Récit de la course : Marathon du Mont-Blanc 2014, par ilgigrad

L'auteur : ilgigrad

La course : Marathon du Mont-Blanc

Date : 29/6/2014

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

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Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

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Chamonix, c’est pas pire.

Je ne vais pas m’attarder sur les raisons qui m’ont conduit une fois de plus à m’inscrire sur le Marathon du Mont-Blanc; cette course, c’est ma course. Je connais chaque cailloux, chaque sentier chaque racine du parcours. A pied, en ski de randonnée et même en raquettes, je suis monté au sommet des Posettes une dizaine de fois cet hiver; je peux décrire chaque tronçon entre le col des Montets et la Flégère; j’ai franchi plusieurs fois la cascade des Chéserys sans passerelle; je sais ou passent les chamois ou les bouquetins avant que les randonneurs ne circulent; bref je me sens chez moi. J’aime la vallée de Chamonix et celle de Vallorcine plus encore.

J’ai réussi un exploit à l’automne dernier. Je suis parvenu à nous inscrire Anne et moi sur le Marathon. Anne, par sécurité, a aussi réservé un dossard pour le cross. Ce fut une riche idée parce qu’après avoir enchaîné le petit Eco-Trail et le Marathon de Paris, elle a abusé des ascensions au sommet des Posettes et a contracté une méchante TFL qui lui a interdit de s’entraîner depuis le début du mois de mai au moins. S’engager sur le Marathon dans un tel état eut été un poil insouciant. Je vous épargnerai l’historique de mes bobos; le sportif en général et le coureur à pied en particulier est soit blessé soit en retour de blessure. Cela autorise à peu près toutes les justifications, les contre-performances ou les performances que l’on a jamais faites. Les miennes pas plus que celles des autres mais pas moins non plus. Quand on a fêté ses vingts ans depuis plus longtemps que Kilian Jornet, on se remet moins vite des petits tracas osseux ou tendineux; c’aura été mon excuse. Je ne me suis pas entraîné autant que je l’aurais voulu mais ça ne m’a pas empêché de terminer la Maxirace un mois plus tôt et malgré quelques kilos que je me suis juré de perdre un jour, j’étais prêt pour le Marathon du Mont-Blanc.

Nous avons roulé, Anne, Thibaut et moi, vendredi toute la journée en suivant la progression de Frédéric sur le 80 km. Quand le suivi de Fred s’est arrêté après 12h00 de course au sommet de l’Aiguillette des Posettes, j’ai supposé que ce n’était pas bon signe. Les premières filles ont franchi la ligne d’arrivée un peu avant que nous arrivions dans Chamonix et Caro, première française à terminé sa course au moment où je me garais sur le parking du Montenvers. J’ai croisé Kilian et Émilie en allant récupérer mon dossard; Ils ne m’ont pas reconnu, trop absorbés sans doute par le kilomètre vertical.
Nous avons récupéré les trois dossards du Marathon et celui du Cross puis nous avons filé vers Argentière où nous prenons nos quartiers avant chaque course à l’hôtel des Grands-Montets.
Anne s’est lancée dans un décrassage express sur le petit balcon nord pour détendre les muscles de sept heures de voiture et goûter à la souplesse des sentiers, pendant que je profitais de la douceur du matelas, des oreillers et de la peau de grizzli synthétique qui servait de dessus de lit.
Anne avait réservé une table à l’heure des hôpitaux et des maisons de retraite, à la Petite Verte, face à la gare d’Argentière. Un steak tartare accompagné de petits légumes et une faisselle aux fruits rouges plus tard nous étions au lit.
À six heures le réveil à sonné et à sept heures nous avions déposé Anne devant l’aire d’atterrissage des parapentes. Il nous restait un peu moins d’une heure entre le départ du Cross et le passage de Anne derrière l’hôtel, pour aller terminer notre petit déjeuner. Je me suis gavé de muesli croustillant arrosé de lait de soja. J’ai avalé deux doubles espressos pour parfaire mon excitation et nous sommes allés attendre Anne sur le passage du Cross, au niveau où les coureurs franchissent la Pierraric (une piste rouge qui relie la croix de Lognan au départ des Grands Montets) en passant sous un gros cylindre en béton.
J’ai vu passer Anne; pas ma femme, celle de Frédéric qui avait terminé le 80km aux Posettes suite à une méchante crise d’hypoglycémie. Elle était bien en jambe et avançait vite. Je l’ai accompagné pendant quelques mètres puis je suis revenu à ma place encourager les coureurs. Je leur annonçais qu’ils trouveraient le ravitaillement dans moins d’un kilomètre. J’avais oublié que, sur le cross, le premier ravitaillement est placé à Tré le Champ et pas à Argentière comme sur le Marathon. Je n’aime pas du tout quand un gars sur le bord du chemin m’annonce une distance fantaisiste; j’avais honte d’avoir fait pire. Thibaut donnait lui aussi dans la claque aux coureurs. À nous deux on faisait plus de bruit sur tous les coureurs du cross réunis. Les biches et les renards n’ont pas fait la grasse mat’ ce matin là.
Anne est apparu au bout d’une heure et quart. Elle semblait à la peine avec son genou enfermé dans une genouillère mais après deux mois sans courir, arriver jusque là constituait déjà un exploit. J’ai couru avec elle jusqu’à la passerelle au dessus du torrent de Lognan puis nous avons pris la voiture pour foncer sur Tré le Champ.
Nous avons garé la voiture sous la passerelle. J’attendais de la découvrir depuis qu’une modification du parcours avait été annoncée sur le site du Marathon. Une passerelle pour franchir la route et laisser passer les véhicules qui circulaient entre Vallorcine et Argentière et un détour sur le chemin de la Flégère. Deux cents mètres à grimper et autant à descendre pour durcir un peu le tronçon trop roulant entre Tré le Champ et le bois de la Trappe. Thibaut en parfait professionnel a été surpris qu’on ait autorisé un tel échafaudage au public. C’est vrai qu’avec des marches de hauteurs différentes et des planches de guingois on pensait davantage à Furiani qu’au pont de Millau. Les coureurs du Cross qui l’empruntait montait et descendait prudemment. l’instinct sans doute.

