Récit de la course : Les Trois Ballons 2010, par Papy

L'auteur : Papy

La course : Les Trois Ballons

Date : 12/6/2010

Lieu : Champagney (Haute-Saône)

Affichage : 4092 vues

Distance : 205km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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3 autres récits :

Qu'elles étaient belles... Ces belles filles !

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Copie d'un message Zanimalesque, agrémenté de photos... R/V pour certains à Embrun après un Altriman dont le CR va arriver...

ATTENTION CECI FUT ECRIT AVANT l'ALTRIMAN du 10 JUILLET 2010 !

 denivelé

 

Date: Wed, 07 Jul 2010 12:10:04 +0200
To: 42kms@yahoogroupes.fr
Subject: (Allo  Lapin, conseils vélos pour Altriman ?)
Qu'elles étaient belles... Ces belles filles !


Salut les Zoziaux...

Autant le tri de Lusigny était un aimable divertissement,
autant je vous convie à lire ce CR.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas vécu une telle aventure avec de telles filles !

Tellement que dans mon nuage je m'étais fendu d'un msg d'épuisement,
sitôt la ligne franchie...

Vraiment, si vous avez la possibilité de venir ou monter, à cette période de l'année, voir les Belles Filles après cette balade Vosgienne, vous n'en resterez pas que bouche bée...

J'ai joué les fanfarons car bien des potes m'avaient prévenues
qu'elles ne me laisseraient pas indiférentes.

J'ai encore en mémoire leur cuisant souvenir !

Bonne lecture, A peluche !

L'Papy


*********************************************************
Bonjour,

Nous voilà, avec mon compère "Le Débutant", au départ de la classique
des 3 ballons, 4300D+ pour 205kms.


Toutes les infos glanés donnent une course dure, juste derrière la Marmotte.

Or, je connais bien ces ballons pour les avoir fait
plusieurs fois depuis 1995,
ils ne sont pas si terrible.
Je suis donc confiant même si j'apprends que le premier,
sur cette course, mets 15' de plus qu'à la Marmotte...

La veille nous sommes englués dans les bouchons de Strasbourg, mais comme
c'était pour la bonne cause (transport de mon cadre Felt chez Shanky),
mon pote ne grogne pas trop lorsque nous squizzons les dossard du soir.

4h du mat', nous nous réveillons. Nous dormons sur le parcours au 40èmekm,
il va donc falloir les faire ce matin en voiture.

Je teste avec un certain bonheur le petit déjeuner d'Aroche :
http://diet-sport-coach.e-monsite.com/rubrique,creme-sport-dejeuner-maison,602590.html

Nous branchons le GPS et nous voilà passant par des routes bien... "Speciale"...
Cela tourne, vire, et se transforme presque en chemin par moment,
heureusement, ce n'est pas le col du Ballon de Servance que l'on a en apéritif !

Finalement, le GPS arrive aussi à se tromper, fait un 180°, mais heureusement,
un panneau Champagney nous montre la bonne voie.

servance

Arrivée sur site, pas d'attente pour retirer le dossard. Finalement nous sommes
même bien content de ne pas être venu la veille sur place et d'avoir pris le repas
à Mulhouse.

Nous tournons les jambes, mais celles ci ont du mal à se mouvoir et je regrette
de ne pas avoir pris l'option HTV pour echauffer un peu.

depart

Nous ne sommes pas des habitués de la course et donc notre placement sur la
ligne de départ sera proche de la queue du peloton. Nous ne nous sentons pas
dans une forme éblouissante par manque de sommeil, la stratégie sera donc de prendre
un wagon de milieu de peloton pour, dans les bosses, remonter ceux ci.

depart2

Avant même de donner les derniers tuyaux à mon ami, je le perds dans le peloton.
Je me concentre donc sur mon cas en tentant de me relacher avant le départ.
J'ai quand même peur qu'il ne fasse pas les bons efforts d'entrée pour prendre
un wagon et devoir laisser des forces seul dans la plaine pour relier les cols.

Départ retardé de 10' pour inscriptions tardives et une pluie fine se met à tomber.

