L'auteur : a_nne
La course : Ultra Trail de Côte d'Or
Date : 2/6/2012
Lieu : Marsannay La Cote (Côte-d'Or)
Affichage : 1997 vues
Distance : 105km
Matos : Adidas Riot
Objectif : Terminer
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Après un vote ‘acharné’ entre la Transju, l’UTCO et un trail en Bretagne, c’est la Côte d’Or qui retient l’attention pour la sortie de l’année du club.
Le nombre de distances proposées et la proximité relative de la région parisienne ont eu raison des autres !
Pour Philippe et moi, la distance choisie est de 105km, on se lance dans l’ultra-trail…avec l’objectif avoué de récolter 3 points UTMB…
Préparation assez intensive en début d’année avec (dans le désordre) l’ice trail, le vulcain, l’écotrail, le trail des cerfs…tout se passe bien, nous pensons être prêts pour affronter la course.
Nous serons plus de 30 coureurs du club, 7 sur le 105km, les autres se partageant sur les distances de 46, 27, 15 et la rando de 10 pour les blessés .
Départ de la maison avec Danielo, Annette et Aurélie vendredi matin pour profiter calmement de l’après-midi sur place.
Une bouteille de Malto à avaler dans la journée, ah en parlant de Malto faut que je vous explique la stratégie de Danielo…parce qu’il nous a bien fait rire…moi j’ai la bouteille à mes pieds et quand me prend l’envie de boire et bien hop quelques gorgées…et bien pour lui tout est basé sur le calcul !!! Attention c’est précis : 10-12 gorgées toutes les 30min ! Ca ne rigole pas chez Danielo hein…et puis pas toutes les 35min, non non, 30 minutes, pas une de plus ni une de moins sinon c’est limite panique….ah sacré Danielo, tu m’as bien fait rire (je vous en raconterai une autre sur les dossards, parce que lui et les chiffres…) !!
Bref, nous retrouvons juste en arrivant à Marsannay La Côte le coach Manu, Odile, Nicolas et Betty, du coup nous mangeons ensemble au bistrot, tout près des retraits de dossards : au menu, terrine de poissons, veau tagliatelles et crumble fruits rouges, sans oublier mon petit kir qui me porte chance (on me dit que le vin blanc favorise les crampes, mais qu’à cela ne tienne c’est de ça que j’ai envie à ce moment là, et ça m’avait plutôt bien réussi sur d’autres courses J ).
Allez direction retrait des dossards, où nous retrouvons Céline et Cyril : un t-shirt nous est donné, la puce, le bon repas pour le lendemain soir (pas sur qu’il serve…), et un …préservatif !!
Voilà ça c’est fait, nous partons maintenant vers notre gite, à quelques 20 minutes de là.
C’est un genre de grand château, avec des chambres de 3 à 5, nous partagerons la notre avec Danielo et Annette (on ne change pas une équipe qui gagne !).
Ah oui pour son dossard…Danielo me confie qu’à chaque fois qu’il voit son n° de dossard, il doit arriver au chiffre 5 avec : multiplications, divisions,…il a le droit à toutes les opérations…des fois il y passe du temps, mais aujourd’hui facile, son n° : 113 !! Rigolo ce Danielo non…
Pour Fil et moi 88 et 89 : alors qu’est-ce que va pouvoir faire avec ça : 8+9=17 l’âge de mon fils, 88-8=80 l’âge de ma maman, 89+(8/8)=90=45+45, nos âges à Fil et moi ! …
C’est vrai que c’est rigolo en fait.
Nous installons vite fait notre sac dans la chambre et profitons du grand jardin qui nous est offert pour installer le plaid et y faire un petit reposé.
Pas de sieste pour moi, mais une pause agréable.
Les autres arrivent petit à petit, certains ne sont partis que dans l’après-midi de la région parisienne. Et cela nous occupe tranquillement l’après-midi.