Nous avons continué à faire bruyamment la claque. J’étais surpris de voir à la sortie du ravitaillement, des gars qui passaient en plus de 1h30 à Tré le Champ, attaquer une côte à 30% en trottinant. J’aurais voulu leur dire que ce genre de sursaut était vain et qu’ils feraient mieux de se réserver pour la montée de Flégère puis celle vers Plan-Praz. Un peu plus loin, ceux qui marcheront à 5km/h doubleront ceux qui marchent à 3km/h; alors courir…
Anne a atteint Tré le Champ en 1h37. Elle était en meilleure forme que celle dans laquelle je l’avais vue vingt minutes plus tôt. On s’est assuré qu’elle se sentait capable de se lancer à l’assaut de la Flégère, elle a escaladé la passerelle et a disparu dans la montagne en direction de l’Aiguillette d’Argentière.

Balcon Sud

 

De notre côté, nous nous sommes jetés dans la voiture et nous sommes repartis à Chamonix. On a pris la télécabine de plan-praz et Nous avons découvert là haut la nouvelle aire d’arrivée du Cross et du Marathon. C’est vrai qu’avoir installé la ligne sur l’aire de décollage des parapentes offre un panoramique plus large que celui auquel on était habitué. En revanche le petit raidillon qui précède la ligne est sorti d’un esprit sadique. L’arrivée à Plan-Praz était réputée être difficile mais celle-ci s’achève par un véritable mur qui promet de faire rendre gorge à plus d’un coureur du Marathon.
L’ambiance là haut est toujours celle d’une arrivée du Tour de France à l’Alpes d’Huez. J’adore.
 
PlanPraz

 

Je remonte le dernier kilomètre avec Thibaut; Disons plutôt qu’on le descend et que ceux sont ceux qui terminent le cross qui montent. Les cinquante premiers garçons et les premières filles sont déjà à la bière. On rappelle à ceux qui les suivent ce qui les attend là haut. On en pousse d’autre à tenir jusqu’au bout pour passer sous la barre des trois heures. On crie, on tape dans nos mains, on encourage. On promet de la bière fraîche et du saucisson. On tient sous les trois heures trente. On leur dit de savourer ce final dont ils se souviendront pendant longtemps. On essaie tout, mais c’est la perspective d’une bonne bière qui déclenche les meilleures relances.
Un peu avant 10h30, je vois Anne entamer son “final”. Je pensais croiser Fred sur le parcours mais je suppose qu’avec la fatigue accumulée la veille, il est resté à proximité de la ligne. Je l’accompagne et tente de la convaincre d’accélérer pour passer sous la barre des trois heures trente. C’est serré mais il reste huit ou neuf bonnes minutes; s’il lui reste quelques ressources c’est encore jouable. Je lirai quelques minutes pus tard qu’elle a terminé sa course en 3h32. Un temps excellent qui la place douzième dans sa catégorie.

 Trois heures quarante cinq, quatre heures. Je décide de remonter davantage et d’aller me placer dans la descente qui précède ce chemin de croix. J’aide un homme allongé sur le talus, perclus de crampe, à se relever et à reprendre sa course.

