Récit de la course : Marathon de Milan 2013, par Ptit Denis

L'auteur : Ptit Denis

La course : Marathon de Milan

Date : 7/4/2013

Lieu : Milan (Italie)

Affichage : 862 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

10 commentaires

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Viva Milano City Marathon!

Néo-Kikoureur, c’est le premier récit que je vous propose en espérant que vous prendrez autant de plaisir à le lire que j’ai pris de soin à le rédiger.

 

 

Marathonien depuis dix ans (déjà dix ans !), j’avais, jusqu’à présent, pris le départ d’épreuves exclusivement françaises sans me pencher sérieusement sur ce qui se court à l’étranger. Mais en septembre dernier, quand le moment est venu de programmer l’année 2013, je tournais sérieusement en rond sans vraiment savoir quel bulletin remplir. Les données étaient simples et contraignantes à la fois. Je voulais participer à un marathon rapide, éviter le mauvais temps notamment le vent, découvrir une nouvelle épreuve, et ne pas passer mon temps dans la voiture.

Afin de solutionner cette équation, je me suis fait aider par Franck (… mais si, Franck de Brignais, Kikoureur quand à lui depuis plusieurs années !) qui, depuis 4 ans, a la bienveillance de s’aligner sur les marathons de printemps auxquels je participe. Oui, la « bienveillance », parce qu’il préfère, et de loin, le côté « nature » du trail à l’asphalte des 42.195km. Cependant, il s’oblige à cet exercice une fois par an afin de travailler sa vitesse. Je l’embarque donc sur « mes marathons » quand lui me fait découvrir le trail auquel j’ai d’ailleurs rapidement pris goût. Nos recherches communes nous ont donc amené à nous inscrire au « Milano City Marathon », épreuve réputée la plus rapide d’Italie et située à … 450km de Lyon seulement (bah … c’est plus prêt que Toulouse ou le Mont Saint Michel !).

 

Janvier 2013, période des bonnes résolutions, je recommence mes sorties progressivement après une année 2012 très … trop chargée (j’en ai bavé lors de la Sainté !), avec en tête l’objectif d’être dans de bonnes dispositions à la fin du mois pour démarrer  mon « plan » d’entraînement. Les guillemets sont de rigueur car je personnalise beaucoup les programmes proposés, … beaucoup beaucoup, ce qui m’a amené à en faire souvent trop (dito 2012 !). C’est donc conscient de cela, et également poussé par mon épouse (comment ça je prends de l’âge !), que je consens à faire un test à l’effort, … mon premier. Résultat des courses … euh du test, le potentiel pour le marathon est bien présent (ouf après 14 marathons courus, quel soulagement), mais les sorties matinales sont trop rapides, les fractionnés trop lents, le kilométrage hebdomadaire trop important et que dire des étirements ! En résumé, il est temps de révolutionner tout cela. Je suivrai donc tant bien que mal les conseils des médecins du sport de Gerland, … paraît qu’ils sont plutôt bons.

6 Avril 2013, 10h20 nous prenons la route pour Milan. Franck, blessé depuis plus d’un mois, fait le déplacement en version accompagnateur ce qui me sera d’une grande aide durant le week-end – merci encore pour cela. Le village marathon est au cœur de la ville et là, déjà, la qualité de l’organisation transparait. Récupération du dossard : 5 minutes, petit tour du village où l’on croise un ambassadeur du Marathon des Alpes Maritimes (superbe épreuve ! Déjà 2 participations pour moi et j’y retournerai !), puis direction l’hôtel situé à 100m du départ. De prim abords la bâtisse n’est pas très engageante. Je m’attends à trouver les ouvertures murées ou voir sortir une tribu de squatters de ces murs, mais une fois à l’intérieur c’est finalement une bonne surprise. Ce n’est pas le Hilton, mais c’est propre, idéalement placé et bon marché. Petit repérage du lieu de départ, une bonne grosse assiette de gnocchis et au lit. Désolé Franck de ce programme quasi monastique mais je veux mettre toutes les chances de mon côté.

