Récit de la course : Le Tour de la Grande Casse - 62 km 2011, par philou84

L'auteur : philou84

La course : Le Tour de la Grande Casse - 62 km

Date : 21/8/2011

Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)

Affichage : 1614 vues

Distance : 64km

Objectif : Pas d'objectif

3 commentaires

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Tour de la Grande Casse** 64,3 kms et 4076m D+

 

Voici donc le profil assez sévère de cette course typiquement montagne.

 

 

 

Les dés sont jetés ; il faudra marcher souvent et longtemps pour gravir les 4 cols qui m’attendent, et faire preuve d’une bonne endurance dans les cuisses pour toutes ces descentes, dont certaines ont l’air très raides.

 

 

 

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Après les Burons, Gruissan, le raid des Dentelles qui sont des trails très roulants, où ma vitesse moyenne oscille entre les 7 et 9 km/h, il est clair que sur ce genre de parcours je ne vais guère dépasser les 6km/h voir ne pas les atteindre.

Bon l’essentiel c’est d’être au bout d’une course qui durera sans doute entre 10 et 12 heures.

L’entraînement, bien sur et heureusement, c’est mon cher Ventoux que je foule régulièrement et qui m’aura vu à son sommet près d’une quinzaine de fois depuis le début de l’année.

Il faut dire que le géant de Provence offre un nombre incroyable de circuits plus ou moins raides, totalement adaptés à la préparation de trails longs, techniques au profil montagnard.

Passé 1700m d’altitude, le versant nord offre des conditions similaires à ce que l’on trouve dans les Alpes vers 2500m. Quant au versant sud il est le reflet de notre végétation provençale et ses sentiers très techniques vous forgent une aisance à descendre

 

 

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Pour l’heure, la montagne m’attend, et à vrai dire, les photos publiées sur le site de ce trail m’ont immédiatement séduit, environnement grandiose, sommets majestueux, quiétude des lieux, et l’herbe rase, les petits lacs...

 

Me voici donc arrivé sur Pralognan-la-Vanoise, seul, dommage, pour ce trail somptueux. Une petite chambre dans un hôtel pas cher.

Heureusement, et chaleureusement Elly et Valérie qui passent leur vacances non loin de là, sont venus samedi soir au briefing de la course et ont partagés un petit resto avec moi. Ca fait vraiment plaisir, car s’il existe une chose fort désagréable, c’est bien de manger seul, encore pire face à un mur....

 

Bon, voilà, j’y suis à cette course dont je rêve depuis le début de l’année, par son profil et ses paysages et bien entendu par sa difficulté.

 

Au petit matin, vers 5h30, il fait nuit et doux, frais serait un grand mot, et la journée a été annoncée à 33°... Je fais fis de la crème solaire, tant pis. Par contre, une première, j’emporte des pastilles de sel, que je sucerais tout au long de la course, et de quoi faire 2 litres de boisson minéralisée, pour compenser les  énormes pertes de minéraux due à la chaleur, ce qui devrait m’éviter les crampes.

 

 

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Un groupe d’environ 180 coureurs est présent au départ, avec Monsieur Thomas Lorblanchet (triple vainqueur des Templiers !!). J’observe les attitudes et visages de coureurs que je ne connais pas, et je n’y vois guère de sérénité, mais peut-être est-ce une fausse impression, ou simplement le reflet de mon propre ressenti.

 


              

 

Car moi, je ne suis pas très rassuré sur ma course, à cause du  très gros dénivelé.

 

Départ dans la nuit et dans un village de Pralognan-la-Vanoise (altitude 1400m) encore endormi, départ presque intime : 500m de route bitumée plate puis ça monte d’un coup : 1200m de dénivelé sur 6km...très grosse pente. Les lacets sont courts, comme mon souffle : j’inspire en posant le pied droit, et expire en posant le pied gauche... le rythme dans l’effort c’est important, ça fait un peu oublier la rude pente, un peu caillouteuse au début, dans la forêt, bien à l’ombre. Au bout d’une heure on sort de la forêt et notre sentier toujours aussi raide sinue dans l’herbe devenue rase. Le Col de Leschaux est encore loin, et j’ai créé un petit bouchon dans cette ascension, ne pouvant suivre les coureurs devant moi, et bloquant ceux derrière, qui, impatients, ont eu du mal à doubler (sentier étroit et très escarpé) : une bonne vingtaine seulement me dépassèrent quand même !! Enfin au bout de 2 heures la première ascension se termine. Photos avec la sécurité de la course. Plus bas, au loin on aperçoit Pralognan-la-Vanoise...

