BELFORTRAIL 2013
Sauve qui pleut ….
En rentrant en Alsace Dimanche en fin d’après midi, un timide soleil perçait les brumes éparses qui enveloppaient encore la ligne bleue des Vosges, offrant à nos yeux frustrés et à nos corps meurtris un joli tableau d’automne … Il était temps, car pour cette alléchante étape en Franche Comté c’était malheureusement "sauve qui pleut" sur le BelforTrail !!!
Clin d'oeil à Nicolas Fried, de l'Alsace en Courant ...
A l’heure de rédiger quelques lignes sur cette journée riche et mémorable, il m’apparait évident et essentiel de rendre tout d’abord hommage à tous les bénévoles emmitouflés dans les parkas, qui ont bravés ces conditions dantesques pour nous permettre de vivre un très grand moment de trail. Merci à vous tous pour votre disponibilité, votre gentillesse, votre courage ....
Le staff du BelforTrail mérite toute les éloges pour la qualité générale de l’organisation, mais surtout pour la qualité du parcours proposé, dans le plus pur esprit de la discipline, diaboliquement beau, sauvage et difficile. J’ai trainé mes running un peu partout au quatre coins du massif vosgien, je m'y suis souvent fait plaisir, mais là …. Quel pied
La toute première descente, nocturne, sur un joli single bordé de flambeaux laissait déjà présager le meilleur. Le début de parcours, tranquille, permet de rentrer progressivement dans la course. Je profite d’un semblant d’accalmie pour enlever ma veste de pluie et la glisser (enfin plutôt la bourrer comme ça peut) dans la pochette à ma ceinture Raidlight estampillée "Nivolet revard".
Je retiens le passage ou il faut se hisser sur le chemin en contre haut à l’aide d’une corde. Le troupeau est encore dense et ça bourrine un peu, pas trop, juste ce qu’il faut sur une course "d'hommes". Puis on devine une musique diffuse au travers de la forêt, qui s’amplifie à l’approche du Col du Lochberg (je crois ???). La vue se dégage sur les prairies, le rythme et les encouragements de la fanfare nous mettent le feu aux pattes pour la longue plongée sur Sewen, lieu du premier ravitaillement ….
Danièle me tend un bidon et deux pates de fruit, je repars immédiatement ....
Un sentier sans difficulté longe le lac de Sewen et nous dépose sur la digue du l’Alfed. On enchaine par un gros raidard le long d’une cascade vertigineuse. Il faut tirer sur les rambardes , le souffle est court et ça chauffe les mollets. Je n’étais jamais passé dans ce coin, c’est superbe …
On poursuit vers le Ballon d’Alsace, sur un tracé toujours exigeant. Je reconnais l’approche du sommet, que j’avais découvert lors du Maratrail local en 2011. On découvre une ambiance apocalyptique lorsque l’on sort de la forêt. La brume est épaisse, mouvante, le vent redouble de violence, la pluie nous transperce … Je repasse la veste en catastrophe, en tenant la casquette de l’autre main … Ouf, je suis trempé mais la couche supplémentaire suffit à m’isoler du vent et à m’apporter le "confort" indispensable pour poursuivre. Je dévale vers la route, je commence à ramasser quelques gars qui semblent déjà entamés.
Au col j’aperçois Danièle au milieu des bénévoles … Malgré les conditions, je me sens super bien, limite euphorique. Je leur fait remarquer qu’il pleut. Chépa pourquoi, mais ça les fait marrer. Sur le coup Danièle à récupéré par là un jeune suisse à l’agonie, pour le redescendre en voiture sur Giromagny … Pour les gars qui abandonnent par là, ce n'est pas forcément la fin de la galère ….Bref, on enquille en direction du Ballon de Servance avec un secteur plus roulant … Enfin, façon de parler car le terrain est sacrément gras et glissant. Même lorsqu'il est possible d'allonger la foulée, il faut rester vigilant. Le Ballon de Servance, haut lieu de la cyclosportive Les 3 Ballons (ancienne version), que j'ai gravi à maintes reprises à vélo et dont je découvre là une approche forcément différente, en arrivant par les chaumes et en découvrant le véritable sommet. Ce doit être joli … mais on n'y voit rien !!!! On reste sur la route sur un bon kilomètres avant de s'enfoncer dans la profonde forêt, pour la longue descente vers l'Abri Mérique. Je ne fais que ramasser des gars depuis une heure lorsque, au plus fort de la pente, j'entends un tonitruant "Salut Gilles" dans mon dos … Olivier Comau dévale comme un lapin, en pleine forme. On échange quelques mots et le jeunot disparaît …. La descente est mon point fort, mais là je ne peux pas suivre. A vrai dire, vu les conditions délicates, j'ai preferé descendre sur la defensive tout au long de la journée. Le final de celle là est à nouveau extraordinaire, on dégringole littéralement le long d'une nouvelle cascade, assourdissante, sur un sentier à nouveaux très techniques parsemés de racines et de dalles glissantes, qui nous dépose à l'Abri Mérique pour le second ravitaillement, quasiment au pied de la Planche des Belles Filles.