J'ai donc choisi de partir avec un tee-shirt coupe-vent sous ma vieille tenue
confortable CSGV rajouté d'un vetement de pluie. Ceci me causera des erreurs
stratégiques... Nous verrons plus tard.

Pan c'est parti

PAN, le départ est donné et... Les premiers démarrent !
Nous, on attend le frémissement pour commencer à avancer lentement.
Je suis conscient que je ne finirais pas dans la premiers, ni les seconds
car ils sont déjà loin, mais j'attends le démarrage sans trop de pression.
Pourvu que j'arrive quand même à prendre un train !

Ca y est, nous pouvons enclencher les pédales et passer la ligne.

Rapidement je saute dans les roues qui me semblent les plus rapides.
Malheureusement je sens tout de suite que je suis trop loin et que le rythme de 35kms/h
est loin d'un rythme de départ même si nous grimpons légèrement (2%/3%).

Je tente de remonter, mais je ne sens pas les bonnes jambes. Je suis alors partagé
entre me faire mal de suite pour arriver au pied du Servance mieux placé
avec risque d'explosion ou d'attendre tranquillement au chaud, puis remonter au Servance.

J'ai fait un mix car je me suis souvenu que pour doubler dans le Servance c'était difficile.
Impossible, sans se mettre dans le rouge, de suivre les jeunes qui doublent, alors
ne sentant pas les bonnes jambes, je n'ai qu'épisodiquement fait l'effort pour sauter
dans les roues.

Les 15ers km, en faux plat montant , nous amène au pied du ballon de Servance pour
la 1ère ascension de la journée, 8 km avec des passages à 13% bien utile pour disperser
la masse impressionnante de vélos.

Rapidement je suis englué dans le peloton. Cela me navre un peu, mais ce qui m'inquiète
le plus c'est que je n'ai pas de gniack pour suivre ceux qui se frayent un passage sur
la gauche de la route. Oh bien sur, je remonte beaucoup de monde, mais beaucoup aussi
me double sans que j'arrive à suivre.

velo

Je m'arrète une première fois pour enlever ma veste et la rouler autour de moi.
Je ne suis pas assez bon cycliste pour faire cela sur le vélo. Cela me coute très cher
en temps mais je n'ai pas d'autres solutions.

Pourtant dans ma stratégie, le but était d'arriver frais au sommet, c'est déjà raté.
Même pas 40kms et j'ai déjà des jambes flageolantes.
Je me sentais fatigué, mais là c'est dramatique et inquiétant.

Le Ballon de Servance est donc bien conforme a sa réputation et au souvenir que j'en
avais, son sommet arrive avec un début de soulagement.

Celui ci est vite terni par de grosses surprises en descente. D'abord je n'arrive pas
à me rhabiller sur le vélo, je suis encore obligé de m'arréter. C'est mortel
dans une descente car les bons avions passent très vite et il est difficile de les
suivre d'autant plus que j'ai de nouveaux soucis.

J'ai changé de roues pour la course et j'ai mis mes légères et nerveuses Aero Profiline
de chez Eurace.
Le souci est que la rigidité et le transfert de puissance se font au détriment du confort.

Du Servance
Vue du Servance


Comme, en plus, c'est ma première grosse descente depuis 10 mois et le triathlon de
Gérardmer, je suis très très mauvais dans la 1ère partie de la descente,
très sinueuse et en forêt. Malgré la sortie de celle ci et une route en meilleure état
je me fais toujours doublé par des avions plus ou moins performants.

Dans ma détresse j'aurais une chance, en arrivant au Thillot, un feu rouge avec bénévoles
me permet de recoller à un gros peloton. cela me permettra d'avoir à faire les prochains
kilomètres au chaud et de tenter de me remettre de mes émotions.

Pas 40kms de fait et je suis déjà "cassé",
ma position sur le vélo est si mauvaise que cela ?


J'ai pourtant fait une sortie de 200kms, majoritairement devant,
à peu ou prou 29MY sans vraiment de gros
soucis de confort. Les questions se bousculent dans ma tête et
je conclue sans diagnostique
en prenant une bonne lampée de ma gourde.
La encore, malgré mon prosélytisme sur l'hydratation,
j'attendrais d'avoir mal au ventre pour m'en occuper, manque de lucidité.

Nous passons le Thillot et enchainons 2 cols très roulant,
Ménil (coucou le chalet) et Oderen.
Après ce dernier, et son ravitaillement qui me montrera que je bois peu(sic),
une portion plane, permet à notre groupe, de remonter sur plusieurs peloton
juste avant les premières pentes du col de Bramont (7.5 km à 5%).

Je vois bien Kruth, mais je loupe son lac car je ne me situe pas encore sur la carte.
Il est vrai qu'en été il est très agréable, mais en hiver, encaissé comme il est le soleil
ne doit pas souvent baigner ses eaux et cela le rend assez sinistre.

Nous attaquons le Bramont et après 3 virages, je m'y sens bien.
Ses virages sont reconnaissables,
car unique dans les vosges, cela me libère et jusqu'au sommet.
Les très bonnes sensations
dans l'ascension me font remonter sur nombre de cyclos à la peine (déjà).

Le fait d'être sur une route bien connu me rassure et
je m'imagine déjà redescendre sur la Bresse.
Pourtant aucun passage dans cette station n'était prévue ?

Effectivement pour repartir en direction de la route des Crêtes
il y a le col du Herrenberg (1186 m).
Je le connaissais sous les nom de route des américains et
jamais je ne l'avais pris en redescendant
le Bramont. J'ai donc été pertubé lorsque les flèches indiquaient
la remonté à droite,
alors que des cyclistes, se trompant, continuaient leur descente.

J'ai donc perdu un peu d'élan dans le départ et quelques instants
j'ai oublié les plaisirs que
j'avais eu à grimper ici en vacances.
La montée est assez rude, 4km à 8%, et après avoir perdu quelques places,
je reprends ma remontée.
C'est même assez frais que je me retrouve sur la route des crêtes,
au sommet et je me colle à
un groupe qui avance correctement jusqu'à ce qu'un avion flamand double,
suivi par son poisson pilote...
Je saute dans le roue et nous sommes 3/4 a reussir à sortir du groupe.

Malheureusement je ne prends pas grand plaisir à être dans un bon wagon
car le pluie se met à tomber
et lorsqu'il faut appuyer fort sur les pédales j'ai du mal à me rentrer dedans sans avoir
peur de glisser dans un virage ou une bordure.
J'ai le réflexe d'allumer ma lumière rouge à l'arrière
car le brouillard nous tombe dessus.
C'est même le seul moment ou je vais avoir froid.

alsace

Nous rattrappons d'autres pelotons et au fur et à mesure des coups d'accélérations
je me fais décrocher. Dommage, mais j'ai peur sous cette pluie fine.
Je reste dans un groupe de 4 ou à 2 nous assurons le train.
Je ne crois pas que je consomme
moins d'énergie ainsi, mais, au moins, j'ai moins de frayeur dans les endroits délicats.

Je ne reverrais jamais l'avion, mais son poisson pilote me repassera à Champagney.

Cela nous conduit au Marckstein puis vers le grand ballon d'Alsace (1325m),
point culminant du jour.
Un gros km à plus 10% avant le sommet, et le ravito.
100km, je suis bien, même si les douleurs
aux trapèzes et aux "reins" sont importantes.
Je remplis mon gros bidon "énergie" de plus de 50% de Coca
(Fructose/Malto au départ le matin).
Bien joué, cela m'apportera du carburant au cerveau pour un moment.
La descente (18 km) est sympa, surtout qu'avec l'option de ne pas me déshabiller complètement, j'arrive à fermer ma veste sans perdre mon peloton.

En bas, pas loin de Thann, la chaleur nous retombe dessus et mes premieres sensations de chaud arrivent.
Je suis bien et de nouveau, au feu rouge de la grande route,
nous nous retrouvons en peloton.
C'est quasiment les mêmes qu'au Thillot ce qui montre que
la sélection primaire du Servance
donne déjà un début de classement qu'il est difficile
de faire évoluer significativement
vers le haut par la suite.

La liaison jusqu'au pied du col d'Hundsruck (6km à 6.5%) est faites,
nous sommes nombreux à monter
et je double beaucoup. Je me sens bien dans cette montée jusqu'à 1km du sommet.
La, j'ai un coup de bambou terrible, sur 500m je vais avoir chaud,
très chaud et je suis obligé de ralentir rapidement.

chaud


Je ne sais pas ce qui m'est arrivé car après ces 500 terribles metres, la forme va revenir
comme par enchantement.
La descente va être rapide, après avoir fermé ma veste sur le vélo.

Je me fais de moins en moins doubler car la technique revient.
De plus, comme j'ai monté ma
selle depuis l'an dernier, je suis obligé d'appréhender différemment
le controle de mon vélo, cela rentre doucement dans la tête...

Les 15 kms en plaine qui suivent se passent dans le même groupe, tranquille,
toujours au chaud, peut être même trop au chaud.
Lac de Sewen, nouveau ravito avant l'ascension du ballon d'Alsace,
8 km d'une montée pénible.
Je remplis complètement mes bidons, mais pas de Coca pour en remettre dedans.
Je vais donc perdre un peu de temps à prendre des sandwichs
que j'aurais du mal à manger sur les 2kms qui restent avant que la pente
ne nécessite mes 2 mains pour se mettre en danseuse.

Je m'arrète une nouvelle fois, la troisieme, pour me déshabiller
et rouler mon vetement de pluie autour du corps. cela me navre car je perd un bon groupe.
Alors je fais l'effort pour remonter et même si au début j'ai perdu mon point de mire
je fini par recoller avant le sommet.
Je monte donc à bon rythme et j'ai, a ce moment, de bonne jambes.
(Enfin...Sic)

Dans la descente je me bagarre un peu pour ne pas perdre de vue le groupe car il y a une
quarantaine de kms de toles ondulées
et les faire seul me causerait quelques difficultés physiques.
Je me bagarre aussi pour me rhabiller et manque de me retrouver par terre.
Pas facile pour un CAP de faire l'équilibriste, il y a du travail pour arriver ce que me montre
les cyclistes de base qui sont capable de tout faire en lachant les mains...

Arrive une succession de coups de cul ou mes cuisses répondent au quart de poil.
je suis régulièrement dans les 4/5 premiers d'un peloton de 20/30 cyclistes.
J'ai eu la chance, en bas du ballon d'Alsace, qu'un flamand,
ayant surement crevé, démarre devant moi.
Je lui fais la trace durant 500m puis il passe et il me mènera d'abord dans les différents
pelotons devant puis il mènera ce groupe surement jusqu'au pied de la dernière bosse.

Malgré une vitesse tournant autour de 45kms/h et des moments ou il faut s'arracher
pour contrer les attaques,
je profite à fond des moments ou je roule vite sans faire un effort.
C'est un gros moment d'euphorie car il ne reste plus que les Belles Filles à se "taper", et
c'est fini. Je suis bien, alors je m'imagine faire ces 5kms en 20'/25'...

Retour à Champagney, lieu du départ, 7h15' effectif (sans les rarrêts) pour 188 kms et
environ 3700m (ça donne des repères...),
je n'ai plus rien dans les bidons et j'ai le dilemme de
décider de m'arréter en laissant partir le groupe ou de tenter le coup de poker de me faire
amener aux pieds des belles filles, quitte à exploser complètement avant le sommet.

Une attaque dans Champagney décidera pour moi.
Je ne ferais pas l'effort et m'arrèterais
au stand. Adieu classement flatteur,
je viens de perdre plus de 30 places
avec les 2 groupes qui me doublent.
Malheureusement je manquerais de lucidité et
ferais plusieurs erreurs grave de conséquences.


Je remplis mes bidons exclusivement d'eau
alors que je bois un verre de coca...

Dommage...


Je ne me déshabille pas, "andouille" que je suis...
J'oublierais que j'ai dans une poche, un tube de lait concentré sucré,
arme d'urgence lorsque
l'apport de sucre est nécéssaire.
Je repartirais et roulerais (A 27kms/h au lieu de 35 au départ) seul
devant laissant les cyclistes s'agglutiner derrière moi.
Je n'ai eu aucune locomotive à suivre...

profil

Nous réempruntons les 12km de faux plat du départ. C'est clair que sans le peloton
je ne passerai pas sous les 8h, tant pis pour le classement.
Je pédale souple et met en place ma stratégie. Toujours optimiste, je décide de prendre
un dextrose 1 km avant l'ultime bosse et dans le léger "coup de cul" qui précède la mise
en action je sens déjà que celui ci est assimilé et me donne des forces,
j'ai de bonnes jambes !

