L'auteur : Papillon
La course : Pilatrail des Trois Dents - 44 km
Date : 5/6/2011
Lieu : Veranne (Loire)
Affichage : 2350 vues
Distance : 44km
Objectif : Pas d'objectif
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Après les discours habituels, le départ est donné.
Ça part vite, trop vite pour moi. Je n'ai pas de jambes, elles sont lourdes, elles ne répondent pas. Sur le moment, je ne m'affole pas, en ce moment, je commence toutes mes courses avec ces mauvaises sensations là, l'énergie viendra certainement plus tard...
Toutefois au bout d'une heure, rien n'a changé, aucune force, des portions où je n'arrive déjà plus à courir... ce n'est pas gagné !!!
Je pense à Jean-Philippe, et me dis qu'il doit être encore plus mal...
Hélas je ne me trompe pas, et je ne suis pas surprise de le voir juste après le 1er ravito en train de m'attendre. Il est déçu, nous discutons tous deux de l'intérêt de continuer ce qui s'annonce être un fiasco...
Dans ma tête, franchement, je n'y suis pas du tout, le voir là, renforce mon sentiment.
D'un autre côté, ça me fait suer de laisser tomber. Je nous imagine, tous les deux dans la voiture, ruminant nos abandons.
Je sais qu'il culpabilisera de m'avoir attendue, il se dira que cela m'a découragée.
Je continue, il m'accompagne... il se casse les pieds à m'entraîner, à programmer ce qu'il pense être le mieux pour moi, toujours à l'écoute, n'hésitant pas à modifier son travail en fonction de mon état. Je ne peux pas en rester là, je ne peux pas ne pas tenter quelque chose. Je ne suis pas malade, je n'ai aucune excuse.
La séparation des deux parcours arrive, mon choix est fait. Nous nous engageons sur le 44km. C'est lancé.
Je sais que ça va être dur, je sais déjà que ça ne sera pas ce qui était prévu, mais tant pis.
La course est difficile, trompés par un profil trop simplifié, nous ne voyons pas la fin des coups de cul et des relances... c'est épuisant physiquement et mentalement. Une fille me double, je n'ai aucune combattivité, je ne me sens absolument pas capable de jouer, je la laisse filer. Ma progression est très irrégulière, parfois je suis très lente, j'en titube, je trébuche, et subitement je repars. D'ailleurs, je repars tellement bien, que je retrouve la fille, au 2ème ravito, elle se retourne, me voit... son regard me redonne la gniak, c'est ce qu'il me fallait. Je la suis. Jean-Philippe me conseille de ne pas chercher à la rattraper tout de suite... je le ferai naturellement dans la descente... elle est inquiète, se retourne souvent... je cherche à la fatiguer en courant à quelques pas derrière elle. Cette bagarre m'occupe l'esprit et me fait oublier un instant mes douleurs aussi diverses que variées... hélas, le coup de bambou revient... je ne peux à nouveau plus pousser sur mes jambes, elle part, je ne la reverrai plus.
Voilà, tout le problème est là, je ne comprends rien... ½ heure, voir 1 heure de course/marche sans jambes, à la limite de la chute, et des moments où je repars à un bon rythme... autant je réussis à expliquer les coups de mou, autant je ne comprends pas d'où vient le retour en force... toute ma course s'est déroulée de cette façon là...
J'ai pourtant mangé régulièrement, mais paradoxalement, c'est après avoir ingurgité ma barre que j'explose, que mes jambes me quittent. Incompréhensible !
Juste avant le 3ème ravito, deux petites dames me doublent, toutes fraîches, discutant gaiement. Le coup de massue, j'en ai les larmes aux yeux, moi, je rame, je souffre... je ferme ma tronche. Jean-Philippe sent mon exaspération, mais le pauvre n'y peut pas grand-chose de plus que ce qu'il fait déjà... il est là, et ça, ça compte !
Lui doit s'arrêter pour refaire le plein, moi, je l'ai fait au point d'eau précédent. Bien m'en a pris... après avoir bu un bon verre d'eau, je grille mes deux doubleuses, l'idée de perdre 2 places, le faux plat descendant, les 6 derniers kilomètres à faire, me redonnent des forces. Je pars, je sème mes poursuivantes, Jean-Philippe me rejoint. Nous terminons côte à côte dans le même élan ! Ouf, c'est fini ! 6h38 de souffrance. Je sauve tout de même in extrémis une 16ème place de féminine. Mais 45' de plus sur le timing me mettent dans les choux au classement général... 163ème sur 230 arrivants, ça fait mal... bon c'est vrai aussi qu'il y a eu pas mal d'abandons...