Nous allons ensuite préparer notre sac de course : lampe frontale, bidons, barres, amandes salées et fumées (de chez U, un régal !!), k-way obligatoire bien que je doute de son utilité demain vu le temps annoncé, couverture de survie, manchettes, …Chloé, la fille de Céline, m’aide à faire mon sac, et aurait bien gouté mes barres !
J’ai oublié ma poche à eau (que je comptais prendre en complément de mes 2 petits bidons), du coup Annette me prête la sienne (sur la rando, elle en a moins besoin, et se contentera de petites bouteilles, merci …).
J’épingle enfin mon dossard, et tout est fin prêt pour demain.
Il faut maintenant passer à la pasta party.
Une petite douche avant de se coucher, et vers 22h nous sommes au lit. Le lever est prévu pour 00h45…oui oui, le bus étant à 2h à Marsannay pour nous mener sur la ligne de départ…autant dire qu’avec l’excitation (enfin nous allons p’tet plutôt dire l’inquiétude), les grenouilles !!! Et le stress je n’ai pas dormi une minute…
00h45 : c’est presque avec soulagement que j’entends la sonnerie de Philippe.
Les encouragements d’Annette (la pauvre on la réveille à des heures pas possibles…) puis on ne traine pas : on s’habille, on mange un bout de Gatosport avec un thé chaud, et c’est parti direction Marsannay tous les 7 dans la voiture, à savoir :
Danielo, Cyril, Nicolas, Pascal, Arno, Philippe et moi.
Dans la voiture Danielo s’aperçoit que sa poche à eau fuit…du coup je lui repasse la poche d’Annette…et commence un peu à angoisser sur le fait de savoir si 2 bidons vont me suffire : j’en mets finalement un troisième dans le sac, à moitié rempli, au cas où.
Nous nous garons à 50m de la ligne d’arrivée, bon plan pour ce soir, et partons chercher le bus qui est à quelques 600m de là. La température est déjà de plus de 15°C, nous allons surement avoir très chaud dès la fin de matinée tout à l’heure…cela ne plait pas à tout le monde. Perso, je préfère ça que la pluie, mais c’est vrai que cela peut être handicapant à la longue.
2 bus sont prévus, nous montons dans le 2ième. 1 petite heure de route suffit pour rejoindre Chagny, lieu de départ.
Nous sommes déposés devant un gymnase, où l’on règle les derniers détails. Je rencontre plusieurs kikourous : toto38, tidgi, Nestor, le loup, …Ravie de faire la connaissance de nouvelles personnes encore une fois, qui plus est, forts sympathiques !
J’essaye de savoir auprès de tidgi ce que sont exactement ces fameuses combes dont tout le monde parle (elles se situent sur les 30 derniers km du parcours et semblent ‘terrifier’ tout le monde), mais la seule réponse qu’il me donne : « tu verras »…et bien oui je verrai et ne serai pas déçue…
Allez il est temps de se regrouper autour de la mairie pour le débriefing et le départ. Musique d’ambiance, il est 4h10, je souhaite une bonne course à Fil et les autres, je souhaite gérer ma course seule, je pense que c’est mieux pour moi.
Une belle brochette !
Au programme : Pommard, Meursault, Nuits-Saint-Georges, Marsannay, Gevrey Chambertin,…tout cela vous fait envie ??? Et bien allons-y…
Pan, c’est parti pour la grande aventure…3km derrière une voiture car nous sommes sur la route, et devons traverser la nationale 5 avant de rejoindre des sentiers plus ‘intimes’.
Je pars doucement, au feeling, et vois les garçons devant, s’éloigner tout tranquillement. Arno reste à mes cotés, il sort (ou n’est pas sorti plutôt) de blessure du genou, et craint un peu. Du coup il préfère partir tranquille avec moi et il avisera si cela va mieux par la suite.
Je n’ai pas encore allumé ma frontale, car avec les lumières de la route et celles des autres on y voit assez bien.
Ca y est la voiture nous laisse au milieu des vignes, les premiers vont pouvoir s’exprimer et batailler maintenant, et pour ma part il va falloir gérer.
