Récit de la course : La Farouch' 2006, par L'Castor Junior
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Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! (Je parle de l'organisation de la course !)
Salut les kikoureurs !
Voici mon récit, encore une fois un peu long, de cette première édition, très réussie, de la Farouch' :
Je m'étais inscrit jeudi 27 avril à cette course, incertain d'avoir totalement récupéré du Marathon de Paris trois semaines plus tôt, et sans espoir quelconque pour le Challenge Xtrem Trail IDF 2006 (avoir déclaré forfait sur le 53 km d'Auffargis début avril était une décision extrêmement sage, qui a d'ailleurs porté ses fruits à Paris, mais qui, en vertu du système de points du Challenge, me laisse un sérieux handicap pour la suite). Mais, dans la mesure où je ne cours pas spécialement pour les podiums, et que je reste un indécrottable fan d'ultra, je m'étais dit que je ne pouvais laisser passer cette occasion d'aller accompagner Yves Langard et mon père (JDM tous les deux), découvrir en chair et en os Eric41, le maître es calendrier de Kikouroù, et retrouver Yvon le Chacal venu éprouver in situ le bon rétablissement de sa cheville endommagée à Auffargis.
Les prévisions météo étant peu réjouissantes (1°C à 8h00 et de la pluie annoncée vers 11h00 - peu de chance d'en avoir terminé à ce moment-là...), je me rabats sur une tenue à manches longues. Quoi de mieux dans ce cas que mon beau TS Kikouroù, déjà utilisé sous les trombes d'eau d'Auffargis. Et puis ça permettra de faire un peu de pub pour notre site préféré... J'y ajoute un short, mon couple GPS Forerunner 205 / Cardio S710i, et, pour ne pas mourir de soif si, par bonheur, nous échappions à la pluie, mon Camelbak ultralight, rempli d'1,5L d'eau minérale. Pour ne pas mourir de faim non plus, cinq barres sucrées (toutes différentes : j'aime bien varier les plaisirs) se logent dans les poches de mon TS.
Nous partons donc avec Papa, prenant Yves au passage, et arrivons à Cheptainville vers 7h45. Nous nous dirigeons vers le retrait des dossards, où, après un petit coup de fil (pratique ces portables), je retrouve Eric41 (pratique aussi le TS Kikouroù). Papa reconnaît un tas de spécialistes de ces ultra-trails qui, avec le Raid 28, me font passer pour un cinglé auprès de mes collègues de travail. J'en reconnais moi-même quelques-uns, croisés au Trail du Gâtinais l'an dernier ou sur quelques courses vertes de l'Essonne, comme Jean-Pierre Evan. Sur la ligne de départ, j'aperçois enfin le Chacal, qui nous confirme qu'il vient ici presque en touriste (pour lui aussi, les bonnes places au Challenge risquent d'être difficiles à atteindre après sa fichue entorse en début de mois).
Pour cette première édition, l'affluence est contenue, et nous serons 80 au départ. Ca change de Paris...
8h30 : pendant que Jean-Noël l'organisateur donne les dernières consignes (entre autres : "le balisage est visible même par un aveugle" et "dans la carrière, vous aurez à utiliser une corde pour sortir du cratère" !?! ), je démarre par erreur mon cardio. Manque de pot, il est ensuite assez difficile, même dans une petite concentration de coureurs, de rapparier l'émetteur et le récepteur. J'y arriverai finalement après quelques mètres, lorsque l'environnement se sera un peu dégagé.
8h35 : le départ est donné, et, préoccupé par mon cardio, j'oublie de déclencher mon GPS (appelez-moi RoboCastor...) et, plus grave, les règles élémentaires du coureur à pied : on ne se laisse pas entraîner par le rythme dément des premiers et on essaie au contraire de garder son allure propre. Résultat, si je déclenche le GPS au bout de 250 mètres, ce n'est qu'un peu plus loin que je me laisse lâcher définitivement par le peloton de tête. Il faut dire que je boucle mon premier kilomètre en 4'15" (plus vite qu'à Paris...). Je me sens néanmoins plutôt en forme, et ne ralentis que modérément. Un coureur derrière moi m'interpelle : (dis, tu as un TS Kikouroù ? J'aime bien ce site, etc.). Il s'agit de jeanluc.a, qui a fait l'essentiel du parcours devant moi. Je lui présente rapidement Eric41 qui m'a rejoint, et nous continuons notre périple dans la forêt de Cheptainville.