Heureusement, sur ce gâteau au goût amer, il y a eu deux jolies cerises!!!! Ma cousine avec ses deux grands à l'arrivée que je n'avais pas vus depuis longtemps... et le repas de la veille avec Christophe et Anne, c'était sympa... un peu de douceur dans ce monde de brutes!!!!
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6 commentaires
Commentaire de caro.s91 posté le 06-06-2011 à 16:33:00
Allez ma grande,
Demain sera une meilleure journée. Ce n'est jamais simple de savoir pourquoi on est en forme et pourquoi on ne l'est pas. En l'occurence, il semble tout de même que tes 2 journées avant la course n'étaient pas des plus reposantes. Ajoutes y le voyage, le changement de météo...
Bon, je suis certaine que tu prendras ta revanche sur toi-même très bientôt.
Bises,
Caro
Commentaire de Jean-Phi posté le 06-06-2011 à 16:43:00
Parfois ça ne fonctionne pas. Mais on peut rebondir derrière. Je suis certain que c'est ce qu'il se passera pour toi et très vite. Quand on est combative comme tu peux l'être (c'est ce que je lis souvent dans tes récits que j'ai plaisir à lire !), on ne peut que faire mieux derrière. Bon courage et bonne récup. Le Pilatrail n'est pas si simple...
Commentaire de nico2938 posté le 06-06-2011 à 18:57:00
Merci pour le récit!
En tout cas, ce parcours est beaucoup plus compliqué que les chiffres le laissent croire! Il y a beaucoup de cailloux et l'attention doit être permanente! C'est usant autant mentalement que physiquement.
En revanche, c'est l'un des plus beaux trails que j'ai fait! On retrouve tout les ingrédients pour faire une belle course.
Bonne récup!!
Commentaire de Fimbur posté le 06-06-2011 à 21:02:00
Merci pour ton récit, et bravo pour le mental sur cette course.
Tu as su aller au bout et gérer malgré les sensations, c'est une bonne expérience.
Bonne récup
Fimbur
Commentaire de Papillon posté le 06-06-2011 à 22:22:00
C'est vrai nico, il faudra que l'on s'y refrotte... là, nous étions vraiment dans un jour sans.
Mais c'est vrai que j'aimerais que mes questions trouvent une réponses... il va falloir que je cherche les possibilités d'y répondre.
La faiblesse ne peut pas être musculaire, puisque la force revient... je pense qu'il faut aller fouiller du côté physiologique. Les barres sont elles parfois si difficiles à mâcher que l'on est en asphyxie pendant qu'on les mange... en tout cas c'est mon cas. Mais cette asphyxie peut-elle être la raison d'une telle défaillance? je me demande aussi, si une barre entière d'un seul coup, c'est peut-être trop... cela produit peut-être une hypoglycémie réactionnelle... ce qui expliquerait le coup de mou. j'ai déjà été sujette à une hypo de cette sorte après l'ingurgitation d'un gel sur un semi, il y a pas mal de temps... et effectivement, malgré l'absorption de sucre, j'avais tous les symptômes d'un manque de sucre... pendant ma première grossesse aussi d'ailleurs, le toubib m'avait conseillé de ne plus mettre de confiture sur mes tartines.
C'est vrai aussi, que j'ai repris cette habitude depuis quelques temps car j'avais l'impression d'avoir à nouveau ce genre de soucis...
Et voilà, à force de vous écrire, les explications et les solutions arrivent.
Commentaire de millénium posté le 07-06-2011 à 10:02:00
Merci pour ce récit plein d'humilité. Sans avoir (loin s'en faut) ton niveau , je viens de terminer dernier du trail de l'oisans. Dès le lundi , mes jambes étaient retrouvées et je filais sur une reco du tour de l'oisans ; désespérant !
Stress ? Samedi dur physiquement au magasin ? Erreurs diverses ?
Toujours est il que tu réussiras ta prochaine course , no souci. BRAVO pour ton courage
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