L'auteur : nico_looping
La course : Trail de Faverges Icebreaker - Trail des Sources du Lac
Date : 5/7/2015
Lieu : Faverges (Haute-Savoie)
Affichage : 2667 vues
Distance : 29km
Objectif : Se défoncer
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05 Juillet 2015 : 6h15 : le réveil sonne. C'est le grand jour. Le jour de la course qui est mon objectif de mes débuts en trail : le Trail des Sources du Lac à Faverges. La plaisanterie du jour présente 29km et 1500D+ sur le papier.
Je suis un peu stressé, la boule au ventre. Un peu plus de 3 mois que j'ai commencé le trail. Environ 550km de couru et 22000D+ en entraînements et randonnées. Je me lève, je ne suis pas seul : ma copine est là mais elle part au boulot. Première fois sans elle sur une course.
Je saute dans la voiture, je récupère Mathieu que j'emmène aussi à la course et Quentin qui n'a pas pris de dossard mais qui veut m'accompagner au moins sur une partie de la course. Il m'annonce qu'il n'est pas au top de sa forme depuis le Marathon du Mont Blanc et qu'il ne sera peut-être pas en mesure de me suivre ; je n'en crois pas un mot !
Arrivé sur place, parking, récupération de dossard et échauffement, les jambes semblent OK mais quelle chaleur alors qu'il n'est que 8h30...Je suis devant un dernier dilemme : Waterbag + gourde ou juste Waterbag. Je choisirai la dernière solution, les organisateurs ont dit qu’ils avaient prévu des points d'eau supplémentaires. Au pire, je remplirai le Waterbag.
Mon objectif aujourd'hui est de finir en un temps correct rapport à ma préparation. Je me suis fait une feuille de route "optimiste" pour faire 3h30 mais ça va être dur et je le sens dès le positionnement dans le sas de départ.
Je suis environ au premier tiers des partants ce qui me semble être mon niveau. Je suis avec Mathieu au départ qui veut finir en moins de 5h. Nous nous souhaitons bon courage et c'est parti. J'espère que je ne le reverrai avant la fin de la course sinon c'est que je vais finir mal !
Km 0 : Ça part fort de tous les côtés, je me cale dans un bon rythme mais ne veut pas me griller, 12 km/h. Je me fais doubler mais je double aussi. De toute façon, je le sais c'est la portion la moins déterminante de la course, je ne m'affole pas. On sort de la ville par un petit château avec les premières marches, c'est là que je me rejoins Quentin.
Km 2 : Nous montons doucement au-dessus de Faverges à travers les hameaux, les champs et les bosquets, je me laisse guider par Quentin mais je sens que les jambes ne sont pas au top. Et il fait déjà très chaud. Qu'importe l'appétit vient en mangeant, je sais que je suis bien après 30 à 45 minutes.
Km 3 : J'ai réduit l'allure, je sens déjà le coup de moins bien arrivé, je m'hydrate bien et laisse filer un peu Quentin. Nous arrivons au Villaret Tiens mon père est là, appareil photo au poing. Je fais le beau, ça me rebooste. Je me permets même de lui répondre que les jambes vont bien.
Km 5 : Nous avons quittés Faverges et ses sous-bois pour attaquer la forêt. 40 minutes tout pile soit exactement le plan de route. Ce qui confirme mon impression : je suis parti très vite et j'ai ralenti. Bilan physiologique : j'ai très chaud, les jambes lourdes et des frissons. Ma vue n'est pas hyper claire. Ca sent l'hypoglicémie ! Déjà dans le mal ! La journée va être longue... Heureusement Quentin est là pour me motiver, grâce à lui, je garde le moral !
Km 7 : Petit à petit, j'ai réduit l'allure pour me gérer. J'ai bu pas mal. Le gel a fait son effet mais pas d'euphorie, je marche sur des œufs à ce moment-là. Depuis 2 km, je me suis fait beaucoup doubler pour ne rien arranger. Des passages un humides en devers obligent tout le monde à ralentir, ça me va, je souffle un peu.
