Récit de la course : Verdon Canyon Challenge Ultrail - 100 km 2010, par Duvi
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Trail du Verdon 2010
"C'est pas du pipo, c'est pas du pipo, j'ai jamais fait un truc pareil !", telles ont été mes paroles aux bénévoles assurant la sécurité, en haut de l'échelle du sentier Vidal qui remonte des gorges... et ils m'ont répondu "et oui, c'est pas du pipo !" Effectivement ce trail, en plus d'être le plus long, le plus intrépide, le plus gargantuesque, à aussi été le plus exposé et engagé, où il fallait avoir le pied sûr, et cela après 15h de course ... pas du pipo.
Nous voici pour la 2e fois réunis avec mon frère (qui court aussi) et ma sœur (qui nous conduit et se balade pendant qu'on court) pour un week-end de folie, dans les gorges (pas les "profondes" mais du Verdon). L'année passée nous étions aux Templiers (Cévennes) et l'année prochaine on fera une 3e édition car la formule sortie frangins/frangines fonctionne à merveille, il ne reste plus qu'à incorporer notre 4e sœur au club et on sera complet.
Quelle merveille que d'aller se défouler tout en faisant du tourisme. C'est là le point fort du trail et son nouvel engouement. Cela vient aussi peut être du fait qu'on commence à en avoir marre de vivre à la mode "aseptisée". D'un côté on n'ose plus rouler 100m sans ceinture, airbag, ABS latéraux et siège baquet. On n'ose plus faire 10m à vélo sans casque intégrale. Et d'un autre côté il est encore possible d'aller s'aventurer dans des sentiers (quand l'organisateur ne décide pas de nous faire passer au milieu de nul part) pendant plus de 20h (j'ai mis 21h30 exactement), de passer dans des passages vertigineux (je me répète, je sais), de monter des échelles et de se faufiler entre des blocs de rochers au fond des rivières, de jour comme de nuit ! Ce Verdon, des paysages de rêves, une eau turquoise, des falaises verticales (paradis de la grimpe, on ira faire un petit tour par là bas un de ces 4). Que du bonheur !
Vendredi 11 juin, point de RDV des 3 compères chez moi à 9h du mat, à Geneva Lake (et oui, on est les petits Suisse (pas le fromage blanc) exilés au Verdon) . Et c'est parti, 5h30 de voiture en passant par le col de la Croix (où on a fait une petite halte arrosée au jus de pamplemousse, c'est du sérieux). La météo est mitigée, pourvu que ça tienne, car j'ai un peu le raz le bol de la pluie et de la boue. Cette fois je veux du sec, sec, sec, au ciel comme sur terre, amen ! Mais elle tiendra, YES !! On aura même une météo plutôt agréable pour courir, entre 20/24° en moyenne la journée, c'est bien.
Arrivé à Aiguines, nous nous précipitons au stand pour retirer notre dossard et surtout pour voir comment "ils" ont géré la fermeture du sentier des Cavaliers qui descend dans les gorges. Chose que j'ai appris par hasard sur le net, le site du trail n'étant pas très bavard (ce serait le seul reproche que je pourrais faire, tant le reste était dans l'excellence). On se dirige droit sur une carte géante du parcours ..... et c'est là que je découvre le visage déconfit de mon grand frère ... qui n'y plus n'y moins pète un peu les plombs et commence à divaguer dans des propos pas très cohérents. Hmmmm, l'heure est grave. Et oui ce qu'on vient de découvrir est un peu mathématique. Le sentier des Cavaliers est fermé --> ce qui veut dire qu'il n'est plus possible de descendre dans les gorges au 15e km mais plutôt au 75e km environ --> car le sentier Vidal par lequel on doit remonter est interdit à la descente (je comprendrais cela plus tard) --> donc il faut faire tout le tour des gorges pour pouvoir descendre au fond (tout comme le moral à cet instant: au fond) --> ce qui veut dire qu'il fera ...... NUIT quand on y sera !!!! Drame psycho insurmontable, déprime ... faire de nuit la partie la plus pittoresque/technique/dangereuse/inoubliable..... pffffffffff.
