Récit de la course : Off - Ascension Ilinizas Norte (Equateur) 2006, par Mathias

L'auteur : Mathias

La course : Off - Ascension Ilinizas Norte (Equateur)

Date : 23/4/2006

Lieu : El Chaupi (Equateur)

Affichage : 2815 vues

Distance : 33.6km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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3 autres récits :

Merci le GPS !


Je m'en vais vous conter l'aventure qui m'est arrivé dimanche dernier (23/4).

Vendredi, je monte avec un de mes étudiants équatoriens, au Rucu Pichincha, qui domine Quito et culmine à un peu plus de 4700m (le téléphérique monte à 4000m !). Fort de mon expérience, je fais 1000m de D+ seul samedi (entre 2800 et 3800, en direction du volcan Cayambé (5785m), puis dimanche je décide de viser un peu plus haut. Tout seul et sans carte : a priori, c’est facile de retrouver son chemin sur les volcans. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je pars sans petit déjeuner, et sans nourriture ou presque : un paquet de gâteaux et 1 litre de boisson acheté dans le dernier village traversé…

Je suis fin prêt !
Los Ilinizas, me voilà.
http://www.ecuador-images.net/mountain.ilinizas.htm

Je pars à l'aube (7h...) dans un taxi équatorien, puis un bus (0.5$ pour 50km c'est correct), qui me dépose en rase campagne à 2900m au bord de la panaméricaine, puis je prends un autre bus tout rafistolé et couinant qui me monte à 3300m (El Chaupi) et enfin je grignote encore 150m de D+ (mais bcp plus de km) dans le pick-up de Don Pedrito qui me prend en stop.

On dirait que tout le village donne un coup de main pour rafistoler la route :


9h10 je me mets en route, en marche rapide.
Ca monte relativement doucement, mais à 3500m c'est pas évident de marcher vite. Je double quand même ;-) le gardien du "parc écologique", qui monte doucement prendre son poste, et qui me demande 5$ au passage.

Attention aux chiens : ça gronde un peu partout, je garde 2 ou 3 cailloux dans la poche au cas où.

C’est par là :


Un gué :


Salut toi !


Tu me suis ?


C’est toujours par là…


Par contre, on ne voit toujours pas les Ilinizas !


3600m : je monte petit à petit.


Est-ce que ça veut dire : « merci de bien vouloir fermer la puerta après votre passage », ou « danger, ne pas franchir, terrain miné » ?


3900m et 1h30 de marche, j'aperçois deux 4x4, c'est le point le plus haut pour emmener les touristes en 4x4 : La Virgen.


La Virgen que voilà, d'ailleurs.


Avec ce plan là, je suis blindé. Tout droit et au refuge, à droite !


Visibilité : 100m ?


Et ça ne s’améliore pas !


Le sentier se perd dans une forêt clairsemée. Je ne suis pas sûr de pouvoir retrouver mon chemin là dedans, mais bon, il suffit de tirer tout droit et je dois pouvoir m'en sortir. Pas de pb donc.

En plus, c’est fléché !


J'attaque une crête, qui va durer loooooongtemps !
Malgré l'effort, je commence à avoir froid, à 4200m, en cuissard, tee shirt coton et veste kikouroù. Le vent est violent sur la crête, et je suis maintenant en plein brouillard. Gla gla. Je ne sens plus mes doigts.
Je m'arrête à l'abri d'un rocher pour enfiler bonnet + gants.

Je croise un guide avec ses 2 touristes. Buenos Dias !

4600m, j’ai quitté la crête, j’essaie de prendre des repères pour pouvoir retrouver mon chemin en cas de problème avec le GPS. C’est relativement facile, mais le manque de visibilité (50m ?) plombe un peu l’ambiance…

A cette altitude, chaque pas coûte pas mal d’énergie. J’ai parfois la tête qui tourne…

Où est ce satané refuge ? Il devait être à 4650m normalement… Je crois apercevoir un chemin en contrebas à droite : j’espère que je ne suis pas passé à côté sans le voir. Avec le brouillard c’est fort possible.

4750m : ouf ! Enfin j’aperçois la petite cabane jaune.



Spartiate, le refuge.


De quoi faire chauffer de l'eau : ça m'intéresse !


Dehors : ça fait pas envie !


Je me prépare un café et fait sécher mes affaires, en essayant de me réchauffer. Gla gla.


Une petite demi-heure de pause et c’est reparti !
Exactement 257m après avoir quitté le refuge : je dépasse l’altitude du mont-blanc !


Je continue à monter dans les caillasses, et toujours dans une purée de pois.
Rapidement, le chemin disparaît. Je repère des cairns par-ci, par-là. C’est bon signe. Je m’efforce de les suivre.

Je marche à flanc de volcan et ne monte presque pas, jusqu’à un changement de direction brusque. Je repère l’altitude. Je prends mes marques pour pouvoir retrouver le chemin en cas de problème. Je monte d’une cinquantaine de mètres, et les cairns repartent à flanc de volcan.

