

Extrait du Courrier Picard du 03/11/11
"L'épreuve de course à pied a peut-être connu sa dernière édition au mois de juin. En cause, une taxe d'occupation du domaine public maritime que l'organisateur conteste.
En baie de Somme, elle est devenue au moins aussi célèbre et emblématique que les phoques ou les oiseaux migrateurs.
La Transbaie, course pédestre de 15 km reliant Saint-Valery-sur-Somme au Crotoy, risque cependant de disparaître de la carte postale. «Je suis fatigué et je ne vois pas quel sera le facteur déclenchant qui me fera revenir dans l'autre sens, confie Denis Courtois, organisateur et fondateur de l'épreuve en 1989. C'est une fête magnifique et je me demande bien pourquoi on m'emmerde avec des conneries pareilles. »
Habitué des coups d'éclat et des coups de gueule, Denis Courtois semble cette fois-ci bien décidé à jeter l'éponge. En cause, une taxe de 3 000 € relative à l'occupation du domaine public maritime instaurée il y a trois ans par les services de l'État.
«Sur le domaine public, toute occupation temporaire donne lieu à une redevance », justifie Matthieu Garrigue-Guyonnaud, directeur de cabinet du préfet. En 2009, l'État décide donc de faire appliquer la loi (article 2221-1 du code général de la propriété des personnes publiques), au regard du succès croissant de l'épreuve, et de son emprise sur le domaine public.
Mais au-delà de la somme, calculée en fonction du nombre de participants, l'organisation remet surtout en cause le principe. «Je ne vois pas pourquoi nous serions obligés de payer alors que des milliers de personnes piétinent la baie, chaque année, sans sortir un centime », s'insurge Denis Courtois.
Localement, élus de tous bords dénoncent les incohérences de l'administration. « Cette histoire me révolte, s'emporte le maire UMP de Saint-Valery-sur-Somme Stéphane Haussoullier. Je ne comprends pas pourquoi l'État s'entête et je regrette qu'une manifestation qui participe autant au rayonnement de la baie ne bénéficie pas d'un régime particulier. »
«C'est encore du racket de la part de l'État »
Même incompréhension chez le chasseur Nicolas Lottin, conseiller général sans étiquette (ex-CPNT) du canton de Saint-Valery : «Il y a deux poids deux mesures, et c'est encore du racket de la part de l'État. »
Plus le temps passe, et plus la décision de Denis Courtois semble irrévocable. Une réunion, peut-être de la dernière chance, se tiendra prochainement en sous-préfecture d'Abbeville. «On peut discuter sur le montant, mais en aucun cas le principe de cette redevance ne peut être remis en cause », prévient le représentant du préfet.
FABRICE JULIEN"