Récit de la course : Andorra UT Vallnord / Ronda dels Cims 2016, par crazy_french

L'auteur : crazy_french

La course : Andorra UT Vallnord / Ronda dels Cims

Date : 15/7/2016

Lieu : Ordino (Andorre)

Affichage : 3657 vues

Distance : 170km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

Partager :

Chronique d'un abandon annoncé !!!

Il y a 3 mois je fais une phlébite au mollet gauche après une Ste Victoire courue à allure de sénateur.

La cause est mal identifiée, je commence un traitement anti-coagulant qui débouche la tuyauterie seulement en juin.

Je renonce à l’Ultra des Aventuriers du bout de la Drôme (les copains y font de super perf’ Guillaume gagne et Domnin 8ème).

La Ronda s’annonce possible et je mets les bouchées doubles pour retrouver le niveau : Trail des Maures, Ultra Trail du Ventoux et 3 sorties Montagne dans le Champsaur. La dernière semaine, la douleur revient, je refais un doppler aux urgences qui s’avèrent négatif… on y va !!!

Pour prévenir, je décide de prendre du Lovenox pendant la course sous forme de 3 injections sous-cutanées (merci Isa).

A Ordino la veille de la course, nous retrouvons Samuel et son assistante de choc Alex. Après un briefing qui annonce un temps excellent, nous partageons une assiette de pâte et échangeons nos impressions pour demain. Samuel est sur les mêmes bases que moi, sans nous le promettre, nous allons faire une partie de la course ensemble. 

Départ vendredi 7h00, nous apprenons avant de partir qu’il y a eu un attentat à Nice, sans plus de détails… Samuel, très joueur, propose de partir en queue de peloton. Ce n’est vraiment pas mon style mais pourquoi pas finalement, sur une course comme la Ronda tout est possible et au moins on va doubler.

Allez direction la Parc National de Sorterny, c’est magnifique. Nous prenons le rythme doucement. Il fait frais et les petits bobos s’estompent. Après 2h00 de course, je commence vraiment à m’impatienter car ça bouchonne pas mal et j’ai besoin de trouver mon propre rythme. Samuel suit sans sourciller.

Collada Ferreroles, c’est le 1er col à franchir, j’en ai compté 16 (à comparer avec la Mitic où il y en a « que 10 »). C’est l’occasion de tester le mollet, je sens une petite point habituelle depuis début juin ; pour l’instant rien d’inquiétant.

Un ravito express avec Isa en support ; nous sommes en phase avec Sam sur le temps à passer.

Km21 Refugi Sorteny 193ème 3h50

Avant Arcalis, j’ai pris de l’avance sur Samuel. Pour l’instant, ce n’est pas technique et je continue à m’alimenter régulièrement

Km32 Coma Arcalis 148ème 6h30

Visiblement Samuel préfère rester en retrait et je continue sans lui vers le Pic d’Arcalis. La pente est raide, je trouve enfin le pourquoi je suis venu : du technique et du pentu. La descente est un pur régal ; je range les bâtons et me laisse aller librement (un peu trop ???). Enfin, on devine le Comapedrosa qui nous toise de loin se croyant inaccessible.

Km45 Pla de l’Estany 121ème 9h19

Le vent devient gênant dans la montée du Comapedrosa, il fait froid mais ça ne durera pas. La 1ère partie se fait dans des gros blocs (à l’image du Pas de la Vache) puis ça devient de plus en plus pentue jusqu’à un premier col. Le final est plus facile jusqu’au sommet et le célèbre joueur de cornemuse. Vu à 360° sur la chaine des Pyrénées, un grand moment de la course ; cela change de la Mitic gravi de nuit.

Km47 Pic Comapedrosa 108ème 10h56

Dans la descente, je redescends trop bas (jusqu’aux tentes) et fait 150m de D+ supplémentaire… pas grave à ce moment. Mes jambes sont toujours aussi efficaces en descente et je prends plaisir.

Km51 Refugi Comapedrosa 104ème 11h43

Les descentes sont soit dures dans les cailloux soit herbeuse droit dans le pentu. C’est plus que technique et il faut vraiment être vigilant. La remontée avant le ravito est hard, je décide de m’arrêter et m’alimenter plutôt que d’attendre le ravito… je suis lucide. En haut, Isa et Alex m’attendent ; je repars avec un américain qui a payé une assistance spécifique pour la course…

Km61 Coll de la Botella 104ème 13h55

Equipé de la frontale, je repars sur un sentier en balcon pour atteindre à la nuit noire la Bony della Pica.

Km67 Bony de la Pica 86ème 15h27

Encore une fois mon expérience de la Mitic me permet de mieux appréhender les difficultés. Il y a 1600m de D- avec 200m de D+ à mi-pente. La 1ère partie est équipée de chaines puis on rentre dans du très dur, c’est très limite mais ça passe. Après, c’est plus roulant mais il faut rester vigilant. Je me relâche, un peu trop ; je bute sur une racine et part le corps en avant. A l’atterrissage, mon quadri percute un caillou pointu. Je fais un rapide bilan : rien de casser mais gros hématome qui m’empêche de descendre en souplesse. La Base de vie n°1 n’est pas très loin, je continue en espérant que la douleur d’estompe

Km75 Margineda in 76ème 17h06

Là-encore Alex et Isa sont là. J’avais programmé de dormir à la Margineda et Samuel est 1h00 derrière. Je prends donc le temps de me doucher, de me changer et de l’attendre. Samuel prend plus de temps que prévu et je reste plus d’1h30.