Je vois Anne débouler à fond dans la descente. Elle double tous ceux qui couraient devant elle. Ça ne m’étonne qu’à moitié; Elle a fait toute la course en dedans et, voyant la fin approcher, elle a lâché les chevaux.

downhill

 

Je l’encourage et me cale dans ses pas pour l’accompagner pendant toute la côte. Un peu avant la fin de la descente je tombe de nouveau sur l’homme aux crampes. Je laisse Anne filer afin de l’aider de nouveau à se redresser et à terminer sa course. Il a une trentaine d’années, semble plutôt affuté; je n’imaginais pas trouver un gars comme ça, dans un état pareil à ce stade de la course. Je fais quelques pas avec lui. Il m’assure qu’il va parvenir à terminer seul. Je n’en crois pas un mot, lui non plus, mais je l’abandonne et fonce rejoindre Anne dans son chemin de croix. Elle avance rapidement et trouve même quelques ressources pour PacMan-iser quelques concurrents. Elle termine en 4h27 à la 1061eme position, le genou et la cuisse en sang suite à une chute dans une descente peu après la Flégère. Elle a tapé dans une pierre et fait un joli vol plané qui ne l’a pas découragée.
 
Finish

 

La queue pour redescendre sur Chamonix par le télécabine de Plan-Praz ressemblait à celle d’une expo au Grand Palais un samedi après-midi. Si je ne suis pas allé voir Bill Viola, ce n’est pas pour attendre deux heures d’attendre de monter dans un œuf. Il y a bien l’option kilomètre vertical inversé; ça m’a traversé l’esprit; mais pour se flinguer les cuisses la veille du marathon, il n’y a sans doute pas mieux. Nous nous sommes finalement orientés vers le restaurant d’altitude qui jouxte la télécabine de Brévent. L’unique menu moule frite ne nous ayant pas particulièrement inspirés on s’est rabattu sur des sandwichs pris au snack. Nous avons ensuite laissé s’écouler l’après midi et les nuages étendus sur des transats, au soleil.
Comme les meilleures choses ont une fin, nous sommes redescendus en fin d’après midi sur Chamonix pour profiter quelques heures du Spa de l’hôtel et pour préparer nos sacs de course.
Je ne sais pas quand c’est arrivé mais j’ai lu sur la page Facebook du marathon du Mont-Blanc, qu’en raison des conditions météo, le parcours de la course serait modifié. Nous n’allions plus passer par l’aiguillette des Posettes, ni terminer à Plan-Praz; plus de descente le long de la crête magique mais une piste 4×4 semblable à celle que l’on empreinte sur le dernier tiers de l’ascension vers le col.
J’étais désespéré; j’avais passé des heures à m’entraîner sur ce parcours, à calculer et recalculer mes temps de passage pour réaliser la course parfaite et tout s’effondrait à quelques heures du départ. J’avais aussi rêvé d’une course au soleil avec un équipement ultra-light, mais avec le temps qu’il allait faire, je ne pouvais plus partir les mains dans les poches. Dans une course de montagne sur laquelle le temps est mauvais, c’est moins les besoins de la course qui dictent la constitution du sac que ce qu’il faudra avoir sur soit en cas de blessure ou d’arrêt. Quand il faut descendre de 800m avec une entorse, sous la pluie et dans le vent, qu’on ait choisi d’abandonner ou pas, on peut vite avoir très froid. J’ai donc décidé de porter mon sac Ultimate Direction PB dans lequel j’ai mis une veste imperméable ultra-légère Lafuma Speedtrail, un maillot de rechange Lafuma lui aussi, un bonnet, un buff, des gants et une paire de gants Mappa.
J’ai également pris quatre pom´potes et quelques biscuits au sésame et au miel. J’ai rempli mes deux bidons avec de la boisson hypotonique Effinov goût neutre et j’ai mis deux sachets supplémentaires dans mon sac pour assurer le réassort en course. J’ai préparé un sac “assistance” que j’ai confié à Anne et dans lequel j’ai mis un maillot à manche longue et un coupe vent au cas où je m’apercevrais en arrivant à Tré le Champ que j’avais sous estimé le froid qu’il ferait.

 