Premier passage (il y en aura quatre, deux boucles oblige) le long de la voie ferrée (et j'entends siffler le train - sur un air connu...). Nous ne discutons guère avec Eric41 (je suis quand même au seuil anaérobie !), hormis pour lui dire, justement, qu'on va quand même bien vite : je ne m'étais jamais retrouvé dans les quinze premiers d'une course, moi...
09h10 : premier passage dans la fameuse carrière. Un paysage à couper le souffle (m'en restait-il seulement ?) : un cratère de sable blanc d'où s'échappent déjà, telles des fourmis, des coureurs bien rapides. Je m'imagine à cet instant des scènes que doivent vivre les concurrents du GRR ou des courses dans le désert (le Chacal, Papa, vous confirmez ?). Nous descendons du mieux que nous pouvons la pente sablonneuse, avant de remonter en face, dans une pente où la corde installée par les organisateurs est effectivement la bienvenue. Quel dommage que le coureur chevelu devant nous ait préféré couper au plus court et éviter l'obstacle, malgré les appels des bénévoles présents... Sitôt photographiés en haut de la côte, il nous faut déjà redescendre, de manière plus abrupte encore, avant de remonter, suivant une pente moins droite et moins raide, pour sortir enfin de cette zone lunaire. Que d'émotions !
Nous continuons par un petit passage par un très agréable parcours sportif, avant un nouveau passage en forêt et une traversée de champs qui nous emmène en lisière de Torfou. Nous continuons à travers champs ("la Grande Beauce" !) puis retournons en forêt ("la Grande Beauce" aussi !).
10h00 : les organisateurs nous ont concocté un passage très court mais très technique de quasi escalade à la Roche-qui-tourne (le nom est particulièrement bien trouvé). Dix minutes plus tard, après une longue allée, où je redouble le chevelu (bien fait !) menant au château de Chamarande, nouveau passage le long de la voie ferrée. Le vieux TER qui me double à plate couture à cet instant me fait relativiser largement la lenteur chronique de ces engins : ils me tiennent toujours la dragée haute... Un petit coup d'oeil derrière moi me permet de constater que l'écart s'est creusé : je commence une course seul au monde. Après Paris, ça fait bizarre !
Nouveau passage à travers champs avant de retrouver, dans le bois du Potron, les derniers coureurs de la Cheptainville (course de 19 km dont le départ a dû avoir lieu vers 9h00). C'est plutôt rassurant de retrouver un peu de vie, et de constater que, même après 23 km, on peut avancer encore un brin plus vite que d'autres coureurs, très sympathiques au passage (je me souviens d'un couple dont la femme a dit à son homme : "tu vois ce qu'il te reste à faire : il court depuis plus longtemps que nous, a déjà fait plus de kilomètres que nous, et va plus vite alors qu'il devra remettre ça ! Bravo Monsieur !" Merci Madame ^_^).
10h35 : un aveugle aurait peut-être pu suivre le balisage, mais un coureur emporté par un flot d'autres coureurs (ceux de la Cheptainville en l'occurrence) n'en est pas forcément capable. Ainsi, après avoir suivi une trentaine de coureurs, je tombe sur les deux coureurs de la Farouch' qui étaient loin devant moi depuis quelques temps. Nous nous interrogeons : plus de balisage depuis 500 mètres environ. Les coureurs du court nous affirment qu'ils sont sur la bonne route, et nous nous résignons à les suivre. Le chevelu et Eric41 (et d'autres ?) feront de même. Nous continuons donc à travers champs sur 1,5 km, avant de retrouver le balisage à la lisière de la Croix Boissée. D'après mon GPS, nous ne sommes plus qu'à 1,5 km de la fin de la première boucle. Allez, bientôt le casse-croûte !