Aller on prend les dossards et on retourne à Moustier pour aller de l'autre côté des gorges pour poser un sac de ravito perso au 60e km (On apprendra au briefing que les organisateurs prennent en charge les sacs pour des dépôts .... zauraient pu le dire plus tôt).
De retour, nous allons directement prendre nos "appartements" dans une magnifique chambre d'hôtes (aller, je lui fait de la pub car j'ai trouvé super, le gite s'appel "Darnie Casteou") à 1km d'Aiguines. Notre hôte est un ancien militaire de carrière, célib, collectionneur de soldats de plomb et qui tient sa maison comme une vraie ordonnance d'officier supérieur. Les chambres sont très fraiches, à conseiller pour les grandes chaleurs et les petits déj ressemblent à des agapes.
Il est déjà 19h, on prépare nos petites affaires (alors tu prends quoi, la veste ? le pull manche courte/longue ? du sparadrap ? etc etc etc etc). Cela nous occupe un bon moment et après c'est l'heure de redescendre pour le briefing de 20h qui a lieu à 20h30. Bref, simple, pas trop d'infos "utiles" comme c'est souvent le cas. L'organisateur me semble cool et décontracté, pour lui l'affaire à l'aire de se dérouler comme prévu. Juste un petit rappel qu'il faut faire attention au sentier de l'Imbut/Vidal que la plupart des coureurs passeront de nuit. Bon, il a rien dit sur le fait que le passage est plutôt exposé et aérien (bon, de nuit on voit rien !!! Heureusement !). On remonte dans nos pénates pour déguster la salade de pâtes que j'ai préparé pour mon frère et qu'il ne goutera qu'avec parcimonie car il a décidé de faire ses propres pâtes en last minute ... Du coup il y en avait 10x trop et j'en ai mangé 20x trop. Bref c'est la dernière fois que je me gave avant un trail, en fait je pense qu'il faut manger léger, contrairement à ce qu'on veut bien nous dire. Avec une alimentation correcte les derniers jours, pas besoins de faire des "réserves de glycogène" pour scientifiser un plat de spaghetti.
Aller au dodo car demain matin la diane est à 3h45 du mat. C'est tôt mais il faut manger le Gatosport et se rendre au départ. Notre merveilleuse sœur nous y amène en voiture, quel luxe et quel altruisme de sa part. Je suis encore endormi, car je suis un abominable mauvais dormeur la veille des courses, où même un somnifère ne suffit pas à m'endormir, et un second est peut-être de trop. Quand j'aurais résolu ce problème, à moi l'UTMB ! Donc c'est avec la tête un peu vaseuse que je me pointe sur la ligne de départ et que je m'élance dans cette aventure qui va être formidable. Il est 5h du mat, le 11 juin 2010 !
Il fait nuit au départ, mais c'est au petit jour que j'arrive au Grand Margès, le sommet du trail, que je verrais de nuit à l'aller comme je le verrais de nuit au retour. Donc ne me demandez pas si c'est joli, j'ai pas vu grand chose ! Tout se passe bien, cette première montée passe toute seule on fait déjà les vedettes devant un paparazzi avant de redescendre sur le 1er ravito de la "Petite Forêt", où l'on passera 3 fois pendant le trail. Là on aligne un aller/retour d'une douzaine de km, un A/R forcé puisqu'on ne peu plus descendre dans les gorges. C'est le passage le plus facile (une bonne partie sur la piste), mais cela ne durera pas ! Mais pas tout de suite encore. Les jambes trottent, la tête est au point, les pieds nickel et ces derniers m'amènent gentiment au ravito du col d'Iloire, où on se fait de nouveau flasher par un photographe, c'est pire que sur l'autoroute, mais en tout cas ce n'est pas pour excès de vitesse cette fois, ça c'est sûr ! Non, je suis plutôt dans un mode "peinard", le mode qui va pas vite mais qui avance toujours. A ce ravito, je me penche sur le netbook des organisateurs qui affiche les temps de passage des coureurs. Ciel, mon frère est devant avec une quinzaine de minutes d'avance. No worries, la route est encore longue, j'ai tout mon temps pour le rattraper. Je vais quand même pas me faire griller une nouvelle fois sur cette course alors que j'ai déjà concédé 12min aux Templiers (sur 10h de course ... Mais le plus fort c'est le marathon de la Jungfrau où on a mis respectivement 4h39 tout les 2 .... avec 7 ans d'intervalle !!!).