Nous sommes allés dîner à la Crémerie du Glacier. J’ai commandé une salade d’avocat, d’oignon et de tomate en plus d’une croute au poulet. J’ai aussi bu une bière pour me consoler de la pluie et du changement de parcours et surtout pour accompagner Anne qui fêtait la fin du Cross et sa victoire contre son genou. Je ne suis pas convaincu que ce menu soit recommandé par l’association française des diététiciens du sport, si elle existe, mais c’était bon et j’étais calé. De toute façon j’avais abandonné l’idée de ma quinzaine sans gluten après être passé chez Team-Outdoor la semaine précédente et n’avoir pas pu m’approvisionner de deux boîtes de l’excellent gâteau sport aux amandes et sans Gluten de Punch Power. J’aurais pu faire sans mais il fallait bien trouver une raison pour continuer à me gaver de Muesli, celle-ci était la mienne.
À dix heures nous étions de retour à l’hôtel et moins d’une heure plus tard, j’étais dans les bras de Morphée.
J’avais programmé le réveil à cinq heures. J’ai enfilé un cuissard skins par dessus lequel, à l’instar de ce que j’avais fait pour la Maxi-Race, j’ai mis un short de randonnée que j’avais acheté la veille dans la boutique Lafuma de Chamonix. Un maillot bleu à manche courte et de jolis manchons blancs sur les bras. Je les avais acheté, chez Team-Outdoor encore, une semaine plus tôt, pour me protéger du soleil, sur les passages les plus exposés. Pour partir à la fraîche, ils n’étaient pas inutiles non plus. Un buff sur la tête pour garder mes oreilles au chaud et des Hoka au pied. J’ai hésité à chausser mes Riot 5 mais comme les passages sur des pierres devenues glissantes avec la pluie (la descente le long de la crête de l’aiguillette et le pierrier que l’on traverse entre la Flégère et Plan-Praz) j’ai pensé que leur accroche fantastique ne serait pas nécessaire et que les Hoka serait plus confortable pour descente sur les larges sentiers 4×4.
J’ai pris un petit déjeuner léger et Anne nous a conduit un peu avant sept heures, Thibaut et moi, jusqu’à Chamonix. Nous avons emmené avec nous deux coureurs irlandais qui ont passé la nuit à re-dessiné sur leurs dossards, le drapeau de leur pays, que les organisateurs avaient remplacé par celui du Royaume-Uni.
Nous avons déposé nos sacs coureurs et nous étions dans nos sas, sous une pluie fine, un bon quart d’heure avant que le départ ne soit donné. Thibaut avait préféré partir en queue de peloton et ne pas prendre le risque de subir la pression de coureurs trop rapides. Moi au contraire j’ai escaladé une barrière et je me suis faufilé parmi les trois ou quatre cent premiers; ce n’était pas un hold-up, j’avais fini deux-cent-cinquante-sixième l’an dernier.
J’étais au milieu d’un groupe de québécois et de québécoises, des italiens et des britanniques aussi; bref c’était les championnats du monde. La pluie a redoublé lorsque le speaker à commencé le décompte et nous sommes partis sous le déluge.
Je n’avais aucun doute sur le rythme à adopter au début de la course. Il faut partir vite. De toute façon, sur les premiers mètres, on est aspiré par la vitesse des élites qui filent comme des missiles. J’adore ces courses dont les départs vous font se dresser tous les poils de votre corps. Un grand frisson me parcourt pendant que l’on traverse Chamonix dans une ambiance de folie. Malgré la pluie, les spectateurs sont venus par centaines pour crier, applaudir et nous encourager. Les cloches de montagne tintent; c’est magique. Jusqu’à ce que nous entrions dans la forêt, les rues sont bordées de supporters qui marqueront ce premier kilomètre pour le restant de nos jours.
Je boucle les trois premiers kilomètres en moins de quinze minutes. Nous sommes dans les bois et les premières bosses apparaissent. La portion jusqu’au Lavancher est constituée d’une succession de petites montées et de petites descentes. J’ai pris l’option de ne jamais courir sur une pente de plus de 5%. À ce stade beaucoup continuent à mettre le paquet quelque soit la pente qu’ils grimpent, alors forcément on me double. Mais je reprends ceux là dès qu’il faut relancer. J’atteins le Lavancher en 33 minutes. C’est un peu au dessus de mon pronostique. Je me sens un peu lent. Je n’ai d’ailleurs pas réussi à bien dérouler dans la grande descente sur la route qui serpente au milieu du village.
On poursuit sur le petit balcon nord en direction d’Argentière. Il y a normalement là un passage avec un léger faux-plat descendant jusqu’aux Chosalets sur lequel j’arrive d’habitude à pousser sans forcer à 15km/h mais mon moteur est en panne et je suis incapable de mettre la moindre vitesse. Je suis contre toute attente gêné par les autres coureurs. Il n’y a aucun espace; nous sommes collés les uns derrière les autres. Les gars sont tendus comme des arcs. C’est peut-être la pluie mais l’ambiance est à chier.
Je passe derrière l’hôtel des Grands Montets en 55´. C’était le chrono prévu pour arriver à Argentière. Je ne suis pas vraiment dans le dur mais je commence à comprendre que c’est un jour sans. Anne n’est pas là. On s’était fixé rendez-vous après la passerelle, sur le grand parking Entre Tré le Champ et le col des Montets mais j’espérais qu’elle soit quand même venue nous faire signe ici. Tant pis. Je traverse le torrent de Lognan deux minutes plus tard. Ce n’est pas bon.
Je suis à Argentière en 1h00. 371eme.
À la sortie de la ville commence la première véritable côte. On monte vers le Planet. J’étais monté mollement l’année dernière. Je mets davantage de rythme cette année. La densité de coureur est inhabituelle à ce stade et dans ce timing. Manifestement il y a davantage de coureurs qui s’arrachent que sur les éditions précédentes.
Arrivé au Planet on ne nous fait pas redescendre sur Montroc par le chemin habituel. J’aimais beaucoup cette petite monotrace en balcon qui descendait lentement jusqu’à la rivière. Ce coup-ci on tourne à gauche plus tôt et on suit la route. Ça commence bien. Celui-ci aussi ils me l’ont retiré. Les pieds tapent sur le béton, ce n’est pas agréable.
Il était convenu avec Anne que je passerais au niveau du parking qui précède le col entre 8h15 et 8h20. Il était 8h15 et je n’étais qu’à Montroc ou l’ambiance n’était pas aussi festive que d’habitude.
On remonte vers Tré le Champ. Je suis une jeune australienne équipée en Salomon. De loin on aurait dit la petite sœur d’Anna Frost. Si c’est le cas, elle est un peu à la bourre. Je lis les inscriptions sur son dossard en la doublant. Lucy Bartolomew.

