L'auteur : pitas
La course : Les Templiers
Date : 28/10/2012
Lieu : Millau (Aveyron)
Affichage : 4266 vues
Distance : 72km
Matos : sac 10 litres
une premiere couche thermique
2 deuxieme couches odlo et une veste goretex coupe vent...
des barres salées et sucrés, isostar.
pas de gels
pas de batons
pas de barres indus
Objectif : Objectif majeur
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Départ de Genève samedi matin en panique, je n'ai pas entendu mes 3 réveils consécutifs, la fête commence.
Je part à la gare sous une pluie battante, je me dis que c'est une mise en condition…Après quelques péripéties de transports (un grand merci à la SNCF) me voici à Millau où je vais partager une chambre avec d'autres trailers (Boon, Maxime, Matthieu et Julien).
On se retrouve tous, on échange sur nos parcours, notre prepa et nos objectifs. Je prévois moins de 10h (quasi le même pour tous, bonne nouvelle, je ne serais pas seul) , c'est peut être tendu, mais réaliste a mon sens, on verra bien, moins de 11h serait pas mal aussi.
Au passage, j'avoue avoir beaucoup d'estime pour les parisiens qui s'inscrivent sur des courses comme celle ci. S'entrainer à la montée sur des pentes de +100m pour coller un +3300m en course, respect total!
Donc réveil vers 3:30, petit dej rapide, et hop en route pour le départ avec Boon et Matthieu, Julien est dans le sas 2 et part avec d'autres personnes et Maxime préfère partir à la der'. On laisse Boon a l'entrée du sas 3 et on essaye de s'incruster dans le sas2, mais les 2 cerbères à l'entrée nous font comprendre qu'on doit pas insister. Bref, retour Sas3 et attente du départ avec les autres pingouins, c'est a ça que je pense à ce moment la, avec le froid et le vent, tous serrés les uns contres les autres. Je me dis que je vais pas regretter mes 4 couches.
Et c'est le départ...j'ai d'abord un peu d'appréhension parce que ça part toujours trop vite, toujours trop fort…Du coup j'essaye de partir à mon rythme et je me force à ne pas dépasser un certain seuil, jusqu'à la montée. Tranquille, on commence à se chauffer, on vera sur le plateau pour commencer à envoyer…Je double des gars qui sont limite à la rupture, du moins à entendre leur souffle, ça me met en confiance je suis encore en rodage tranquille…j'ai envie de leur dire d'y aller molo, mais qui suis je pour donner des leçons…
A ma surprise le plateau arrive bien vite, quand on monte dans les alpes, les montées sont longues, première différence. Sur le plateau il faut gérer le froid, même si on est à l'abri dans les sous bois, c'est pas la grosse chaleur non plus. Donc je me colle sur un rythme "dynamique", je me rend compte que je suis encore en phase de réveil. Au bout d 1:30, bizarrement je me pose, besoin de me soulager la vessie et surtout je pense que je n'ai pas assez manger au petit dej, donc j'avale un bout de barre au café de ma composition. Je repart sur un rythme cool, accroche un groupe, et au bout de 5 minutes je sent déjà le coup de boost de ma barre. Du coup j'envoie un peu…j'arrive à Peyreleau en 2:14. Punaise que c'est bon tout ces supporters, ça fait du bien la ou j'en ai besoin.. Juste le temps de prendre un abricot sec et de l'eau et je repart avec Matthieu que je viens de rattraper.
On attaque la 2ème montée, Matthieu sort les battons et commence à envoyer, je prefere garder ma stratégie, tranquille jusqu'en haut après on verra sur le plateau. Je déroule, mais sans forcer. C'est pas des grosses montées comme j'ai chez moi, mais je sais que cela est trompeur. Je dépasse Matthieu qui souffre du genou et préfère "gérer", on est a peine au tiers. Le parcours est très rigolo, ça vallonne, ça tourne, y a des blocs de pierre ici et là, je suis bluffé par ce décors très automnale, j'ai vraiment du plaisir à être dans l'ici et le maintenant. Finalement j'arrive sur le plateau où je déroule sans trop tirer jusqu'à Saint André de Vezine. J'admire tout ces gens sur le bord de route qui nous encouragent, ils se bouffent le vent en pleine figure et sont toujours souriant et encourageant et ça faut du bien…. Merci à vous encore. J'arrive au ravito en 3:38 je sent qu'il faut que je me mange, je prend 2 tuc, un verre de coca et une soupe. Avant de repartir je croise Maxime qui a finit par rattraper Matthieu, c'est cool on va se suivre, c'est motivant.
