Récit de la course : Les Templiers 2010, par Eponyme

L'auteur : Eponyme

La course : Les Templiers

Date : 24/10/2010

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 4711 vues

Distance : 70km

Objectif : Terminer

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Les Templiers

Hello !

 

La première partie du CR (vendredi-samedi) avec photos sont sur mon blog : http://eponymecourstoujours.blogspot.com/2010/10/les-templiers-iere-partie.html

 La deuxième partie (ma course des Templiers) avec photos et vidéos : http://eponymecourstoujours.blogspot.com/2010/10/les-templiers-2eme-partie.html

 Ou ma course ci-dessous (les deux vidéo et le sons ne passe pas) : 

 

 

Dimanche 25 Octobre 2010 :

Il est 5H45, nous sommes garés sur un parking proche du départ. Tout le monde fini de se préparer sous la bruine qui tombe. Heureusement, la température est bonne. Je n'ai rien changé à mon équipement par rapport à ce que j'avais prévu. Nous partons rapidement en direction du sas de départ.

Philippe, Jean-Pierre, Laurent, Daniel, Elisabeth, Pascal, Manu, Guillaume et moi

 

Une petite photo de groupe, puis nous entrons dans le sas. Certains décident d'avancer pour ne pas rester engluer. Avec Philippe, nous décidons de rester à notre place. Un peu la flemme de remonter le sas par l'extérieur et d'enjamber la barrière... Finalement, nous aurions peut être du... Après le discours habituel et les interviews des favoris, le départ est imminent. Je suis impatient, et excité. Hâte de partir à l'assaut des Causses... Les premières notes d'ERA retentissent, les fumigènes sont allumés... Hop hop hop !

 

 

L'ouvreur à vélo

 

Nous voilà parti ! Enfin ! Je perd très rapidement de vue Philippe. Je passe devant Anne, mais elle ne me voit pas. Il faut dire que qu'avec ce flot de frontales, c'est assez difficile de reconnaître les coureurs. Après quelques centaines de mètres, la route que l'on emprunte commence à monter doucement. En passant en voiture la veille, j'avais dit que je commencerais à marcher dès cette montée ! Finalement, non, tout le monde court ici, moi aussi, il faut pas déconner non plus !!! Je me retourne à plusieurs reprises, pour essayer de voir le monde derrière. On prends rapidement de la hauteur, sur cette route qui nous offre un beau panorama sur les lumières de Millau.

Le ballet des lucioles dans cette première montée

 

Rapidement, nous quittons la route pour un chemin assez large, et un premier coup de cul où tout le monde marche. Nous débouchons ensuite sur un replat, où je recommence à trottiner. Dans l'ensemble, je me fais plutôt doubler, mais, je joue à fond la carte de la prudence. Mon but est d'arriver, pas de claquer une pendule ! Je me retourne fréquemment, notamment sur ce replat où nous faisons un grand virage : le chemin est lumineux, c'est vraiment beau. Les kilomètres s'égrainent tranquillement, même si je ne discute pour le moment avec personne. Je suis dans ma bulle, à la découverte d'un nouveau monde. Je profite, je regarde partout (mais principalement mes pieds...), j'essaye de m’imprégner de cette ambiance particulière, entre calme et excitation. Nous commençons à redescendre, toujours sur un chemin plutôt large. Nous croisons les pompiers qui remontent le flot des trailers en quad. Moins de 5 kilomètres de courses et déjà un problème pour un traileur, couverture de survie sur les épaules, à priori victime d'une chute... Nous débouchons ensuite sur une route qui va nous mener au village de Carbassas, synonyme de première difficulté. Déjà des gens debouts à cette heure là, ça fait carrément plaisir. En entrant dans le village, une superbe vision. Le causse noir se détache sur le ciel. Il est barré d'un trait de lumière diffus : les premiers traileurs  sont déjà dans la montée et leurs frontales dessinent le chemin à suivre. C'est vraiment impressionnant à voir, et dire que nous allons monter tout là-haut...