Tré le Champ

 

La Passerelle. On la laisse sur notre gauche, on grimpera dessus au prochain passage. J’avale une première pom’pote, goût pomme-châtaigne. Un grand bonheur.
Anne m’attend au point convenu. 8h20, je ne suis pas en avance. Je trottine avec elle sur une centaine de mètres, laissant “Lucy” et quelques autres me passer devant puis je reprends à bonne allure ma course vers Vallorcine. C’est une partie sur laquelle on peut mettre un peu de vitesse sans trop s’épuiser alors j’en profite. Anne a entrepris d’effectuer, en mode décrassage, un aller-retour jusqu’à Vallorcine en suivant la piste et la course.
Les quelques kilomètres qui composent ce tronçon de la course sont parmi les plus agréables. On ne court pas sur une crête mais le paysage face à la réserve naturelle des aiguilles rouges m’enchante à chaque fois, même sous la pluie, même dans la neige. On ne court pas, on glisse, tant les jambes déroulent en souplesse. Un gars avec un maillot Lafuma jaune tente d’engager la conversation. Son visage me rappelle quelqu’un mais je ne parviens pas à me souvenir dans quel contexte je l’aurais déjà croisé. Au petit déjeuner, à l’hôtel ? Il trouve que le rythme est très rapide. Je lui réponds que compte tenu de ce qui nous attend il vaut mieux profiter de ce faux-plat descendant parce que dans quelques minutes on sera tous beaucoup moins rapides.
Le Buet.
On court au milieu d’un pâturage le long de la ligne de train du Mont-Blanc. Une derrière grande descente dans la prairie et c’est le ravitaillement de Vallorcine.
1h44, J’ai encore perdu trente places mais j’ai refait mon retard. J’avale un verre de thé chaud dans lequel j’ai versé deux sucres. Je remue mon mélange avec un couteau sur lequel adhèrent encore quelques morceaux de saucisson. Je ne m’attarde pas et fonce à l’assaut du col des Posettes. Je n’ai pas besoin de sortir mes bâtons, je les ai à la main depuis le début de la course.
Je sais que les cinq premières minutes sont les plus dures. La pente est raide et il faut se faire à l’idée d’une ascension qui va bien durer trois-quarts d’heure.
J’ai quelques étapes gravés dans la tête. La première c’est cette entame jusqu’au chalet 80 mètres environ au dessus du café-comptoir. La seconde c’est lorsque l’on passe sous le télécabine. On compte à ce stade 150m de dénivelé; la piste 4×4 est à 450m. C’est ensuite la boucle du parcours en raquette puis les Saix Blancs. Des problèmes de digestion devant moi; ou alors des flageolets au petit déjeuner. Ses dégagements gazeux sont insupportables. Je fais un petit effort pour passer devant. Pas pour gagner une place mais pour ne pas succomber d’asphyxie.
Pas de bol le parcours change encore une fois. On ne passe pas par les Saix Blancs et on rejoint la piste en coupant droit dans la forêt. On débouche un peu plus haut que d’habitude. J’avais prévu de courir une fois arrivé la piste mais ni mes jambes ni mon cœur ne l’entendent ainsi. Je tente de trottiner en serrant les dents. Ça ne passe pas. Impossible de mettre du rythme là où j’avais couru l’an dernier. Tout l’hiver et au printemps j’avais préparé ce segment mais rien n’y fait, je marche.
J’enfile les gants Mappa car la pluie commence à refroidir mes mains. Je suis trempé et le vent qui souffle de plus en plus fort me refroidit de minute en minute.
Nous passons de nouveau sous les câbles du télécabine. Le col est un peu au dessus de la gare d’arrivée. On la voit au dessus de nous; il doit bien rester 150m d’ascension. Je sors un sachet de biscuits au sésame et au miel. Une tuerie ! Ça ne suffit pas pour me réchauffer et je crains qu’un vent glacial ne balaie le col. Je m’arrête pour une courte pause technique puis je passe cinq minutes au moins à essayer de dégrafer mon sac, changer de t-shirt, mettre et fermer la fermeture éclaire de ma veste imperméable. J’aurais dû retirer mes gants pour réaliser tous ces gestes mais j’avais peur d’avoir trop froid aux mains. Finalement je perds un temps fou mais je suis au sec et au chaud.
J’atteins la gare d’arrivée du télécabine de Vallorcine quelques minutes plus tard. Il reste un peu moins de trois cents mètres en faux plat jusqu’au col.
Col des Posettes