Maintenant, c'est la descente jusqu'aux eaux turquoises du lac de Sainte-Croix, descente un peu technique et bien raide sur la fin dans un pierrier qu'il faut négocier à chaque foulée. On traverse les gorges par le pont routier ... on repassera de l'autre côté des gorges 35 à 40km plus loin ... y'a encore du chemin ! Une montée facile au début puis une descente en direction de Moustier. Plus on s'approche de Moustier, plus c'est technique. Je pense que l'organisateur a voulu nous donner une petite secouée histoire de démontrer que c'est pas une course de PD. L'itinéraire devient de plus en plus aléatoire (heureusement le balisage est absolument nickel). On passe par toute sorte de sentiers/chemins, on va à droite, à gauche ... et comme petite surprise on se tape le lit d'une rivière où il faut se faufiler au travers de gros blocs de rocher, tout en évitant de faire un plouf dans l'eau. La sortie du lit de la rivière est carrément une escalade de la berge où il faut s'agripper aux racines pour s'extirper de ce piège (j'ai l'impression de vivre la scène dans le "Retour du Jedi" du "Puits du Sarlacc", où nos amis sont à 2 doigts de se faire avaler par le monstre dans le désert ... pour les passionnés de Star Wars, goto Wikipedia). Pensant avoir fait le plus périlleux, je continue à me faufiler à travers de petits sentiers dans les sous-bois ... mais que nenni, ce n'est pas fini ! Une ravine est à franchir, avec cette fois des cordes fixes pour s'aider. Le seul hic, c'est que pour attraper la corde, il faut déjà s'être élancé dans le passage. On sert les fesses et ça passe. Plus tard, c'est mon bâton qui y laissera des plumes, pété net car celui-ci a eu la mauvaise idée d'aller se planter dans une fente d’un rocher. Je le bricole et je me retrouve avec un demi bâton. Je ne suis pas mécontent d'arriver à Moustier, un peu soulagé quand même. Le ravito est au milieu du village, à côté des terrasses bondées de touristes qui encouragent ces forcenés des km qui en veulent encore. J'ai toujours mes 15 à 30 min de retard sur le frangin, mais il commence à faire chaud, et avec la montée qui nous attend, ce ne sera qu'une formalité pour le rattraper.
La poche à eau remplie, je commence la montée qui emprunte une ancienne voie et qui est très pittoresque. Bon le frangin n'est toujours pas en vue, et une cloque fait son apparition ! Dingue, après seulement 45km ? Du jamais vu, en principe je n'ai pas de problème de ce côté là. Je la soigne et finalement il n'y aura plus rien de nouveau jusqu'à la fin. Ouf ! Le parcours devient un peu moins intéressant, il y a un peu de piste et peut-être un petit coup d'hypoglycémie. Mais au moins les kms s'allongent, et ça c'est positif ! On passe par quelques collines, je redescends par une piste en Z sur un ravito (putain, mon frère a toujours ces 20min d'avance. Ce qui est fun, c'est que je sais toujours où il est, mais lui ne sais rien sur moi) ... et on renchaîne par la magnifique Crête de l’Issioule où on passe, hors sentier, en bordure des falaises qui surplombent les gorges. C'est impressionnant et splendide en même temps. Le temps nous a façonné un paysage magique et inoubliable. Je laisse ces lieux enchanteurs (j'aurais bien fait une sieste ici, mais j'ai peur de rater les gorges de l'Imbut de jour) pour redescendre sur notre ravitaillement sauvage qu'on a organisé la veille avec mon frère. Au moment où j'arrive, qui je croise ... le frangin. Tout excité à l'idée de faire l'Imbut de jour, il repart illico presto. Quand à moi, je décide de poser les plaques un moment (on est à 60km environ, juste avant le ravito de Mayreste). Je m'octroie 20min de dodo (dommage que j'aie mal dormi ces derniers jours, car physiquement je suis tip top nickel, c'est plutôt la tête que je repose). Du coup, Francis (mon frère) m'a remis 30min d'entrée !