Nous traversons des vignes. La lampe est maintenant allumée. Vers le 5ième une petite côte le long d’un bois. Je ne prends pas de risque, et dès que cela est un peu raide je passe en mode marche.
J’ai accroché les bâtons derrière, sur le sac, et pense les sortir vers le 30ième km qui annonce plus de dénivelé.
Arno est bien plus facile que moi dans les côtes, du coup il m’attend systématiquement : cela m’ennuie…mais il m’assure que cela lui permet de ne pas s’emballer, et qu’il verra après s’il peut accélérer, pour l’instant il préfère gérer et rester en ma compagnie. Cela m’est très agréable, mais en même temps cela m’ennuie de lui faire ‘perdre du temps’.
Entre le 7 et 14ième km nous traversons une forêt où l’on avalera près de 300m D+ avant d’arriver sur la ville d’Auxey-Duresses.
Km12, 5h34 du matin: super descente d’environ 1km, on s’est régalé ! Arno est avec moi, le temps est très agréable et le jour est levé. Le bonheur !
Les sensations sont toujours très bonnes. J’ai eu une petite douleur au mollet les premiers km, mais elle s’est vite atténuée pour disparaitre finalement complètement heureusement.
Mes nouvelles boosters rose vif à paillettes (trop jalouse Aurélie hein…), ont l’air de bien me convenir !
15,8km, 6h du mat : nous sommes entourés de vignes, et une belle côte se présente à nous. Nous discutons avec une ‘locale’, qui a fait la course l’année dernière, elle semble sur le même rythme que nous, nous nous passerons durant quelques kilomètres pour ensuite la laisser plus loin, car les jambes tiraient un peu.
23,6km, le ravito est en vue un peu plus haut sur la côte. Il est 6h50 : il fait encore bon, et Arno est toujours en ma compagnie. Philippe est environ 2km devant.
J’attrape quelques bouts de céréales, mais n’ai pas très faim. Nous ne nous attardons pas et repartons sur une côte, sur un bout de route.
28,6km, 7h30, 3h20 de course. C’est un petit peu dur, pas mal de faux plats, et surtout j’ai très mal au ventre. 1km plus loin je décide de m’arrêter…me vide un peu…pour mieux repartir : et effectivement je me sens nettement mieux, plus de poids sur l’estomac, j’espère que tout va aller bien maintenant. Cela me tiraillait depuis quelques kilomètres, mais je n’osais pas m’arrêter, mais là ça devenait vraiment pénible. Heureusement cela n’a pas duré ensuite, juste un petit problème intestinal de courte durée J
4h de course, 33,7km : nous sortons du point d’eau par une partie de route. Je sors mes bâtons car maintenant une grosse côte s’annonce. Je pense que je vais les garder jusqu’au bout, cela n’est pas très lourd, et plus je serai fatiguée plus ils me seront utiles…
Nous enchaînons plusieurs faux plats et descentes où j’arrive pas mal à courir. Ce sont des allées herbeuses, assez larges, bien agréables, et abritée du soleil.
Arno commence à avoir des signes de douleurs aux genoux, et cela l’handicape fortement dans les descentes, il n’est pas au mieux.
5h de course, 41km. Nous sommes en plein milieu d’un champ, pour moi tout va bien, mais Arno a vraiment du mal : je l’attends, et repars avec lui.
43,3km, je lâche un peu Arno, je pense que je vais l’attendre au ravito suivant qui est annoncé par Philippe 3km plus loin (plus tôt que le 50ième km prévu).
Km45, je m’apprête à envoyer un SMS à Arno pour lui signaler le ravito proche, et j’entends un ‘hop hop hop’, c’est lui qui revient en pleine forme !! Epatant ! Du coup, je pense qu’il vaut mieux se ‘séparer’ : il est mieux dans les montées, je suis mieux quand cela descend, nous allons prendre chacun notre rythme, cela sera plus facile je pense pour tous les 2. Je lui dis de ne plus m’attendre, autant qu’il profite de sa forme du moment !