 

Dans le dernier virage je demande à une poignée de spectateurs de bien vouloir m’aider à enfiler des gants plus chaud. Je ne tiendrai pas, malgré la pluie, avec les seuls gants en caoutchouc. Il me faut du chaud. Je perds encore deux ou trois minutes avant d’arriver au point de contrôle du col des Posettes. Personne ne s’arrête pas même pour se ravitailler en eau. Il faut dire que de ce côté, on est servi.
2h42. Presque une heure pour grimper jusque là c’est pire qu’à l’entraînement. 475eme. J’ai bien vu qu’on passait devant moi pendant mon “arrêt au stand” mais soixante-quinze places; waouh ! la minute coûte cher.
Je relance sur la trace de la piste bleue qui descend jusqu’au sommet du télécabine de Chamarillon. Je ne regrette pas d’avoir revêtu ma veste imperméable et d’être au sec. Le vent fouette mon visage. Je rabats ma capuche sur la tête, je suis dans une bulle J’entends mon souffle, ma respiration; c’est une sensation particulièrement étrange; j’ai l’impression de courir coupé du monde.
Chamarillon. On s’engage sur la piste 4×4 qui serpente jusqu’au tour. La pente est plus affirmée. Les jambes s’emballent. Il faut rester relâché et ne pas essayer de freiner, ça flingue les cuisses et il ne restera rien pour l’ascension suivante. Je sens pourtant que je me crispe et que je ne vais pas aussi vite que je le pourrais. Je n’arrive pas à en expliquer la raison. Une appréhension liée au sol légèrement boueux sur lequel je pourrais glisser. Les autres ne s’embarrassent pas d’autant de questions. Ils foncent vers le Tour comme des Bobsleighs. J’enrage de les voir disparaître sans pouvoir nourrir l’espoir de les rattraper. Pendant toute la montée je pensais en voyant certains me doubler “t’inquiète pas gars, on se retrouvera dans la descente”. Non seulement je ne retrouverais personne dans la descente mais ce sont ceux qui grimpaient loin derrière moi qui me ramassaient.
L’arrivée au Tour est tristounette par rapport à ce qu’elle réservé les jours de soleil. On a bien sûr le droit aux applaudissements de quelques spectateurs qui ont bravés la pluie pour venir nous encourager mais ce ne sont pas les hurlements des grands jours. Quand on termine la grande descente depuis l’aiguillette des Posettes, cette foule, ça vous donne la pêche pour les quatre ou cinq kilomètres qui suivent. Aujourd’hui ça me donne juste envie de ne pas m’arrêter là tellement tout a l’air gris et triste.
3h07, 497eme. Encore 22 places de perdues; ça ne m’étonne pas, je les ai vues passer.
Les trois kilomètres qui séparent le Tour de Tré le Champ s’avalent en général très vite. C’est encore un faux plat descendant jusqu’à Montroc et c’est une des dernières occasion de rattraper le temps perdu. Je n’ai rien rattrapé et j’arrive à Tré le Champ en ayant perdu vingt-sept places supplémentaires. J’ai pourtant, en 3h23, vingt-cinq minutes d’avances sur mon temps de l’année dernière. Tout n’est pas comparable : nous ne sommes ni monté ni redescendu de l’aiguillette des Posettes et il y a derrière Tré le Champ au moins deux-cent-cinquante mètres de dénivelé supplémentaire à monter puis à descendre.
Je ne m’arrête pas au ravitaillement. J’ai suffisamment d’eau pour atteindre la Flégère et il me reste encore deux pom´potes. J’en ai pris une entre le Tour et Montroc, je n’ai besoin de rien.
Anne m’attends à la sortie du ravitaillement. Elle me demande s’il lui faut extraire un vêtement du sac d’assistance que je lui ai confié. Là non plus, je n’ai besoin de rien; il ne fait pas froid et sur la séquence qui suit je vais au contraire plutôt chauffer un peu. Je lui laisse le maillot trempé que j’avais retiré avant le col des Posettes, je grimpe sur la passerelle et j’emprunte le sentier en direction de l’aiguillette d’Argentière.
Un bénévole nous annonce qu’il nous faudra une demi-heure pour rallier la Flégère. Le garçon qui court derrière moi est enchanté. Je le refroidis en lui assurant qu’à notre niveau, du on arrive là bas en moins d’une heure, ce ne sera déjà pas si mal.