Nous voilà à l'attaque de la planche des Belles Filles, 5.6 km à 8.2%, avec des passages
monstrueux (11.3% sur le 1er km). Je me fais rapidement doublé par l'un de mes suceurs de roues
mais je me vois remonter un bon nombre de cyclistes scotchés, le compteur oscillant entre 10 et 12 Kms/h.

Je passe le premier virage puis le premier kilomètre
puis le premier replat ou un ravitaillement
volant me permet de m'arrosser car je suis dégoulinant de sueur
(Bîsûr "andouille", tu es habillé
hiver, alors que le soleil est maintenant de la partie!)
Je sens durcir mes cuisses, mais j'y crois toujours.
Je chambre un "castorama" à la dérive,
lui indiquant que Jacky Durand n'était pas un grimpeur.
J'y crois encore, je bois de plus en plus d'eau, sue de plus en plus et passe le second km.

Casto

Et...
Heu... Et...
Heu... Heu... Et... ?!?!?

2kms

Je suis passé dans l'autre monde !

Dans le monde des scotchés sur la route.
Mon compteur est parfois bloqué entre 7 et 9 km/h puis
rapidement c'est le 6 qui s'impose à mes yeux qui s'embuent
au fur et à mesure de la montée.
J'en chi* graaaave comme le dirait un jeune, je suis proche de l'arrêt,
je double certains qui ont cédé et montent à pieds,
mais à part ceux là, c'est fini, je suis devenu le cycliste en vrille.


Même mon "ami" Castorama me rattrape et tente de discuter avec moi.
C'est dur, très dur, je me demande comment j'ai pu en arriver à souffrir aussi intensément.
J'ai l'estomac en vrac, la douleur, qui vient d'apparaitre, est terrible. J'ai beau boire l'eau
de mes bidons, rien n'y fait. Malgré 0,8l bu dans les 17 derniers kms (1h04'),
c'est comme si
je n'avais rien avalé, pas assez d'osmolarité et rien pour l'augmenter.
(Oubli total du lait concentré qui m'aurait grandement aidé !)

Je vais mettre presque 30' pour finir ces 3kms,
je suis au bord des larmes pour soulager ma
souffrance. Chaque tour de pédale me demande une énergie incommensurable.
Si j'avais été dans un état pareil en CAP,
j'aurais immédiatement arrété de peur pour ma santé
mais la caractéristique du vélo est de pouvoir
outrepassé les douleurs physiques sans beaucoup
de séquelles derrière.

Comment en suis je arrivé là ?
Comment, en quelques minutes, je suis passé de l'euphorie
à la bérézina ?

berezina

Pas capable d'analyser à ce moment là, j'ai chaud, très très chaud, mais je lutte, je lutte
énormément pour ne pas mettre pied à terre.
Les images de la cote de Mutigny, du col d'Avize, du col de Vars
du Ventoux par Bédouin me remonte à l'esprit.
Tous ces endroits ou, par inexpérience ou déshydratation,
j'ai du mettre pied à terre incapable de finir le travail.
Je ne veux pas que cela m'arrive ici, alors je continue la lutte...

J'ai vraiment la lucidité qui s'est envolée car je ne tente même
pas de zigzaguer pour réduire le
pourcentage de cette sacrée pente.
Dré dans le pentu, je m'y colle, même un peu trop.
La cote est en prise permanente et même les virages pris sont à fort pourcentage.

Je me maudis
de ne pas avoir étudié le profil de ce final car moralement
ne pas voir le bout ou un virage plat, c'est très très dur.

ciaoo

Castorama me lache irrémédiablement tandis
que j'aperçois un virage tournant à gauche qui s'applati.
Mon compteur m'indique qu'il reste moins d'un kilomètre.
Mon regard se fixe dessus et je note
toutes les dizaines de mêtres qui s'égrène.
En plus du ventre qui me coupe en 2, c'est le corps complet qui hurle.
Les reins, les trapèzes, les biceps, les poignées, les doigts crispés,
les cuisses, sont très très douloureux ! La tête est dans un étau de chaleur et
semble explosée de toute part. Des larmes me coule sur le visage, je nage
littéralement dans ma sueur.