10h52 : je termine la première boucle juste derrière jeanluc.a et juste devant un autre coureur. Le ravitaillement, tenu par des bénévoles adorables, est très bien achalandé. Ne manquent (à mon goût) que des victuailles salées. J'en fais part à une des bénévoles, apparemment sincèrement désolée, qui va remuer ciel et terre dans l'arrière-cuisine, et nous ramènera finalement quelques tranches de jambon. J'en avale une entre deux verres de Coca, et, 2'20" après l'entrée dans la salle, c'est reparti pour un tour. Je n'ai pas jugé utile effectivement, bien présomptueusement, de recharger mon Camelbak... J'ai entendu jeanluc.a dire qu'il faisait un détour par sa voiture pour changer de tenue, et m'élance donc à la poursuite de son camarade de course qui m'a doublé au ravitaillement. Je le doublerai finalement dès l'entrée dans la forêt de Cheptainville, avant de croiser un cervidé avant l'arrivée sur la voie ferrée.
11h35 : deuxième passage dans la carrière lunaire. Là, pas de doute, je suis seul au monde (bon OK, les courageux bénévoles sont toujours fidèles à leurs postes respectifs). La descente au fond du trou se passe sans souci particulier (je fais même le fier devant l'objectif du photographe !). La remontée avec la corde est un peu plus dure que la première fois, mais rien de grave. La redescente abrupte se passe encore sans souci. C'est vers le haut de la sortie définitive de la carrière que je rencontre ce que je n'avais jamais connu en course : la crampe. D'ailleurs, pour une première rencontre, elle a décidé d'inviter toute sa famille. Je fais connaissance avec mollet gauche et mollet droit. J'ai les deux jambes dur comme du bois (Knock On Wood en V.O., spéciale dédicace aux (ex-) fans des sixties ^_^). Le kilomètre qui me sépare du parcours sportif sera accompli en plus de 9 minutes... Je m'étire sur un des bancs mis à notre disposition par l'organisation (ah, ils sont là en permanence ? Merci quand même !), et ce traitement de grand-mère fait son effet, et me permet de repartir sur de meilleures bases, autour de 5'20" au km.
12h40 : de retour à la Roche-qui-tourne, la petite escalade parvient à raidir à nouveau mes pauvres mollets, et me contraint à marcher quelques mètres. Maudites crampes ! Je repars tranquillement vers les champs, puis le petit bras de forêt, puis à nouveau les champs, bien décidé, cette fois, à ne pas rater l'itinéraire officiel. J'aperçois, derrière-moi, jeanluc.a qui me remonte à un train de bien jeune sénateur. Arrivé sur un chemin à travers champs cette fois complètement désert, je comprends l'erreur commise par les coureurs de la Cheptainville et quelques uns de la Farouch' : nous avons tout bêtement raté un "tourner à droite" pourtant parfaitement indiqué...
13h20 : arrivé péniblement dans le Bois des Roches, je décide de lever le pied pour soulager les crampes qui m'ont repris avec la montée dans les bois, et que je ne peux même plus soigner avec la boisson, ayant épuisé définitivement mes réserves à force de boire sans soif pour apaiser la douleur. A noter pour mes prochains ultra-trails : remplir systématiquement le Camelbak aux ravitaillements ! jeanluc.a me rattrape dans les bois, sur un chemin boueux à souhait où, je l'apprendrai à la fin, les concurrents qui ont emprunté ce chemin dès la première boucle y ont croisé un troupeau de 4x4. A défaut de ces véhicules dont l'utilisation en dehors de certaines zones montagneuses reste à mes yeux absolument injustifiée, je ne rencontre que leurs traces, bien visibles : des ornières apparemment très profondes, qui ne laissent guère de place pour courir ou marcher. jeanluc.a m'explique les raisons de son retard relatif : il a passé cinq minutes au ravitaillement à chercher une tenue de rechange qu'il avait tout simplement oublié d'emmener avec lui... Il me propose que nous finissions ensemble, mais, au vu de mes douleurs de plus en plus fortes, je lui conseille de s'échapper. Je lui demande néanmoins si, à tout hasard, il disposerait encore d'un peu d'eau dans son Camelbak, mais il est aussi à sec que moi. Tant pis ! Il m'abandonne donc vers la Croix Boissée, et file vers l'arrivée (il me prendra 6' sur les deux derniers kilomètres !).