7 Avril 2013, après un petit déjeuné très complet (ici  synonyme de riche, bourratif, gargantuesque, … il paraît qu’au semi il n’y a déjà plus rien en stock !), c’est le départ pour … le départ. Les Milanais sont certainement très fiers de leur parc des expositions car ils nous le font traverser entièrement pour … rien. Et il est long ce parc ! Franck s’occupe de la mise en consigne de mon sac pendant que je me dirige en direction des sas. J’ai le souci d’y entrer rapidement car l’éventail de temps de chacun d’entre eux est de 30 minutes. Mon temps référence étant pour l’instant de 3h04min10s, je voudrai me situer au début du groupe des 3h00 – 3h30. Après une petite demi-heure d’attente passée à s’étirer, à stresser, à sautiller, à stresser, à faire et refaire mes lacets, … à stresser, tout cela sous le flot continu des annonces du speaker qui contraste avec la discipline et l’organisation Italienne (je suis surpris et impressionné), voilà que retenti « Immo di Mameli » reprit en cœur par la quasi-totalité des coureurs. Les hélicoptères de la télé se positionnent dans l’axe de l’arche et le départ est donné.

Les meneurs d’allure en 3h00 – ils sont trois – sont à proximité et je me colle rapidement à l’un d’entre eux. Ce départ me semble rapide mais je me dis qu’une fois sorti de la cohue les choses vont se calmer. Les premiers hectomètres nous font quitter le quartier de Rho-Pero et nous devrons patienter jusqu’au 19ème avant d’intégrer vraiment le cœur de Milan pour ne plus le quitter. D’ici là c’est une succession de paysages pas toujours très sexy : industriel, habitat collectif et résidentiel. Au 5ème kilomètre le groupe est formé. Le rythme n’a pas ralenti mais je suis bien. Ma montre indique une allure de 4’13 au kilo, mon impression était donc bonne. Les kilomètres défilent (ils sont tous annoncés) et le 10ème arrive déjà. Un petit décalage grandi entre la distance qu’indique mon GPS et celle des panneaux bordant le parcours. Rien de très inquiétant mais attention, en fin de course ça peut me jouer un tour. La marque du 10ème est franchie en 41’55 soit 4’12 de moyenne au kilo, le rythme ne baisse pas. Soucieux de mon hydratation, je bois quelques gorgées à chaque ravitaillement proposé tous les 5 kilomètres, et je m’éponge entre chacun d’eux. Pour ce qui est du solide, je prévois d’en chopper au passage à partir du 15ème, mais il faut avouer que de ce côté-là c’était un peu juste : que des fruits frais, pas de sucre ni de chocolat ! Je ferais sans. Nous passons devant San Ciro ce qui a l’effet de réveiller le groupe jusque-là assez discret voir affable, curieux pour des Italiens ! Certains garderont d’ailleurs la langue bien pendue pour le reste du parcours, notamment le meneur d’allure que je colle depuis le départ : certainement un tifosi que la vue du stade aura motivé. Au 19ème j’aperçois Franck sur le côté. Il me crie que je suis « facile » et c’est le cas. Le semi est franchi à une moyenne de 4’14. L’allure est stable, je déroule et je m’oblige à rester avec le meneur. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui me manque de prendre la poudre d’escampette d’autant qu’une féminine n’hésite pas à le faire, accompagnée de son « guardia del corpo » rien qu’à elle. Je prends vraiment sur moi de ne pas en faire autant en me remémorant ma fin de course difficile à Toulouse l’année dernière après avoir céder à ces mêmes sirènes dès le 14ème kilomètre. Jusqu’au semi, nous longeons la fin du parcours (39ème au 41ème), mais il est trop tôt pour apercevoir les fusées Ethiopiennes et Kenyanes qui occuperont finalement les 6 premières places. Le 30ème kilomètre est en vue, l'allure est toujours de 4’14 au kilo mais je sens que mon ciel commence à s’assombrir. Ce n’est pas le fait de la météo qui, elle, passe de maussade à claire voir ensoleillée, mais je redoute – comme beaucoup d’ailleurs – cette barrière. Je suis pourtant toujours avec le groupe mais je commence à forcer là où je déroulais jusqu’alors. Du coût, je fais à peine attention à « La Scala » de Milan quand nous passons devant. Franck est à nouveau là au 33ème. Il écrira à ma femme que j’attaquais « le dur » et aura raison. Les 3 meneurs d’allure se sont regroupés depuis 3 kilomètres et m’ont pris une vingtaine de mètres. Certains ont déjà décrochés mais je ne veux pas être de ceux-là. Je joue au yoyo sans jamais vraiment revenir au contact du groupe de survivants, et à partir du 35ème, franchi en 2h29min13s, je me résous à réduire légèrement mon allure pour ne pas exploser sur les 7 derniers. Je passe le reste du parcours à guetter alternativement les panneaux kilométriques et mon GPS (ils ont 500m de décalage ce qui me permet d’atteindre un objectif tous les 500m au lieu de tous les kilomètres), et je constate en doublant régulièrement que le fait d’avoir finalement levé un peu le pied m’a évité de finir trop mal. Les spectateurs, régulièrement présents depuis le 19ème, nous encouragent « à l’italienne » et m’incitent à allonger un peu plus à partir du 40ème. Je passe finalement la ligne en 3h02min43s (temps réel puce). Heureux, je lève les bras et hurle ma joie.