Ravito, 47ième : je prends quelques morceaux de bananes et de céréales, remplis mes 2 bidons, et mets une pastille dans l’un 2, cela me réussit bien. J’avale un verre de coca, et je décide de repartir. Arno est là aussi.
Nous sommes ‘bipés’ à la sortie. Je fais 100m, et m’aperçois que mes bâtons sont restés sur la table…demi-tour, et hop je les récupère. Heureusement que je m’en suis aperçue assez vite.
Et puis au détour d’une rue nous voyons Pascal, boitillant redescendre….arghhhh…il s’est tordu la cheville, mince ! Ca me fait vraiment ch…pour lui, je le sentais bien préparé depuis des semaines, il était content comme nous tous de pouvoir faire cette course, et tout s’arrête à cause d’une pierre je crois et d’un moment d’inattention…
Allez il faut repartir et lui dédier un bout de cette course !
50ième : côte ombragée, il fait vraiment très chaud ! Arno est juste devant.
53,5ième : super descente ombragée en single track !!! Un pur moment de bonheur pour moi, je me suis vraiment régalée…mais Arno repasse derrière, les genoux n’apprécient que moyennement les descentes…
Par contre les ampoules au talon commence à poindre leur nez…pas de douleur prononcée pour l’instant, mais une petite gêne…il faut donc penser à autre chose, allez Anne !!!
Nous passons la moitié !!!! 6h45, 53,6km. Moitié de km mais surement pas moitié de temps J
58,4km, 7h30 : la chaleur commence vraiment à peser. Heureusement le paysage est toujours très sympa. Je commence à avoir de belles périodes en solo, devant pas grand monde, derrière pareil, il faut rester vigilante sur les balises…
60km : côte terrible !!! J’ai laissé des forces dans celle-ci ! Arrivée au milieu des vignes, c’est joli, mais j’ai juste l’impression de sortir d’un four, waouh !
Descentes dans les vignes, je reprends du plaisir, le ravito en eau se dessine.
62ième : ravito. La femme d’Arno est là et me dit qu’il est 2km derrière. Elle pense lui refaire son strap du genou. Du coup je décide de repartir directement sans attendre. Je ne sais pas s’il sera en état de continuer, j’espère !
La sortie du ravito présente une longue piste en herbe, des herbes très hautes, je marche un bon moment, car il fait vraiment très chaud, et une côte s’annonce juste derrière.
Je crois que c’est moralement le moment le plus dur de la course pour moi, j’appelle Philippe et craque un peu….pour me remonter le moral, il me dit qu’ils ne font pas les fiers non plus…c’est vrai que ca me rassure un peu, mais bon, je continue ma marche du coup le temps de me ressaisir un petit peu. J’ai besoin de calme.
A ce moment là beaucoup de questions…il reste quand même plus de 40km, la course est loin d’être finie…vais-je y arriver…Quelques doutes s’installent.
63lm : un marathon à venir ! Je continue à marcher, je vais aborder la côte qui est devant, et après je déciderai de relancer. Le moral va un peu mieux, tant que j’avance je me dis que cela va aller. Et puis les 2/3 personnes que j’aperçois devant et derrière ne vont pas plus vite que moi…tout le monde marche, je me dis donc que ce moment de ‘marche forcée’ est nécessaire pour mieux repartir.
65,7km, presque 9h. Je suis à l’abri du soleil, les derniers km ne sont pas passés très vite mais je suis mieux moralement, je garde le cap !
Je recours…9h38, 70km : nous sommes sur une immense ligne droite qui n’en finit pas.
Presque toute seule encore, juste un coureur qui me double venant de je ne sais où. Les relances sont difficiles…Pas de nouvelles des autres.
Km76 : une combe ! Le truc terrible où l’on avance à 0,5km/h…j’ai cru que j’allais rester dedans tellement c’était raide et épuisant avec la chaleur, mais je m’en sors, et la relance est de nouveau difficile
Km78 : un rocher avec des cordes : super dur, super joli, super physique ! Les bâtons m’ont un peu gêné mais bon, cela a fini par passer. Mes gourdes sont vides, une bénévole m’a donc passé un peu d’eau, heureusement…le ravito est annoncé 3km plus loin.
