L'auteur : gillou78
La course : L'O'Rigole - 82 km
Date : 6/12/2014
Lieu : Le Perray En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 3180 vues
Distance : 85km
Matos : Salomon XT Wings sur B1
Salomon Speed Cross sur B2
Salomon Slab sur B3
Objectif : Terminer
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Fracassé, … oui, c’est ça, je me sens fracassé en ce dimanche post origolesque mais content d’avoir pu arriver au bout de ce trail francilien réputé pour son faible taux de finisher (37 à 55% sur les éditions précédentes…)
Mais reprenons, les choses dans l’ordre. Nous sommes début septembre, je viens d’abandonner pour la 2ème année consécutive sur la TDS et c’est le 3ème abandon de la saison 2014 avec le 105 km du challenge Charles et Alice dans la Drôme (essoufflement à l’époque inexpliqué) et les 65 km de l’Ice Trail Tarentaise (difficulté d’adaptation à l’altitude). C’est décidé, il faut arrêter cette spirale de l’échec et vaincre une difficulté avant la fin de l’année.
Ce sera l’Origole dans le sud des Yvelines. Caractéristiques de cette course : 3 boucles différentes permettant à l’organisation de proposer 3 distances différentes B1 = 31 km, B1 + B2= 52 km, B1 + B2 + B3 = 85 km. La difficulté vient à la fois du couple terrain/météo qui, conjugués, donnent des chemins particulièrement gras et des retours, en fin de B1 et de B2, dans le gymnase de départ, avec de la chaleur, ses petites affaires, des douches et la voiture garée à proximité. Bref, toutes les raisons pour faire hésiter un trailer qui doute, qui a mal ou qui est fatigué… et oui, pour corser le tout et, à l’instar de la fameuse SaintéLyon qui se déroule dans la même nuit, le départ de l’Origole est à 22h…
Après une période de récup post TDS, je me lance donc dans un plan d’entrainement assez corsé en km et en sorties (très) longues. J’en viens à faire plus de 260 km et 6000m D+ de course à pied par mois, avec des semaines accumulant 80 km et sans compter le vélo avec, parfois, autant de km. Malgré cette charge, pas de blessure mais quelques alertes gérées par des étirements et un passage chez l’ostéo. Bref, à part le manque de sommeil toujours un peu chronique chez moi (bah, oui, je n’aime ni les grasses matinées, ni les siestes…), je suis prêt à affronter ce que certains sur le forum Kikourou n’hésitent pas à dénommer l’enfer.
Bon, faut quand même pas exagérer, la pluie ne s’est pas trop acharnée sur les Yvelines cet automne et la neige n’est pas encore apparue mais les photos d’une reconnaissance de certains membres de ce forum montrent bien que la terre des chemins sera comme qui dirait … « amoureuse ». Cela dit, ces terrains ont l’air assez proche de mes parcours d’entraînement.
Samedi soir, je rejoins donc au gymnase du Perray en Yvelines, Flavien qui s’est laissé convaincre par le 52 km qu’il estime pouvoir finir en 6h30. Je lui propose de commencer ensemble et nous convenons que chacun prendra son rythme selon ses sensations. Je pense, pour ma part, arriver en fin de B2 en 7h30.
22h, la température frôle les 0°C et nous prenons le départ de la B1. Après quelques centaines de mètres sur route, nous nous engageons dans cette forêt. Bientôt apparaissent les premières rigoles, fossés d’un mètre de large qui drainent (plus ou moins) cette forêt, qui nous permettent de tester nos appuis et nos capacités à sauter tels des cabris, puis des passages boueux pris sur le bord par les plus hésitants. De mon côté, je sais pertinemment que la fatigue et l’habitude de l’humidité nous conduiront à passer tout droit dans quelques heures, alors, autant s’y mettre le plus tôt possible.