Km 10 : A force de me faire doubler, j'ai l'impression que Mathieu va me reprendre mais j'arrive finalement au premier point d'eau. Beaucoup de monde se presse autour de la source, je chope une bouteille pleine, la boit cul sec, elle est fraîche c'est bon. Je la remplis à nouveau, je mouille ma casquette et je repars. Quentin est resté sur place attendre des amis à lui. Il me rattrapera. Je mange un bout de barre énergétique et boit une gorgée d'eau en marchant et c'est reparti. Je me sens mieux, je cours jusqu'au pied de la plus longue ascension continue de la journée : 500D+ en 3km. J'en ai déjà fait 600m et 10km en 1h30. Je m'éloigne des 3h30 qui me semblent prétentieux par rapport à mon niveau maintenant mais c'est comme ça qu'on apprend !
Km 12 : Quentin m'a repris depuis quelque temps déjà et il mène le train à la même allure que j'avais avant qu'il me rattrape. Derrière moi, d'autres coureurs profitent du rythme d'horloge suisse de Quentin. Un gars me dit qu'il vient du Nord et a mis ses enfants dans un centre aéré du coin avant de venir crapahuter ici. C'est sympa, j'ai un rythme correct en montée et relance dès que je peux. Quand la pente s'accentue, je ne freine pas et quelques-uns de mes compagnons ont décroché.
Nous sommes au-dessus de la forêt, juste ne dessous du pas de l'Ours. La vue est magnifique, nous apercevons la Tournette et le massif du Mont Blanc. Des nuages masquent le soleil, la chaleur retombe, nous soufflons tous un peu.
Km 13 : 2h10 d'efforts. Arrivé au Pas de l’Ours. Premier pointage et première descente. Quentin et moi accélérons, plus personne derrière nous. Nous avalons vite les gens de devant. Je ne suis pas au mieux, les crampes commencent à se manifester dans les grandes enjambées mais que cela fait du bien de sentir la vitesse et de rattraper voire doubler des concurrents ! La descente commence dans les alpages et se poursuit dans des bois. Le soleil est revenu et avec lui la remontée dans les alpages. Nous abordons la route forestière et je sens la fatigue poindre, les jambes sont des enclumes. Je prends mon 2e et dernier gel, je m'hydrate. Ah, je n'ai plus d'eau et la chaleur recommence à nous assécher.
Km 15 : Point d'eau à une source, juste des verres. J'en prends 2 et les bois sur place. Quentin non plus n'a plus d'eau mais il n'a pas l'air de souffrir de quoi que ce soit. L'alternance de montées et de descentes est terrible mais nous permet de rattraper des concurrents qui souffrent au moins autant que moi mais nous serrons tous les dents. Le panorama est magnifique : l'épaule de Chaurionde, les Aravis, les Bauges et la Sambuy. Tout est splendide.
Km 17 : Nous arrivons au refuge forestier, une source faiblarde coule. L'unanimité des concurrents s'arrête remplir leurs gourdes, poches et Waterbags. Je ne fais pas exception. Le débit est ridicule et pas mal de monde s'impatiente. Je regarde le chrono : 2h40, là 3h30 c'est fichu, impossible de finir à 14km/h de moyenne dans mon état avec les difficultés à venir. Même finir en moins de 4h semble compromis tant il reste à parcourir. Finalement mon tour : je remplis mon Waterbag à environ un tiers et repars. Quentin remplit deux bouteilles après moi. Je démarre dans la descente et accélère. Il me rattrapera, c'est grâce à lui que je descends aussi vite.
Km 19 : Quentin m'a rattrapé et encouragé pour atteindre le ravitaillement. Je m'arrêt vraiment. Je prends le temps, je mange, je bois. Beaucoup de monde est arrêté. Je bois du Coca, j'ai des crampes d'estomac mais ça a l'air de dissiper celles des jambes. Je fais le plein de ma bouteille en Coca et repars : 3h10 à la montre. Quentin va attendre ses amis pour finir avec eux. Je m'aventure vers la route forestière et reprends mon chemin seul cette fois. Un seul coureur est reparti proche derrière moi et un autre plus loin devant. Brassé mais revigoré, je cours un peu dans la succession de montées, descentes et plats puis c'est l'attaque de la grande descente. Je trace. Les coureurs sont très espacés maintenant.
