Récit de la course : Marignanne Marathon des Familles 2013, par Pieromarseille

L'auteur : Pieromarseille

La course : Marignanne Marathon des Familles

Date : 13/7/2013

Lieu : Marignane (Bouches-du-Rhône)

Affichage : 1131 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

5 commentaires

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3 autres récits :

Mes débuts en CAP : coup d'essai à Marignane...

Ben non. Finalement ça l'a pas fait :oops: ...

Voilà comment je me suis pris au jeu de la CAP, puis emballé... jusqu'à me prendre pour un marathonien que je ne suis pas encore... et quelques beaux murs par la même occasion.

 

1. Comment en suis-je arrivé là ?

C'est en février dernier (2013) que le coureur du dimanche que j'étais a commencé à courir un peu plus sérieusement, c'est-à-dire 3 fois par semaine, parfois 4, en vue de préparer une course de montagne le 16 juin, pour fêter dignement mes 40 ans (et pour ne plus y revenir, cette ascencion de l'Aiguille Verte à 4122m restera dans ma mémoire comme l'une des plus belles courses de montagne de ma vie !).

De fil en Aiguilles, on se prend au jeu. A force de s'entrainer on monte dans les tours, on rajoute même des tours, et je m'étonne fin avril de faire 18 km vallonés en un peu moins d'1h30. Ce serait dommage de ne pas profiter d'une telle forme ! Jusque là, mon expérience en CAP se résume à un 10km en relais sur le marathon de Marseille en 2011 (quelle ambiance !!! et un temps encourageant : 42,45'') et à une course nature de 11km à Pourrières la même année. Pas grand chose depuis. Allez, zou, je suis en forme, c'est le moment de s'y remettre et je m'inscris au semi-marathon d'Aix, réputé difficile (c'est vrai qu'il monte !), qui doit se dérouler 10 jours après (le 12 mai). Jusque là, un semi ça m'avait toujours fait un peu peur. Vu du parc Longchamp, 21 bornes, c'est super long ! Bon, j'y vais, et m'en sors plutôt bien : 1h40, fatigué mais en pas trop mauvais état quand même.

C'est le lendemain que je découvre kikourou, en googelisant pour chercher des récits de course sur le semi d'Aix. Période creuse au boulot en ce moment... Je commence à passer plus de temps qu'il n'en faut sur kikourou, et d'autres sites, et découvre que pour bien courir il faut suivre un plan... et courir lentement presque 80% de son temps d'entrainement Surpris !

A l'époque du marathon de Marseille, le pote qui nous drivait nous avait fait passer un test VMA (demi-cooper) qui m'avait évalué à 16,5. Depuis, je cours vite à l'entrainement. 

Ramené à de plus sages résolutions par la lecture de plus expérimentés que moi, je lève un peu le pied en course à pied, et... triple au moins le temps de mes entrainements en temps passé sur Internet à dévorer tout ce que je peux lire sur la CAP. Une vraie drogue.

Après Aix, j'ai besoin d'un nouvel objectif. Il me faut du long pour préparer l'Aiguille Verte. Ce sera le tour de la Sainte Baume (39 km et 1200 D+) depuis Riboux, programmé pour le 2 juin (en solo). Mais pris par l'ambiance CAP, je veux aussi refaire une course, et je m'inscris sur la nocturne de Puyricard (10 km), prévue le 29 juin, pour profiter des globules rouges de l'après montagne. C'est à peu près à ce moment que je commence à penser à mon premier marathon. Ca sera celui de Nice en novembre, ce qui laisse le temps de bien s'entrainer... notamment sur le semi du Lubéron en octobre. Pas de chance, la représentation de danse de fin d'année de ma fille tombe justement le 29 juin. 

Et c'est là que tout commence à déraper.

En surfant sur KMS pour trouver une course de remplacement, je tombe sur ce fameux marathon des Familles à Marignane. En suivant quelques liens, je retombe sur kikourou, et m'aperçois que c'est (feu) Le Solitaire (dorénavant Crocs Man) / alias Jean-Louis, l'homme aux 50 marathons ! qui organise, dont j'avais lu de nombreux compte-rendus de course avec intérêt et amusement. Le fil dédié à cette tentative de lancer un nouveau marathon amateur et bon enfant me séduit. J'hésite... et je m'emballe.

http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=19&t=26830&p=611405#p611405

Je m'inscris donc le 30 mai, à 6 semaines de la course, avec une grosse sortie Sainte-Baume prévue 3 jours après, une sortie montagne le 16 juin, et la nécessité de placer quelques sorties longues en plus. Ca va être chaud.

