L'auteur : Fufanerunner
La course : Ultra Trail de Côte d'Or
Date : 30/5/2015
Lieu : Marsannay La Cote (Côte-d'Or)
Affichage : 1500 vues
Distance : 105km
Objectif : Terminer
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Samedi 30 mai, 1h30 AM.
Je sors de ma (trop) courte nuit pour aller petit déjeuner avec mon pote Charlie.
Salade de pâtes, tartine de beurre, thé.
Equipement Ok. Maillot, short trail, manchette, sac olmo 5 sur le dos avec à manger pour 4 jours (on sait jamais, si je me perds !!) Et mes éternelles Mizuno Inspire aux pieds.
Si je suis prêt ? Je ne sais pas !
Mais j’ai envie d’aller en découdre avec ce petit parcours qui nous attend.
Au programme de ce samedi 30 mai, l’Ultra Trail de Côte d’Or et ses 3800m D+ et 105km à boucler en moins de 19h.
Même pas peur (quoique, un peu quand même, mais chut, c’est un secret !)
Le père de Charlie nous dépose au départ. C’est quand même pratique d’habiter à 5km de la ligne de départ.
On récupère nos dossards.
Je crois mon beau-frère Jean-Phi, un kikoureur qui courre, venu là en accompagnateur de Mamanpat, avec comme petit objectif de faire entre 15h et 16h… Je vais les laisser partir devant, hein, c’est pas le même niveau.
Perso, mon seul objectif est de finir mon premier « plus de 100km », Si je mets 18h59 je serais le plus heureux ;-)
On est à peu près 200 au départ, il est 3h00 du mat’. Après un petit topo du GO, les fauves sont lâchés.
On part tranquillou avec Charlie. Les premiers km servent à sortir du village de Chagny et on attaque la première petite montée entre les ceps. Et je marche. J’ai mon topo avec toutes les BH, les moyennes à tenir, et je sais que la première BH (km25, 7,2km/h de moyenne) risque d’être un peu tendue mais je préfère quand même ne pas commencer trop fort. En plus Charlie est un marcheur et on avale cette petite pente à 6km/h de moyenne quand même.
Il fait nuit, la température est extrêmement tiède, une petite bise me caresse la raie des cheveux, un pur moment de bonheur qui je l’espère va durer.
Le peloton est déjà bien étiré et on se retrouve vite seul avec Charlie. Comme pour nos sorties précédentes il donne le rythme en montée et moi je relance dès que c’est plat.
Le jour se lève petit à petit. Les paysages sont grandioses, entre champs de blé, vignes et bois. On est trop bien, sauf que Charlie commence à se plaindre de son genou dans les descentes. Pas drôle.
On arrive au premier ravito qui est aussi la 1ère BH avec 15’ d’avance sur la limite. Le plein des gourdes et on repart. Ca fait déjà plus de 3h qu’on se balade.
Moi, je suis sur mon nuage, tout va bien, j’essaye de boire un peu plus que d’habitude. Et tout se déroule sans accroc.
Sauf que le genou du Charlie commence à faire des siennes même dans les montées. Je ne le sens pas au top et au bout de quelques km il décide d’arrêter les frais. Il nous reste 75km et en ayant mal à chaque pas, c’est pas jouable.
Coup dur pour lui et pour moi, j’étais à fond pour qu’on finisse tous les 2 mais bon, ça sert à rien de souffrir pour une course, il en fera d’autres !
On s’arrête 5 minutes. Je lui refile tout ce dont je n’ai plus besoin (buff,coupe-vent, frontale…)
Une fois allégé, je pars devant, le prochain ravito est dans 3 ou 4 km, il va les faire en marchant et moi faut pas que je perde le rythme si je veux passer les BH.
Adieu Charlie !! Mais je le reverrais à presque tous les ravitos. Et ça fera du bien au moral !
Je l’abandonne sans aucune pitié mais avec d’énormes regrets. Et je me remets dans la course.
Sur le plat, je trottine vers les 7 km/h, en montée je marche et dans les faux-plat descendants et les descentes je monte à 8 ou 9 km/h. Si je veux tenir la distance, il ne faut pas que je force plus, même si par moment ça fait envie.
J’arrive au point d’eau du 33ème km. Juste le plein et je repars.
La prochaine grosse BH est au Km 50. Ça devrait le faire.
J’attaque une des plus longue montée du parcours, entre le 35ème et le 40ème. Pas très violente mais longue. Je la digère peinard et fonce (tout est relatif !) vers mon prochain objectif.
Et je tombe dessus, Changey, BH passée avec 1h d’avance. En fait on m’a menti. Je n’ai que 46km au compteur. Moi ça me va bien. Je me pose un peu plus longtemps, bien content d’être arrivé là sans ennui.