On emprunte le sentier du Bastidon qui nous emmènera à Maline, point ultime avant la descente dans les gorges. Superbe sente qui passe sur le haut du versant des gorges, très pittoresque et pas trop technique. A Maline, des charmantes masseuses mendient pour qu'on succombe à leurs mains doucereuses, et chose inouïe ... je dis « non merci ». C'est avec grand regret, mais les sentiers de l'Imbut/Vidal nous appellent et le soleil décline. Il est déjà 19h30 environ, la nuit s'approche. Le sentier qui descend dans les gorges est très bien adaptés et semble très approprié pour les touristes qui souhaitent voir les gorges d'en bas. Un ou deux passages avec escaliers métalliques donnent un petit goût escarpé, mais c'est bien ridicule en vue ce de qui nous attends dans fort peu de temps. 30 min + tard, me voilà en bas des gorges, à quelques mètres du Verdon qui grouille en bas des falaises vertigineuses ! C'est pas tout, mais il faut traverser tout ça, et pour cela le génie humain (je dit ça car mon frère est dans le métier et il adore les ponts ... sauf celui de Millau quant il le voit de trop près). Une superbe passerelle qui a du coûté tout le budget de la prochaine décennie à la commune, car c'est une construction magnifique, mais un peu disproportionnée sachant qu'elle abouti sur ..... presque rien. 2 sentiers (Imbut-Vidal/Cavaliers) presque inexistants au vu de leurs marquages. On se croirait en Sicile où on est habitué aux ponts d'autoroutes qui s'arrêtent au milieu de nul part. Toutefois ici, les piliers de la passerelle sont trop petits pour contenir un ancien maffieux, à moins qu'il aie subit quelque traitement funeste.
Brif bref, revenons à nos moutons (bêêêêê). Je passe la SUPERBE passerelle et me voilà au départ de l'Imbut !!!! Le début est assez escarpé mais pas dangereux. Quelques panneaux indiquent qu'il ne faut pas tomber (merci, sinon sans eux je me serais précipité sur le 1er cailloux pour me briser la tête). Puis un ou deux passages câblés viennent agrémenter le tout, avec le torrent tonitruant qui gronde en contrebas (10 - 20m). Des fois le sentier est fort étroit, des fois on a l'impression d'être sur un sentier de prairie (mais jamais longtemps). 30 min plus tard, le clou du spectacle est là, devant mes yeux ébahis en me disant que je ne vais jamais pouvoir passer par là. Heureusement que j'ai moins le vertige qu’avant et que les 15h de courses m'ont complètement choutés et que la synergie de l'endomorphine et de l'adrénaline me permettent de surmonter l'obstacle sans difficulté. Le passage est taillé dans la roche, sur une bonne longueur, avec un câble pour s'assurer mais trop tendu, ce qui empêche de pouvoir le tenir correctement. Je dis le passage, mais en fait il y a en 2, et le 2e est encore plus caustique ... que du bonheur ! La fin se fait en fumée, un brave gaillard de l'organisation (merci pour son dévouement) a décidé de se réchauffer avec du bois humide, du coup j'ai cru qu'il y avait un incendie de forêt (rien de grave: un incendie devant, la falaise en haut et en bas, et le cauchemar de revenir en arrière ... derrière). Mais voilà, rien de tout ça en fait. Le bénévole me fait les recommandations d'usage avant d'aller affronter le "famous" sentier Vidal ... qui est interdit à la descente selon IGN. Effectivement, après 2 ou 3 lacets, on attaque les choses sérieuses. On est en bas d'une falaise, donc soit on installe un ascenseur, soit on taille dans la roche. Je ne laisse pas le suspens durer trop longtemps, c'est le choix des zigzags dans la roche qui est choisi, donc à vos câbles messieurs les coureurs. Vaut mieux pas regarder en bas, car c'est HAUT.... ouie ouie ouie (serais pas passer là si j'aurais su). Je serre les fesses et ça passe ... pour l'instant. Encore quelques éboulis avant un passage aérien, mais heureusement il y a une corde mise en place par les organisateurs (sinon, ya rien !). Cela débouche sur un très gros escarpement où un câble neuf a été installé (yavais rien avant ???). 2 cordes ont été rajoutées, ouf ! Et pour finir, la fameuse échelle qui débouche sur le staff de l'organisation !!! Ils ont du en voir ce jour là ....car l'émotion (en tout cas la mienne) des coureurs est bien présente !