J’ai perdu assez rapidement Flavien dans la foule du départ et les dépassements. Je dirais qu’il est derrière mais je n’en suis pas si sûr. Je me concentre donc sur ma course en essayant de maintenir un bon petit rythme. Je me sens bien, je n’ai pas froid avec mes 3 couches, je m’hydrate et m’alimente correctement. Tout va donc pour le mieux. Quelques côtes nous permettent de casser un peu le rythme et même de marcher par endroit. Je me retrouve au gymnase après 31 km, 500mD+ et 3h27. Mes XT Wings sont recouvertes d’une belle couche de boue mais j’ai tout prévu. La B2 est réputée très boueuse et j’opte donc pour des Speed cross après un coup de NOK sur les petons et un changement de chaussettes (tant qu’à revenir au point de départ, autant profiter de ces avantages). Je change également de tee shirt et de seconde couche. Je passe au ravito faire le plein de Tuc, de banane et de raisins secs et je reprends la route sans me poser de questions après 25 min de pause (8min d’avance sur mes prévisions).
changement de montures à la transition B1-B2
C’est parti pour 21km d’une boucle qui va s’avérer plutôt plate et moins boueuse que ce que j’imaginais. Ce qui est sûr, c’est que les organismes commencent à souffrir et que certains marchent dans ces zones boueuses. Je décide de ne pas ralentir et de relancer dans la boue : les appuis sont fuyants, les cuisses poussent, les chevilles s’adaptent et le cardio monte mais j’en profite pour doubler quelques coureurs à chaque fois. Je ne joue pas le podium mais c’est bon pour le moral !
Les cuisses commencent quand même à fatiguer mais ça ne m’inquiète pas, je sais qu’elles peuvent tenir. Par contre, une sensation de trouble gastrique s’installe et ne me dit rien qui vaille. Je ne suis pourtant pas sujet à ce genre d’ennui. En même temps, cela fait quelques heures que j’absorbe une boisson contenue dans mes gourdes fixées à l’extérieur de mon sac, bref un liquide à 0°C… J’essaie donc de le réchauffer dans la bouche quelques secondes avant de l’avaler, ça ne peut pas faire de mal (tactique payante, le mal de bide disparaitra quelques temps après).
Enfin, nous retrouvons la route pour le gymnase. C’est maintenant que cela va se jouer. Surtout reprendre le rituel et ne pas cogiter.
La B2 a été avalée en 2h30. Re changement de chaussures, ce sera les Slab, plus légères pour finir, re NOK, re chaussettes propres, re T-Shirt et 2nde couche sèches et propres. J’en profite également pour me caler le MP3 dans les oreilles et prendre des gants plus chauds (il commence à faire vraiment froid dehors et la fatigue n’aide pas à supporter ces températures), re-ravito et c’est reparti après 22 min de pause (30 min d’avance sur l’objectif).
Je remarque que ses affaires sont toujours là mais pas de trace de Flavien : il finira en 7h15 en ayant pas mal souffert de la boue.
Je repars en discutant avec un autre concurrent qui trouve ce trail plus dur que la CCC . La discussion nous permet de courir (enfin 8,5 km/h sur le plat, ça commence plutôt à ressembler à du petit trot) sans trop penser aux douleurs qui apparaissent : nous en sommes à 7h de course, il est 5h du mat et je suis sur la dernière boucle ! Il est maintenant hors de question d’abandonner sauf blessure. Je revois mes filles avant le départ de la maison m’encourager et me pousser à finir : il ne faut pas les décevoir !
Cette boucle est la plus sèche (terrains sableux) mais aussi la plus pentue : 1200mD+ à venir grâce aux zigzags sur le coteau qui mène à l’abbaye des Vaux de Cernay et au retour, sur l’autre versant. Il va donc falloir faire parler ce qui reste d’énergie dans les cuisses, aussi bien en montée qu’en descente, dont certaines s’avèrent assez techniques.
Maintenant que j’y suis, autant en « profiter » alors je continue de courir partout où cela m’est physiquement possible : dans les descentes pas trop techniques, sur le plat, sur les faux plats et même lors des petites montées. Du coup, je continue à rattraper quelques concurrents même si nous sommes maintenant beaucoup plus dispersés.
Sur la première partie de cette B3, nous croisons quelques coureurs dont le vainqueur de la dernière édition, victimes d’une erreur d’aiguillage au départ de cette boucle et qui font donc la B3 dans l’autre sens. Le groupe avec lequel je suis à ce moment commence à douter mais nous sommes bientôt rassurés par des bénévoles de l’organisation : nous sommes dans le bon sens.
7h40 du matin, je suis au plus loin de la B3 derrière l’abbaye, le jour se lève doucement sur les étangs et il faut maintenant rentrer au gymnase. Je ne lâche pas l’affaire, malgré le gel de la boisson dans le tuyau qui sort de mes bidons, je continue de dépasser quelques coureurs isolés.