Rapidement je me rend compte que je ne me suis pas assez nourri et comme un idiot je continue. On arrive sur la falaise, punaise que c'est beau. Le paysage est juste sublime, je m'arrêterait bien là, mais je suis dans un train avec d'autres gars, et Maxime m'a rejoint. C'est idiot, on a beau être dans sa course, ça n'empêche d'être "influencé" par le groupe. Bref, la descente sur La Roque arrive. Les descentes c'est un peu mon truc, je commence à gratter des places, je me fait plaisir. On croise un gars qui s'est ramassé, il a du sang partout, je lui demande s'il a besoin d'aide, mais il dit que ça va, il marche il a l'air lucide…On passe un checkpoint, le gars compte, je suis 509 ème…grosse surprise, je pensais être loin derrière. Du coup ça me pousse a ne pas lâcher et je continue, mais rapidement je me rend compte que j'ai les batteries vide, du coup je m'arrête et je me mange une banane et une barre salé de ma composition. Maxime me rejoint et on repart ensemble pour la fin de la descente…Ou je ne peux m'empêcher d'envoyer un peu, je sais que je vais le payer mais ce qui est prit n'est plus à prendre, donc je m'éclate…
Arrivé à La Roque, grosse ambiance, c'est cool ça fait du bien…Je passe le pont ou des gars semblent changer de chaussure, une assistance hors point autorisé? Je dois surement rêver, mais finalement je m'en cogne les bonbons ils font ce qu'ils veulent. Une course tu l'as fait d'abord contre toi-même et avec la montagne, pas contre les autres, du moins pas à notre niveau (sinon, à mon sens, finir hors podium n'a aucun intérêt, mais c'est un autre débat). En monte vers le 3ème ravito, punaise je sent que je vais la roter cette montée, et je me trompe pas…une féminine me passe devant sans paraître faiblir et discute même avec un autre gars, moi je suis en mode économie d'énergie, en fait ces changements de rythmes sont quasi plus cassants que de longue montées et descentes…J'arrive avec une énorme joie au ravito je vais prendre mon temps. Je retrouve Maxime qui va pas s'éterniser, je vais le laisser aller…J'enchaine coca, TUCs et soupe, les fromages font envie, mais je sais que le gras ne passera pas…retient toi coco t'es plus très loin. Ma gourde était remplie de sirop de menthe et de sel, je la vide complètement et met de l'isostar que je m'étais trimbalé par portions en sachet de congélation. Je repart en marchant et en avalant une autre barre salée. Ca va passer, faut le laisser passer ce coup de mou. On redescend dans la foret et je me remet à trotter… Je recolle un groupe, qui déroule pas mal sur le mono trace, petit à petit je sent le deuxième souffle arriver. Je commence à me sentir mieux. On arrive sur une descente, un peu raide, boueuse et technique, je kiffe à fond. Je passe en vitesse un groupe quasi à l'arrêt en leur lâchant un "si tu t'arrêtes tu tombes, si tu coures ça va". Je me retrouve seul, et j'enchaine.