J’attends impatiemment le SMS de Philippe qui m’indiquera la position exacte du ravito…mais pas de nouvelles…je commence à m’inquiéter car je n’ai quasi plus d’eau.
Finalement SMS, je ne suis plus qu’à 1km d’eux !
Arghhh… alors soit y’a du costaud sur 1km et là le moral va en prendre un coup, soit ils sont en difficulté…bizarrement ca me rebooste, je me dis que de les rattraper me ferait du bien. Allez j’appuie encore plus sur mes bâtons…le terrain est somme toute praticable, je relance même et me remet à courir. Et tout un coup, au détour d’un chemin, je les aperçois à l’arrêt : Nicolas et Cyril sont en difficulté, ils récupèrent. Je suis bien sur désolée de les voir là, mais moralement ca me fait du bien à moi…je vais pouvoir parler à quelqu’un…du coup tout le monde repart ensemble, et puis je prends assez vite un peu d’avance…je leur dis que je les attends au ravito qui ne devrait plus être loin. Philippe me suit et on décide de partir tous les 2 jusqu’au ravito où nous les attendront.
Une descente un peu technique s’ensuit, une remontée, puis une longue ligne droite montante au bout de laquelle on aperçoit le ravito. 80ième km, de nouveau 3km plus tôt que prévu (pourvu que ca dure J ).
J’aperçois Marie-Claire et Jean-Luc au loin qui nous font de grands signes, trop sympas de venir nous encourager ici !!! Et puis, ben zut alors, c’est Danielo que je reconnais…
Anne : qu’est-ce que tu fais là ?
Danielo : Finis, j’arrête
Anne : Ha non !
Danielo : Si si...
Anne : non allez repars avec nous, hop !
Danielo : Non…
Rien à faire, j’ai beau lui demander de venir avec nous il dit être froid, et ne pas vouloir repartir…dommage j’aurais essayé !
Nicolas et Cyril arrivent, Cyril jette son sac et dit basta…ca fait de la peine, mais je crois qu’il n’en peut plus… Nicolas s’assoit, on sent qu’il souhaite repartir mais il a besoin d’un peu de repos avant.
Marie-Claire me propose de me remplir mes bidons, me propose des Compeed, merci !
Je remplis mes bidons de nouveau, un petit cachet de Gu dans l’un 2, avale quelques morceaux de barres qui sont sur la table, et n’ai qu’une envie repartir au plus vite. Je ne veux pas m’assoir, je ne l’ai pas fait jusqu’à présent, cela m’a réussi, pas question de changer. Moralement je suis très bien à cet instant, autant en profiter.
J’attends Philippe et nous repartons tous les 2, contents d’être ensemble. Dans la tête je sens que c’est gagné, il ne faut pas s’emballer bien sur, il peut encore y avoir des soucis mais nous avons ‘la gagne’, nous resterons ensemble maintenant jusqu’au bout, pas question de se séparer.
Alors normalement c’est là que les réjouissances vont commencer…
Nous décidons avec Philippe de relancer dès que possible : descente, plat. Et pour les côtes nous adoptons la marche active avec les bâtons. Nous avons ma foi un bon rythme (enfin toute proportion gardée et autant que faire après 80km dans les jambes…).
Le paysage est superbe, nous sommes en surplomb de falaises, magnifique !
87,7km, 13h12 : on prend 2min pour se mettre à l’ombre et changer la pile de la caméra. Personne à l’horizon, nous sommes seuls…la fatigue est bien présente !
92,4km, 14h06 : c’est traversée de combe sur combe…du coup la vitesse est vraiment au ralentie ! Le ravito se fait attendre, nous l’espérons proche car l’eau diminue dangereusement…
Ces combes, c’est juste un ‘V’ : une belle descente, généralement en pierriers ou gros cailloux dans lesquels nous ne pouvons courir, un petit bout de plat à l’arrivée, et hop une remontée derrière aussi dure que la descente…juste du plaisir J
Définition : en géomorphologie, une combe est une vallée creusée au sommet et dans l'axe d'un pli anticlinal. Elle est dominée de chaque côté par des versants escarpés, les crêts. La dépression se forme grâce à l'érosion de la voûte du pli
« Escarpés »…le mot est super bien choisi pour illustrer ce que l’on voit et qu’on ‘subit’ !