Danièle est là, pour un nouveau ravitaillement express qui me permet de repartir en même temps qu'Olivier. Mais là encore, je ne pourrai pas suivre sa foulée dynamique … Je renonce rapidement au profit d'un arrêt pipi, de toute façon indispensable. Danièle devait ensuite monter à la Planche, juste pour le fun. Mais mes explications devaient être imprécises et elle a pris la route du Ballon de Servance, ou elle a retrouvé la course avec des visages pas encore vu …. Un bénévole lui annonce qu'environ 300 coureurs sont passés. Oups …. Et puis elle tombe sur Catherine, l'épouse d'Olivier, une amie, en grande détresse. Quelques mots échangés, des sourires et la championne et repartie, pour finir comme une grande, accompagné d'Olivier revenu à sa rencontre …. petite histoire de trail comme j'aime. L'émotion de la championne à l'arrivée ...
Catherine ( Miss Villa Mathis ) et Olivier ( Oli-coaching )
En arrivant vers le pied de la Planche j'appercoit au loin un silhouette jaune longiligne . C'est mon pôte Thierry, un peu à court d'entrainement et privé de dossard, qui vient à contresens depuis Giromagny et qui a prévu de m'accompagner sur la fin du parcours, histoire de se remettre dans le bain … pour le bain, c'était vraiment le bon jour !!! La Planche des Belles Filles, autre haut lieu des 3 Ballons, bien connue également depuis que Mr. Froome est venu y faire le show à l'occasion du Tour de France 2012. A vélo, l'ascension sur le bitume est terrible. A pied, la version sentier est au moins du même calibre … c'est long, très raide, sans répit. L'avantage c'est qu'on débouche réellement au sommet, sur les pistes, dans un cadre bien plus agréable que la triste parking sans âme qui servait d'arrivée aux 3 Ballons ...
Le ciel est un peu moins couvert, les jambes sont toujours bonnes, Thierry est un peu décroché. La descente qui suit propose également quelques passages engagés ou il convient d'avoir l'esprit bien clair … Le parcours reste toujours aussi agréable, essentiellement sur des petites sentiers attrayant rendu encore plus gras par le passage des coureurs du GiroTrail. L'avantage c'est qu'il y a plus de monde, et donc plus de points de mire … Le Mont St Jean, insignifiant sur le profil général, n'est pas anodin aprés 6h30 de course. Je suis vraiment content de basculer sur la descente finale, une véritable patinoire jusqu'à rejoindre enfin le bitume à l'entrée du village, ou je me ferai gratter dans les derniers 500 m par un missile revenu du diable vauvert. Peu importe, je coupe la ligne quelques secondes avant les 7h que je m'étais fixé. Enchanté par cette belle journée pluvieuse ....Thierry, qui n'en a même pas marre du bouillon ....
Chez les filles la vosgienne Sarah Vieuille l'emporte en 6h26 '41'' devant deux alsaciennes, Sandrine Scharff et Rachel Leitner.Mon copain et collègue facteur, Lionel Viry, vosgien également aligne tout le monde en V2 … Super jambes le Lionel aujourd'hui, je ne l'ai pas vu de la journée !!!
C'est aussi un copain, l'insusable Michel Cantus qui gagne "tranquillement" en V3 …. l'en a gardé sous la semelle pour la Sainté !!!
Au scratch c'est Léo Bechet, le p'tit jeune qui monte remporte l'épreuve en 5h33'52''. Le podium 100% vosgiens est complété par l'inévitable François Julien (vainqueur du Rainkopf il y 3 semaines) et par Stéphane Brogniart, qui a pris du galon avec sa superbe 14ème place à l'UTMB. Bravo les champions !!!!
7 commentaires
Commentaire de heidi posté le 22-10-2013 à 14:52:20
Comme tu écris "ce doit être joli... mais on voit rien". Bon résumé! :)
Dis-donc toi aussi tu avais de bonnes jambes, pas que le facteur. Bravo super chrono!
Bien loin derrière toi, j'ai plus de mérite: le niveau des eaux dans les sentiers du ballon de Servance était encore monté de plusieurs centimètres :)
Commentaire de poucet posté le 22-10-2013 à 20:31:51
Hello Heidi ... je ne suis pas trés grand, et donc y fallait se presser de rentre, sinon je n'avais plus pied dans les sentiers !!!! Bravo à toi d'avoir maté ce Ballon liquide !!! @+
Commentaire de amerpierre posté le 23-10-2013 à 21:42:07
Super compte rendu, merci çà m'a fait revivre une partie de ma course, j'avais déjà lu celui sur le haut koenigsbourg, les photos étaient sympa!
Commentaire de poucet posté le 24-10-2013 à 20:21:13
Et ben merci à toi amerpierre ... l'appareil photo était content que la course se termine !!! hi hi hi
Commentaire de Gibus posté le 25-10-2013 à 08:08:54
Bravo pour ta course.
Vraiment une édition mouillée.
Vu ton chrono, t'étais arrivé que je repartais seulement du 2° ravito
bonne récup
Commentaire de poucet posté le 25-10-2013 à 20:59:05
Bravo à toi également, j'ai lu ton CR et j'ai fait la même analyse chrono ...
Fallait vraiment en vouloir pour venir à bout de ce BelforTrail !!!
Bonne récup aussi !!!
Commentaire de randoaski posté le 30-10-2013 à 17:27:37
Toujours au top: le coureur, le conteur, la photographe: bravo!!! Si tu as du temps à perdre, le mien de récit est là: http://rundevoo.com/running/mes-courses/annee-2013/20-octobre-2013-–-belfortrail-–-giromagny-90/
A bientot sur une prochaine course dans le massif!
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