Petit check up : Température : Ok ; Douleurs : aucune ; Estomac (mon point faible !) : nickel ; Motivation : au top.
Je repars, prochain objectif la BH vraiment éliminatoire du km83.
Je suis tout seul depuis un moment et là je rattrape un jeune homme (V3), Marc avec qui je vais finir l’aventure. Pour son premier trail, il n’a pas choisi le plus simple, ni le plus court. Et il a un peu de mal à relancer. Heureusement j’arrive J
Les paysages sont changeants et toujours magnifiques. Par moment on se croirait en Ardèche, parfois dans la garrigue, voire dans les forêts du Pilat. C’est génial.
Les montées sont parfois raides mais assez courtes. Quelques longues et interminables lignes droites sapent un peu le moral mais c’est le jeu ma pôvre Lucette ! On a quand même 105km à parcourir.
Ravito du 66ème km. Je l’ai pas vu arriver. Je suis franchement bien. Le plein des gourdes fait on repart avec Marc.
Et là, c’est le drame…Hein, ah non tiens !!!….Qu’est ce qui se passe ??!!??
D’habitude, il y a toujours un moment où je tombe, où je me tords une cheville, où je prends mal au bide…Mais là rien, pas de drame, je ne comprends plus rien, mais pour une fois ça m’arrange.
On attaque les 2 premières combes du parcours. Des descentes très raides qui glissent bien. Des remontées très sèches qui me coupent les cuisses. Je redoutais ces passages, j’avais raison. Mais ça passe.
Ravito du 83ème atteint sans trop d’encombres et dans les temps (avec un peu moins d’avance que tout à l’heure !)
Je fais une vraie pose. Sandwich au poulet, sandwich jambon. Un peu de coca, de l’eau gazeuse…Je suis bien.
Et c’est reparti, mine de rien il me reste encore un bon semi-marathon à faire et ça fait déjà presque 14h que je me balade.
Oui, à l’allure où je vais-je ne vais pas avoir la prétention de dire que je coure !! Faut pas déconner non plus.
Aller hop, j’attaque les combes avec une prochaine BH au km 95.
Et là, après 2 ou 3 autres combes, ça commence à être dur, grosse fatigue générale qui s’installe.
Heureusement Marc est toujours là. C’est un grand randonneur, le D+ lui fait pas peur, il marche en montée à une allure impressionnante. Et je m’accroche derrière. Sur le plat, c’est moi qui lance l’allure : « Allez hop, trottinette !!! » On n’est pas loin du but, mais on en est encore loin quand même !!!
Au fond d’une combe on tombe sur des panneaux 9km/35km/47km…Rien sur le 105…On suit ces panneaux.
Et là, c’est le drame, d’après mon GPS, on devrait être au ravito, mais rien. On pense être perdu, y’a bien des rubalise mais on ne voit pas le ravito. Petit moment de panique. On est un petit groupe de 4 ou 5 et on décide de continuer à suivre les rubalises. Ce petit moment d’hésitation fait qu’on arrive au 95ème avec 15’ de retard. Mais les GO nous laissent passer.
En fait 105 c’était bien écrit, en blanc sur fond blanc avec juste le tour des lettres en noir. Si tu n’as pas le nez dessus, tu ne vois rien !!!
Il reste 9km, on doit arriver avant 18h30, ça nous laisse 1h45.
Ecrit comme ça, ça à l’air tranquille. Mais en sachant que j’ai 95km dans les pattes et qu’il reste 2 combes à passer, ça me paraît limite quand même !!!!
Première combe passée sans difficulté. Je me force à courir sur le plat mais je n’ai plus d’énergie. Marc à un peu de mal aussi mais il gère mieux les montées que moi.
Tous les km je fais le point. Si on tient les 6km/h, ça passe tranquille. On est bon…
La deuxième combe arrive. On est toujours à la limite de la BH et Marc part devant. Moi, je cale.
Je fais 2 pas et j’arrête. J’en refais 3. Je me pose. Cette dernière montée bien raide dans la caillasse me plombe le moral et je n’ai plus de forces. Encore 3 pas. Encore 2. Une pose. Je suis cuit.
Quand j’arrive enfin au sommet, plus de Marc, Et les 2 loulous qui étaient avec nous sont partis aussi.
Seul au monde, je suis seul au monde. Je me pose sur un gros rocher, je sors les cacahouètes. Une toute petite pose qui fait du bien. Je regarde le GPS, le chrono. Petit calcul rapide. Je me donne un gros coup de pied au cul. Je range mes douleurs musculaires dans un tiroir et me mets à courir.