93ième km : dernier ravito !!
C’est un point d’eau qui arrive à point ! Re-remplissage et c’est reparti pour la dernière portion…nous y sommes…presque…
Les bénévoles nous annoncent 2 combes à passer, et 12km…flute, on pensait qu’il n’en restait que 10 !
Philippe me dit qu’il faut arrêter les conneries, et se recentrer sur des courses plus courtes, 40/50km, y prendre du plaisir, jouer un peu plus sur la vitesse aussi. Je suis d’accord, la souffrance et la fatigue sont assez fortes à ce moment là, nous sommes convaincus qu’il ne faut pas repartir sur de grosses distances comme celle-ci de nouveau.
Nous prévenons Aurélie, de mettre la bière et le coca au frais, rien ne va plus nous arrêter !
Ces 2 combes sont interminables…on a l’impression qu’ils ont mis les plus dures à la fin, rien que pour nous embêter…Au fond de chacune d’elle une petite portion roulante, où avec Philippe nous nous efforçons de relancer.
Comment courir ???
Philippe a mal au talon de plus en plus, et moi, chaque pas sur les talons me fait sentir mes ampoules et me brule donc, mais nous ne pouvons pas lâcher l’affaire, il faut maintenant tout donner et finir au mieux, et au plus vite !
100Km !! Philippe n’en peut plus. Les kilomètres passent à la vitesse de l’escargot selon lui…en même temps, il n’a pas tort, ces sacrés combes ne font rien pour nous faciliter la tâche !
Aurélie continue à m’encourager par SMS, cela fait du bien, elle me dit que tout le monde nous attend…Au troquet…Philippe demande de lui garder une bière au frais, je passe commande d’un coca bien frais !!
Allez il ne faut rien lâcher, même si à cet instant le plaisir n’est pas tout à fait au rdv, l’arrivée est proche, je sens que l’on va vivre un truc de dingue.
Nous pouvons recourir, le terrain est en pense descendante, il faut tout donner ! Nous reprenons à petite vitesse, mais nous reprenons : et puis Danielo est là, c’est trop bon !
Il est venu nous chercher : merci, merci, c’est vraiment super sympa !!!
Danielo à notre rencontre
Il nous apprend qu’Arno est 2/3 km plus loin, c’est tout simplement tiptop.
Allez une petite montée, et puis des sous bois pour 1 ou 2km. Puis les vignes arrivent et Élisabeth nous accompagne maintenant aussi en courant.
Puis Elisabeth
Nous traversons des vignes, cela descend, il n’est donc plus question de marcher maintenant. Et puis le village de Masannay est devant nous, l’église qui nous donne le point d’arrivée.
Les cris se font sentir, Annette, Sandra, Laetitia, Manu….beaucoup sont là pour faire le dernier kilo avec nous, c’est juste génial….
Eux : C’est super ce que vous avez fait, vous êtes géniaux, vous les méritez grandement vos trois points
Nous : on n’est pas géniaux, on est juste ‘tarés’…puis ces points, pas sûrs qu’on en fasse grand-chose…
Le sentiment est ambigu : une immense joie d’arriver, un soulagement d’en finir, une grande satisfaction d’être allé au bout bien sur, mais des questions sur pourquoi, pourquoi avoir fait ca ? Qu’avons-nous voulu prouver…il sera temps d’y répondre plus tard pour l’instant nous profitons un max de ce très beau moment qui nous est offert.
Puis au dernier tournant, une haie d’honneur de tout le groupe, un truc de fou qui nous porte jusqu’à l’arrivée ! MERCI !
La haie d’honneur ‘Rumba’ !
