coup de mou. Je n'avance plus ... Heureusement ce sera le seul de la course ... et heureusement, le Habert n'est pas loin. En y arrivant je me jette sur les morceaux de pastèques et de melons et sur tout ce qui traine mais (avec le peu de lucidité qu'il me reste) je refuse une bière et une Chartreuse !!! Les bénévoles, comme sur tous les ravitaillements, sont aux petits soins et super sympas ! Ce long arrêt (20') m'a fait du bien, mais juste avant de repartir, on entend un crépitement sur les toiles de tentes : le déluge recommence !!!
(53km - 11h08 - 246ème)
Habert - le Sappey
Au Habert de Chamechaude, on prend le parcours de repli qui évite la montée sur Chamechaude. A ce moment-là, sous une pluie battante, je bénis les organisateurs pour cette décision ! Je me lance dans une longue descente en forêt rendue difficile par la pluie et la boue. Dans un passage pas particulièrement dangereux je glisse et je tombe sur le côté dans la boue. Plus de peur que de mal. Mais je redouble de vigilance. Avant le Sapey, on retrouve quelques portions goudronnées (que c'est bon !!!) et trois petits coups de cul que je passe sans problème. La luminosité est en baisse et finalement, par prudence, je prends ma frontale peu de temps avant d'arriver au Sapey.
(62km - 13h00 - 242ème).
Court arrêt au Sapey avec une soupe de légume : je ne carbure plus qu'à ça ! oublié coca, cake, pâte d'amandes et Tuc de début de course ....
Le Sappey - Col de Vence
Dernière grosse difficulté de la course, les 330m de D+ pour arriver au Saint Eynard ! Je pars avec une coureuse en discutant, rapidement avant la montée, nous sommes incroyablement seuls ! J'adore ce moment de solitude partagé. J'accélère en attaquant les premiers lacets de la montée qui est évidemment boueuse mais ça passe d'autant que tout va bien : pas de douleurs, le moral est bon et puis la pluie s'est arrêtée. Je passe toute la montée, seul, et je me crois à la Nocturne des Teppes (mon habituelle course de préparation à la Sainté-Lyon) on arrive au sommet et là je me pose sur un muret. On distingue à peine les lumières de Grenoble cachées par les nuages ... mais au bout d'un moment, miracle ! les nuages se dissipent et une vue magnifique s'offre à moi.
(photo récupérée sur le Net, la mienne est toute pourrie !)
De coureurs arrivent et continuent sans même s'arrêter. Ca me choque un peu qu’ils ne s’arrêtent pas pour profiter du spectacle... Je me promets de les dépasser dans la descente qui suit. Ce que je fais évidemment, les jambes répondant parfaitement à mes sollicitations. Que la descente est longue ... il faut vraiment faire attention ... J'arrive enfin au ravitaillement du Col de Vence ... Je suis seul ! Quelle différence avec le début de course et quel courage pour les bénévoles qui vont passer la nuit (le dernier 160 y passera vers 10h du matin, le Dimanche) !
69,5km - 14h52 - 233ème
Col de Vence - Grenoble
Je ne reste que quelques minutes au ravito, l'arrivée est proche, je sais que je vais terminer (mais je n'ai jamais douté), je me donne comme challenge de terminer avant 1h du matin. Le dernier faux plat pour arriver au-dessus de la Bastille ne pose aucun problème (je me fais tout de même dépasser par quelques « marcheurs » qui envoient du lourd). Soudain un 160 m’arrête et me demande ou est la montée de Chamechaude … J’essaye de le convaincre qu’on est près de l’arrivée et que la montée sur Chamechaude a été supprimée mais il a visiblement du mal à me croire !!!
J’arrive finalement à le convaincre de me suivre puis je le lâche (en espérant qu’il ne fasse pas demi-tour) !!!