YES, on l'a fait de JOUR !!!!!!! Le trail est terminé maintenant, le reste est une formalité ..... d'encore 5 ou 6h !
Encore 2 ou 3 kms et c'est le ravito de la « Petite Forêt » (3e round, on n'a pas l'impression de tourner en rond). Le frérot m'a encore distancé un peu, mais il y a une belle montée (~650m D+), je l'aurais au final ! Je m'envoie encore du Coca, mais ça devient difficile et je me demande qu'est-ce que je peux encore descendre malgré une table de ravitaillement bien achalandée. Mais il faut manger, sinon gare à l'hypoglycémie ! Encore un peu de choco, et je repars. La pénombre commence à s'installer dans cette remontée sur le plateau/sommet du Grand Margès. Le plateau est bien dégagé, du coup j'apprécie encore le paysage qui est toujours aussi sublime. Le relief est doux et verdoyant, que de douceur après la coriacité de ce trail jusqu'à maintenant. Bon bin c'est pas tout, mais il est temps d'allumer la frontale. Je suis encore sous le sommet, c'est alors que le vent, le froid et surtout le brouillard ont décidé de venir supporter à leurs manières les traileurs égarés sur le pan de la montagne. La vision se résume à celle que l'on a en voiture lorsqu'on a enclenché les grands phares dans la purée de pois. On n'y voit presque rien, mais heureusement le balisage est tip top nickel, et il y a même des rubalises fluos assez régulièrement. Toutefois, les rubalises n'indiquent pas dans quel sens il faut suivre le sentier, du coup on peut se tromper de direction. C'est ce qui s'est passé à mon prédécesseur. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis une lumière (frontale) me venir de face émergeant de ce brouillard épais. Telle une luciole, un traileur débarque face à moi et me vocifère un "Camping ! Camping !" en me montrant la direction inverse de là où se trouve réellement le fameux camping d'Aiguines, le prochain ravito. Ce brave traileur a fait demi-tour sans même s'en rendre compte et crois toujours continuer dans la bonne direction alors qu'il revient sur ses pas (100km, c'est pas assez pour certains !). Convaincu d'être juste (je me perds qu'en ville), j'essaie par tous les moyens de le convaincre de faire demi-tour, mais le taux d'adrénaline et autres hormones est tel, que rien n'y fera. Je continue donc, en ayant toutefois sorti la carte IGN pour m'assurer que c'est pas moi qui ai fumé la moquette. Je passe le sommet, enfin, et commence la descente sur Aiguines, où l'on aperçoit le camping, enfin, qu'au dernier virage avant la route.
Au ravito du camping d'Aiguines, je signale le traileur errant que j'ai croisé une bonne heure (ou 2, sais plus) plus tôt à la sécurité. Du coup je suis assigné à résidence jusqu'à ce que l'affaire soit résolue. J'ai même le loisir de parler au talkie-walkie avec le ravito de la « Petite Forêt » afin de donner des précisions précises du coureur, car entre temps on recherche un traileur blessé et habillé en rouge. Le mien était-il en rouge ? S’il avait été une jolie nana, j'y aurai prêté plus d'attention. Je savoure de la viande séchée que ma laissé mon grand frère (il est gentil, c'est ça les grands frères, ils s'occupent toujours des petits) que je ne rattraperai définitivement plus (il a 45 min d'avance). Finalement je suis libre de mes mouvements ... pour aller me taper 25 min de sieste dans un coin du resto du camping.