Chloé court à nos côtés, je lui attrape la main et nous franchissons la ligne main dans la main, un pur bonheur…
En fait j’apprendrais que Chloé attrapait la main de tout le monde pour de nouveau passer devant le ravito d’arrivée à chaque fois…LOL.
La ligne est franchie, le chrono s’arrête, la caméra s’arrête, c’est fini, nous l’avons fait !
Le speaker nous interroge, nous le remercions de ses fameuses combes, et profitons de le remercier également pour le super parcours.
Voilà, 3 points UTMB dans la besace…mais à cette heure nous nous demandons vraiment à quoi ils vont bien pouvoir nous servir ! Les derniers km étaient tellement éprouvants que nous nous voyons mal en rajouter 60 avec du dénivelé…bref, il faudra murir tout ceci, et en reparler calmement…
Un petit tuc, un verre de coca, et les autres nous rejoignent pour nous féliciter.
Nous récupérons notre cadeau ‘finisher’, une bouteille de rosé, puis allons rejoindre tout le groupe à l’entrée de la dernière ligne droite, pour à notre tour attendre Arno !
On est aux petits soins pour moi : un coca bien frais, on m’enlève mes chaussures, m’apporte mes chaussons…on refait des portions de la course avec les amis…c’est juste un super moment.
Et puis ca y est, Arno est annoncé au bout de la route, la haie d’honneur se reforme, et il passe et fonce avec sa femme sur la ligne d’arrivée ! Bravo Arno, chapeau !
Finalement il est bien revenu sur nous à la fin, car il ne finit qu’avec 20 petites minutes de retard…on aurait pu imaginer une arrivée commune, mais pendant la course ce genre de gestion est difficile ! Chacun a ses moments de faiblesses à des moments différents, pas évident.
Enfin nous sommes arrivés tous les 3, et vraiment la joie se lit sur nos visages, la fatigue aussi je crois…surtout Arno qui parait décomposé après sa lutte pendant des heures avec ses genoux douloureux !
Nous encourageons les arrivants, et après avoir un peu récupéré nous partons vers les voitures et le gite pour une douche bien méritée !
Suivi d’un repas ‘piquenique’ avec toute la bande, très sympa. Arno ne peut rien avaler, moi je voudrais bien mais ai tellement mal au palais que pas grand-chose ne passe…nous refaisons de nouveau la course dans tous les sens…un beau moment de partage !
Bravo à tous sur les autres distances qui ont également souffert de la chaleur, des crampes, et des…combes ! Beaucoup semble content de leur journée.
Sur ce…nous prenons congés pour aller nous coucher, la fatigue est bien présente.
Je crois que je ne mets pas longtemps à m’endormir finalement, parce que le lendemain j’apprends qu’il y a eu un orage…rien entendu…
La démarche est un peu clopin clopan le lendemain forcément, mais moins que prévu. Le plus douloureux sont les ampoules, car poser le pied par terre me fait mal.
Le coach essaiera de me les percer, mais vu la corne dessus, pas évident. Vivement le retour chez le podologue pour guérir tout ca.
La suite : visite et dégustation de grands crus…on ne pouvait y couper. Puis retour en région parisienne après un sacré week-end !
Un petit mot à ceux qui sont partis sur le 105 :
A Philippe pour son soutien sans faille. Une arrivée main dans la main, je n’y croyais pas au départ, mais c’était pour moi le plus beau des cadeaux du jour.
A Arno, avec qui j’ai partagé la moitié du circuit ; je n’ai pas su te garder près de moi et t’encourager comme il fallait sans doute, je pense que Stéphanie a su faire cela bien mieux ! J’espère que tu ne m’en veux pas de t’avoir laissé…bravo pour ta persévérance avec ces genoux plus que douloureux, tu mérites grandement tes 3 points !
A Pascal, tellement déçue pour ta cheville, j’espère que ce n’est que partie remise car ta préparation me paraissait au top, comme je t’avais dis avant de partir, j’avais misé sur toi pour la première place ‘Rumba’...