Km75 Margineda out 91ème 18h40

Le Samuel est dans le dur en montée mais heureusement il se refait la cerise dans la descente ; je boite mais reste stoîque. Une descente inutile supplémentaire nous ramène presque à la Margineda ; le duo marche parfaitement.

Ce moment est crucial dans la course car jusqu’au 130ème, il n’est plus possible d’abandonner (un peu à l’image de l’entrée dans Mafate sur le GRR). Il faut passer peu de temps au ravito pour éviter de gamberger, je sens Samuel en plein doute.

Km87 Coma Bella 86ème 22h00

La montée au Pic Négre est longue 1200m de D+ mais facile. La levée du jour a lieu à mi-pente. J’imprime un rythme lent mais régulier, Samuel me reprend juste avant le sommet et je fais la descente en tête jusqu’à Claror. Nous rejoignons une fois de plus la Mitic, cette fois-ci il y a beaucoup de coureurs. Je me suis trompé sur la distance au refuge et le petit col avant Claror je suis à sec. Plus grave, mon genou gauche me fait très mal en descente, sans doute dû à une compassassion de ma douleur au quadri droit. Une fois de plus Samuel me rejoint au refuge, il en a marre ; il veut dormir. On se dit au revoir… en sortant il y a des secouristes je me fais strappé le genou.

Km105 Claror 79ème 27h25

Il fait chaud à présent, je garde un petit rythme en espérant que Samuel revienne de l’arrière. Dans la vallée d’Illa, je perds la gnack ; pour me remotiver je décide de faire une baignade dans un torrent bien frais. J’oublie mon portable dans la poche arrière et je le noie illico… Damned !!!

Les derniers lacets pour atteindre le refuge sont interminables quand j’arrive à 2400m je m’essouffle et tremblote : qu’est-ce qui se passe ?

Km117 Refugi Illa 80ème 30h56

Après le refuge, il y a un petit coup de cul à passer au col Vallcivera puis une descente dans un vallon normalement facile ; le genou devient de plus en plus fainéant et ne veux rien entendre. Après une montée laborieuse au Coll Isards, j’aperçois le Pas de la Casa. Les bâtons me sont précieux mais il n’y a plus de plaisir à descendre tel un petit vieux.

Km130 Pas de la Casa In 87ème 34h05

Abandon à Pas de la Casa après 10500m de D+ et 1er sur une dizaine d'ultra.

Le Col d'Isard a été une longue discussion intérieure en pesant avantage et inconvénient à continuer:

 - chute qui m'empêche de descendre convenablement (genou et cuisse),

 - mal de l'altitude,

 - traitement anti-coagulant suite à phlébite 3 mois en arrière (risque hémorragie en cas de chute),

 - téléphone noyé (pas top en terme de sécurité),

 - fatigue générale avec une 2ème nuit dehors,

- Isa pas rassurée,

- connaissance de la suite (Mitic y a 2 ans)... la fin est lonnnnnngue.

Je comprends aussi que Samuel est 1h30 devant moi ??? Par déduction, c’est au moment où je me fais strappé à Claror qu’il passe devant. Il termine 63ème en 46h30. Bravo champion !!!

36h après et 2 nuits de sommeil, je ne regrette pas mon choix même si j'avais les armes pour finir. Ma fierté est d'avoir su renoncer avant de m’abîmer le corps. A ceux qui veulent tenter la Ronda, venez à 100% et même plus !!!

Message par mail de mardi matin: " On est heureux de te confirmer que tu as été sélectionné pour participer au Tor des Géants® 2016. À partir d'aujourd'hui, 19 Juillet, jusqu’à 12h00 du 22 Juillet (heure italienne) tu auras la possibilité de confirmer ta participation. "

 

Que croyez-vous que j’ai fait ???

3 commentaires

Commentaire de randoaski posté le 22-07-2016 à 15:12:39

Une entame de course pourtant bien gérée: dommage que ton état de santé ait influé sur la suite de ta course. Du coup j'en ai relu le récit de ton Échappée Belle et je trouve que nos aventures se ressemblent. Heureusement les petits soucis semblent m'avoir épargnés lors de mon dernier ultra: j'espère que cela va se poursuivre et qu'il en sera de même pour toi ;)

Commentaire de nicomtpr posté le 24-07-2016 à 22:23:53

Bonjour,
Sans animosité mais je suis étonné qu'un médecin t'ait laisser courir sous anticoagulant, avec le risque de saignement et d'insuffisance rénale fonctionnelle dans le cadre d'un ultra. Je pense qu'il faut le redire: pas de médicament en course

Commentaire de CharlyBeGood posté le 09-08-2016 à 09:13:23

Merci pour ton récit, il faut que je me lance dans la rédaction du mien qui aura eu malheureusement la même issue de course avec un abandon peu après la mi-course. Deux autres points communs : 1er abandon en 4 ultras "100 miles" et... le Tor dans moins d'un mois !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.08 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !