Salut Les Lyonnais,
Bon il fallait qu'il y ait un membre du groupe Courir à Lyon au marathon de Boston l'autre jour.....c'était moi.
J'étais plutôt bien parti pour finir en moins de cinq heures. Le premier semi est plutôt descendant, donc pas trop de mal pour y arriver en 2h10, mais ça se corse dans la seconde moitié avec plus de d+. J'ai pas mal marché dans les montées, mais porté par les spectateurs très enthousiastes, j'ai un peu accéléré sur la fin pour essayer d'avoir un 4hxxxx et non pas 5hxxxx pour la première fois de ma vie de marathonien.
Quand j'ai commencé à voir des coureurs arriver en sens inverse en train de marcher, j'ai trouvé ça bizarre, on était à 800m de l'arrivée, ils n'avaient pas de médaille, pas de couverture de survie, je ne comprenais pas. Après, d'autres coureurs arrivent qui me parlent des explosions, tout le monde s'arrête, des barrières en travers de la chaussée. On commence à discuter, à essayer de comprendre ce qui se passe. Je regarde mon téléphone (c'est la première fois que je prends mon téléphone avec moi en course, pour prendre des photos..bien m'en a pris), j'essaie d'appeler ma femme pour la rassurer. Elle essayait de m'appeler depuis un moment, les attentats avaient eu lieu vingt minutes plus tôt. Impossible de la joindre, lignes bloquées pour éviter de nouveaux attentats déclenchés par téléphone, mais le sms marche, je la contacte. Je prête mon téléphone à tous ceux autour de moi qui voulaient rassurer des proches. Je marche en direction de l'arrivée, mais j'ai bien froid. J'arrive à récupérer mon sac d'affaires, je me rhabille, j'essaie de rejoindre ma femme, on y arrive après pas mal de péripéties. On rejoint l'hôtel à pied (métro fermé), on prend les valises, on chope un taxi et on file à l'aéroport.
Lors des explosions ma femme m'attendait vers la ligne d'arrivée. Elle était peut-être à 150m des gradins qu'on voit à la télé. Elle était au point de rencontre où les coureurs retrouvent la famille. Ne me voyant pas arriver, elle a commencé à stresser et a dû essayer de m'appeler 50 fois. Avec la foule qui hurlait de toute façon c'était impossible que j'entende mon téléphone pendant que je courais.
A vingt minutes près j'aurais été près de la ligne d'arrivée quand ça a sauté. Avec la maladie, et ça, je ne sais pas si en ce moment il y a quelqu'un quelque part qui m'en veut vraiment, ou si j'ai une bonne étoile au-dessus de moi. Un peu des deux peut-être!
Une grande fête qui a vraiment été gâchée par des idiots. On peut dire ce qu'on veut, mais à certains égards les Américains sont très forts ; l'organisation mise en place tout de suite après les attentats était très impressionnante. Je ne suis pas sûr qu'en est capable d'être aussi réactifs et de faire aussi bien en Europe. Hyper efficaces mais tout en gardant un côté humain.
Donc voilà, il m'a manqué 800 mètres pour avoir ma médaille, pour enfin boucler les cinq Majors (Londres, Berlin, New York, Chicago et Boston), mais quand on pense aux victimes, aux amputés et autres blessés, des fois finir une course ou pas n'est pas bien grave.