Danielo : je t’en veux de ne pas être reparti avec nous du ravito du 80, je sais que tu avais les jambes pour finir avec nous, largement ! Le mental n’y était sans doute plus et j’en suis désolée. La prochaine fois (s’il y a, mais je n’espère pas pour toi), je te force à me suivre…puis à me dépasser…Merci d’être venu nous chercher à 4km de l’arrivée, cela fait partie de ces beaux moments de la journée !
Cyril : on ne s’est pas beaucoup vu sur la course, mais désolée pour ton arrêt également. J’espère que ce n’est que partie remise, rdv à Millau en tout cas !
Nicolas, les crampes ont eu raison de toi ; ce n’est pas faute d’avoir essayé d’aller au bout, chapeau d’être reparti du ravito du 80, il fallait le faire !!
Sans oublier touts les autres sur l’ensemble des courses : ils ont eu aussi leur coup de chaud, leur coup de moins bien, et ont passé la ligne après un bel effort !
Elisabeth, merci pour ces derniers kilomètres ensemble, c’était juste génial
Merci à tous pour vos appels et sms, j’en ai eu plein, cela booste, met en confiance, voit qu’on est attendu et qu’on ne peut pas ne pas arriver…faute de décevoir toutes ces personnes qui croient et espèrent pour nous…
Et que dire de cette haie d’honneur de tous nos amis à l’arrivée : un truc de dingue qu’il faut vivre, un truc qu’il faut ‘sentir’, un truc qui vous prend aux tripes pour vous faire voler sur les derniers mètres, un truc qui restera dans un coin de la tête, un truc qui vous fait chialer, un truc qui vous fait oublier toutes les souffrances des dernières heures, un truc que vous souhaitez qui dure le plus longtemps possible, …merci…merci…rien que pour ca je recommencerai bien…………………………………………non j’déconne…
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7 commentaires
Commentaire de nestor77130 posté le 11-06-2012 à 21:50:05
tres beau recit , pour moi sa ete la derniere ligne droite j'ai fini la bariere horaire apres la ligne au 75 eme kms .
Commentaire de tidgi posté le 11-06-2012 à 23:12:48
Bravo Anne pour ton épopée. Et l'arrivée avec Philippe, super çà !
Ah, c'est qu'il faut les mériter les Grands Crus...
Pour les combes... si on te demande... ben tu sauras maintenant ;-)
Sympa le gite, il était situé où ?
Ravi d'avoir fait ta connaissance et à une prochaine sur une course... plus courte ?
Commentaire de toto38 posté le 11-06-2012 à 23:22:23
Bravo Anne! Quel courage! Comme quoi , dans la course à pied, on fini par trouver des ressources qu('on croyait impossibles! Repose toi bien, et je suis sur que tu reviendra l'année prochaine!
Commentaire de freddo90 posté le 11-06-2012 à 23:25:59
Bravo pour la performance, et ce beau récit, très vivant !
Commentaire de fulgurex posté le 12-06-2012 à 11:53:40
en fait, les combes, elles sont très longues avec une pente douce! On t'a bien eu: on te les a fait prendre en travers!!
Digère un peu, et tu reviendras sur ce format; je me rappelle d'une arrivée de CCC avec Gilou01 où nous n'avions pas assez de vocabulaire pour exprimer toute notre c....rie d'être sur cette course de plus de 70 km... 70! voilà le bon chiffre!.....un an plus tard, nous étions ensemble sur la ligne de départ de l'UTMB ;o)
Bravo pour tes 3 points bien mérités, le point de départ d'autres aventures.
Désolé de n'avoir pu te renconter sur mes terres (dans mes combes?). L'an prochain peut être?
Commentaire de Jean-Phi posté le 12-06-2012 à 15:33:31
bien beau récit pour une bien belle réussite vues les conditions !
La photo du lever de soleil.... Ouahhhhh !!!!! Quel régal !!!!!!!!!!!!!!
A faire alors si je comprends bien ?
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 20-06-2012 à 14:56:03
Je suis toujours très impressionné par votre mental à vous les ultra-trailers. Bravo !
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