La montée commence doucement et devient vite sévère. Il bruine toujours un peu, et nous sommes au ralentis.  Voir même parfois à l'arrêt, mais il faudra s'y habituer, ce n'est que la première fois et il y en aura d'autre. J'ai beau avoir mangé quasiment la moitié de mon gâteau ce matin, j'ai comme un p'tit creux... Alors, j'en profite pour manger un petit bout de barre. Pour le moment, je m'oblige à boire très régulièrement, et tout se passe bien. 

Ça monte, et ça bouchonne ! ;)

 

Il ne pleut plus quand j'arrive sur le plateau. Tout va bien dans le meilleur des mondes, même si j'ai le tendon d'achille gauche un peu raide, ainsi que les mollets. Bof, on verra bien, mais il n'y a pas de raison que ça n'aille pas ! Je commence à dérouler un peu la foulée sur le plat, tandis que le jour se lève. Des nuages, mais pas tant que ça, peut être aurons-nous la chance de passer à travers les gouttes ? Mon GPS merde, 2H de course et déjà batterie faible alors qu'il a passé la nuit branché... Ça m’énerve franchement sur le coup, mais j'oublis ce désagrément rapidement. Les pistes de pierres se transforment en pistes sablonneuses, très agréable pour courir. Rien de vraiment plat, du faux plat dans les deux sens en fait, mais bon, on peut courir dessus, c'est le principal. Tout va bien, les mollets se tiennent tranquilles. Le soleil se lève sur le plateau, les paysages sont vraiment beaux, c'est le pied...

Lever de soleil sur le Causse Noir

 

Le chemin se fait route, nous entamons 6 kilomètres de descente. Je discute pour la première fois de la journée, avec un traileur multiple finisher qui accompagne un ami pour sa première. L'ambiance est détendue,  nous prenons de l'avance sur son pote, il finit donc par ralentir pour l'attendre. Peu de temps après, nous empruntons notre premier monotrace ! Pas de bol, nous sommes encore très nombreux et ici aussi cela va bouchonner. Pas de stop complet dans la descente, mais un rythme lent et aucune possibilité de doubler. Dommage, la descente est plutôt bonne et on aurait tendance à vouloir dérouler... J'en profite pour regarder le paysage et prendre quelques photos...

 

 

Au pied de cette descente se trouve Peyreleau, lieu où se tient le premier ravitaillement !

 

Millau - Peyrelau : 3H10 (3H10) / 27Km (27Km) / 1956ème

 

Le ravitaillement se passe bien : je remplis ma poche (j'ai bu quasiment 1 litre), bois un verre de coca et mange une pâte de fruit. Je décroche mes bâtons, et me voilà prêt à repartir en même pas 5 minutes. Je quitte le ravito, un peu étonné de n'avoir vu aucun potes de la RUMBA. Sur le coup, je me dis que j'ai du mal comprendre et qu'ils n'avaient pas prévu de venir à celui-là. J'ai déjà reçu et échangé plusieurs sms, surtout dans la première montée, pour prévenir Solen que tout allait bien. J'en recevrais toute la journée, sans pouvoir forcément les lire immédiatement. N'empêche, je n'ai jamais trouvé aussi agréable ce bipbip m'indiquant un message reçu... Mais bon, revenons-en à la course... Nous suivons une piste en sous bois, plutôt plate et roulante. J'évite de m'enflammer, parce que je sais que la deuxième difficulté est proche. La piste se rétrécie, et c'est de nouveau sur un monotrace que la pente s'élève. Le paysage est très beau, mais le ciel, malheureusement, se charge petit à petit... Certains dans le peloton râle à cause des bouchons (nous sommes arrêtés à plusieurs reprises). Perso, ça m'agace un peu, mais j'en profite pour souffler, boire et manger. J'essaie de le prendre avec philosophie, de toute façon, en participant à un trail de 2800 participants avec 50% de monotraces, et étant situé dans le dernier tiers du peloton, c'est évident que ça va bouchonner... Certains ne le comprennent pas, et essayent de couper les virages pour gratter quelques petites secondes. Notamment deux traileurs que je recroiserais plusieurs fois et qui finiront derrière moi (petite victoire personnelle !). Sinon, il pleut de nouveau. De la bruine encore, donc, je décide de ne pas mettre le coupe-vent. Mais une fois cette montée franchie, la bruine se transforme en vraie pluie. Arrêt veste, et je repars. Il fait chaud là-dessous, beurk. Surtout que 5 minutes après, la pluie se calme (sans cesser) ! Nouvel arrêt, et rangement de la veste... Le chemin est large, plutôt roulant mais cassant. Je cours, mais j'ai un coup de moins bien, dans la tête surtout. Cela me parait interminable, je ne sais pas où j'en suis, il pleut, j'ai peur d'avoir perdu beaucoup de temps dans la montée et d'être limite à la barrière horaire de Saint André de Vézines. Le temps passe, pas vite. Peu de spectateurs, certains traileurs semblent déjà accuser le coup... J'ai hâte d'arriver au prochain ravito pour voir les copains, et repartir sur un nouveau tronçon ! Tiens, un premier puis un deuxième spectateur... Le ravito se rapproche, et c'est avec soulagement que j'entre dans St André !

