par bubulle » 14 Mai 2023, 15:03
J'en profite que les LURiens sont encore en train de se battre avec le monceau de trucs à ranger, au "chalet", puis avec les camionnettes, dans le garage de je ne sais plus qui, à finir les restes du ravito (bon courage pour les monceaux de salades de lentilles et de carottes râpées ou les ananas, mangues, plateaux de saucisson, etc. Bref, tous les trucs qu'il y avait en trop parce qu'on a beau essayer d'optimiser, les circonstances font toujours qu'une course ne ressemble jamais à celles d'avant.
Pour ma part, ou notre part (car ce récit est autant celui d'Elisabeth que le mien), nous sommes déjà du côté de Mâcon (au moment où je commence ce message), en train de rentrer. Cela après une nuit de plomb, entre 2h et 10h, dans le Castel du Vicomte et de la Vicomtesse de Brignais.
En fait, la seule nuit depuis vendredi midi, quand nous quittâmes Nostre Capitale du Mordor avec la belle perspective de porter un tee-shirt jaune pendant une trentaine d'heures. Un tee-shirt jaune avec écrit "Lyon" dessus, en plus. Ce qui pourrait être une déchéance ultime s'il n'y avait pas écrit "Ultra Run" après.
C'est ça qui est bien, avec l'Ultra, c'est que ça peut vous changer toute perspective déprimante en des heures de bonheur épuisant, le genre où on se dit au moins 3692 fois "mais qu'est-ce que je fous là, à tartiner du beurre dur sur un pain récalcitrant, pour faire un sandwich jambon-comté à ce type hagard à qui j'ai quand même réussi à refiler 2 verres de mon sirop de menthe-grenadine raté quand j'ai fait ma bouteille de grenadine en y versant le sirop de menthe dedans au lieu d'eau pure, que la prochaine fois faut que je leur dise d'acheter de la menthe VERTE bien chimique". Donc, même à Lyon, à côté d'une Tour Eiffel ratée et en haut d'une piste de ski qui a retrouvé son statut initial de piste de ski vers 21h01 quand la moitié des coureurs du 2h s'y est pris une gamelle lors de leur départ, même à Lyon, qu'est-ce que c'était bien.
J'ai malheureusement raté mon objectif d'intégrer le top 100 de cette UBS, étant resté pour l'éternité, avec mes 6 tours, à la 101ème et dernière place de la course, après avoir promené mon dossard 8 quelques fois. Je pense avoir établi pour longtemps le record du 1er tour le plus lent de l'histoire de l'UBS, ayant été chronométré par Yaka-Chrono en 4h30'13". Aussi le plaisir rare de faire, lors de montées TGV des escaliers de Nicolas de Lange, des parties de pacman géant en doublant, une fois le 1er de la course, et une autre fois la première (ça n'a pas duré, je vous rassure, ils m'ont rattrapé en haut au bout de 50 mètres).
J'ai même caressé l'espoir, un temps, de revenir sur l'avant-dernière de la course et intégrer le top 100 avec 13 tours. Mais un ordre ferme et définitif reçu de Caro (ou d'une de ses diverses jumelles qui étaient réparties à divers endroits de la course) m'en a définitivement dissuadé. La vue alléchante de quelques saucisses et merguez du mini barbecue "bénévoles" de l'après-midi a aussi pas mal aidé.
A part cela, je confirme que 12h de présence au ravito de nuit, ça fatigue autant que les 30 tours que j'aurais pu faire pendant ces 12 heures. Je confirme aussi que la présence autour du cou d'un trousseau de clé à 4h30 du matin donne à n'importe qui (en tout cas, moi) l'aura absolue de l'Homme aux Clé d'Or, le Responsable du Grand Tout, même si cela amène ensuite à devoir résoudre quelques délicats problèmes logistiques comme pallier à l'épuisement des rouleaux de PQ dans les toilettes coureurs. Et, incidemment, rendre lesdites toilettes à nouveau praticables pour les 20 heures suivantes. Je confirme donc que déplacer un gros tas de caca malodorant à 4h30 du matin armé seulement de 2 ronds en carton de rouleau de PQ, on peut le faire. Et cela sans vomir dans lesdites toilettes, ce qui aurait compromis l'objectif initial. Le seul problème est alors que, ce faisant, on devient officiellement le "bénévole caca" et qu'il faut ensuite assurer la praticabilité du Saint Lieu pendant les 20 heures qui s'ensuivent.