Je raccroche un autre groupe avant d'arriver à la montée de Massebiau, je me dis "vas y molo garçon, les choses sérieuses vont commencer…" donc je me met dans leurs pas sans forcer… Dans la descente on gere toujours, il me semble reconnaitre Francois D'Haene sur le coté qui nous encourage, je dois encore etre pas tout a fait là....On arrive à Massebiau sous une haie d'honneur, c'est toujours aussi revigorant ces supporters. Après une petite pose bitume (assez peu sympathique je dois dire), on attaque le pentu…direction le Cade, je sais que ça va être éprouvant, je profite pour attaquer une barre sucrée de ma composition, faut gérer et recharger, je sais que ce n'est pas dans la montée que je peux gagner du temps mais faut pas en perdre. Ca devient raide par moment; ça me rappelle la Grande Gorge du Salève, je connais ça, faut surtout pas s'emballer et y aller aux sensations, rester frais… On croise un gars sur le coté entouré de médecins pris de convulsions, pas très réjouissant, j'espère qu'il a bien récupéré. On arrive sur le plat, les personnes sur le coté nous donnent le ravito dans 1k, c'est bon ça on y est presque.
J'arrive au ravito, j'ai pas envie de trainer je me sent bien et le finish est proche, je prend mon verre de coca, mon tue et je file, je sort du ravito à 8:40 de course, je regarde mon "plan" qui était tiré de la feuille excel postée par Yves_94… il me reste 1:20 de course…mais j'ai envie de finir en moins de 10h. D'une part j'ai un train a chopper et deuxièmement ce n'est que de la descente et ça c'est mon truc, je sais qu'il y a meilleur que moi, forcement, mais j'y prend un pied énorme…donc j'attaque le dernier bout avec deux objectifs, finir en moins de 10h et ne pas me faire dépasser. Je me sent une patate, on va tout lâcher, et voir si l'entrainement payes…
Du coup en matière de descente on est servi. Du bien raide, bien technique, avec des pierriers et des parties roulantes… je passe comme un avion, je suis à la limite de me foutre dans le décor, mais ça tient autant que ça peut…
J'arrive en bas, j'ai les cuisseaux en feu…je recolle une féminine, on part ensemble vers l'antenne, on se fait recoller. Le dernier bout est un calvaire, mais aussi une joie, c'est les dernières mètres de montés… on arrive a l'antenne un gars nous annonce 2kil de descente, je me remet a trottiner un peu, la féminine me distance un peu… puis j'attaque, j'y met tout ce qui me reste, jusqu'en bas… je passe une bonne quinzaine de gars qui ont du mal avec cette descente raide et boueuse…mais j'a une phrase qui tourne en boucle, "lâche rien". Ca y est on voit les tentes, je rattrape et dépasse encore 4 gars, on arrive sur le dernier bout, je sent un mec sur mes basque, je remet les gaz (apres analyse des chiffres je colle un sprint a 16k/h)…je passe la ligne et le speaker m'annonce 399 eme (398 au scratch pour 9:53), je n'en revient pas…et je suis sous les 10h trop content, je félicite le mec qui arrive derrière moi, je remercie les bénévoles, je suis aux anges.... objectifs atteint et je me suis prit un pied enorme…
Je me ferais bien masser les pates mais j'ai un train a choper....je file...
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7 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 31-10-2012 à 08:59:22
Bravo, on dirait que tout s'est passe de façon idéale
Commentaire de la panthère posté le 31-10-2012 à 11:56:24
une course menée "tambour battant", entre deux trains, bravo!
moi aussi j'ai savouré cette belle course, loin derrière.... histoire de savourer plus longtemps!
bonne récup!
Commentaire de mic31 posté le 31-10-2012 à 14:16:15
"du coup je m'arrête et je me mange une banane" : c'était donc toi la peau sur le sentier ;-)
Bravo , belle course et bonne gestion des coups de mou avec un bon temps au bout.
Commentaire de keaky posté le 31-10-2012 à 14:33:57
Chapeau pitas, félicitation ;)
Commentaire de Génep posté le 02-11-2012 à 15:17:40
C'est donc toi la banane ;)
Belle course, bien joué !
Commentaire de bouh17 posté le 03-11-2012 à 10:27:42
Bravo pour la perf! Felicitations :o))
Commentaire de la panthère posté le 01-07-2013 à 15:28:52
quelques mois plus tard, après avoir fait ta connaissance à l'occasion du trail des glaciers de la vanoise, bravo pour ta course, (autant les templiers que le TGV, au plaisir de recroiser ta route!
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