 

Peyrelau-Saint André de Vézines : 2H03 (5H13) / 14,5Km (37,5Km) / 1853ème (-103)

 

Le ravitaillement est dans une école, et les élèves nous servent, c'est vraiment sympa. Et puis, ça change ! Pour moi, un ravito, c'est une rangée de table avec deux trois trucs dessus et voilà ! Ici, ça ressemble plus à une foire ! Des chaises, et un grand choix de nourriture. Une vraie kermesse ! Ça agit comme un déclic pour moi. Je cours mon premier ultra ! Je cours les Templiers ! Le moral remonte instantanément, et le sourire revient !

 Le joyeux bordel du ravito et le joyeux traileur !

 

Je me dirige rapidement vers une table, et je chope au passage un verre de coca. Je ne sais pas trop quoi manger, et là, illumination ! Des toutes petites tartines de St Môret... J'hésite, vu mon estomac habituellement récalcitrant. Et puis merde, quitte à être malade, autant me faire plaisir tant que je peux. Je m'assois donc pour déguster ce bon repas, puis je remplis ma poche à eau. Alors que je m'apprête à repartir, je sens une petite odeur de potage... Allé hop, merci madame, je prends un gobelet. Deux petits gorgées suffisent à me faire plaisir, point trop n'en faut, je jette le reste et repars. Anne m'a prévenu que je devrais avoir des suiveurs ici, mais je ne vois toujours personne. Bof, tant pis, même si la déception est là. Je cours pour moi, j'ai la patate, c'est ça le principal. Je repars donc (encore une fois, l'arrêt m'a semblé rapide, inférieur à 5 minutes) après avoir consulté le profil et la distance avant le prochain ravito. On quitte bien vite la route pour une large allée plate. J’enchaîne plutôt bien, enfin, je trottine tranquillement, en rattrapant doucement quelques traileurs, dont deux marathoniens qui courent là leur premier trail. Bon courage les gars, qui va piano va sano ! Une nouvelle fois, la piste se rétrécit rapidement. Je me retrouve derrière un Kikourou, la discussion s'engage. Je m'arrête bientôt pour prendre quelques photos. En effet, nous empruntons un superbe sentier en balcon, avec des paysages magnifiques.

 

 Avant d'entamer le sentier en balcon, à l'occasion d'un arrêt pipi !

 

Le début du super sentier en balcon, où l'on voit les traileurs débouler en sortant de Montméjean 

 

Je regardais pas mal mes pieds histoire de pas tomber, et j'ai vu un mec arrêté, en train de prendre une photo. Je lève la tête, et je me dis "ha ouais, ça vaut le coup". Je m'arrête, je prends une photo, et là, une traileuse me double tandis que je range l'appareil en repartant et me dit "ha ouais, ça valait le coup de s'arrêter" ! La discussion s'engage. Le sentier monte, et on commence à re-bouchonner. Pas de stop cette fois-ci, mais une montée à la queue-le-le (comment ça s'écrit ça ???). Je me retrouve derrière un traileur qui connait le coin, ces explications sont intéressantes, mais je finis par demander à passer, il se pousse sans se faire prier. La montée se passe rapidement, je n'en ai pas trop de souvenirs. On arrive de nouveau sur le plateau, je recommence à courir tranquillement. Là, la vue est encore une fois superbe. Millau est droit devant, mais encore bien loin. On peut même distinguer le viaduc, tout au fond, entre les Causses...