La descente en lacet la aussi est très longue puis on arrive dans la Bastille ou je manque de me perdre, pourtant le balisage ou les marques au sol étaient bien présentes (comme tout au long de la course, du reste), une dernière descente pour arriver jusqu'à l'Isère et ça y est je rentre dans Grenoble. Une ligne verte matérialise le tracé ... je la suis fidèlement tout en courant à une belle allure. Je dépasse des coureurs du 160 et du 80 ... Soudain, un de mes bâtons explose (un trois brins Guidetti) pourtant il était tout neuf ! Je ramasse les bouts et je continue. C'est assez sympa d’arriver à cette heure (Minuit 30) : il y a encore pas mal de monde dans les rues qui applaudissent et encouragent. Par contre l'arrivée vers le Palais des Sports est lugubre ... Pourquoi ne pas faire l'arrivée à l'intérieur ???
Je passe la ligne assez content et finalement assez en forme !!!
80km - 16h43 - 224ème
La déception du parcours de repli et du mauvais temps qui nous a accompagné tout au long de cette journée s’estompe rapidement pour laisser place à la joie d’avoir terminé cet UT4M 80 juste 6 semaine après le TGV. Maintenant place à la récupération parce que dans 3 semaines, j’ai un UTV qui m’attend !!!
Quelques points :
- Des bénévoles incroyables tout au long de la course !!! c’est très souvent le cas mais là, malgré le temps pourri, des coureurs fatigués ou déçu, il y avait toujours un mot gentil, un sourire, un geste pour aider les coureurs. J’ai adoré ces moments passés aux ravitos (c’est sans doute pourquoi j’y ai passé tant de temps !!!)
- Les ravitaillements : du début à la fin : parfait !!! Bon parfois une soupe un peu trop chaude mais il y avait tout ce dont les coureurs ont besoin.
- Le balisage : parfait (même dans le parcours de repli), je n’ai eu que de rares hésitations et je ne me suis trompé qu’une fois (mais il fallait le faire exprès !!!)
- L’arrivée, comme je l’ai dit dans le récit, pourquoi ne pas la faire à l’intérieur du Palais des Sport ?
Bref, une course à refaire mais en prenant l’option « Beau temps » pour voir ça :
Lac Merlat ... avant la montée au grand Colon
Montée au Grand Colon ....
Au sommet du Grand Colon
Bernard
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6 commentaires
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 25-08-2016 à 22:46:19
Merci nanard7th pour le récit et surtout BRAVO !!!
J'ai d'autant plus apprécié la partie liée à la Chartreuse, comme toi cette descente du Saint-Eynard m'avait paru interminable !
MDR le coureur du 160 qui demande où est le Chamechaude !!!
Et le bâton que tu pètes dans Grenoble, grrrrrr
Rdv à l'UTV où je serai "gentil" bénévole !
Commentaire de arnauddetroyes posté le 26-08-2016 à 22:10:25
on a pas discute ensemble au depart d Uriage?
Bravo pour ta course car tu es quand meme finisher!
Commentaire de cyss posté le 27-08-2016 à 21:02:51
bravo pour ta course!! Et t'as vachement bien récupéré... quand je vois comment tu as réussi à trainer juCB une semaine apres.. :-)
Commentaire de cyss posté le 27-08-2016 à 21:11:53
oups... J'ai confondu namtar et nanar...
Ceci dit, bravo pour ta course nanar!!
Commentaire de peno38 posté le 28-08-2016 à 21:50:13
Bravo Bernard pour ta course, et merci car sans toi je ne pense pas que je me serais inscrit à cet UT4M 100. La prochaine fois j'espère que l'on fera plus que 400m ensemble :)
Je suis 100% d'accord avec tes commentaires.
Philippe
Commentaire de samontetro posté le 22-11-2016 à 21:00:17
Tien, je l'avais pas lu ce récit! Dis toi qu'avec les conditions que tu as eu, ça valait largement un 100Km/6000D+ normal cet UT4M! Avec une couche de mental supplémentaire indispensable en plus! Alors juste, bravo!
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