Et c'est reparti pour la dernière ligne droite ! Plus que 11km, hyper facile dans des chemins carrossables la plupart du temps et seulement 200m de déniv, un rêve ! Mais notre organisateur nous fera quand même une petite surprise par la belle traversée d'un champ parsemé de cailloux pour se casser une jambe si on n'avait pas réussi à le faire avant et des chardons pour finir de laminer les jambes ! Et on paie pour ça !!! C'est là qu'on voit la complexité de l'espèce humaine, on n'a pas fini d'écrire des bouquins là-dessus ! Tout se passe pour le mieux, je ne cours plus mais je marche vite et finalement je vais presque aussi vite que si je courrais. Soudainement je reçois un SMS de Francis (le frère). Il me dit "Je m'inquiète" ! Je lui répond que tout va bien. Après il m'appel pour savoir si je me suis perdu, lui, il est arrivé depuis 1h environ. Bin non, je ne suis pas perdu, mais tranquille quoi ! Le sketch du malentendu ne fais que commencer. Pour aider, je n'ai plus de crédit sur mon téléphone (j'ai pensé à recharger la batterie mais pas le crédit, caramba) et mon frère n'a plus de batterie car il a mitraillé avec son appareil photo intégré. Du coup on ne peut plus vraiment communiquer. Francis met ma sœur sur le pied de guerre pour lui emprunter son téléphone, et moi je continue a envoyer des SMS à ma sœur que je réveille toutes les 30min, croyant qu'elle était avec mon frère à l'arrivée. Mon frère, quant à lui, est en mode panique, il parle de ma disparition auprès des jolies masseuses (il a rien trouvé de mieux pour les draguer, pffff), ameute les officiels de l'arrivée à tel point que sans le savoir tout le monde m'attendait à l'arrivée ... car finalement j'ai fini par arriver tout à fait dans les temps que j'avais prévu (j'ai mis 21h30). En fait Francis croyait que j'étais 15 min derrière lui alors que j'étais parti du dernier ravito 1h30 plus tard (45 min de retard au lieu de 15 + 45 min de repos). Petite erreur de lecture .....
Et oui, il est 2h30 du mat, 2 ou 3 personnes m'acclament depuis la route, merci, merci merci. OUF, c'est fait !!! Je ne réalise pas encore ce qui vient de se passer, mais c'est un des grands moments intenses dans notre petite vie !!!!
Du coup la fratrie est au lit dans la chambre d'hôtes, pendant que moi je vais succomber aux délictueux massage à 4 mains (mmmmh j'en rêve encore) de 2 jeunes filles que je remercie infiniment. Masser des mollets gluants à 2h30 du mat, c'est un peu un sacerdoce, mais ce sont les mollets du petit frère égaré, pas n’importe lesquels ! Un peu de stretching, et au dodo !!!!!
Retour à pied sur 1km en montée jusqu’à la chambre d’hôtes, histoire de « décrasser » les jambes. Mais comme dans le meilleur des Hitchcock, une fois le camping passé (je repasse en fait devant le dernier ravito où je croise des coureurs toujours en piste), je vois au loin une inquiétante voiture qui allume ses phares et me suis … En fait c’est Jean GIACOSA, l’organisateur, qui s’inquiète de voir un coureur partir dans la mauvaise direction. Je le rassure et le remercie infiniment pour ce trail qu’il a merveilleusement organisé et je lui dis que j’ai fini et que je vais au dodo. Serviable, il me propose de me ramener jusqu’à la chambre d’hôtes, mais je décline son invitation, pensant qu’il a d’autres chats à fouetter. Avec un peu de regret quand même, car cela aurait été « classe » de se faire ramener par l’organisateur.