Normalement il me reste 3km, c’est rien. Dans le sous-bois je m’étonne à (presque) atteindre les 10km/h. Je veux passer cette p****** de ligne.
Je commence à apercevoir Marsannay derrière les arbres, mais il faut encore faire une bonne boucle dans les bois avant d’atteindre le village. J’entends le speaker de l’arrivée. Il reste 2km.
« Je suis bien, tout, va bien, je ne vois pas pourquoi, pourquoi ça n’irai pas !! »
« Run to the hills !!!! Run for your life !!!! »
« Run, run, think you better run pretty baby !!!! »
J’ai pleins de trucs qui me passent par la tête, je m’occupe plus de rien à part avancer.
Et là, je sors du bois. Les 3 affreux lâcheurs sont juste devant. Au bout du champ j’entends Charlie qui m’encourage. L’église est pas loin et la ligne d’arrivée juste derrière.
Je ne regarde pas le chrono. Je sais que ça va le faire.
Une dernière descente sur la terre avant de toucher le bitume. Un petit tour dans le village et je suis sur la dernière ligne droite.
Y’a pleins de gamins qui font des allers-retours entre les coureurs pour finir avec eux. Je pique un dernier (et premier) sprint avec eux pour rigoler.
Ligne franchie après 18h17.
Je suis le plus heureux des hommes.
Sur un nuage.
Le gentil speaker me pose quelques questions sur ma prépa, d’où je viens…Je réponds machinalement. Je suis complètement ailleurs.
Putain, je viens de faire 105km, et j’ai l’impression de pouvoir courir encore toute la nuit !!!
Trop bien !
Trop bon !
C’est la première fois que je termine une épreuve en étant aussi serein et content. Et surtout sans avoir mal partout…
C’est après m’être assis sur un banc et avoir fini un autre sandwich au poulet que je réalise quand même que j’ai mal partout, très froid malgré la chaleur estivale et que je ne vais pas réussir à me lever tout seul…
Super épreuve cet UTCO. Les bénévoles et les organisateurs sont adorables, les paysages magnifiques. Pour mon premier 105km j’en suis super content.
A+ les traileurs !
Eclatez-vous !!!
Fufanerunner
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9 commentaires
Commentaire de Jean-Phi posté le 05-06-2015 à 15:16:43
Ouais alors le "je peux courir toute la nuit", tu le réserves pour "je peux faire du vélo toute la nuit dans quelques semaines", hein ! Sinon rien à redire, travail propre, soigné. Bravo et bien joué.
Commentaire de Fufanerunner posté le 05-06-2015 à 15:35:32
Merci m'sieur ;-)
Sinon pour le Riquet, on va gérer ça comme des pro !
Le vélo toute la nuit, même pas peur.
Mais si il fait aussi chaud qu'aujourd'hui ça va être torride la journée
Commentaire de Jean-Phi posté le 05-06-2015 à 15:41:52
Bien pour ça qu'il faudra être plus lent en journée qu'en nuit comme évoqué ! ;-)
Commentaire de Mamanpat posté le 05-06-2015 à 16:36:50
Le 2ème effet kiss cool une fois la ligne passée e avoir eu le malheur de s'asseoir ! En 2013, impossible de me relever ma cahouette avait du aller chercher la voiture garée à... 150m !!!
Bravo à toi et tu vas nous le pousser au cul le Jean Phi au Riquet ! :-)
Commentaire de PhilippeG-640 posté le 05-06-2015 à 18:46:28
Bravo Fufanerunner ! Pour une première sur un 100km, tu as assuré :-)
Pas facile de courir aussi longtemps et en plus tu choisis un trail ou l'on doit se trouver rapidement seul, chapeau !
J'espère que cela va te motiver pour continuer...
Cela donne envie de la faire celle-là ;-)
Bonne récup;
@+
Philippe
Commentaire de arnauddetroyes posté le 06-06-2015 à 00:15:28
Merci pour ton CR et super gestion de course quand même !
3 chiffres= 1.0.5 ca le fait bien!
Commentaire de Fufanerunner posté le 08-06-2015 à 09:56:34
Merci les Kikous. Enfin des gens qui ne me prennent pas pour un fou quand je dis 105km en courant ;-)
Commentaire de Gogo_Gobiox2 posté le 08-06-2015 à 13:41:21
Respect pour ta course et ton CR ! L'émotion est vraiment palpable, et c'est ça qui fait avancer ! Bonne récup !
Commentaire de Spir posté le 10-06-2015 à 13:40:06
Bravo pour cette gestion de course ! Belle gestion des barrières horaires qui doit quand même bien occuper mentalement. Félicitations pour être arrivé au bout ! Le fait que tu dises "mon premier 105" et pas "le dernier" montre que tu as bien géré ;o)
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