Et ça commence dur. Ma sortie à la Sainte Baume est splendide mais se solde par un premier mur, après à peine plus de 4h de course (je bouclerai péniblement en 4h45).

http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=21&t=25079#p612292

4 jours pour récupérer, mais c'est de l'expérience engrangée. Le moral ne flanche pas d'un iota, au contraire je suis assez content de cette sortie qui me rassure, et je me dis que si je termine le marathon en moins de 4h, ben je devrais normalement échapper au mur. CQFD.

L'entrainement se poursuit, jusqu'au we montagne. Je vous l'épargne sinon je vais faire un roman. Mais ajoutons un nuît blanche et 15h de marche dure + couloir de glace le 2ème jour. Rincé. Une semaine de récupération.

La marathon se rapproche, et je n'ai toujours pas fait de sortie CAP sur route supérieure à 1h40. Le 22 juin, je me suis concocté un semi pour me rassurer. Les globules rouges sont là : 1h44. Fini fatigué, mais ça va. Le 25, SL de 1h25 en endurance. Le 26, 3 x 3000 m en 12'45''... et le premier juillet la course de trop. La fatigue commence à s'installer, je deviens un chantre des conseils sur la récupération et l'inutilité de vouloir prolonger trop longtemps un pic de forme sur kikourou... mais j'ai besoin de savoir si je tiens plus de 2h et je vais quand même pas abandonner avant d'avoir pris le départ. Je me lance donc sur un parcours de 29 km, un lundi matin, sous le cagnard... terminé en 2h30, en vrac, allongé sur un banc d'abribus.

http://www.kikourou.net/forum/viewtopic.php?f=21&t=28172&p=618451#p618451

2ème mur à l'entrainement en moins de 6 semaines. Presque 3ème si on compte l'Aiguille Verte où j'ai pas fini frais du tout... Restent 12 jours pour récupérer. Et il n'y a pas de doute, la route c'est plus dur que le trail. J'y crois toujours, mais le doute qui ne m'avait pas effleuré jusque là commence à s'installer... C'est clair que je manque de foncier. Va falloir que le moral tienne. Et récupérer le plus possible d'ici au 13 juillet.

Je ferai d'autant moins le con sur ces derniers jours que j'en n'ai plus vraiment les moyens... Je ne ferai que 5 sorties en footing de moins d'une heure sur les 11 derniers jours. Aller, à 3 jours du grand départ la forme revient. Dernier petit jogging la veille, un grand bain avec 3 cachets d'aspirine (excellent décontractant à condition de les laisser tomber dans l'eau du bain !) l'après-midi du grand jour, je prépare mes boissons de l'effort d'après le forum hydratation du Papy sur Kikourou à base de beaucoup de malto, de sucre en poudre, de sel et de citron, et je suis prêt.

Objectif : d'après mon test VMA, et mon temps au dernier semi, si j'optimise, ça peut se faire en moins de 3h30. D'après l'expérience de Jean-Louis, pour un premier marathon vaut mieux viser 4h. Aller, je tente 3h45.

Mon pote Jean-Henry me prend en voiture et nous voilà en route pour les 7 boucles de 6km du Marathon des Familles de Marignane.

 

2. Le début de course

L'ambiance, l'attente... et déjà 20h. Pan ! C'est parti !

Jean-Henry prévoit sa course en 4h30, on se retrouvera à l'arrivée.
Début de course sans trop forcer avec deux camarades d'occasion rencontrés sur le premier kilomètre qui partaient comme moi sur un objectif à 3h45/3h50. Le début se passe très bien, on court à trois (Hervé et  ?...), c'est sympa, on cause. Je n'avais jamais vu l'étang de Berre aussi beau, et le canal que l'on longe en fin de parcours me rappel la Charente Maritime...On les admirera jusqu'à ce que la nuit presque sans lune nous rattrape, vers 21h30.

Début de course très régulier entre 5'20 et 5'25, je me sens parfaitement à l'aise, plaisante avec les collègues, dont l'un a déjà fait deux marathons et ne cesse de nous inciter à la prudence. L'autre est néophyte mais semble très bien entrainé et en pleine confiance. Fin de la 2ème boucle, je m'arrête au ravito pour recharger mon bidon vide avec mes bouteilles placées dans une glaciaire sous les tables, puis repart assez vite pour rattraper mes compagnons de route.