Le soleil brille enfin mais le givre tient bon sur les fougères. La forêt est magnifique. J’ai prévu de finir ce trail en 12h30 : j’ai un peu d’avance sur le timing mais mes calculs approximatifs ne me convainquent pas de la possibilité de passer sous les 12h. Erreur de calcul ou trop grande prudence ? Toujours est-il que je me présente devant le gymnase pour la dernière fois, avec une petite pointe à 12 km/h sur les 200 derniers mètres, histoire de ne pas permettre au concurrent qui me suit de venir me coiffer sur le poteau, avec un temps de 12h02… On m’annonce à la 54ème place. J’ose à peine y croire, nous étions plus de 260 au départ… Moi qui d’habitude suis dans la médiane, au mieux dans le premier tiers… Je vois même la 3ème féminine arriver quelques minutes après moi.
Je me pose quelques minutes, quelques textos pour annoncer à ceux qui m’ont suivi que tout va bien, une douche bien chaude (merci l’orga !), un ravito bien gras et bien sucré et retour à la maison.
Une petite sieste (bah oui, je vous ai dit que je n’aimais pas ça, mais là…) et le reste de l’après-midi à me trainer du canapé à la cuisine (c’est ça, quand on a mal aux cuisses et qu’on a faim toutes les heures) me permettent de clore ce WE… Comme quoi, quand on veut, … (enfin, je veux dire quand on le veut vraiment, quoi…). J’ai l’impression d’avoir franchi une petite marche supplémentaire, surtout dans la capacité du mental à prendre le pas sur le physique.
Pour conclure : un grand merci aux bénévoles de l’organisation qui ont passé la nuit à se geler sur place au fond des bois et qui nous encourageaient ou nous demandaient comment nous allions !
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8 commentaires
Commentaire de jack91290 posté le 10-12-2014 à 10:42:52
Origole bien géré. Bravo gillou.
Commentaire de Raphynisher posté le 10-12-2014 à 11:02:31
Bravo pour ta course, tu finis 5 minutes juste devant moi - bravo pour ta course et une belle gestion de l'effort qui te permettent de faire mieux que ton objectif initial. Tu as meme pris le temps de faire des belle photos pour immortalisé ça et tu renoue enfin avec le succés - Félicitations
Commentaire de gillou78 posté le 10-12-2014 à 11:44:22
Merci ! ce fut effectivement de la gestion mais surtout de la "positive attitude" : les passages boueux me permettaient de doubler les hésitants, les côtes créaient des pauses dans le rythme et les longs faux plats de la B2 étaient des kilomètres qui incrémentaient rapidement le compteur !
C'est beaucoup mieux de le voir comme ça pour le mental que de râler contre la boue, de se dire que les côtes font baisser la moyenne ou que ces faux plats n'en finissent pas !!
Commentaire de caro.s91 posté le 10-12-2014 à 17:08:43
Bravo, belle course que voilà ! Plus de doutes à avoir pour les prochains ultras ! :)
Commentaire de sabzaina posté le 10-12-2014 à 19:32:37
Quelle gestion de ouf ! Bravo :)
Commentaire de bubulle posté le 10-12-2014 à 20:22:35
Vouloir arrêter la spirale de l'échec sur l'Origole, c'était un pari...:-). On a vu plus simple. Mais, on le voit encore une fois, une excellente gestion de course te permet une superbe réussite. On n'était pas loin d'ailleurs...
Marrant les considérations sur "plus dur, moins dur" que CCC ou autres courses alpines. Pour ma part, je pense qu'il est impossible de comparer. Les difficultés sont ailleurs sur les deux types de course : le passage au gymnase peut être un avantage, si on a la chance d'avoir un moral en béton. A contrario, il n'y a pas trop de répit, ce qui peut compenser largement. On est sur deux catégories différentes, quoi....
Commentaire de gillou78 posté le 10-12-2014 à 20:41:52
Effectivement, ce défi pour le mental était un peu du genre quitte ou double ... mais, bon, sinon ce n'est pas un défi !
En tout cas vos félicitations de Sabzaina et toi qui avez résisté à l'abandon sur la TDS, me font chaud au coeur ! Merci !
Commentaire de trailaulongcours posté le 11-12-2014 à 15:54:52
Bravo. Tu étais quelques minutes devant moi. Bonne gestion. Ton ressenti est un peu le mien aussi.
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