C’est reparti pour un tour en file indienne à compter ses pas et son souffle. Cette ascension me semble interminable. J’imaginais la boucler en une quinzaine de minutes mais j’y suis encore au bout de vingt minutes; surtout qu’à ce rythme, les minutes comptent triple.. De toute façon il n’y a rien à faire; je perdrais une énergie folle à essayer de doubler sur une “single” pareille. Quand j’atteins enfin le point culminant je suis soulagé. Anne m’avait parlé de la descente qui suivait avec des trémolos dans la voie. Une monotrace sinueuse entre les sapins et les cailloux. On se prend pour un cabri, les sensations sont sublimes…
J’avais oublié qu’il pleuvait depuis des heures et qu’un sentier sur lequel sont déjà passés près de cinq cents coureurs, ressemble, dans ces conditions à un chouette toboggan. C’est l’enfer. Ça glisse tant et plus. A chaque pas je sens un de mes pieds qui menace de dévisser. Les semelles de mes Hoka n’accrochent rien. Je suis tendu et lent. Je sens la pression des coureurs qui derrière moi voudraient que je sois un peu plus rapide. Tant pis pour eux. Ça fait presque quatre heures que l’on court et ils avaient tout le temps de me doubler avant. Je m’efforce malgré tout de ne pas baisser le rythme. Je suis hyper-concentré. Il faut évaluer en une fraction de seconde ou poser son pied, puis l’autre. C’est épuisant. Je relâche mon attention et je pose le talon du pied sur une dalle glissante. En Trail en général et dans une descente un peu raide en particulier, cela ne pardonne pas. La jambe part en avant et le reste du corps bascule vers l’arrière. Je tombe lourdement sur le dos. Mon sac vide ne me protège pas et j’oublie de rentrer la tête comme je l’ai appris au judo. Mon crâne heurte une racine. BOOING ! Je suis sonné. On s’affaire autour de moi, me demande si je vais bien, s’il faut appeler les secours… Je pense à Schumacher. Je suis un peu perdu, une douleur sourde
irradie dans mon crâne.
J’ai envie d’arrêter là, que l’on vienne me chercher et de retrouver l’hôtel et un lit bien chaud.
Je reste assis sur le bas côté à réfléchir et à faire le point :
1-Autant que je m’en souvienne je n’ai pas perdu connaissance ou personne n’a eu l’air de s’en alarmer.
2-Je n’ai pas de vertige
3- je n’ai pas envie de vomir
4- si je reste planté là sur mon rocher, je vais prendre froid. Aucun hélicoptère ne viendra me secourir entre les arbres et quoiqu’il arrive, il faudra bien, d’une façon ou d’une autre redescendre jusqu’en bas.
Je décide finalement d’aller au moins jusqu’à la Flégère. La peur de chuter une nouvelle fois me scie un peu plus les jambes. Je descends prudemment en me demandant si la douleur qui remonte jusqu’à ma tête lorsque je saute de pierre en pierre ne préfigure pas un accident vasculaire cérébral majeur. Le film de mon traumatisme crânien occupe tout mon temps.
Je rejoins enfin le parcours “habituel”. il reste un peu plus d’un kilomètre à courir sur un sentier globalement roulant. Je reprends un peu d’assurance. Le Bois de la Trappe. Je sais que commence là la toute dernière difficulté de ce marathon. À ce point on compte plus ou moins trente minutes jusqu’à la Flégère. Ça grimpe. J’ai oublié ma tête et j’ai de meilleures sensations dans les jambes. Ce n’est pas tout à fait une partie de plaisir mais j’ai une idée très précisé du parcours alors je suis serein. On sort de la forêt et on attaque cette piste pierreuse que tant de coureurs détestent quand le soleil brille au dessus leurs têtes. Les quatre ou cinq cents derniers mètres vers Flégère sont assez bien placés dans l’échelle de l’enfer. Personnellement cette piste me rend mélancolique. C’est là le début de la fin : Passé la Flégère, la course est faite; on attaque le dessert. Je recommence à trottiner en redescendant sur la réserve d’eau. Ça ne dure pas; le mur qui précède le ravitaillement calme toutes les ardeurs.