4kms

800m, il reste 800m, c'est rien...
En CAP c'est le sprint final, ou fractionné que je me fais
à 18kms/h !, Vouiméééééé là je suis à 6 !
6 ?!?!? Mais ce n'est même pas une marche rapide ?
Que c'est long ces quelques mêtres,
je ne me rends même pas compte que j'ai atteint le virage.
Par contre je remarque que les dizaines de mêtres accélèrent leur décompte.
Je lève la tête et aperçois un long replat.
Il reste 400m et je ne vois pas l'arche d'arrivée, par contre les arbres cachent une dernière
rampe. J'en frémis d'avance d'avoir encore une montée dantesque
et j'imagine que mon compteur a une défaillance.
 


Je suis mal, même sur le plat...

J'avance et... Eureka, l'arche est la haut, au bout de 200m de rampe !
200m, c'est rien !?!?!
Je retrouve des jambes et fini fort (sic, à 12kms/h) cette bosse !

Je passe la ligne, avance quelques metres pour m'écarter, déclipse mes pédales,
pose pied à terre,
pose les coudes sur mes cocottes de frein, me prend la tête à 2 mains et...

Et... PLus rien... Je suis naze, les pleurs de soulagement montent mais ne sortent pas.
Je suis épuisé, complètement trempé de sueur et incapable de faire un effort supplémentaire.
Il me faut presque 5' pour sortir de ma torpeur.
J'ai envie de me dépécher à manger pour redescendre
et ramener la voiture plus près pour encourager mon pote dans la bosse.
J'ai peur pour lui car s'il n'a pas pris, par manque d'habitude, de bon wagon dans la plaine,

il va souffrir durement dans cette bosse.
Je m'en veux un peu de l'avoir emmené ici avec une préparation
réduite, mais j'espère aussi qu'il sera en haut avec le même regard que Fred finisher au
Tri LD de Troyes pour son premier triathlon !

Je suis toujours dans le brouillard, épuisé, et j'aperçois un stand Inkosport.
Je prend les verres comme une potion magique pour revenir dans le monde des vivants.
Je prends 2 verres que je vais déguster et vais m'assoir sur une caisse.
Je resterais Zombie pendant 25',
le temps que l'osmolarité monte dans mon estomac et m'enleve
la douleur, avant qu'une idée prenne de nouveau forme dans mon cerveau qui se réhydrate.

30' que je suis la haut et enfin j'émerge un peu.
Je prends mon diplome et apprend que j'ai fait moins de 8h30' au total. Je suis content
même si ceux de mon ex-peloton me colle jusqu'à presque 30'. Même Castorama fini quelques minutes et non secondes devant moi !

Je reprends vie, mange, et offre mon parcours plastifié
par L'Koé à un jeune cycliste arrivant
exténué pour son premier 200kms !

Plus d'une heure est passée,
toujours pas de nouvelles de mon ami "Le Débutant", je commence
ma descente... Ouille, Aïe, que c'est douloureux... Je tente d'apercevoir mon ami,
mais ce ne sont que des "cadavres" qui grimpent ou marchent. Pas de Koé à l'horizon.
Bien evidemment, son objectif était de finir en 12h maximum, il reste encore du temps.
Mais quand je vois l'état des concurrents qui monte,
j'ai peur pour mon ami, oubliant un peu vite
que j'étais dans ce même état 1 h avant !

Avant l'Pat

Je suis en bas des Belles Filles et pas de Koé... Je continue et rentre dans le plancher aux
mines et prends un train. Alors que j'oublie de regarder les cyclistes finissant leur parcours
j'entends un "Papyyyyyy" !