J'avoue officiellement avoir un peu détesté les Chefs du LUR de tenir à ce que les ravitos de l'UBS soient variés et attrayants pour les coureurs. Ce qui t'amène à te retrouver à minuit au milieu d'un monceau de victuailles allant du Dragibus au sirop de menthe Paquito (INCOLORE) en passant par la mangue, l'ananas, 2692 barquettes de rondelles de saucisson (ça aime le sosbak, le lyonnais, ça se confirme). On y apprend que faire des sandwiches "jambon-comté' avec de l'emmenthal est possible, même à 1h du matin. Que découper un ananas ne s'improvise quand même définitivement pas. Qu'on peut, par contre, optimiser la nutrition des coureurs en faisant cuire des pâtes dans un grand volume d'eau avec 15 Kubs de bouillon de légumes, ce qui a l'avantage de faire coup double pour pouvoir proposer des pâtes, du bouillon de légumes, voire les deux en même temps, avec ou sans gruyère râpé. De toute façon, le circadien, ça avale quand même n'importe quoi quand tu lui proposes avec le sourire. J'ai pu ainsi nutrer le Grand Timonier avec une cuillère de purée Mousline recouverte de "velouté de courgettes à la crème,revisité par Mantier", selon le jeu de mots à 2 balles du Vicomte de Brignais, qui n'avait plus toute sa tête à 7h30 du matin (le combo purée/soupe, c'était à 7h30 du matin, oui).
Ledit Vicomte le serait, cela dit, à moins, après avoir reçu 12 messages désespérés appelant à l'aide quand nous recherchâmes désespérément d'autres paquets de café que les 2 péniblement dénichés dans une caisse improbable. Alors que, normalement, quand tu as à ta disposition un carton entier de paquets de Pims, 278486 Dragibus (qui à la fin de la course, avaient fusionné un en seul Dragibus Géant), 42 paquets de compotes Paquito (qui ont fait fureur toute la nuit), tu t'attends à avoir quelque part plus que 2 paquets de café. Sauf que, bin non, les loupés, ça arrive et faut bien les gérer, quoi qu'en dise le bénévole professionnel qui te dit comment tous les cartons ont bien été déchargés la veille et rangés sous les tables vachement bien, sous-entendant que tu n'es qu'un gros lamentable de ne pas avoir trouvé le kaoua (pendant que lui était bien peinard dans son lit).....et qu'on ne revoit pas quand on a pu enfin découvrir que, bin non, il n'y avait effectivement que 2 pauvres paquets de café.
Et tout cela, les coureurs n'en n'ont rien vu, y compris pour le café (ne me demandez pas comment "mes" magiques bénévoles du créneau 3h-7h font fait pour faire du café pendant 3 heures avec 2 malheureux paquets, je préfère ne pas savoir). De toute façon, moi, j 'apprenais à couper correctement un ananas et je crois que, désormais, mon admiration éternelle restera pour les commis de cuisine qui savent te couper cette saloperie de fruit à la con en autre chose que des tranches informes avec ça et là des bouts d'écorce survivants. Heureusement, je ne me suis pas lancé sur les mangues, j'avais des magiciennes qui avaient pris la main dessus.