Je rejoins Franck à la sortie de la zone d’arrivée et profite d’une place libre sur une table de massage pour passer entre les mains du kiné. Pour l’anecdote, c’est surtout sa collègue qui m’a décidée à m’allonger, mais manque de bol c’est « le macaroni » qui s’est occupé de mes jambes endolories. Après la douche, retour à Rho Pero en métro (l’orga avait même prévue la gratuité des transports pour les coureurs) puis à Brignais sans omettre de déguster sur le trajet l’entrecôte, accompagnée de frites et arrosée de bière, attendue depuis deux mois et maintenant traditionnelle lors de nos escapades.

 

Après une longue préparation, c’est un réel plaisir de partager en famille, entre amis, et avec vous Kikoureurs de bons moments comme ceux-là.

 

A bientôt sur les courses.

Bien cordialement.

Ptit Denis

10 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 10-04-2013 à 21:39:21

Bravo GrandDenis pour ce recordo (ou recordi, je ne suis pas sur).

A bientôt sur les chemins puisque tu les aimes autant que le bitume.

Commentaire de franck de Brignais posté le 10-04-2013 à 21:46:04

Quel(s) talent(s) P'tit Denis : ton talent pour la narration, se situe au même niveau que celui que tu possèdes pour la course à pied !!
Voilà un Marathon rondement mené, tu as modifié ton entrainement en partant vers des choses plus efficace. Enchaîner les km n'est pas (que) synonyme de réussite, tu le prouves à Milan. Tu as encore beaucoup à gagner (au chrono), à t'astreindre à un plan digne de ce nom, mais pas évident à conjuguer avec la vie professionnelle...
Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié cette escapade italienne. Les jambes m'ont beaucoup démangé pendant 2 jours (il va falloir que je sois encore patient...) et j'ai surtout beaucoup envié ces quelques heures de bien être suprême que l'on déguste après avoir franchi la ligne. Ton sourire figé sur ton visage faisait plaisir à voir !!
Vivement les prochains exploits et les prochains récits !!
Forza Denis !!!!

Commentaire de dajosport posté le 10-04-2013 à 22:43:58

Merci pour ce récit (je vais finir par penser qu'on était plus nombreux à Milan qu'à Paris ;-))
Et surtout bravo pour ta course et ta régularité ! (j'aurais aimé avoir la même...)

Commentaire de dajosport posté le 10-04-2013 à 22:44:22

Merci pour ce récit (je vais finir par penser qu'on était plus nombreux à Milan qu'à Paris ;-))
Et surtout bravo pour ta course et ta régularité ! (j'aurais aimé avoir la même...)

Commentaire de Jean-Phi posté le 10-04-2013 à 22:54:33

Bravo Denis ! Belle très très belle perf ! Rome a bien des vertus, c'est là que les gladiateurs luttaient.. Tu as sacrément bien respecté la tradition en luttant de bout en bout. Chapeau ! Ca va être dur de te suivre sur une course ou sur un off. Récupère bien et peut être à bientôt du côté de Brignais.
Amitiés à Franck.

Commentaire de pinpin posté le 10-04-2013 à 22:58:21

Félicitations, à bientôt à brignais ou au bord des terrains de rugby.

Commentaire de Kirikou69 posté le 11-04-2013 à 09:06:39

Merci pour ton compte-rendu et félicitations pour ton temps (3h02 : c'est tellement loin de mes perfs) : tu as bien mérité l'entrecote et les frites.
Salutations à ton compagnon de voyage.

Commentaire de TwoTiVal posté le 11-04-2013 à 10:46:46

Bravo Denis !
Je me demande si ton temps sur marathon n'est pas mon temps sur semi (pour le savoir, faudrait que je cours sur route) ...
Il te reste maintenant 3 semaines pour travailler les dénivellés ! (de toute façon, t'iras quand même plus vite que moi, que ce soit plat, en montée ou en descente !)

Commentaire de CROCS-MAN posté le 11-04-2013 à 11:44:49

super chrono pour un premier. BRAVO et merci pour ton récit

Commentaire de totoro posté le 11-04-2013 à 17:42:31

Merci Denis pour ce joli récit et chrono !!! Les 3h ne sont vraiment pas loin ! Place à la récupération maintenant et bienvenue sur Kikourou !

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