A plusieurs reprises, pendant les 3 premiers tours, on croise Jean-Louis qui fait des vas et vients ; un coup devant, un coup derrière. Ca doit être un truc secret qui vient de l'expérience Clin d'œil. Le 4ème tour arrive, même pas mal. Ca déroule bien, c'est régulier, peut-être accèlere-t-on légèrement... et on décroche l'un de mes deux comparses, le marathonien justement. Il ralentit et finira en 4h20. On passe donc sans lui le semi en 1h54 mn.

Fin du 4ème tour. Il faut encore recharger le bidon. Je remplis et repart asssez vite pour rattraper Hervé qui a clairement accéléré l'allure, mais cette fois je n'y arrive pas. Il terminera en 3h55 Sourire.

3. La chute

Je fais donc seul mon cinquième tour. Les jambes commencent à se faire sentir, mais ça le fait, et je garde le rythme.
A la fin du 5ème tour, les jambes commencent à bien durcir et je sens que ça va être dur. Mais à ce moment, je n'envisage encore pas une seconde de ne pas terminer. Sur le ravitaillement du 30ème, je prend bien mon temps. Trop. Mauvais signe... mais ça repart, toujours au même rythme bien régulier depuis le départ, d'environ 5,25 au km.

Et puis soudain, presque sans crier gare, tout se dégrade à toute vitesse. Alors que je commençais depuis une petite demi-heure à rattraper quelques coureurs, à partir du 32-33ème km, c'est la panne générale. Je tombe à 10 km/h. J'en peux plus. Juste avant le point d'eau du 34ème km, je marche. Merde. Ca va pas le faire ? Aller, un grand verre d'eau et je repars. Voilà le premier pont et sa petite montée. Je re-marche 30 secondes, puis repars sur le plat. Maintenant, je me traine en m'accrochant comme je peux à un coureur en détresse et son 'coach' que je venais de passer 1km avant et qui viennent de me reprendre. Sur le deuxième pont, je réussi à rester en course en rentrant la tête. Fin du 6ème tour abominable. En vérité je ne peux plus avancer : mal au bide, mal aux cannes, plus d'énergie, plus le moral, un genou qui commence à me faire sacrément souffrir... aidé par le binôme coaché auquel j'essaye tant bien que mal de rester accroché, je me met un point d'honneur à terminer vaille que vaille le 6ème tour. A quelques centaines de mètres du ravitaillement, la petite côte juste avant les tables, je lâche. Je ne peux que marcher. Le coach qui s'est mis en tête de nous amener tous les deux à la fin (merci à lui ! quelle générosité !) délaisse quelques minutes son collègue et revient me chercher. Il m'encourage autant qu'il peut. Vraiment sympa. Mais non. Je lui dit d'aider son pote à terminer, pour moi c'est fini. Même avec la meilleure volonté du monde, il n'y aura pas de 7ème tour. 36 km en 3h17mn. Fin du voyage. Eux ont continué :).


Plus de jambes, plus d'énergie, plus d'eau dans le corps (pourtant j'avais mon bidon et j'ai eu l'impression de boire très régulièrement ? Mais c'est vrai qu'il faisait plus de 30° et que j'ai du boire moins de 2 litres en tout), genou droit super douloureux et presque bloqué (débloqué le dimanche matin en rebuvant ???), mal au bide et finalement grosse diarrhée 5 mn après l'arrivée. Un vrai bouquet final de 14 juillet !
En sortant des toilettes, tout grelottant, je n'ai que la force d'aller m'allonger dans le gymnase pour tenter de récupérer de cette débauche d'énergie... et attendre mon pote JH qui doit être en train de terminer, lui. Il avait annoncé un objectif de 4h30, va falloir l'attendre un peu avant de rentrer. Vers minuit 10, je fais l'effort de retourner errer du côté de la ligne d'arrivée pour l'attendre. Pas trop d'ailleurs, il arrivera en 4h20 (bravo à lui !), à peine en meilleur état que moi mais finisher. Trop peu lucide malheureusement pour penser à récupérer sa médaille souvenir. 5 mn après avoir franchi la ligne, on est rentré direct sur Marseille. Trou noir.

Conclusion

Rien pu bouffer avant le dimanche matin, et je n'ai réussi à faire revivre le bonhomme qu'en prenant un gel coup de fouet à 7h (ceux dont je ne voulais pas sur la course !?) + eau + aspirine + coca à nouveau... J'ai rarement été aussi rincé de ma vie :x .
Je soupçonne une erreur de formule magique... j'aurai du m'en tenir aux quartiers d'oranges comme conseillé par Jean-Louis... Ou au moins à une boisson du commerce. Le fait maison, question hydratation, ça ne m'a pas vraiment réussi. Peut-être une osmollarité dépassée dans mon bidon ?... Ou simplement, j'ai pas assez bu.