J'ai aussi appris, durant cette UBS, qu'on peut sans problème arriver à meubler 10 heures de chômage bénévolesque théorique, entre 11h à 21h, en faisant des tas de petites conneries utiles ou non, telles que, bien sûr, l'entretien plus ou moins périodique des chaises percées modernes (et encore mon admiration désormais éternelle à ceux qui géraient au XVIIème siècle, celle du Roi Soleil), le pliage/dépliage des transats des coureurs, des virées (quand même) sur le parcours, les encouragements aux dossards rouges après 17h, quand ils étaient noyés au milieu du rugissement des avions de chasse. Une palme spéciale ici, pour Françoise_84 qui mobylettait impertubablement au milieu de tout cela, même vêtue d'un poncho de pluie totalement improbable....et qui s'est quand même offert son troisième podium à la Sarra. Mais aussi à Anthony, Franck (un autre), Romain (le nôtre, qui ne pique pas trop), Bastien -j'ai compris "bpoth" maintenant!- qui est adorable quand il fait un tour avec son fils), Mael, Magloire, Caroline (une autre, podium aussi), Natacha et son bonnet rouge qui ressemblait à nos bonnets Kikouroù bitoforme (le bonnet, pas Natacha)...et tous les 95 autres prénoms qu'Elisabeth connaissait par coeur à la fin.
Je garderai aussi en tête le tour avec Trimoreo, tous deux en grande tenue, lui en Patrick Star rose et moi en Bob l'Eponge jaune, qui n'a probablement été immortalisée par aucun photographe mais restera donc vivante uniquement dans nos souvenirs à tous les deux. Un tour avec le Sénateur de l'UBS est un privilège rare. Ou encore la joie de l'équipe Chocolateam avec un Grand Timonier en grande forme, avec qui nous avons pu enfin faire la jonction des deux Christian, le jeune et le moins jeune.
Hommage aux relayeurs du 24h, aussi, qui ont du apprendre chacun leur gestion de course et pour qui on sentait, pour certains, que la prise de relais à 14h ou 15h commençait à ressembler tranquillement à un chemin vers l'abattoir (la tête de mon Bert' à certains moments était assez édifiante).
Je dois quand même avouer avoir un peu détesté Arclu quand, après que nous eussions empilé 67 barrières Vauban sous une pluie réunionnesque, il est arrivé l'air inquisiteur pour vérifier si on n'avait pas fait n'importe quoi, confirmer que c'était le cas et expliquer qu'il fallait les remettre par paquets de 10 bien rangées ("crochets à droite", "crochets à gauche" alternés) et bien serrés, histoire que les gars du Service Technique de la ville de Lyon (surement des supporters de l'OL) puissent les embarquer sans effort....et pas sous la pluie. Je peux certifier que lesdites 67 barrières sont désormais parfaitement alignées et rangées sur l'esplanade de la Sarra (enfin, la nouvelle piscine municipale de Fourvière, maintenant). Et que je ne déteste plus Arclu, d'ailleurs.
J'allais oublier : j'ai aussi fait "potiche à corbeille de fruits pour les podiums" et je confirme que ces saletés d'ananas, ça pèse quand même vachement lourd sur les bras quand tu attends qu'ils soient remis aux vainqueurs du relais et que ce satané speaker (excellent par ailleurs) s'obstine à égrener le palmarès de chacun des membres de la Team Pop-Corn, alors que toi, tu rêves juste d'aller te coucher (mais ça, c'était avant les 67 barrières Vauban d'Arclu et le chargement de 28 tables en bois de la camionnette...y compris celles où il y a écrit "Michel" dessus).
Confirmation, aussi, que la veste de pluie des basques du Tontorrez Tontor déchire sa mère et que ses 10000 schmerbers, qui étaient au moins 20000 petits schmerberak basques, ont bien protégé les 3 couches de dessous, constituées d'un tee-shirt UBS 2022, d'un tee-shirt manches longues Kikouroù, d'une polaire finisher Origole 2014...et absorbé la flotte de la couche du dessus, un tee shirt jaune avec "Lyon" écrit dessus....et "Ultra Run" ensuite. Ce qui change tout, si vous avez suivi.
Bon, on recommence quand?
Fait et écrit en ce Jour du Seigneur 14 mai de l'an de Grâce 2023 de Notre Seigneur Jésus-Christ, et contresigné par Nous, Grand Chambellan des Chaises Percées du Roi Arthur et Maître des Clés du Saint Chalet par la grâce du Vicomte de Brignais.
(et y'a quand même intérêt que l'an prochain, je puisse courir, parce que c'est quand même vachement moins fatigant)
Gandalf le Pasteur Savant (c) Raya 2015