Bien content en tout cas car tout s'est bien passé, en dehors d'une fatigue déjà présente avant la course. Certains moments sont quand même difficiles, et c’est là qu’on pense à ce que l’on a de plus cher au monde …. ses enfants !!! (j’ai 2 loulous de 6 et 8 ans). L'entrainement heureusement était top, avec comme préambule de trail de Besançon (45km) que j'avais fait 1 mois plus tôt. Un bon jalon pour savoir où j’en étais dans la préparation. Un joli trail dans la boue, mais ça, c'est une autre histoire.....
Cédric Delavy
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Je me permet de rajouter le récit de mon frère Francis:
Chers amis joggers et non joggers,
Avec mon frère Cédric, on a réalisé notre rêve de sportif amateur samedi
passé : le trail du Verdon. Une rando-course de 100 km avec plus de 6'000 m
de dénivelé.
Ce trail est magnifique et incroyable, il traverse un canyon vertigineux
dans lequel s'écoule une rivière à la couleur turquoise, le Verdon. Le tracé
nous emmène sur les plus beaux lieux du canyon, sur les crêtes, à
l'intérieur des gorges avec même une halte ravitaillement dans la ville de
Moustiers-Ste-Marie. On a traversé des rivières à gué, gravi des sentiers
souvent très étroits, souvent très raides, franchi des zones de lapias et
d'éboulis, même traversé une grotte avec un bras de rivière aux pieds, monté
des talus en s'accrochant aux racines des arbres, sans oublié les sentiers
de l'Imbut et Vidal, qui pour ce dernier est un "escalier" taillé dans la
falaise avec un point final ou un équipement de via ferratiste ne serait pas
superflu. Merci au câble et autres cordes fixes installée spécialement pour
nous et avec Cédric, nous avons pu franchir cette dernière difficulté située
au km 75, juste avant la tombée de la nuit ! On a pensé aux copains, plus de
la moitié, qui ont franchi de nuit cette difficulté !
Bref, vous avez compris, on en a pris plein les yeux, comme des gosses
devant un feu d'artifice.
Et puis, je passe sur les odeurs des genets en fleurs et d'autres plantes
aromatiques dont je ne connaît pas le nom, nous avons vu des oiseaux, des
chevreuils, un chamois, des crapeaux et même une couleuvre. Et courir dans
la nuit, dans le noir complet sans un morceau de lune pour nous aider à
trouver le balisage, se répérant au bruit des rubalises fouettées par le
vent, incroyable cette ambiance, complètement surréaliste.
Et enfin, nous avons réussi à rallier l'arrivée, une vingtaine d'heures
après le départ, avec un retard de 6h sur Dawa, le grand champion Népalais
habitant Chêne, quelqu'un de super sympa et de très humble pour un des tops
five mondiaux de sa discipline depuis 15 ans. Il s'est littéralement
"promené" sur le parcours car il ne voulait pas mettre un écart de plus de 2
h avec son dauphin et il a donc ralenti dès la mi-course ! Surréaliste je
disais !
Et pour ce qui est de la bête, 36h après l'arrivée, je marche sans boîter et
peux même descendre les escaliers sans se tenir à la main courante. Bref,
beauxoup moins KC qu'après un marathon, et je regrette "presque" d'avoir dit
à Maïko que j'aimerais la suivre à celui de Zürich en 2011 !
Voilà, en conclusion, vous aurez compris que je continue encore à planer aux
souvenirs de cette belle aventure et je souhaitais simplement vous faire
partager ici mes impressions d'après course.
Amitiés à toutes et à tous, et au plaisir de vous revoir, avec ou sans
basquets !
Francis
NB. Quelques photos pour vous mettre en appétit et si vous voulez en savoir
plus, aller sur http://www.trailverdon.com/Bienvenue.html
ou sur http://chrono.geofp.com/verdon2010/
2 commentaires
Commentaire de NICO73 posté le 28-07-2010 à 20:17:00
Un grand bravo pour cet exploit et merci pour le récit
Commentaire de Eponyme posté le 03-08-2010 à 11:05:00
Bravo à vous deux, ou plutôt vous trois ! ;)
Super CR, et temps plus qu'honorable malgré les mésaventures ! :)
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