Mais faut sans doute aussi admettre que j'ai eu les yeux plus gros que le ventre :oops: :cry: ... Un bon entrainement pour courir un semi, même en pic de forme, ben ça suffit pas pour le marathon. C'est que c'est pas algébrique un marathon : c'est pas le double du semi, c'est au moins plus du triple ! Mon coup d'enthousiasme 6 semaines à l'avance, suivi par 3 murs pris à l'entrainement pour compenser le manque de foncier, ben ça aura fait un mélange plutôt détonnant. Mais ça m'aura permis une première approche de cette mythique distance. Pleine d'amateurisme et d'erreurs de débutant, certes, mais y aura une prochaine fois. Et pis d'abord, si y en n'avait pas quelques uns qui abandonnaient, les finisheurs auraient pas la même fierté en passant la ligne. Donc samedi soir, j'ai un peu fait œuvre utile :? .

Au delà de ma course vers le mur, c'était une très belle soirée de (presque) 14 juillet, avec un petit air de revival du dernier carnaval : on a pu croiser Flash Gordon, Capt'ain America, Obelix, Jules César, des tahitiennes des deux sexes, une petite tribu de crocs-magnons (avec une crocs-mignon lapine, j'en avais encore jamais vu :lol: ), des tatoués, des colorés et des décolorés, dans une ambiance très sympa et conviviale :D . Dommage que je n'ai pas pu profiter de l'après-course.

Au final, j'ai jamais couru aussi longtemps sur route, donc j'ai pas fini mais j'ai progressé, et finalement 30 km de plaisir pour seulement 6 de souffrance, ben à refaire je resigne.

RV à Nice le 6 novembre, l'expérience... et un peu de prudence en plus.

5 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 15-07-2013 à 14:28:21

ben, voilà, c'était écrit, tu le savais mais pourtant tu y es allé....
un marathon, ça se prépare de manière spécifique si on veut bien le réussir (sauf ceux qui ont beaucoup d'expérience) : comme toi, je me suis aligné sur cette distance quasiment dans la forme de ma vie, en ayant fait plein de montagne et de sorties longues mais peu de bitume et d'allure spécifique. Et j'en ai bavé !b (si ça t'intéresse, c'est là : http://www.kikourou.net/recits/recit-12335-marathon_de_lyon-2011-par-arclusaz.html)

Mais, le principal, c'est d'avoir envie de recommencer : tu as effectivement un beau potentiel (moins de 4h, peut être 3h30 mais avec du boulot !). Tu as le temps, 40 ans, c'est un âge de gamin sur le marathon !

Commentaire de Rudyan posté le 15-07-2013 à 15:00:33

Bravo à toi! Tu as fait une belle course même s'il t'a manqué un petit tour. Si je peux me permettre un conseil, en course, bois et mange ce que tu as l'habitude d'avaler! ;)
Je pense qu'on lira bientôt le récit de ton 1er marathon terminé. Alors à bientôt!

Yannick

Commentaire de CROCS-MAN posté le 15-07-2013 à 21:53:34

Le bitume c'est pas la nature, quoi qu'il en soit il faut en manger.
Dommage de ne pas avoir fini, même en marchant :( ça t'aurait fait une expérience encore plus grande Piero. J'ai pas terminé plus frais mais hors de question de repartir sans mon trophée. "le droit de mourir qu'après la ligne d'arrivée je t'aurais dit". Mais on en avait parlé, une répèt grandeur nature pour le beau marathon des Alpes Maritimes, ne regrette rien. A une prochaine Piero. Toute expérience est bonne à prendre. Bravo

Commentaire de chanthy posté le 16-07-2013 à 10:08:34

bravo pierrot
la prochaine sera la bonne!
bonne récup'

Commentaire de Papy posté le 20-07-2013 à 10:18:40

L'abandon raisonné fait aussi partie de la panoplie de l'excellent CAP !
Surtout quand il n'a pas encore ses 3 ans de CAP en bonne et du forme.
La vie est longue et des marathons il y en aura...
Et aussi, j'espère, plein d'abandon (mais pas trop), car c'est avec eux que l'on progresse le plus, si l'on s'attarde à bien les analyser !

Se blesser, se casser pour ne pas vouloir abandonner, c'est régresser car outre une récupération trop trop longue qui fera manquer bien de courses sympathiques, finir coute que coute apporte très peu d'enseignement sur les causes de l'explosion car les douleurs de souffrance pollueront l'analyse des erreurs.

Suis passé à Gemenos et Aix en Provence la semaine précdente, pffff, quelle chaleur...

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