Si si, au fond, le viaduc ! On est sur le retour (environ 43ème kilo)

 

 En zoomant, on le distingue mieux... :)

 

Pas mal de ruines sur le plateau

 

 Un paquet de traileurs se transforment en photographes ici

 

J'ai vraiment aimé ce passage...

 

Aller, il faut repartir, on a une course à boucler quand même... Le ciel est couvert, mais il ne pleut plus, c'est déjà ça. On arrive dans une descente (Le Riou Sec ?), et là, énorme bouchon. Les bénévoles en haut ne savent pas ce qui se passe, l'un d'eux descendra d'ailleurs aux nouvelles. Encore une fois, je prends mon mal en patience, je bois, je mange, tout se passe bien, on discute un peu aussi... Finalement, deux portions très glissantes, mais le reste passe bien. La descente fini vraiment dans le lit d'un torrent à sec, avec tout ce qui faut de sable et de pierres. Je suis derrière un mec qui avance tranquillement, et je discute un peu avec mon suiveur. On débouche finalement au pied du village de La Roque Sainte Marguerite, ou un mini coup de cul nous attends avant de remonter sur la route. Content de pouvoir allonger la foulée, j'accélère doucement. Je me retourne, plus personne ne me suit... Bon, bah tant pis... La route monte, je suis vraiment content de pouvoir courir, donc, j'avoue que je me fais pas mal plaisir même si c'est très court. Beaucoup de monde à ce ravito, en plus, comme j'arrive seul et d'un bon pas, j'ai droit à beaucoup d'encouragements, je me prendrais presque pour un pro !Je descends les escaliers à la volée (un spectateur se fendra d'un "mais il vole sur les marches celui-là" un brin moqueur :), puis c'est un chemin le long d'une rivière avant de remonter au ravito. Mais le plus plaisant ici, c'est la présence des copains de la RUMBA ! Marie Claire, Jean Luc, Laetitia, Hyacinthe et Odile (j'espère n'oublier personne, si c'est le cas, désolé...) ! 

 

St André de Vézines - La Roque Ste Marguerite : 2H06 (7H19) / 9,5Km (47Km) / 1753ème (-100)

 

Ils sont tous à mes petits soins, Odile m'apporte mon drop bag. J'en profite pour laisser le GPS dans ce sac, et pour changer de chaussettes tout en remettant un coup de NOK sur les pieds. Je me sens vraiment en forme, mal nul part, aux dires de tous, c'est maintenant que la course va commencer ! J'en profite également pour charger dans mon sac le reste des barres que j'avais préparé, car c'est un gros gros morceau qui s'annonce, avec 17Km à parcourir jusqu'à Massebiau ! Après avoir bu un verre de coca et un potage, j'attrape un biscuit, une pâte de fruit et refait le plein de la poche avec de l'eau, tout en y vidant un sachet de poudre isotonique. Je crois que je suis prêt à repartir ! Jean Luc me prévient que ça monte direct. Effectivement, encore un beau monotrace en balcon qui monte sur le plateau.

La Roque Ste Marguerite, alors que la pluie se remet à tomber

 