13h44 : je retrouve un peu de force et d'orgueil pour finir en courant : 5'30" sur le dernier kilomètre, et je passe la ligne d'arrivée encouragé par des spectateurs et bénévoles formidables, ainsi que par la fierté d'entendre mon nom (et mon prénom !) prononcé par le speaker habituel des courses organisées par ou avec la complicité de Jean-Pierre Delhotal.
Bilan officiel : 5h09'17" et une treizième place inédite pour moi.
Je récupère mon TS souvenir ainsi qu'une bouteille d'eau et file vers la tente des secouristes afin de tenter de calmer un peu les crampes. Deux charmantes demoiselles me prennent en charge et, quelques minutes plus tard, je me résous à les abandonner pour aller me changer avant de retourner, au chaud, attendre mes camarades coureurs.
Comme je l'avais pressenti, les écarts sont relativement importants : le quatorzième arrivera près d'un quart d'heure après moi. Eric41 devancera Papa (qui aura passé au finish le chevelu) de quatre minutes, tandis que le Chacal, galant comme pas deux et seul coureur du jour à avoir fait un negative split (3h00'28" / 2h46'21") laissera Géraldine Leroy, première féminine, le dépasser d'une tête. Yves quant à lui finira un peu plus tard, mais avec un très faible écart entre les deux boucles, signe qu'il a parfaitement bien géré la distance, en bon coureur d'ultra qu'il est sans conteste.
Nous attendons dans la salle des fêtes la remise des prix, autour d'un ravitaillement toujours aussi sympathique, voire davantage maintenant que des petits fours fabriqués à base de sandwichs déconstruits (les bénévoles pourront vous donner la recette ^_^) et des biscuits apéritifs permettent de se ressourcer en sel. Cette remise des prix, qui verra honorer les vainqueurs (Saïd El Yaakoubi, Jean-Claude Blum et Bruno Guerniou chez les hommes, de vrais champions, entre 4h25' et 4h35' et Géraldine Leroy, Chantal Lopez et Agnès Hervé chez les femmes, véritables championnes elles aussi dans leurs temps respectifs, de 5h44' à 6h37'), ainsi que, chez les V2 H, Patrick Caillault, Papa et le Chacal (ce dernier s'étant honteusement éclipsé tôt dans l'après-midi, mais, avec un tel negative split, on peut penser qu'il était vraiment pressé de rentrer à la maison ^_^).
Pour ma part, je suis évidemment extrêmement satisfait de ce résultat, obtenu dans des conditions finalement optimales (la pluie ne nous a rejoints que dans le courant de l'après-midi, compliquant certainement la tâche des valeureux coureurs et bénévoles encore sur le parcours).
J'ai été également ravi de rencontrer de nombreux coureurs et coureuses, qu'il s'agisse de ceux que je retrouvais comme le Chacal, Chantal Lopez, Jean-Pierre Delhotal ou Jean-Pierre Evan, ou de têtes nouvelles, comme les kikoureurs jeanluc.a et Eric41, ou Bruno Guerniou, personnage extrêmement sympathique.
2 commentaires
Commentaire de jeanluc78 posté le 02-05-2006 à 20:57:00
Merci de m'avoir cité.
T'es encore plus rapide à écrire qu'à la course!
A la prochaine
Amicalement et sportivement
Jean Luc A
Commentaire de eric41 posté le 03-05-2006 à 10:02:00
Bravo pour le CR et ta course.J'ai vécu la même chose que toi 20 mn derrière.Génial le tracé au GPS.
Au plaisir de se revoir.
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