Mon sang ne fait qu'un tour !!! J'ai failli louper mon pote !!!
Demi tour, je zigzague entre les voitures et rattrape le loustic.
Grand sourire, il est plein pot, même si une grande partie du parcours s'est faite seul, il espère
encore rentrer sous les 10h30'.
J'ai grand plaisir à le voir ainsi, aussi frais, mais je suis trop timoré
dans ma mise en garde +contre le chocs des Belles Filles.
Il croit dur comme fer pouvoir rentrer dans le timing de l'Or pour son groupe d'age.
Je le laisse au "coup de cul" avec un mélange d'inquiétude et de joie
face à un optimisme qui me rappelle le mien.

Je file à la voiture, me change reviens au Belles Filles, grimpe,
souffre en voyant les dizaines
de cyclistes plantés, mais pas de Koé.
10h50' de course, je suis en haut, est il arrivé ?
Je fais un tour du plateau, personne, je reviens et
aperçois à cote de la tente des secours son vélo
unique dans le peloton. Mais... Pas de Koé !!!
Je m'inquiète un peu car je ne l'imagine pas laisser son vélo collector comme cela esseulé
au milieu de la foule.
Rapide regard dans la tente des secouristes ???
Rien...

Houlà... Serait il déjà parti en ambulance ? Il ne me semble pas en avoir croisé...
Je butte contre une masse informe au sol et...
Découvre le Koé allongé sur le goudron
les bras en croix !

arrivée


Mouaaaaaaarf... Je suis heureux de le voir en haut loin de ce que j'avais pu imaginé,
simplement en train de récupérer un peu comme moi auparavant.

Je rigole de mon inquiétude et je lis un regard de fierté sur le visage du "Débutant".
Il est rageur car il loupe son objectif secret de 5', les Belles Filles l'ayant obligé
à poser le pied à terre suite à une grosse crampe sur le quadriceps droit.
Il n'est pas très vaillant le Koé, mais je ne suis plus inquiet vu la vitesse à laquelle
j'ai moi même récupéré...
Il faudra juste être fort pour ne pas s'endormir sur la route du retour.


Décision est actée, nous retournerons prendre une douche au chalet, nous l'avons bien
mérité, avant de reprendre la route...

CONCLUSIONS ???

*************************************************************************************

3 Ballons 

Comme en 1995, année de mon premier Embrun, une belle leçon d'humilité m'a été administrée
par les Vosges. A cette époque c'était le ballon de Servance qui m'avait le plus marqué,
cette année les Belles Filles que je ne connaissais pas m'ont ramené à plus de modestie.

Effectivement avec mes 2000kms au départ de cette cyclosportive c'est le plus fort
kilométrage à cette époque depuis 1995, c'est pourquoi j'ai le sentiment d'avoir de bonnes jambes.

Vouimééé, ce n'est pas tout et malgré mes exhortations,
conseils en tout genre à mes amis
sportifs, j'ai fait des erreurs de stratégie.

1/ L'habillement.
Je me suis habillé pour la pluie et le vent,
de peur d'avoir froid suivant le précepte qu'en vélo
contrairement à la CAP, on a du mal à se réchauffer.
L'inconvénient c'est que je ne sais pas
me déshabiller sur le vélo avec des cyclistes de partout.
Mon sens tactique vélo étant réduit,
je ne saisi pas les bonnes opportunités pour effectuer ces changements.
Du coup, j'ai (trop?) longtemps gardé mon vetement de pluie,
dégoulinant, la plupart du temps de ma sueur.
De plus mon tee-shirt coupe vent n'a pas aidé à refroidir la chaudière...

J'aurais du enlever ce vetement lors de toutes les portions plates ou grimpette, le pire
étant le fait de l'avoir encore sur le dos chez les Belles Filles ahanant sous le soleil !

2/ L'hydratation.

"Mal au ventre tu as, hydratation tu feras"

plus son corollaire

"Dosage tu réfléchiras, aux sensations,
évènements et parcours tu adapteras"

sont vite oublié lorsque la lucidité fait défaut...