Je continue à suivre mes cairns, de temps en temps ça redescend un peu, ça remonte, ça zigzague dans ce paysage lunaire rendu plus inquiétant encore par les plaques de neige et la brume opaque.

Très rapidement je me rends compte que je ne pourrais pas retrouver mon chemin, excepté à l’aide des cairns. Bon, c’est jouable, je continue.

Après une quarantaine de minutes, j’ai l’impression de tourner en rond. Tout se ressemble dans ce paysage. Je jette un œil à ma boussole. No entiendo. Je sors mon GPS (bien au chaud sous mes vêtements), et là je rigole devant ce plat de spaghettis :


Funny, isn’t it ?
Je suis pratiquement à 5000m d’altitude, sur un volcan, dans la neige, la brume, la pluie, perdu au milieu de roches volcaniques qui se ressemblent toutes…

D’un côté c’est comme ça :


D’un autre côté :


Et là ?


Je suis perduuuuuuu !


Et maintenant, tu fais quoi, gros malin ?


Je commence à regarder mon GPS d’un autre œil. D’autant plus que je ne pige pas la boussole : je ne suis pas sûr de savoir l’exploiter pour retrouver mon chemin. Sans doute la fatigue plus l’altitude, je n’y comprends plus rien. Take it easy.

C’est avec le plus grand soin que j’oriente le GPS et cherche à sortir de la boucle. J’y arrive relativement facilement, mais je continue à supplier la batterie de mon GPS de tenir encore un peu ;-)

Ouf, je retrouve mon chemin. On arrête les frais, et on redescend direct !


Gentil GPS ! Bisou !


Je ne suis pas encore rendu…


… mais ça ne saurait tarder !


Ca y est, je reconnais cet endroit. Je suis de nouveau sur la crête du début.


Par ici…


J’ai lu quelque part que les équatorien élevaient les taureaux de combat en altitude pour leur donner plus de pêche. Hum…


Salut, toi !


Ici quand il pleut VRAIMENT, ça doit être quelque chose de sérieux !


D’ailleurs, il pleut depuis au moins 2h… par intermittence…


Après la descente bien raide du volcan, il me reste une longue descente en pente douce, de 3900 à 3300m, c’est looooooong ! Je suis bien naze.

Végétation…


Arrivé en bas, le temps est relativemnt dégagé.


Ouf ! Au bout de 6h30 d’efforts et 1800m de D+, je retrouve enfin la petite bourgade d’El Chaupi. Je suis claqué, et comme souvent, le retour d’altitude me donne un mal de crâne carabiné. Il ne me reste plus qu’à retourner à Quito, il suffit de 2 bus et d’environ 1$.

Je suis un peu déçu de ne pas avoir atteint le sommet, de ne même pas avoir aperçu le volcan que j’essayai de gravir ! Mais, dans les conditions du jour, et sans carte, je ne pouvais guère faire mieux…
L’expérience a quand même été très intéressante… ce n’est pas tous les jours qu’on peut tutoyer les 5000m !
Tout ça me donne une seule envie : recomencer dès que possible !

6 commentaires

Commentaire de Karllieb posté le 04-05-2006 à 14:55:00

Je reconnais bien là l'inimitable "style" Mathias : préparation, logistique, prévision, planification... Le genre de coureur qui ne s'embarque pas à plus de 5000M sans une organisation bien rodée (joke). Bravo pour la ballade, les photos et le CR.
Karllieb

Commentaire de le_kéké posté le 04-05-2006 à 19:38:00

Super CR l'aventurier, ça nous change du trop classique 'j'ai ralenti l'allure à 5:40 au lieu de 5:45'
Finalement tu as bien fait d'acheter le GPS avant de partir, par contre je suis pas sur que mes tracés marchent pour ce coins reculés ...

Commentaire de l'ourson posté le 06-05-2006 à 14:16:00

Bravo pour la performance en altitude, merci pour les zoulies photos et est-ce que la veste Kikourou a été efficace à près de 5000m ?!!..

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 15-05-2006 à 22:58:00

Ca c'est plus du compte rendu, c'est carrément THE reportage ! Bravo pour ces magnifiques photos et surtout pour ton aventure. (j'ai l'air maline moi avec mon CR sur le 10 km de Chambéry, pfff....)

Commentaire de Cyrille posté le 20-05-2006 à 09:47:00

Comme souligné par Karllieb, on retrouve dans ce CR tout ce qui fait ton charme (et me fait rire).
Merci pour les photos.

Commentaire de kikourou.admire1 posté le 10-04-2007 à 00:50:00

salut,

pourquoi té déçu ?? de ne pouvoir atteindre le sommet??
t'inquiétes t'inquiétes ....!!!

tu vas retourner encore une fois !!!

et tu vas l'atteindre!!!

té courageux!!

soprtivement,
uen sportive

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