Km 21 : J'ai doublé pas mal de monde avant de rentrer à nouveau dans la forêt. C'est maintenant des singles. C'est plus difficile de doubler mais la plupart des coureurs finissent plus tranquillement que moi. Ma foulée s'entend de loin et tous me laissent courtoisement passer malgré l'étroitesse du passage. Je jette un coup d'œil à mon poignet : 3h23. Les 4h sont encore jouables. Je chope une bouteille d'eau supplémentaire puisque j'ai fini mon Waterbag et ma bouteille de Coca. De toute façon, je vais finir cette descente en mode avion et je boirai derrière la ligne. La chaleur persiste, mes forces s'échappent à chaque pas que je fais, je sens ma lucidité défaillir un peu. Je me ressaisis, c'est comme ça que je suis tombé dans mes précédentes courses.
Km 24 : Les kilomètres défilent et le temps aussi alors que beaucoup marchent, je cours. C'est mon moment dans la course, celui que je préfère même si, sur le coup, je n'ai qu'une envie : arriver. Toujours dans la forêt, je finis la dernière bouteille glanée quelques kilomètres plus tôt et débouche sur la route forestière. C'est plus roulant maintenant, moins de dénivelé. Je marque le pas. Ma remontée est moins folle, je me cale à 12 km/h dans cette route de cailloux et de poussières. Au loin un point d'eau, je vois mon père avec l'appareil photo. Je souris, c'est moins dur maintenant, je lui glisse un "C'est dur, vraiment dur !" Il m'encourage en me disant qu'il y en a encore beaucoup derrière qui souffrent aussi. Je bois un verre d'eau au passage et fait un bilan rapide : mal de ventre persistant mais supportables, jambes lourdes et souffle court. La chaleur rend étouffante la portion en single d'après dans les sous-bois. Le temps : 3h34, je sais que nous sommes à hauteur du Villaret donc encore 4 km maximum, je vais pouvoir tenir les 4h, il ne faut rien lâcher !
Km 25 : Je double encore dans les singles. Un mec me lance :"Ah, c'est toi ! Je te rattraperai sur le plat !" Je me note mentalement de tout donner et de finir devant lui. J'arrive sur le bitume, un dernier point d'eau, je bois deux gorgées et m'asperge le visage. Je suis au max à 11 km/h et ne lâche rien. C'est dur, le soleil m'écrase.
Km 27 : C'est le dernier km, je ne peux pas aller plus vite sous peine de crampes, je n'ai plus de souffle, mes mollets durcissent à chaque pas mais c'est la fin. J'arrive dans le parc seul. Quelques personnes devant et personne derrière. Je l'ai fait! 3h56. Mon père est là, il a réussi à arriver en vélo sur la ligne pour me shooter dans mon dernier effort de la journée. J'ai un coup de chaud, heureusement un arroseur me douche de la tête au pied. Je bois, je mange un maximum de ce qu'il y a au buffet d'arrivée.
Je vais décompresser et redescendre doucement de cet effort avec mon père. Je croiserai aussi le père d'une copine et un camarade du lycée. Pendant ma récup, je rejoins Mathieu arrivé en 4h45 (objectif de moins de 5h atteint pour lui !) et j'attendrai Dominique, un ami qui courrait le 48km, je ferai le sprint final avec lui qui a bouclé en 8h15 cette course très exigeante.
Puis arrive au bout du bout Quentin, qui a accompagné ses amis puis a brancardé un malchanceux jusqu'aux routes carrossables.
Je tenais à remercier ma chérie d'abord qui m'accompagne pendant mes entrainements et qui se joint volontiers à moi, mon père qui bravé la chaleur pour me soutenir et me prendre en photo. Merci à mes compagnons de route Mathieu et surtout Quentin qui m'a encouragé et m'a beaucoup aidé notamment moralement pour mon passage à vide dans la montée.
Enfin bilan sportif de mes débuts en Trail : les 3h30 sur ce Trail très exigeant sont une marche encore trop haute pour moi malgré une préparation sérieuse. En tout cas, j'ai beaucoup souffert mais j'ai aussi pris beaucoup de plaisir notamment à la descente, mon point fort (j'ai reprise finalement 51 coureurs entre le début et la fin de la descente). Par contre, je sens que je ne peux pas faire plus long ni plus de dénivelé sous peine de vraiment saturer du Trail.
Du coup, motivé à fond pour poursuivre mon initiation au trail avec sûrement le Trail du Bélier, fin août à la Clusaz et en ligne de mire le Trail du Semnoz empruntant mes chemins d'entraînement début septembre.
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