  Flégère

 

Je prends le temps de me servir un thé chaud et sucré au ravitaillement. Je suis parvenu là haut en 4h59, c’est une catastrophe. Je ne sais pas combien de temps ma chute m’a fait perdre mais en places le décompte est simple. Je suis six-cent-soixantième; Ce qui fait cent-trente-six places abandonnées dans la bataille.
Comme me le rappellera Matthieu quelques jours plus tard, j’ai réussi l’exploit de faire un très joli positive split. J’ai eu, sur chaque segments, de bonnes raisons de perdre des places mais au final j’ai lâché la course.
J’abandonne le balcon Sud et l’arrivée à Plan-Praz pour entamer la longue descente sur Chamonix. On commence par quelques centaines de mètre en suivant la piste rouge qui permet aux skieurs de descendre jusqu’au départ de la télécabine de Flégère. On bifurque ensuite sur le GR.
Je crains de retrouver un sentier boueux et glissant mais ce n’est pas le cas. Il y a bien quelques racines et des cailloux mais le dol est globalement sableux et toute l’eau a été absorbée. On croisé par moment des dalles glissantes mais c’est une descente plutôt facile sur laquelle on peut courir sans danger. Je déroule sans problème, saute par dessus les cailloux et évite de me prendre les pieds dans les racines qui affleurent. Je n’en finis pas de descendre. J’ai l’impression que cette étape est plus longue que celle que nous aurions eu en terminant à Plan-Praz. En distance c’est certain : nous sommes sur l’hypoténuse du triangle Flégère, Plan-Praz, Chamonix. Mais en temps ? Mes sensations sont bonnes mais j’ai vraiment envie d’être dans le centre de Chamonix.
On traverse la jolie terrasse fleurie du chalet de la Floria . Je croisé de plus en plus de promeneurs, avec leurs enfants; signe que nous ne sommes plus très loin de l’arrivée. Il a cessé de pleuvoir. Je retrouve le goudron; il ne me reste qu’un peu plus d’un kilomètre. Je voudrais tout lâcher. Je suis à treize kilomètres par heure mais j’ai du mal à accélérer davantage. Le gars qui était derrière moi fuse à plus de quinze. Pour me “venger” je prends en chasse celui qui courait cent mètres devant moi. Je réduis mon écart à mesure que nous nous rapprochons du centre.
Je tourne enfin dans la rue Joseph Vallot, la grande rue piétine qui conduit presque à l’arrivée. Les spectateurs forment une haie d’honneur. J’ai rattrapé mon prédécesseur,; les enfants tendent leurs mains pour que nous leur tapions dedans. Ils sont nombreux. Ça crie, ça applaudie; des cloches tintent. Je suis ému, une larme coule. Anne m’attend à deux cents mètres de la ligne, avant le virage final. Elle s’élance avec moi. Elle hurle des encouragements; elle court trop vite; je ne parviens pas à la suivre. Et puis je ne veux pas précipiter les choses; je veux goûter au bonheur de cette arrivée au cœur de Chamonix.
 
the arrival

 

Je franchis enfin la ligne en 5h47. 718ème contre 5h38 et une 256ème place l'an dernier. Je perds encore une soixantaine de place entre le comptage de la Flégère et celui de l’arrivée mais ce ne sont pas des places perdues pendant la descente. J’ai plutôt maintenu ma position mais un paquet de coureurs m’avaient doublés pendant que je buvais tranquillement ce thé là haut, à la Flégère. J’avais cru pouvoir avaler cette épreuve comme une séance d’entraînement dans le parc des Buttes Chaumont
Voilà j’ai fini. On me passe une médaille autour du cou. Frédéric et Anne m’accueillent derrière la ligne. Nous discutons un moment de leurs courses, de celle de Anne et de la mienne. Il fait encore frais mais comme il ne pleut pas, nous pourrions rester là des heures. Enfin presque. Je suis quand même trempé et je les abandonne pour aller me changer. Les sacs coureurs sont rassemblés dans le gymnase situé à proximité de la piscine. Les douches sont inaccessibles; je m’essuie et m’habille avec des vêtements secs. Nous allons déjeuner Anne et moi dans la grande salle dans laquelle est installé le repas de fin de course.
 
restauration


Vers 14h00 nous retournons vers la zone d’arrivée en espérant voir Thibaut Terminer. A 14h21 il débouche sur la rue Vallot. On l’encourage; on l’accompagne. Lui aussi est ému par cette arrivée triomphale réservée à chaque coureur. Il franchit la ligne à son tour en 7h24. A l’instar de Kilian Jornet il améliore son temps de treize minutes. Il perd aussi trois cents places dans la bataille mais, je l’ai dit, le niveau était sans doute plus élevé cette année que les années précédentes. Passer sous la barre des cinq heures était peut-être illusoire mais avec un peu plus d'entrain pendant l'ascension des Posettes et sans la chute dans cette fichue descente, j'aurais peut-être pu espérer mettre une demi-heure de moins...

Voilà. Je vous épargnerai la fin de notre weekend et le retour à Paris. On repartira encore une fois de Chamonix avec des souvenirs plein la tête et des étoiles plein les yeux. On reviendra courir; qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, on sera là fin juin, l’année prochaine. Le Marathon ? le 80km ? tout se bouscule encore, j’aurai tout l’été pour choisir.
Je reviendrai fin août mais pour une autre histoire. Ce sera l’heure de la TDS; je vais devoir m’y préparer.

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