Alors que j'ai souvent eu chaud, voire même 2 gros coup de chaud au Hundsruck
et chez les Belles filles, je n'ai bu, en tout et pour tout que 3,5l
pour plus de 8h de vélo...
C'est ridiculement faible en particulier avec 0,8l dans la dernière heure qui se sont envolés
sans rien m'apporter !!!
Et pourtant j'ai eu l'impression de boire et j'avais noté les ravitaillmements.
En cyclosportive il faut vraiment être tres vigilant car, au contraire du tri,
les ravitaillements sont rares et donc il faut savoir y arriver bidons vides.
Il faut également savoir doser son osmolarité.
En dehors de mes bidons départ dosées aux petits oignons, le mix Coca a réussi à m'apporter ce qu'il fallait alors que le dextrose de la fin s'est trouvé bien seul pour augmenter l'osmolarité de l'eau pure dont je m'abreuvais.
Ce qui, à postériori, m'a tué, est que j'avais dans mon dos un tube de lait concentré.
Un coup en bas et un autre coup au replat aurait grandement soulagé mes douleurs
d'estomac et permis de finir bien plus vite cette bosse devenue très hautaine au Km3.

Malheureusement mon manque de lucidité me l'a fait oublier ! :-((((

3/ Le braquet...
Ma vieillesse me fait poser des questions... Je n'ai pas coincé à Embrun (sauf au Chalvet
mais pas à cause du braquet) en 2008, ni au LD de l'Alpe d'Huez ou XL de Gérardmer l'an dernier.
Mais à l'Altriman ???
J'ai prévu de faire ce triathlon en balade complète, en dedans, profitant à donf de chaque instant. Je prie juste pour que le temps et les ravitaillements soit au niveau pour que cela se passe bien.
Vouimééé, 5000D+ pour 190 bornes, ne vais je pas coincer ?
Il me souvient avoir eu du mal dans le port pailhères en 1992 avec JC Paroli, mais
j'avais 42X23. Est ce que 39X27 suffiront ? Nous verrons bien...

4/ La position...
Avec mes roues allemandes j'ai un gros sentiment que tout effort est immédiatement transformé en avancé. Mais à contrario, tout trou dans la route vient me meurtrir le dos.
Ma nouvelle position me permet un meilleur pédalage, mais pas un meilleur confort, dois je tenter quelque chose avant l'Altriman. J'ai peur d'être vermoulu avant même d'être cardiaquement fatigué, cela serait balot !

Pour finir je ne peux que vous recommander cette cyclosportive qui, comme le brevet qui aura lieu fin Juin, permet, sans être dans les Alpes ni les Pyrénées, de bien apréhender les courses de montagne par sa longueur et la répétition de ses petites difficultés.
Le final en altitude est aussi bon pour les athlètes un peu présomptueux,
et pourtant je n'avais point autant souffert, et de loin, lors de l'Alpe d'Huez.

Je ne peux donc que vous conseiller de cocher sur votre agenda cette course qui vous laissera un souvenir indélibile... (La plus dure après la Marmotte, d'après les spécialistes)

Alors ??? Des Kikoureurs sont encore là ???

Des commentaires, conseils ???

L'Papy_vivement_l'Altriman...

fred.murphy-1osqbrtf

2 commentaires

Commentaire de La Tortue posté le 24-07-2010 à 01:00:00

bravo papy ! mais il faut vraiment que tu changes ton casque, ton look n'est sera que meilleur ;-)))
y'a des promos chez Ekoi en ce moment ;-)

Commentaire de raspoutine 05 posté le 10-06-2011 à 20:03:00

... Et dire qu'il aura fallu que ton CR passe par hazard sur les recits de courses sélectionnés aléatoirement par le site pour que je découvre que le copain qui me sert de référence sportive depuis pas mal de temps avait précisément arpenté les côtes que je me prépare à affronter ce we ... Si ce n'est pas un coup du destin, ça !?
A présent je vois mieux ce qui m'attend, même si je connaissais déjà certaines de ces montées pour les avoir prises dans l'autre sens, à ce sujet, tu m'auras confirmé une idée que j'en avais : c'est plus dur dans le sens de la course (je parle pour le Servance et l'Alsace). Bon à savoir.
Donc, gros merci pour ton cr et sa foule de renseignements vitaux. Au final, je retiendrai plus que jamais le mot "humilité" que tu utilises dans ton cr.
Une fois de plus, merci et bravo !
Raspa

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