Pause pipi-photo, la pluie recommence. Elle ne me quittera plus jusqu'à l'arrivée. Je rejoins des coureurs dans la montée, alors que nous basculons dans la descente sans passage sur le plateau. La pluie redouble, et l'horizon est complètement bouché. La descente qui arrive s'annonce encore lente. Je ne sais pas si j'aurais été plus vite avec moins de monde, mais une chose est sure, cette partie est très très longue... Le chrono n'avance plus, les jambes sont lourdes. Le moral est bas, mais les différents messages que je reçois me font du bien, alors, je m'accroche au train, essaye de déconnecter, de rentrer dans ma bulle et d'attendre que ça aille mieux... Un traileur avec un petit drapeau breton sur le sac me double, viril mais correct. Il a des fourmis dans les jambes et veut courir, mais c'est impossible ici... Enfin, nous arrivons en bas... Pour remonter aussitôt, encore une fois dans un mini canyon rocailleux. La pluie est vraiment forte, et le rythme toujours aussi lent pour monter sur ses rochers. On croise à deux reprises des traileurs qui redescendent, couverture de survie sur le dos, accompagnés par un bénévole. Au pied de cette montée se trouve un poste de secours, c'est fini pour eux... Ça calme, surtout que je commence moi aussi à avoir froid. Alors, je mange, pour que le carburant ne manque pas. Ça me fait du bien. Je double une traileuse qui n'avance plus. Elle commence à râler, "trop technique", "trop de monde", "ce n'est plus du trail c'est de la rando". Je ne réponds pas, pas besoin de ça en ce moment. Je pense à ma chérie, à des trucs agréables, pas envie de commencer à déblatérer sur la course, pas envie que le morale plonge. Je préfère m'accrocher au breton de devant, pour en finir avec cette montée...

Enfin arrive le plateau (Km 54) ! Ouf... Toujours un peu froid, le breton commence direct à courir, je lui emboîte la foulée. Le chemin est large, sablonneux. Ça fait du bien ! Je marche dans un coup de cul, et perds mon breton. Je le redoublerais plus tard, il me dira "je me suis un peu enflammé après la montée, je souffle un peu". Je cours bien, heureux d'être là, même la pluie ne me gêne plus. On quitte la piste pour un monotrace en forêt. Commence les 2-3 kilomètres où je me suis fait le plus plaisir ! Personne ne me double, je cours vraiment, je remonte un paquet de traileur qui s'écartent du monotrace en m'entendant arriver, le pied ! Une traileuse m'emboîte le pas, on envoie du lourd, je suis sur un nuage. Je commence à avoir mal à un genou, mais c'est gérable, alors je continue. Je me dis que je vais bien le payer à un moment ou un autre, mais j'ai envie de vivre l'instant présent, et l'instant présent, c'est ce super monotrace ! Le parcours redevient plus cassant, et ce n'est plus des traileurs isolés que nous devons doubler, mais des files indiennes. La moyenne retombe, même si je double encore un peu. Puis arrive LA descente vers Massebiau. C'est bouché, c'est froid, c'est brumeux et extrêmement boueux ! Sur une grosse partie, les traileurs avancent au pas, en ce retenant par les buissons. Je vois de nombres belles gamelles, sans gravité, mais impressionnante. 0 accroche sur cette boue. Alors ça râle, mais il faut patienter, attendre notre tour, franchir le passage dangereux avec prudence et faire la queue au suivant... Frustrant, on entend les spectateurs de Massebiau, mais nous sommes bloqués dans la descente. De plus, la barrière horaire se rapproche... Je suis content, je finirais cette course sans être tombé, je pense que c'est un déjà une belle performance... Je recours dès que possible, et me fait doubler par un groupe en chasse, avec la barrière horaire comme objectif. Je les accroche, l'un deux nous gratifiera d'une superbe glissade sur les fesses sur la dernière partie herbeuse de la pente, tout en se relevant dans le même mouvement. Bravo, tout en souplesse ! On arrive au ravitaillement de Massebiau, 18 minutes avant la barrière horaire (alors que j'avais plus d'une heure d'avance sur la précédente et que j'ai bien avancé sur le plateau...). Ouf !

 

La Roque Ste Marguerite - Massebiau : 3H55 (11H15) / 17Km (64Km) / 1592ème (-161)

 