 

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1ère descente qui fait 800m de dénivelé négatif(-800m). Depuis le Col de Leschaux (Altitude 2565m) nous évoluons dans un terrain totalement minéral, sentier de petites pierres où l’on dérape facilement. Je vais vite dans la descente et j’ai presque le tournis, tellement les lacets sont courts. Plus je descends et plus la végétation réapparaît, le sentier redevient souple et de nouveau la forêt. Une partie des coureurs qui m’a doublé dans la montée est repris. 1er ravito, puis de nouveau une pente raide et courte et nouvelle descente (-450m). Nous pénétrons alors dans une magnifique et longue vallée qu’il faut remonter (15km et +1250m). Assez roulant au début quoique montant régulièrement je cours à 7 ou 8 km/h et j’atteins le 2ème ravito ou Elly et Valérie m’attendent :

ça fait chaud au cœur de les voir. Je bise Valérie de la main et  Elly m’accompagne qqs centaines de mètres. Puis tchao... Objectif le Col du Palet (Altitude 2652m). Depuis le 2ème ravito le soleil est là et il ne me quittera plus une seconde jusqu’à l’arrivée. Et en altitude... Le soleil ça brûle...

 

 

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 Cette longue vallée est somptueuse, verte au départ,
 
 

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on progresse avec le bruit assourdissant du torrent, puis peu à peu le grondement se fait plus sourd, et enfin le silence s’installe, rythmé par le bruit de la respiration. La montée est très longue, je marche à environ 4,5 km/h, mais sans bonnes sensations. Quelques coureurs (encore !!) me dépassent, lentement mais sûrement.

Le Col du Palet (altitude 2650m) au loin se fait désirer. Depuis le départ, une sensation de soif me tiraille malgré tout le liquide ingurgité, et ne me quittera pas... ?

Enfin le Col du Palet, est là... En contrebas (-500m), une agression visuelle me saisit : véritablement installé dans une bulle de nature vierge de toute trace d’activité humaine depuis 7 heures, je découvre avec horreur la station de Tignes faite d’innombrables immeubles noirs de 10 étages, totalement désintégrée du paysage environnant. Une laideur hideuse, criante, ou s’entremêlent téléphériques d’aciers et immeubles de béton, sans arbres... A chier.

Les coureurs  qui  m’ont doublé  sont  en  point  de  mire,  quelques  lacets  plus  bas...  j’accélère, je me  rapproche, je fond sur eux... « je double à gauche » dis-je au premier, et ainsi de suite j’en passe 5.

Il m’aura ainsi fallu  3h30 pour rallier le 3ème ravito (Tignes Val Claret altitude 2100m), où la barrière horaire limite de passage est fixée à 14h. J’y parviendrais peu avant 13h en 80ème position.

 

Je quitte rapidement le Val Claret et remonte une longue vallée qui doit m’amener au Col de la Leisse (Altitude 2755m) soit encore un dénivelé de 600m. Depuis Tignes, mon corps me transmet de bonnes sensations (après 8 heures de course !! enfin...) et cette ascension se passe très bien. Personne ne me double. Le paysage est pelé, herbe rase, et de plus en plus minéral, au fur et à mesure que l’on grimpe.

 

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Le Col de la Leisse est atteint après 1h30 et je plonge dans une magnifique vallée glaciaire où  des 2 côtés d’immenses barres rocheuses et enneigées saluent mon passage. Au fond le versant Est de la Grande Casse (Altitude 3855m)

 

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La descente du Vallon de la Leisse (10km et -600m) est très roulante vers le 4ème ravito (km 46, altitude 2450m) et j’avale au moins 7 coureurs qui déjà marchent dans les descentes, en me régalant littéralement. Sentier souple à souhait... C’est pour ces moments de pure liberté, seul au milieu de cette immensité, que je courre des trails, moments uniques, qui bien qu’éphémères, sont tellement intenses, que vous avez l’impression d’y séjourner plus longtemps. Le pur plaisir fait oublier le temps, et la fatigue aussi.