Je me fais pointer par une bénévole qui m'annonce un déroutage de la course pour éviter la dernière descente trop dangereuse, même en ayant été équipée de cordes... Moins 2 kilomètres à faire, quelques dizaines de mètres de dénivelés en moins à gravir.  Et surtout l'arrivée prévue dans 4 kilomètres ! J'apprendrais après que des coureurs pour qui il était impossible d'arriver à l'heure à Massebiau ont été arrêtés sur le plateau, avant cette dernière descente. De plus, la barrière horaire à Massebiau a été élargie. Je décide de faire très vite à ce ravitaillement, j'enfourne une bouchée de roquefort que je fais passer avec une gorgée de café (pas de potage ici !) et je suis reparti ! J'essais d'envoyer un sms à Solen, mais entre les gouttes sur l'écran et les doigts trempés, impossible d'écrire quelque chose de compréhensible. Pas envie de l'appeler, juste envie de repartir et d'en finir. Toujours motivé, mais la pluie et le froid commence à gagner du terrain sur le mental, je ne veux pas flancher ici, alors, il faut repartir vite. On emprunte la montée prévue initialement, assez facile car la roche  forme des marches qu'il est assez facile de monter. Ensuite, nous obliquons sur la gauche pour commencer la descente. Sur la droite, le sentier continue de monter, mais barré par une rubalise. C'est par ici que les traileurs précédents ont du passer pour rejoindre la grotte du hibou... Tant pis, ce ne sera pas pour cette année ! Peu de temps après avoir entamé la descente, nous atteignons la route. Je prends mes bâtons à la main et j'allonge. Je suis bien quand je cours, pas froid, pas de crampes, je pourrais continuer encore comme ça, mais la flotte commence à me dégouter. Je rêve de fringues sèches... Je remonte encore pas mal de gens. Se retrouve mélangé des traileurs du parcours initial, et des traileurs déroutés. J'arrive enfin dans Millau, Hyacinthe et Camel sont là et m'encouragent, quel plaisir ! J'y suis ! J'ai un énorme sourire sur le visage, et envie de pleurer en même temps ! Annette monte la garde dans le dernier virage et commence à crier en me voyant, plus pour prévenir Anne pour la photo que pour m'encourager d'ailleurs. Je rigole. Anne me prends en photo, et commence à courir. Moi, peut être plus complètement lucide, comprends qu'elle veut finir avec moi ! Elle me crie de courir moins vite ! Enfin, je comprends qu'elle veut prendre de l'avance pour reprendre une photo !!! 

La première... 

 

La deuxième, après le petit sprint... :)

 

Massebiau - Millau : 1H03 (12H18) / 4Km (68Km) / 1546ème (-46)

 

Je franchis l'arrivée et lâche un gros sanglot. J'essaye de me calmer, laisse bosser le bénévole qui me reprends la puce, et me tends ma médaille et mon t-shirt (vous avez pas fini de le voir porté celui-là !!!). J'appelle Solen dans la foulée, juste pour lui dire que tout va bien, que je suis arrivé, et que pour une fois, je ne devrais pas être malade... Elle comprendra pas tout, entre ma voix bizarre à ce moment et le bruit, et du coup, sais que je suis arrivé mais pas trop dans quel état je suis... Je vais ensuite manger un petit morceau dans la tente ravitaillement, avant d'aller me changer dans la tente repas, où j'ai droit à un super accueil de la part des autres membres du club qui m'ont tous attendu...

 

Je finis plutôt bien. Je n'ai fait que remonter des places durant toute la course, ce qui est toujours agréable. J'ai subit, comme beaucoup, de nombreux bouchons, mais ils ont le mérite de m'avoir empêchés de m'enflammer, et de m'avoir offert un peu de répit mis à profit pour bien m'alimenter. J'ai le sentiment d'avoir couru partout où c'était possible, et pour ça je suis vraiment content. Les paysages sont vraiment superbes, tout comme les chemins. Le lendemain, beaucoup moins mal qu'après un marathon, je peux même monter et surtout descendre des marches sans trop de difficultés ! En tout cas, c'est une expérience très très enrichissante, qui me donne envie de faire du long, et même du très long ! C'est pour moi mon deuxième gros défi qui vient d'être relevé, après mon premier marathon. Prochain objectif avoué, l'Eco Trail de Paris, en mars. Avant cela, la première boucle de l'Origole le 4 décembre, et peut être l'Ice Trail fin janvier...

 

Merci d'avoir lu, merci de m'avoir supporter (dans tous les sens du terme)... A bientôt pour de nouvelles aventures !

 

1 commentaire

Commentaire de coach Jack posté le 01-11-2010 à 12:16:00

BRAVO à toi, récit sympa qui donne envie d'aller faire les Templiers un jour. Tu vois, l'ultra n'est pas si compliqué que ça ... et bon courage pour tes prochains très longs défis ...

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