 

 

 

 

Je suis tellement dans ma bulle, mélange de méditation et de torpeur, qu’au 4ème ravito, je repars en oubliant mes 2 gourdes de 600ml, qui normalement doivent me permettre d’atteindre le 5ème ravito (11km plus loin avec + 500m) en moins de 2 heures. Heureusement un sifflement aigu me parvient, je lève la tête, et plus haut, un homme agite ses bras montrant mes 2 gourdes. Je m’arrête, remonte la pente raide, récupère mes gourdes, et c’est reparti. Il m’a sauvé, non pas la vie, mais la fin du trail, car sans boisson, point de salut.

Descente encore (30mn) et remontée très raide pendant 2km et, ou je cale vraiment, mais, j’avance quand même, puis 3km en légère montée, où je marche à vive allure, et enfin je gravis les derniers mètres du dénivelé positif de ce trail, atteignant le Col de la Vanoise (altitude 2515m ) par un sentier très roulant mais piégeux...

 


                

 

où je choisit de m’économiser avant la dernière descente (7km et -1200m), descente que j’attend à la fois avec impatience et appréhension : c’est la fin de la course est proche, la fatigue est là, je peux manquer de vigilance, me blesser, et je sais aussi que si mes cuisses sont préparées à de telles descentes répétées, une crampe est toujours possible. Si ça passe, c’est la cerise sur le gâteau. Je file à 12km/h, euphorique.

 

La fin du trail est magnifique, lacs glaciaires, petite traversée d’étangs sur des pierres plates, la verdure réapparaît, d’abord rase, plus puis dense, les arbustes rabougris, puis plus fiers, les arbres, le filet d’eau se gonfle, s’élargit, devient torrent,... un régal

 

 

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Je dépasse plusieurs concurrents fatigués par les descentes répétées. L’un me demande si je peux lui prêter une jambe, je lui répond d’accord s’il m’en prête une pour monter (il m’a doublé 3 fois, mais au final, le descendeur le salue). Je finis à toute vitesse, poussée par l’euphorie de l’arrivée imminente, l’émotion m’envahie, c’est bon d’arriver : 7km et -1200m en moins de 40mm : les descentes du Ventoux ont payées.

 

L’arrivée se fait dans l’artère principale de Pralognan-la-Vanoise sous les applaudissements des touristes et locaux assis aux terrasses des nombreux bars qui jalonnent cette avenue, dégustant un apéro (les veinards...).

Je passe sous l’arche en 11h54mn et 60ème au classement... Super. Moyenne 5.40km/h.

 

Un grand trail, de toute beauté, mais qui se mérite. Je reste un peu déçu de ma prestation en montée, où j’ai rarement été à l’aise. Faut ce faire une raison, à chacun ses qualités, et pour moi c’est la descente, sous toutes ses formes...

 

Maintenant je pense fort à François, qui, lui va participer dimanche prochain pour la 3ème fois à l’UTMB (166km environ et 10000m D+ environ... !!), soit simplement 2 fois et demi ce que je viens de parcourir. Chapeau, déjà pour s’y être inscrit. Vivement son récit à l’arrivée.

 

Villeneuve, le 23 août 2011


**  sur Open Runner le parcours est donné pour 64,334 km et 4074m D+ pour être très précis (le site parle de 62 km et 3800m D+)

3 commentaires

Commentaire de patdours posté le 25-08-2011 à 23:46:08

Salut Philou, merci pour ce récit et felicitation pour ta course ( car il faisait bien chaud...).
A la lecture descriptive du deroulement de ta course, je pense qu'on a du surement se voir, se croiser voire echanger qq mots.
En espérant te voir (ou te revoir) bientot sur d'aussi beaux sentiers en pleine nature,
Bonne continuation
Patdours

Commentaire de philou84 posté le 26-08-2011 à 13:16:59

c'est possible qu'on se soit croisé peut-être dans la longue montée au col du Palet: c'est le seul endroit où j'ai échangé avec d'autres concurrents. Après j'étais assez seul, et en descente je doublais pas mal de concurrents. Mon récit sera bientôt imagés, par un ami, car je n'ai pas su insérer mes photos!!????

Commentaire de raspoutine 05 posté le 11-09-2011 à 15:08:08

Un sacré parcours pour une sacrée réussite !
Les Templiers vont être une promenade de santé pour toi !

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